Vingt ans après : 1996 en 20 disques

L’année 1995 marque indéniablement un virage sans précédent dans le rap français. On y trouve les sorties des albums majeurs des grandes figures de l’époque (notamment Akhenaton et NTM), et la parution de la bande originale de La Haine, ou plutôt des musiques inspirées du film, qui officialisèrent la partie visible de la scène underground alors en pleine ébullition. L’année 1997, pour sa part, est automatiquement associée à la sortie de l’indétrônable Ecole du Micro d’Argent d’IAM, ainsi qu’aux succès de figures plus jeunes telles que Rocca, la Fonky Family ou les Neg’Marrons, concrétisant les espoirs placés dans la nouvelle école révélée deux ans plus tôt. « L’apogée de l’âge d’or » diront les nostalgiques, et il est difficile de ne pas reconnaître que cette année-là fut particulièrement faste.

Sans aucune sortie signée Solaar, IAM ou NTM (si on ne compte pas la version radio des « Bad Boys de Marseille » et le remix de « Come Again »), l’année 1996 est une année de transition durant laquelle les auditeurs vont découvrir de jeunes rappeurs qui formeront l’avènement d’une nouvelle école deux années plus tard. Les sorties de cette année-là sont donc pour l’essentiel le fruit de la débrouille, de l’autoproduction et de la structuration en petits labels indépendants, afin de permettre aux groupes de se passer des majors le temps de se faire un nom. Mais 1996, ce n’est pas uniquement cela, puisque sont également parues quelques galettes tout droit sorties des grosses maisons de disques, avec en premier lieu l’incontournable Première Consultation de Doc Gyneco. Voici donc une sélection variée de 20 E.P et L.P sortis en 1996 qui ont pour point commun d’avoir marqué leur époque, et que la rédaction du site a souhaité vous présenter.

Nous avons agrémenté ce dossier d’un mix dédié juste en-dessous, également disponible sur YouTube.

D.Abuz System – Ça se passe

D.Abuz System - ça se passe

> C’est la crise

Après avoir sorti un premier EP en 1994, Laisse-nous faire, très musical et truffé de refrains chantés, le D.Abuz System est revenu en 1996 avec un nouvel EP, Ça se passe, beaucoup plus sombre et déjà empreint des sonorités qui feront la marque du D.Abuz pendant la deuxième moitié des nineties. En effet, Mysta D a désormais trouvé sa patte, terminant de démontrer ses talents de beatmaker l’année suivante avec la compilation L’Invincible Armada qui contiendra une bonne parties des futures têtes d’affiche du rap français. Le flow d’Abuz, unique et redoutablement efficace sur cet EP, aussi imprévisible que tout-terrain, terminera de le placer comme une des valeurs sûres de l’underground. Ça se passe bénéficie donc de cette double évolution, et représente pour beaucoup d’auditeurs LE projet classique du D.Abuz System (il n’y a qu’à aller regarder les prix de la version vinyle sur les sites spécialisés), devant leur tout aussi bon premier et dernier album, Le Syndikat, paru trois ans plus tard. Cet EP contient quelques titres désormais classiques tels que le morceau éponyme « Ça se passe », le freestyle en équipe « Ne reste pas de glace », et le fameux « C’est la crise ». – Olivier

Assassin – Ecrire contre l’oubli

Assassin - Ecrire contre l'oubli

> Undaground Connexion

En juin 1995, le groupe parisien sort un album qui marquera l’histoire du hip-hop en France. Deux fois disque d’or,  L’homicide volontaire regorge de titres devenus classiques comme « Shoota Babylone », « L’Odyssée suit on cours » en featuring avec Ekoué ou encore « Entre dans la classe ». La dernière chanson du disque est intitulée « Ecrire contre l’oubli » et donnera naissance à un EP éponyme en octobre 1996. Sur celui-ci, on peut noter entre autres la présence de Saïd Taghmaoui sur le track « Le témoin », acteur révélé par le film La Haine de Mathieu Kassovitz. En duo avec Rockin’ Squat, fer de lance du groupe, il s’exprime sur une production lente et enivrante de Sulee B Wax. Autre titre majeur, le troisième volet de la série  « L’Undaground s’exprime » sur lequel le groupe a invité un bon nombre de MC’s dont les prometteurs 2Bal. Enfin, la chanson « Ecrire contre l’oubli » se veut clairement politique, elle se pose en une ode à la liberté d’expression avec de nombreuses références historiques prenant racine aux quatre coins du globe. Entre autres, les gouvernements de la Chine, l’Angleterre, le Nigéria, et bien sûr la France et sa justice ne sont pas épargnés. En conclusion, nous soulignerons  que l’année 1996 a été riche en projets pour l’équipe d’Assassin. En effet, en  plus de cet EP, les deux maxis Shoota Babylone et Undaground Connexion ont vu le jour. Sur ce dernier apparaît  l’excellente collaboration avec le rappeur natif de l’Indiana, Supernatural, qui demeure incontestablement un morceau d’exception. Jordi

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Ideal J – Original MC’s sur une mission

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> Le ghetto français

En 1991, le monde du hip-hop découvrait aux côtés de MC Solaar et Raggasonic un jeune rookie âgé d’à peine 14 ans chanter son dégoût de la guerre sur « Ragga Jam ». En 1992, ce même gamin sort sous la bannière Ideal Junior le premier maxi d’une longue carrière intitulé La vie est brutale. En 1996, voilà enfin le premier long format avec un nom cette fois définitif. Au-delà d’un Kery James âgé alors de seulement 18 ans, Ideal J c’est aussi le regretté DJ Mehdi, l’un des premiers véritables génies musicaux du rap en France, mais également Rocco et Teddy Corona, backeurs et danseurs. Loin des appels à la paix et des morceaux fleuves qu’il servira tout au long de sa carrière, Kery est brutal sur ce premier long format. Il décrit la rue des yeux du jeune adulte qu’il est, le besoin d’argent ou encore le rejet du showbizness, mais avec la constante de cette maturité et cette lucidité étonnante, qui ne sont pas sans rappeler un certain Nas. Un album intemporel, musicalement exceptionnel et extrêmement dense en termes de morceaux légendaires. Xavier

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Doc Gyneco – Première consultation

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> Dans ma rue

Première consultation est l’album qu’Olivier Cachin classa dans les Inrocks en 2012 comme le meilleur album de rap français. C’est dire si cet album a compté et marqué toute une génération. Tous ceux qui ont vécu les années 90 connaissent le Doc, et si certains qui sont plus jeunes ont peut-être appris son existence par la télé-réalité ou son engagement politique, on peut leur dire qu’ils ne l’ont pas connu à son meilleur moment. Doc Gyneco a 22 ans quand il sort sa Première Consultation après avoir signé chez Virgin en 1994. L’album est d’ailleurs enregistré à Los Angeles puisqu’il souhaitait des musiciens professionnels plutôt que des samples. Phénomène assez étrange pour l’époque : le Doc est un rappeur qui préfère être classé dans la variet’ comme en témoigne le titre éponyme. A bien des égards, son discours, les sonorités et la réalisation de l’album témoignent d’un souci de toucher davantage de personnes que le petit cercle des auditeurs de rap. Avec des chiffres qui annoncent un million d’exemplaires vendus pour des titres comme « Nirvana », « Né ici », « Dans ma rue », « Viens voir le docteur », « Vanessa » ou encore « Passement de jambes », Doc Gyneco varie ses textes sur des thèmes légers, des instrumentales à la couleur « pop » et à l’ambiance « West Coast ». Les radios en raffolent et le docteur squatte les ondes, de telle sorte que cet album lui vaudra une nomination aux Victoires de la Musique l’année suivante dans la catégorie « Révélation ». Pour les vingt ans de l’album, le Doc a d’ailleurs décidé de reprendre du service avec une tournée en France qui affiche complet un peu partout… Costa

Jimmy Jay – Les Cool Sessions 2

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> Les kisdés

Quand on pense Jimmy Jay, on y associe instinctivement les grands succès d’MC Solaar, mais J.J. c’est surtout le grand représentant du son rap français « native tongues » du début des 90’s. Ménélik, Bambi Cruz, Démocrates D, Sléo, Soon E MC… Beaucoup ont aiguisé leur plume sur les instrus jazzy et lumineuses de Jimmy Jay, et les Cool Sessions ont été une rampe de lancement pour nombre de ces jeunes groupes.  Étonnamment le second volume des sessions est passé plutôt inaperçu, et pourtant il n’a que peu à envier au premier volume sorti trois ans plus tôt… Sur ces treize tracks, entrecoupés de quinze superbes interludes jazzy-abstract hip-hop, on retiendra notamment : « Victime du rap » de Madison le bourreau et Chrysto le barbare, titre dans lequel l’instrumentale jazzy épurée contraste avec les flows graves et les râles des deux rappeurs aux blases guerriers ; l’enflammée Lady Laistee du Complot Des Bas Fonds avec le classique « Respecte mon attitude », qui arrive avec un style percutant et juvénile, clairement précurseur en matière de rap féminin ; le flegme du mal-aimé Bambi Cruz avec « Je fais de mon mieux pour être heureux »; le superbe track des Bo Prophet sur « Les kisdés » où, dans avec un atmosphère sombre et jazzy, les MC’s (dont on ne sait quasiment rien) dressent une attaque en règle et sans subtilité contre la maréchaussée ; la première apparition discographique des jeunes loups de Mo’vez Lang avec le sans concession « Poison Juvenil »; le ragga atypique du martiniquais  Typical Fefe sur le morceau « Tueurs nés » dans lequel le toaster excelle et signe un de ces plus beaux titres. En somme un très beau disque à découvrir, et où l’idée d’aérer chaque rap par une instrumentale jazz fait beaucoup de bien à la réécoute 20 ans plus tard. Toan

Mais aussi : Moda & Dan – Thèse / Antithèse / Soon E MC – Intime conviction 

time-bomb-logo« Trier les bons sur Time Bomb, les faux sont mis d’côté »

Si 1996 est probablement l’un des points d’orgue de ce qu’on appelle l’âge d’or du rap français, c’est aussi l’avènement de Time Bomb, un collectif puis un label créés autour de la crème du rap parisien et des alentours par DJ Sek et les frères Vlavo, alias Ricky et DJ Mars. Au milieu de la décennie 90, quelques rappeurs se croisent au détour de soirées et sympathisent : ils s’appellent Oxmo Puccino, Hill G (Ill), Cassidy, Booba ou Ali. Peu connus du public à l’époque, ils fraternisent petit à petit, posent leur rimes ensemble, croisent le verbe à longueur de temps. Diable Rouge, Pit Baccardi et d’autres sont aussi de la partie, c’est-à-dire une bonne partie du Hall Of Fame du rap hexagonal. Sous l’impulsion des Vlavo et de Mars, tout ce monde se retrouve sous l’étendard « Time Bomb ». Aussi furtif que puissant, ce collectif créera un engouement que seuls IAM, NTM, ou peut-être Assassin peuvent revendiquer en 1996. Après un premier passage studio dans la Mecque du rap, à NYC, en 1995, la compilation Time Bomb Volume 1 voit le jour. Le potentiel se développe, s’exploite. On y retrouve notamment les X-Men avec « J’attaque du Mike », titre qui sortira en maxi en 1996, accompagné de « L’homme que l’on nomme Diable Rouge », mais également du side track « Time Bomb Explose » véritable hymne du label. Un Big Bang sponsorisé par cette sorte de dream team du rap francilien qui mélange accent de la capitale, influences new-yorkaises, textes percutants, et gimmicks entêtants : « Time Bomb explose, combien de blessés, fils ? Difficile à dire, mais des têtes vont tomber ». Rarement on avait entendu des rimes si soignées portées par des timbres si singuliers, tout en portant la voix de leurs quartiers. Que ce soit Booba, Oxmo, Ali, Ill, Cassidy, chacun semble vouloir placer la barre un peu plus haut à chaque rime. Suivront d’autres évènements marquants comme « Les Bidons Veulent Le Guidon », le « freestyle d’enculés » le plus célèbre de Lutèce. Même équipe, mêmes beats posés sur une boucle de saxo qui résonne encore aujourd’hui. Le succès dans les cités est énorme, en témoigne en 1997 ce showcase parti en vrille au sein de la FNAC des Ternes, au coeur du 17ème arrondissement de Paname. Le quartier huppé voit débarquer tout ce que la banlieue compte de bonhommes qui aiment bouger la tête sur des rimes dosées. Le magasin, pas préparé à recevoir autant de monde, est dépassé. Le lieu est martyrisé, les étals ravagés. Time Bomb est arrivé sur la capitale sans crier gare. La machine s’est emballée. Malheureusement, le collectif se délite, et sur fond de désaccords, sans disparaître officiellement, explose en vol. Preuve que ce n’était pas qu’une étincelle. Green

Soul Swing – Le retour de l’âme soul

> Je peux rien faire

Les amateurs de rap Phocéen connaissent forcément les membres du Soul Swing & Radical que sont Faf Larage, Def Bond, K Rhymes le Roi, DJ Rebel et DJ Majestic,  notamment pour leurs faits d’armes postérieurs à cet EP qu’il n’est probablement pas nécessaire de rappeler ici. Malgré des références prestigieuses à la fin des 90’s et leur grande proximité avec le groupe IAM depuis leurs débuts, leur premier et dernier disque paru en 1996 est quasi inconnu du grand public. A tort ! En effet, l’aisance au microphone et les styles respectifs de Def et Faf qui caractériseront leurs sorties postérieures sont déjà là, en atteste le nombre important de phases issues de cet opus scratchées plus tard sur des disques prestigieux (L’école du micro d’argent, Chroniques de Mars, Sad Hill…). Sur la majorité des productions, signées Faf Larage, les samples de soul ont remplacé les sonorités funk et jazz très prisées par la plupart des groupes jusqu’alors, pour un résultat à la pointe de la vibe New Yorkaise de l’époque. Sur « Karim Le Roi », le danseur du groupe acte son passage derrière le microphone, imité par Freeman l’année suivante sur le troisième album d’IAM avec qui il formera le duo MC Arabica. Plus qu’une simple carte de visite, cet EP représente la concrétisation d’une occupation du terrain depuis le début des années 90, et signe du même coup la fin de l’aventure collective « Soul Swing & Radical ». Olivier

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La Rumeur – Le poison d’avril

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> Blessé dans mon égo

Au cours de l’année 1995, le groupe Ultime Coalition composé d’Ekoué, Philippe et Mourad accueillit en son sein un autre MC âgé de 20 ans et originaire de Perpignan.  Celui-ci se prénomme Hamé. Ensemble, ils donnèrent naissance à La Rumeur. Depuis plus de vingt ans, ces rappeurs continuent de maintenir une ligne directrice sans faille en dénonçant le néo-colonialisme et la responsabilité de l’Etat face à l’isolement des quartiers populaires en France. En 1996, le groupe sort son premier EP, annonciateur d’une trilogie qui mettra en exergue le talent de chacun de ses membres. Ekoué est le protagoniste de ce premier volet intitulé sombrement Le poison d’avril paru chez FUAS Music. Le titre phare de ce projet demeure incontestablement « Blessé dans mon égo ». Sur un sample issu du morceau « Qui ? » de Charles Aznavour, le natif de Villiers-le-Bel expose le  dilemme identitaire auquel il est confronté. Il se voit raillé au Togo, son pays d’origine, et se retrouve méprisé socialement  en France, sa terre natale. Enfin, cet article est l’occasion de se replonger dans l’écoute des deux volets qui succédèrent au Poison d’avril Le Franc-Tireur qui met en avant le rap d’Hamé et Le Bavar, et Le Paria qui combine magnifiquement le travail de Philippe et celui de Mourad. Jordi

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Bastion

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> Les braqueurs

Actif depuis la fin des années 80, le groupe Soul Choc d’Angers monte le label Sysmix Productions en 1996. Plutôt que de sortir leur premier album, animés par l’envie de se connecter avec d’autres villes, les membres du groupe décident de ramener tout l’Ouest pour leur premier disque, une façon de se serrer les coudes face au monopole du rap parisien. Loin de mimer ce que produisaient les têtes d’affiche de l’époque, le projet contient sa dose d’originalité et les groupes invités font preuve d’une grande créativité quant aux univers proposés, léguant quelques classiques dont on parle encore aujourd’hui : « Les braqueurs » de Soul Choc, « Contre vents et marées » du K ou encore « La tuerie » d’Ex-Nihilo en featuring avec le DA System invité pour l’occasion. Le fait qu’il soit considéré comme un classique aujourd’hui montre bien l’importance de ce projet, le premier à avoir mis une zone géographique en avant, un porte-drapeau de la province à une époque durant laquelle il était compliqué de se faire un nom en dehors de l’axe Paris-Marseille. Soul Choc sortit son album Nouveau Syndrôme la même année, puis un deuxième volet de Bastion, Méridien Ouest, en 1998. Olivier

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Fabe – Lentement mais sûrement

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> Rien ne change à part les saisons

Un an seulement après son premier album Befa Surprend Ses Frères, Fabe sort son seul et unique E.P, Lentement mais sûrement. Paru chez Unik Records et Shaman, le projet contient sept morceaux, tous produits par Stofkry, comme pour son premier disque et celui qui suivra. Lentement mais surement dispose de quelques pépites qui font encore aujourd’hui l’unanimité : le titre légendaire « Rien ne change à part les saisons » avec l’illustre Dany Dan, le morceau « Chacun pour soi et Dieu pour tous » avec son compère Koma de la future Scred Connexion ou encore la piste qui conclut le projet, « Passe-moi le mic » en featuring avec Sléo, Koma, LSO et Bo Prophet, membres de son crew Le Complot Des Bas Fonds. Aussi nerveux que son premier album mais saupoudré de quelques nouvelles touches de noirceur et de mélancolie, cet EP laisse entrevoir les prémices de l’album Le fond et la forme qui sortira un an plus tard. Clément

Mais aussi : Sléo – L’essence du Kombat / Légitime Processus – Légitime Processus

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Arsenal Records (1994 – 1999)

Arsenal records, c’est un peu le label éphémère, l’étoile filante qui a traversé l’âge d’or du rap français. Né un après-midi à la Fourche avec Freaky Flow de Daddy Lord C, le label s’est éteint une nuit sombre avec Le Combat Continue d’Ideal J et l’album éponyme de La Cliqua. Arsenal Records, c’est ce label fondé par Jr Ewing et Chimiste, un des premiers labels de rap français indépendant à avoir sérieusement concurrencé les maisons de disque. Après avoir signé un gros deal avec Barclay comprenant la sortie de deux albums par an sur cinq ans,  Arsenal Records se retrouve un peu pressé par le temps et sort la compilation Le Vrai Hip Hop qui fera un flop d’un point de vue commercial mais qui figurera parmi les classiques du rap français. Sorti entre Conçu Pour Durer de La Cliqua et Entre Deux Mondes de Rocca, on trouve sur Le Vrai Hip Hop un condensé de La Cliqua et de ses satellites, disséminés entre l’Ile de France et la Suisse. Toan

Arsenal Records re-présente : Le Vrai Hip Hop

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> Rap Contact

Alors pourquoi écouter cet album ? Tout d’abord pour le classique intemporel « Rap contact » de la Cliqua qui vient ouvrir le bal et où les cinq MC’s représentent à eux-seuls ce qui fait la magie et la diversité de ce disque : le rap conscient et l’écriture cinématographique de Rocca, la jeunesse et la spontanéité de Raphaël, la musicalité de Doc Odnoc (Kohndo), les variations de flow d’Egosyst et l’esprit « caillera avec du génie » de Daddy Lord C. Ensuite, parce que le Cercle Vicieux signe là sa première apparition discographique.  On rappellera qu’il s’agit du seul disque à réunir des membres aussi jeunes et talentueux : entre Raphaël de La Cliqua et les membres de Petits Boss (Eli Eid, Rubeston et Loucha), on est quand même dans une fourchette de 15 à 18 ans. Une autre raison est que les instrus sont produites par les trois architectes sonores Chimiste, Lumumba et Jelahee (qui assure également les scratchs), qu’on trouve également des prods d’Yvan et d’Egosyst et qu’y figure déjà le magnifique morceau de Rocca « Le hip-hop mon royaume » qu’il reprendra plus tard pour son premier album solo. Sans oublier l’alchimie parfaite des flows de Kohndo et Egosyst du Coup d’Etat Phonique. Puis enfin, pour sa réédition, qui, même si elle perd au passage le morceau du Cercle Vicieux et du Coup d’Etat Phonique pour une histoire de sample non déclaré, gagne trois morceaux inédits : « Mike branché » de Kohndo, « Worldwide » de Raphael & Loucha, et « Je ne pense qu’à toi » du chanteur Hasheem. Toan

KDD – Opte pour le K

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> Big Bang KDD

Ce premier album des KDD peut paraître surprenant pour ceux qui auront découvert le groupe avec les sorties suivantes. En effet, la présence de musiciens sur la quasi totalité des morceaux et de nombreux chœurs sur les refrains donne un rendu lumineux, loin des sonorités plus sombres de Résurrection. Les lyrics des rappeurs Diesel et Dadoo, à peine majeurs ou presque au moment de la sortie du disque, oscillent entre thèmes légers (comme le style sur « Mon plus beau polo », les relations avec la gente féminine sur « Nadège ») et propos plus conscients (« Dékadanse », « Sankala », « Légaliser »). La signature du groupe chez Colombia deux ans plus tôt et les rotations radio du morceau « Big Bang KDD » (clippé à New York) permettent au groupe d’acquérir rapidement une certaine popularité, sans s’éviter quelques comparaisons faciles avec Alliance Ethnik ou Mellowman. En tout état de cause, Opte pour le K aura permis à Toulouse de se faire une place sur la carte du rap français, et de démontrer l’aisance microphonique des deux rappeurs (Dadoo tout particulièrement sur cet opus) qui finiront d’enfoncer le clou sur les livraisons suivantes avec une tonalité « rue » beaucoup plus prononcée. Olivier

Stomy Bugsy – Le calibre qu’il te faut

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> J’avance pour ma familia

Annoncé par un EP la même année, Le calibre qu’il te faut marque le début de la carrière solo d’un Stomy Bugsy passé prince parmi les lascars, deux ans après sa dernière livraison avec le Ministère Ämer. « Sacrifice de poulet » sur la B.O. de La Haine a fini d’installer le groupe de Sarcelles dans le paysage du rap français, et le Secteur Ä est sur le point d’éclore (le titre « J’avance pour ma familia » présent sur l’opus offre d’ailleurs un aperçu de l’extraordinaire potentiel du futur collectif). A mi-chemin entre le O.G. à la sauce Los Angeles et le mafieux italien, Stomy se pose en gangster coureur de jupons, rappant le quartier mais surtout ses rêves de grandeur, sur des productions west coast signées Docteur L. Dans le registre mafieux, le point d’orgue est atteint avec « Derniers pas dans la mafia » en featuring avec Akhenaton qui avait largement abordé le sujet dans Métèque et mat l’année précédente, une première qui marquera le début du réchauffement des relations entre la Secte Abdoulaye et le Côté Obscur. Sur « La guerre du rap », Stomy taquine tour à tour les figures du rap game de l’époque (y compris son équipe), une sorte de « J’t’emmerde » avant l’heure, mais dans une forme plus affectueuse. Sa plume et ses placements ne sont pas des plus techniques, mais les sonorités et son interprétation permettent au MC Sarcellois de livrer un disque cohérent, porté par le tube « Mon papa à moi est un gangster ». L’opus connaîtra en 1998 une deuxième vie avec Quelques balles de plus pour le calibre qu’il te faut, qui plus qu’une réédition, offre une tracklist largement remaniée, dont sept inédits. Olivier

2Bal 2Neg’ – 3x plus efficace

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> Poètes de la mort

Plus qu’un slogan 3x plus efficace résulte de la fusion deux duos de rappeurs, les jumeaux Doc TMC et G-Kill qui formaient les 2Bal et les 2Neg’ Eben et Niro. Derrière les machines, on retrouve deux tandems de beatmakers, White & Spirit et Tefa & Masta (Kilomaître). Une union qui durera le temps d’un disque unique, caractérisée par cette double dualité de laquelle naîtra une compétition saine entre les équipes dans leurs catégories respectives, poussant les protagonistes à se dépasser, que ce soit derrière le micro ou la MPC. Cet album s’est rapidement imposé comme un incontournable pour plusieurs raisons : l’énergie dégagée par les MC’s, les voix des jumeaux inimitables et les cris de G-Kill, l’ombre planante du Ménage à 3 alors en plein essor, les productions sombres, puissantes, parfois angoissantes, tranchant avec ce qui se faisait à l’époque, des refrains simples et entêtants, une science du passe-passe maîtrisée à la perfection, un succès commercial exceptionnel pour une sortie indépendante (80 000 copies vendues), une réputation sulfureuse, et une ribambelle de titres désormais classiques, pour ne pas dire l’intégralité de l’album. « Gued 1 », « Labyrinthe », « Que faire », « La magie du tiroir », « Poètes de la mort »… Aucun déchet ne vient entacher cet opus, qui constitue le véritable lancement des carrières des huit comparses. Ils marqueront l’histoire du rap français chacun  à leur manière dans les années qui suivront : le duo White & Spirit enchaînera avec l’aventure « Cercle Rouge », Niro créera son propre label Niroshima, Eben s’illustrera maintes fois derrière le micro et la MPC, les 2Bal continueront leur chemin en duo puis connaîtront le succès avec le Bisso Na Bisso, et le duo Tefa / Masta enchaînera trusteront le haut des charts avec les disques qu’ils produiront (Sinik, Diam’s, Kery James…). Olivier

Mais aussi :  Lamifa – O.P.A sur la rue / Section Fu – Mortal Kombat / Afro Jazz – Perle noire 

Mad In Paris – Mad in Paris

> Paris a le blues

Mad In Paris est un groupe issu de la fusion de deux groupes de Créteil et Girgny qui envahit les ondes radios en 1996. Phénomène éphémère puisqu’ils n’ont qu’un seul album au compteur, ils formèrent un ensemble de neuf musiciens ou chanteurs. Le groupe rencontra le succès avec le hit « Paris a le Blues » sur l’album éponyme qui dépassa le microcosme hip-hop puisque les radios plus généralistes, à une époque où le rap à le vent en poupe, s’emparèrent de la mode Mad In Paris. Ils passèrent quinze semaines dans le top 50 de l’époque. On y décrit le malaise, le blues qui colle à la ville lumière, « de Barbès aux Abbesses, des Champs-Elysées aux Halles », on y déverse du spleen. Vingt ans plus tard, ce son reste une des virées dans Paname les plus célèbres de la musique française. Nous sommes plusieurs dans la rédaction à avoir confessé que nous avons saigné ce titre à l’époque, et si aujourd’hui le son a certes un peu vieilli, parce que ce rap ne correspond plus à nos standards actuels ou que nous n’écouterions certainement plus « Paris A le Blues » en 2016, Mad In Paris nous a tous un peu façonnés. En plus furtif, mais de la même manière qu’avec Alliance Ethnik, nous avons bougé sur ces sons que beaucoup appelaient du « groove » plus que du hip-hop, mélange de musiques urbaines souvent métissées allant du rap au funk. Si le terme « groove » est un terme fourre-tout qui fut utilisé par les médias pour brasser toutes ces influences, Mad In Paris a bien sa place dans cette sélection « rap ». Parce que c’était 1996 et qu’on a kiffé. Green

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Night & Day, l’émergence de la scène indépendante

Quel est le point commun entre Conçu pour durer (La Cliqua), Ça se passe (D.Abuz System), Time Bomb Vol. 1, La racaille sort 1 disque  (N.A.P.), Guet-Apens ou plus tard Le code de l’honneur (Rohff) ? Ils sont tous passés par Night & Day pour la distribution, label actif entre 1992 et 2006, à l’origine de l’émergence de petits groupes indépendants non formatés, avec une grosse concentration de sorties rap français entre 1995 et 1996. A cette période, Patrick Colleony, patron du label, signe les groupes à tours de bras, et permet à de futurs disques d’anthologie de voir le jour. Aux exemple sus-cités, on peut ajouter Le retour de l’âme soul (Soul Swing), Original MC’s sur une mission (Ideal J), La route est longue (Different Teep)… Un pari et une prise de risque pour Night & Day, plus orienté rock et jazz jusqu’alors, à une époque où peu de labels consentaient à à accueillir des jeunes de quartiers dans leurs bureaux. Le décès de Patrick Colleony le 31 décembre 2009 suscitera un grand nombre de témoignages de reconnaissance d’artistes issus de divers courants musicaux. Olivier

Hostile

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> Le crime paie

Hostile. Un nom mythique, un label prestigieux, quatre suites… Qu’est-ce qui a fait de ce projet une référence, voir la meilleure compilation de rap français de tous les temps pour toute une frange du public ? Replaçons le disque dans son contexte : l’underground parisien regorge de nouveaux noms, une scène nouvelle est sur le point d’émerger, se démarquant de ses aînés par sa jeunesse, son énergie et sa technique. Le principe de la compilation est de réunir ces nouveaux talents sur un disque, en plaçant des inédits produits pour l’occasion. Et le moins que l’on puisse dire est que le label a eu du flair (Benjamin Chulvanij, patron du label, est allé prospecter directement dans les quartiers) en invitant les X-Men, Lunatic ou La Clinique, qui livreront leurs classiques ultimes pour l’occasion avant de devenir des groupes installés. Le label voit juste en conviant également les 2Bal 2Neg’, qui sont sur le point de sortir leur album 3X plus efficace, disque classique s’il en est. D’autres artistes brilleront aussi sur ce projet sans pour autant véritablement perdurer par la suite, on pense notamment à Teemour ou Polo et son morceau « Panne sèche », joué alors en radio. Mais Hostile aura surtout permis d’officialiser dans le jeu Ärsenik et Lunatic qui signent là leurs premiers morceaux sur une sortie majeure, et rien que pour ça le disque mérite tous les propos élogieux qu’on peut lire à son égard. Olivier

Mais aussi : Hip Hop Vibes

Eskwad Productions – Guet-Apens

Guet Apens

> Les spécialistes

Bénéficiant d’un buzz considérable et d’une street credibilité solide grâce aux morceaux « Mon esprit part en couilles » et « Dealer pour survivre », l’attente autour d’un premier album d’Expression Direkt était conséquente en 1996. Par conséquent, personne ne s’attendait à la sortie de Guet-Apens, un EP estampillé « L’Eskwad », trio de producteurs composé de Tintin, Weedy et Mysta D (beatmaker du D.Abuz System), conviant les proches, ainsi que quelques têtes montantes du rap hexagonal d’alors à kicker les productions maison. Le casting, qu’il est facile de qualifier de sans faute a posteriori, réunit, au-delà du groupe en lui-même, un panel d’invités à l’image du groupe, avec la couleur « ghetto youth » de Rohff et Kery James, l’agilité microphonique et l’humour grinçant d’Abuz et du DA System, l’impertinence de Joey Starr, et l’étendard du 78 porté haut de Big Red. Rendu connu par le hit « La roue tourne », cet E.P. ne contient aucun déchet. « Les spécialistes », introduction entraînante et désormais classique signée Weedy et le T.I.N. remplit parfaitement sa fonction. « Pour 100 balles t’as plus rien » marque la première apparition discographique de Rohff et le début d’une collaboration plus poussée avec Express Di. « Au-delà du réel » en feat. avec Kery James fait le contrepoids aux plus drôles « Il  boit pas il fume pas mais il cause » ou « Arrête ou ma mère va tirer ». Quant au joyeux froissage d’instru collectif « Apocalypse Now Freestyle », il offre une parfaite conclusion au projet, qui aura permis aura permis à l’ensemble du groupe du 78 de s’affirmer comme une valeur sûre de l’underground Francilien, et de se positionner comme une alternative au rap « Walt Disney » conscient et politiquement correct de l’époque. A noter que la pochette incroyablement kitch n’aura pas empêché le disque de rentrer dans la légende. Olivier

ATK – Micro Test

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> Le style des guedins

Sorti en 1996 chez Quartier Est et uniquement en vinyle, Micro Test est le premier disque d’ATK (acronyme d' »Avoue que tu kiffes »). A sa création à l’orée 1995, le collectif comptait 21 membres (ou 24 selon les sources), répartis en 9 sous sections. Pour le premier projet Micro Test, seulement 7 membres sont restés, eux-mêmes répartis en 3 binômes ; Apocalypse composé d’Axis et Antilop Sa, Maximum De Phases composé de Test et Fredy K, Legadulabo formé par Cyanure et Freko Ding’ et DJ Tacteel (futur DJ de TTC) pour les scratchs. « De 21, on passe à 7, regarde, c’est comme les Dalmatiens » dira Fredy K l’année suivante. Les productions sont signées Axis, également beatmaker du possee, dont les influences soul (Marvin Gaye…) ou pop (Michael Jackson) sur cet opus seront ensuite troquées pour faire place aux instrumentales mélancoliques qui ont fait la réputation du groupe. Dans son ensemble, Micro Test a posé les jalons d’ATK : des flows originaux, une entente solide et un style reconnaissable entre tous. On retrouvera ATK deux ans après pour leur premier album, le mythique Heptagone. Clément

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Cut Killer – Hip Hop Soul Party III

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> Intro’96’97

Dans La Haine de Kassovitz, on se rappelle tous du moment où Cut Killer, visage caché sous sa casquette, improvise une block party à la fenêtre de sa tour et fait cohabiter Joey Starr, Edith Piaf et KRS One – « Non rien de rien, non je ne regrette rien… it’s a sound of da police, nique la police« . Une génération entière est venue à Hip Hop Soul Party III pour ce fameux mix de Cut Killer, qui ne figure pas d’ailleurs sur la B.O. du film. Hip Hop Soul Party III est ainsi le parfait exemple de ce que 1996 a fait de plus intense en rap français. Comme la plupart des mixtapes et galettes de Cut Killer, l’album s’ouvre sur un mix qui reprend les punchlines des derniers sons du moment, et enchaîne avec un mix français et US (tendance New York) tout à la fois dancefloor et conscient. « Realité » de Different Teep, « Le hip hop mon royaume » de Rocca, « J’attaque du mic » des X-Men, « Le ghetto français » d’Ideal J, « Bad boys de Marseille », « Une époque de fou » de Koma, « Accroc de Hip Hop » de Koalition (le groupe de Sully Sefil) et le sublime « Sans degré à l’ombre » de 2Bal et Jmi Sissoko… Il est évident que Cut avait saisi le côté classique des tracks sus-mentionnés pour une sélection « dream team » des tracks qui allaient orner le troisième volet des Hip Hop Soul Party. On peut penser que c’est aussi et surtout parce qu’ils ont figuré sur cette compilation mythique qu’ils sont devenus des classiques. Cut Killer est un peu le bon copain du rap français, il a toujours su regrouper et mettre en avant des artistes hétéroclites. C’est un des seuls DJ’s capable d’enchaîner des mixtapes spéciales Triptik, Lunatic, Saïan Supa Crew ou La Cliqua avec des DJ sets en club sur des yachts à Ibiza ou Saint Barth, et d’être à la fois à la pointe de l’underground et du mainstream. Hip Hop Soul Party III, qui n’a pas pris beaucoup de rides vingt ans plus tard, fait ainsi partie des must have de n’importe quel DJ hip-hop français. Toan

Lone – Lone

Lone

> Les skyzos

Après un projet en groupe sous la bannière du « A.S », Lone, pour son premier album solo, a fait appel au jeune Busta Flex pour l’épauler, après avoir été présenté par le grand frère de ce dernier. Pas étonnant donc de retrouver le rappeur de la cité d’Orgemont sur huit titres (dont les underground classic « Je représente » et « Skyzos »), ainsi que Sully Seffil sur « Apaches » pour sa première apparition discographique. Mais cette collaboration ne saurait faire oublier que Lone possède un flow tout-terrain et une plume déjà expérimentée au service style, de la construction des morceaux, et de la cohérence globale du projet. Ses titres solos ne souffrent d’ailleurs aucunement de la comparaison avec les morceaux réalisés avec la future tête d’affiche Busta Flex. Marginalité, folie, freestyle et identité caillera se côtoient sur ce disque remarquablement produit, aussi singulier qu’injustement méconnu. Olivier

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En guise de conclusion, on pourra affirmer que l’année 1996 fut une année riche en découvertes. Les auditeurs qui ont vécu cette époque n’ont certainement pas eu conscience de ce qui se déroulait sous leurs yeux et dans leurs oreilles, puisque malheureusement, le regard historique est nécessairement rétrospectif. C’est toujours après coup que l’on réalise que ce qui se jouait alors allait marquer l’histoire de cette musique. Ainsi, cet article a été écrit pour rendre hommage à l’auditeur passionné de rap de l’époque qui était un chercheur d’or. Il a été écrit parce que les plus jeunes qui s’intéressent au rap ne peuvent que regarder de manière curieuse cette époque où il était nécessaire de digger dans les profondeurs de l’underground pour découvrir des pépites qui ne passaient pas en radio. Il a été écrit parce qu’Internet aura changé définitivement la donne et qu’il est bon de rappeler qu’il fut un temps avant le mp3 où on avait des baladeurs cassettes. Et il a été écrit parce que le rap français a une histoire qui ne survivra pas sans mémoire. Vingt ans après, on regarde cela, et on se sent « comme une petite fourmi perdue dans l’univers intergalactique ». Imaginez dans cinquante ans.

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