10 Bons Sons en avril 2025

Marseille, Trappes, Toulouse, Paris, Montpellier, Boulogne-Billancourt, Bruxelles… Tour d’horizon non exhaustif de ce que le rap francophone a pu nous offrir le mois dernier.

Le 3 avril : Stony Stone – À cœur (prod. Boumidjal & HoloMobb)

Alors lui, vous le retrouvez dans nos colonnes dès qu’il sort un morceau (un de mes chouchous vous dites ?). Stony Stone fait mouche à chaque fois avec sa proposition musicale toute personnelle. Le gadjo semble avoir trouvé sa formule : une interprétation maîtrisée, une écriture soignée, une honnêteté, pour ne pas dire une transparence quant à ses états d’âme (pas pour rien qu’il fait référence à Diam’s d’ailleurs). Stony Stone ne semble pas jouer de personnage et met du sien dans sa musique, dans ses textes, comme lorsqu’il évoque son identité DZ, ses pérégrinations dans la cité phocéenne ou son rapport à Dieu. Alors qu’il vient de faire la Cigale, on attend surtout un album qui viendrait confirmer tout le talent du bonhomme. – Chafik

Le 4 avril : Nordinomouk – Armand de Brignac (prod. Kyo Itachi)

Découverte du mois et une fois de plus grâce à Kyo Itatchi (qui complète le top 3 mentionné plus bas à propos du morceau de LEDOUBLE), Nordinomouk est un rappeur et beatmaker actif depuis plus de cinq ans (on suppose), étant donné qu’il a sorti son premier EP en 2020. Il a également sorti d’autres projets en 2022, un plus long format intitulé Crache Fer mais aussi et surtout un EP avec quelqu’un souvent cité dans nos colonnes : Bavaz (pour Bizness & Personnel). Voilà pour une partie de sa discographie récente, trois ans se sont écoulées depuis et Gris Métal sort ce mois ci, entièrement produit par le beatmaker masqué Kyo Itachi. Boom-bap poussiéreux saupoudré de quelques drumless, rimes ciselées, voix graves et phases truculentes : les génomes sont rigoureusement sélectionnées et le cépage de grande qualité. Gris Métal est un cru à forte personnalité dont on vous conseille la dégustation. – Clément

Le 11 avril : La Fouine – Lettre à Zyed et Bouna (prod. Biggie Jo)

Avec son album Etat des lieux, La Fouine a su capitaliser sur le regain d’intérêt du public pour sa musique et son patrimoine depuis sa performance surprise aux Flammes. En confiance, il a délivré un album contenant ce qu’il savait faire de mieux, avec de la mélodie, du rap inconscient, des punchlines potaches, mais aussi un peu de sérieux, comme sur sa « Lettre à Zyed et Bouna ». Michel, Théo, Nahel, Adama… Depuis la mort tragique des deux adolescents il y a vingt ans, d’autres prénoms sont venus s’ajouter à la longue liste des victimes des violences policières, le plus souvent impunies, que La Fouine s’emploie à nous rappeler, dans un morceau aussi touchant que salutaire dans le climat politique nauséabond actuel. – Olivier

Le 11 avril : Kekra – Back2 (prod. Binks Beats et Mohand)

Le retour du rappeur masqué, de celui qui cachait son visage bien avant que ça soit à la mode dans le paysage du rap jeu français et qui n’a jamais lâché son anonymat. Kekra, rappeur du 9-2, assez précurseur dans pas mal de domaines d’ailleurs, parmi les premiers dans l’hexagone à se tester sur les sons two-step ou grime venus d’outre-manche avec des gars comme Grems ou Disiz. Presque dix ans après le premier opus de sa série des Vréel (Vréel 1 sort en 2016), le Courbevoisien revient avec le quatrième numéro en gardant la formule qui l’a rendu populaire. Lui qui à très vite utilisé le franglais dans ses textes, qui s’est très tôt essayé aux sonorités électroniques et aux effets sur sa voix, continue à explorer et essorer ces caractéristiques qui font son fort. Grâce à son accent il peut faire des prouesses comme sur le morceau « Back 2 » où il fait rimer, « Charlemagne » et « j’parle au game ». Très bien servi par une prod signée Binks Beatz et Mohand, sample de voix entêtantes, rythmiques toujours londoniennes, ad-libs et backs d’ambiance à tout-va, Kekra s’en donne à cœur joie pour nous amener dans une espèce de transe dont on a pas vraiment envie de sortir et qu’on pourra prolonger le 16 mai pour la sortie de l’album Vréel 4. – Rémi

Le 14 avril : LTA feat. Hemo – Slappin’ (prod. Krimophonik)

A l’inverse du jeu de cours de récréation dont il porte le nom, Le Téléphone Arabe voit son message s’éclaircir au fur et à mesure des années. Le rappeur du 78, d’abord proche de La Rumeur au milieu des années 90, a ensuite décidé de s’isoler pour rapper ses phases acerbes, sans concessions où il dépeint notre société pourrie sans maquillage. Depuis quelques temps il s’est rapproché de l’équipe de Dyapazon Records et notamment du beatmaker Krimophonik qui lui fournit des prods sur mesure qui collent parfaitement au flow et au style de LTA comme sur ce morceau avec ce gros sample de soul. Le rappeur quadragénaire fait même des featurings maintenant, comme ici sur le morceau « Slappin’ » avec Hemo, le fondateur de Dyapazon, morceau extrait du nouveau cinq titres de LTA produit par Krimo intitulé Santa Thug. Dans une interview au site Sous-Culture en 2018, LTA déclarait « c’est cohérent que personne ne m’écoute ». Désormais le message passe et il est plutôt clair, à nous de vous le faire passer en le déformant le moins possible – Rémi

Le 17 avril : LEDOUBLE – JSAVAIS TROP QUOI DIRE (prod. Guydelafonsdal)

Après deux EPs sortis en 2024 (enfant du soleil avec Hologram Lo’ & Ledoubledelafonsdal avec le beatmaker susnommé), la pépite montpelliéraine nous offre un format plus long, intitulé Southside Therapy : Problèmes Particuliers pt1. Onze titres, la plupart produit par l’inévitable Guy (pas celui de bezbar) même si on retrouve également LVLAPRUDENCE ou encore et deux des trois meilleurs scout français : Mani Deïz et JeanJass. Parmi une sélection de très bon morceaux, j’ai craché mon dévolu sur le titre le plus intimiste et introspectif de LEDOUBLE, « JSAVAIS TROP QUOI DIRE », qui parle de sa relation amoureuse avec son ex. LEDOUBLE en mode morose et romantique, c’est pas tous les jours. – Clément

Le 18 avril : Tuerie – The boring song (prod. TICES & j’san)

Deux ans après Papillon monarque, Tuerie, l’un des rappeurs les plus innovants de sa génération faisait son grand retour avec Les amants terribles. La proposition musicale surprend d’emblée par ses accents soul mais l’on rentre progressivement dans l’album. Quelques notes de guitare électrique, un refrain chanté  d’une honnêteté radicale, et voilà que « The boring song » nous entraîne dans un univers inédit. Tuerie s’y confesse à nouveau sur l’influence par la négative de son père, sur ses peurs et sur sa difficile évolution, lesté par le poids du passé. C’est un morceau de peu de mots, appuyé par des chœurs aériens et des sonorités plus basses, comme pour mieux symboliser l’envie de décoller et les démons qui ramènent au sol. « The boring song » est un morceau pur. Jérémy

Le 18 avril : Krisy – Un mètre sexy (prod. Twxntytwo, ChrisUpTown & Gxldenboy)

Le 7 mai 2025 sera une petite consécration pour Krisy grâce à son concert à l’Olympia. Pour chauffer la foule, le rappeur belge sortait ce mois-ci un EP très agréable à l’écoute. Une mélodie contemplative, un flow langoureux fait de ruptures en douceur et des gimmicks efficaces : Krisy est vraiment l’un des rappeurs les plus smooths du game. Son refrain rentre aisément en tête, et son écriture est efficace même lorsqu’elle serpente comme ici entre plusieurs thèmes : du minimalisme des prises de paroles au rap game en passant par des phases séductrices. La vie, avec ou sans le risque ? est un bon plat de résistance après le plus charpenté Euphoria. – Jérémy

Le 25 avril : Martin Gal & Double Diamond – Rideau

Quelques mois après la sortie du remarquable projet All in en duo avec Loko, Martin Gal dévoile son tout premier EP en solo intitulé Sous surveillance. Entièrement produit par le duo Double Diamond, récemment remarqué sur l’album de Flynt, cet opus confirme tout le talent que l’on prêtait déjà au rappeur de Boulogne. Sa plume, aussi imprévisible que percutante, en fait l’un des lyricistes les plus brillants de la scène actuelle. Chaque morceau regorge d’images fortes et de formules percutantes. Le titre « Rideau », qui clôture l’EP dans une ambiance minimaliste et redoutablement efficace, en est la parfaite illustration. – Jordi

Le 29 avril : L’uZine & Onyx – Nord Stream2 (prod. Gash)

Cela fait quelques années qu’Onyx, les pontes du rap hardcore new-yorkais, se sont rapprochés de l’Europe. Cependant, cela n’a pas empêché l’effet de surprise de l’annonce d’un album commun au côté de l’uZine. A l’image de l’album, « Nord Stream2 » fait la part belle à la performance brute. Le refrain est nerveux, idéal à scander en concert, et les couplets sont techniques et appuyés. Chaque rappeur vient aborder la lourde production à sa manière et toutes les performances sont à la hauteur. L’entièreté de Battle royale est du même ordre : de quoi aborder ce printemps de manière fâchée. – Jérémy

Retrouvez également ces morceaux sur nos playlists Spotify et Deezer :

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