10 Bons Sons US en mars 2025

Comme à l’accoutumée, nous revenons sur 10 morceaux sortis durant le mois de mars outre-Atlantique. Ce mois s’est également terminé par le tragique décès de Young Scooter, figure incontournable de la trap des années 2010 et des mixtapes, dans des circonstances assez étranges. Cette nouvelle disparition prématurée s’ajoute à une liste funèbre qui s’allonge chaque année, nous rappelant la violence réelle dans laquelle émerge trop souvent notre musique préférée. Nous adressons nos condoléances à sa famille et à ses proches et lui souhaitons un repos paisible.

Saba & NO ID feat. Love Mansuy, Ogi & Smino – a FEW songs

La conclusion de cet album commun entre Saba et le mythique NO ID est délicieuse. La production pianotée dégage de bonnes ondes. Les deux couplets, résolument mélodiques, sont assurés par deux des meilleurs rappeurs soulful du moment : Saba et Smino. Le méconnu chanteur Love Mansuy délivre un refrain catchy, et Ogi chantonne quelques chœurs pour conclure le tout. La mayonnaise prend bien entre tout ce beau monde, et ce titre conclut parfaitement un album de haute volée. Sans doute l’une des meilleurs sorties de ce premier trimestre. – Jérémy

Ray Vaughn feat. Ash Leone – FLAT Shasta (prod. Rayo, Joey Ramirez, Emmanuel Keller & Anthony « Moosa » Tiffith Jr)

Quatre ans après sa signature chez TDE, Ray Vaughn n’a toujours pas sorti le moindre album. Mais cette fois-ci, c’est la bonne. La multiplication des singles parus les semaines passées laisse entendre qu’il arrive bien… Parmi ces morceaux, « FLAT Shasta », sur lequel le rappeur californien se livre sur les problèmes mentaux de sa mère, sur son rapport à la drogue, et sur la manière dont toute cette noirceur a déteint sur lui. C’est sincère et touchant, et Ray Vaughn démontre l’ampleur de son charisme au micro avec une interprétation à fleur de peau. Le refrain de Ash Leone vient ajouter la touche de féminité qu’il manquait à tout cela. Vite, la suite ! – Jérémy

DC3 – Judge (prod. DAVIDTAMAS & FARANGDAN)

DC3 est un rappeur de 18 ans originaire d’Angleterre, plus précisement de Northampton, avec des racines zimbabwéennes. Actif depuis 2021, il distille des singles, petits à petits, pas à pas et souvent mis en images. Il a littéralement pété sur Tiktok il y a une paire d’années et aujourd’hui, il se sert de ses morceaux et de ses prestations pour raconter son propre parcours spirituel et inciter les autres à croire en leur foi et à surmonter les épreuves de la vie. Et oui, qui l’aurait cru, on vous parle bien d’un artiste étiqueté « rappeur chrétien », tant sa musique témoigne d’un attachement profond à ses valeurs religieuses. Côté production, c’est depuis toujours un sans faute et l’artiste est à l’aise aussi bien sur des rythmiques un peu trap que sur des beats plus downtempo mais tout aussi groovy. Franchement, c’est une belle découverte. – Clément

Willie The Kid & Real Bad Man – Maxwell’s Peacoat Collection

On l’évoquait le mois dernier aux côtés de VDon pour la suite de Catch Me If You Can, cette fois ci on le retrouve avec Real Bad Man pour l’album Midnight sorti à la toute fin du mois. 10 morceaux produit d’une main de maitre par Adam Weissman, connu également sous le nom de Real Bad Man et de Sample 208. Il est d’ailleurs le fondateur de la marque de streetwear du même nom. Les productions sont poussiéreuses, dans un style boom-bap, parfois drumless, parfois crapuleuses mais tout le temps incisives et ô combien efficace. Que dire du rap de Willie qui, comme le bon vin, s’affine avec le temps et devient meilleur. – Clément

Curren$y & Harry Fraud – Money Magnet feat. Conway the Machine & Rome Streetz

Curren$y démarre sa run de 2025 qui contera surement une dizaine de projets en tous genres avec un très bon album aux côtés de Harry Fraud, producteur dont on a souvent chanté les louanges dans nos colonnes. Never Catch Us a ce petit truc qu’ont fréquemment les projets de Curren$y : même si ça peut, aux premiers abords, paraitre indigeste, c’est in fine, très réussi. Sur cet album, on retrouve un casting de luxe : Premo Rice, Wiz Khalifa, Babyface Ray, Styles P, 03 Greedo, Dave East, Jay Worthy ou encore ceux qui nous intéresse ici, Conway la machine et les rues de Rome. Traduction de débile mise de côté, le morceau est très savoureux et nous offre une brochette digne des meilleurs restaurants de viandards. – Clément

Sada Baby – Kasino (prod. Mia JayC)

Le trublion de Detroit est de retour avec un album deux ans après SkuBop, sa dernière sortie de cette ampleur. Plus long que le précédent, on y trouve toujours à boire et à manger, du bon et du moins bon, mais toujours l’énergie et l’intensité caractéristiques de son rap, ainsi que le ton cynique et l’humour noir. C’est notamment le cas de « Kasino », l’introduction de l’album, produite par le fidèle Mia JayC. – Xavier

Da Flyy Hooligan – Hip Roll

Rappeur nord-londonien à l’accent très reconnaissable officiant depuis un certain nombre d’année, Da Flyy Hooligan a notamment fait connaître à travers des mixtapes conceptuelles et certaines collaborations avec des rappeurs de la fille difforme et reniée de la perfide Albion. Sur LO&B, il est accompagné de la chanteuse Nab sur l’ensemble des titres, résultant en une atmosphère entre lo-fi et R&B, d’où le titre. On vous met le morceau « Hip Roll » en exemple, mais on vous invite à prêter une oreille à cet EP d’une petite demi-heure. – Xavier

Smoke DZA – Saquon Barkley (prod. Harry Fraud)

Le vétéran de Brooklyn n’en a toujours pas fini avec ce foutu jeu. N’ayant plus grand-chose à prouver, il continue de s’amuser et de sortir des mixtapes thématiques à intervalles réguliers. Ici, c’est un hommage à la dream team barcelonaise de 1992, celle des Koeman, Laudrup, Stoichkov et consort, sous la houlette de Johan Cruyff (un hommage relativement surprenant pour un Américain, il faut bien le dire). Et comme sur toute bonne mixtape de Smoke DZA, on retrouve Harry Fraud, sur l’excellent « Saquon Barkley », que l’on vous propose comme illustration. – Xavier

Playboi Carti – OPM Babi (prod. Clayco & opiumbaby & Streo)

Cinq années durant, les fans de Playboi Carti ont attendu un nouvel album, frustrés par les reports successifs, les concerts annulés, etc. Music synthétise l’oeuvre d’une des (la ?) têtes de proue de sa génération, digère (et assume) toutes ses influences mais poursuit également son exploration. « OPM Babi » représente tout cela à merveille. Un joli sample et une boucle de batterie ouvre la morceau puis une basse saturée, plus saturée que les habituelles basses saturées, prend le dessus. Les caisses claires sont alors renforcées par des bruits d’arme à feu et les hurlements de DJ Swamp Izzo  parachèvent cette sorte de chaos organisé. La « baby voice » vient sublimer cet ensemble beaucoup trop authentique pour tomber dans le ridicule. – Wilhelm

Mozzy – Under Oath (prod. Julian Cannon)

S’il a su renouvelé sa musique ses dernières années, Mozzy n’a jamais abandonné sa chère et tendre Mobb Music. Et lorsque le coeur est lourd, il ne semble jamais plus à l’aise qu’en y déversant un couplet fleuve, intime. Le piano et la voix aux allures gothiques de « Under Oath » nous (re)plongent parfaitement dans son univers. En s’adressant à un certain nombre de personnes de manière suffisamment directe pour nous immerger mais assez flou pour ne pas tomber dans du voyeurisme ou nous laisser de côté, le rappeur de Sacramento nous invite presque autant que lui à l’introspection. – Wilhelm

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