Perdu entre, d’un côté, le décès du chef d’un état européen aussi riche que petit et, de l’autre, le début de la glorieuse victoire du Moyen Timonier et de la Chine sur les Etats Unis dans une guerre économique sans relâche, vous n’avez pas suivi les sorties rap et comptez sur le célèbre récapitulatif mensuel du Bon Son pour vous remettre à jour ? Nous avons une bonne nouvelle pour vous, le voilà !
That Mexican OT & Sauce Walka – Down in texas (prod. G-Lock, B-Don & Ryan Kane)
L’album commun entre That Mexican OT et Sauce Walka était sans aucun doute l’un des projets les plus excitants du rap mainstream de ce mois d’avril. Sur un sample de guitare électrique enlevé, les deux rappeurs jouent à fond la carte texane, allant même jusqu’à se réapproprier l’image du cow-boy. Ils y font parler le lifestyle local, où le festif urbain cotoie le primitif dans un grand feu de barbecue. Le côté laid-back de Sauce Walka complète parfaitement le style chaloupé bourré de roulements de That Mexican OT. Les deux hommes incarnent à fond leur zone et les différents styles de rap qui ont pu la faire vivre musicalement. De quoi nous rappeler les plus belles heures du rap texan. – Jérémy
BFB Da Packman feat. Mike & Starlito – MoreThanBRILLIANT! (prod. Eeryskies)
Voilà une étonnante collaboration triangulaire Flint-Nashville-New-York. Un piano tout droit sorti d’une compilation « Music for relaxation volume 8 », une ligne de batterie volontiers sous-mixée, et trois styles bien ancrés font le sel de ce morceau. On passe des combats internes de Bfb Da Packman à la gratitude nonchalante de Mike pour aboutir sur le timbre cassé de Starlito, qui livre un couplet rétrospectif où il se met en quête des aspects positifs de son parcours. Tous sont en recherche tout en faisant preuve de reconnaissance. C’était la petite douceur dont on ne savait pas qu’on avait besoin. – Jérémy
Brian Nasty – Two
Brian Nasty est un jeune touche-à-tout londonien aux journées bien remplies — rappeur, producteur, mannequin ou encore skateur et joueur d’échec (paraît-il). Son nom, vous l’avez peut-être vu récemment aux côtés du groupe Metronomy, avec qui il a collaboré. Il est signé chez Big Dada, le versant hip-hop de Ninja Tune — un bon endroit pour les petites pépites de ce genre.
Bref, il a sorti il y a quelques jours un petit EP 3 titres, intitulé Two. 3 morceaux dont deux à deux voix, avec la chanteuse Dill. La track éponyme est courte mais dense, l’instru’ très originale et bien groovy et le flow du rappeur d’une vingtaine d’année semble parfaitement coller à ce genre. Un artiste qu’on va suivre de près.
– Clément
Ovrkast. – Small Talk ft. Samara Cyn
Encore un artiste aussi doué devant que derrière le micro. Il commence d’ailleurs à être un habitué de nos colonnes. Quelques mois après Kast Got Wings son dernier album en date, le jeune rappeur et producteur originaire de la baie de San Francisco invite Samara Cyn pour un petit peu de « small talk » sur une instru’ aux cuivres lancinants. L’occasion de vous recommander Samara Cyn, dont on a trop peu mentionné le nom dans nos éditions. – Clément
Statik Selektah feat. Westside Gunn, Joey Bada$$, Stove God Cooks, & Rome Streetz – The Louvre
Magnifique collaboration orchestrée par Statik Selektah ou on retrouve d’excellents tutoyeurs de micros autour d’une instrumentale boom-bap rondouillarde aux samples comme souvent avec Statik Selektah, millimétrés. Apparement ce serait un extrait d’un album à venir chez Mass Appeal, intitulé Expensive Taste. D’ailleurs le label a annoncé Legend Has It… , une série de sept albums réunissant les plus grands noms du hip-hop new-yorkais : Big L, Mobb Deep, Raekwon, Ghostface Killah, De La Soul, Nas/DJ Premier et « a surprise guest of honour » pas encore dévoilé. De quoi bien compléter le Louvre. – Clément
Young Thug feat. Future – Money On Money (prod. Wheezy, Southside, Dez Wright, 9Jay, Rosen Beatz & Juke Wong)
Young Thug revenait aux affaires ce mois d’avril avec le premier morceau dont il est l’artiste principal depuis sa libération et le premier extrait de son prochain album à paraitre, a priori, très rapidement, « Money On Money ». Épaulé par un Future tombé dans la fontaine de jouvence et mis en musique par les infatigables et infaillibles Wheezy et Southside, Young Thug célèbre sa réussite et son parcours malgré un choix de short discutable. On note également que le clip rend un hommage direct à « Otis », de Jay-Z et du défunt Kanye West. – Wilhelm
Benny The Butcher & Boldy James – Duffel Bag Hottie’s Revenge (prod. Nunchuk101)
Entre ses 227 sorties hebdomadaires solo, Boldy James met un point d’honneur à continuer à aider les petits rappeurs émergents et offre un couplet remarquable à un petit jeune du Nord de l’état de New York qui rappe le couteau entre les dents, Benny The Butcher. Plus sérieusement, si « Duffel Bag Hottie’s » ne marquera pas par son originalité, le boucher nous rappelle qu’il est infiniment plus intéressant dans un couplet fleuve où il oublie qu’il a quitté ses activités les plus discutables que quand il se prend, sans succès, pour Rick Ross. – Wilhelm
acsvg & Rome Streetz – Sinner
Sur une jolie boucle du Slovène acsvg, Rome Streetz crache le feu qui l’anime depuis plusieurs années et hante décidément nos colonnes ce mois-ci. Si le producteur, lui, n’est pas le plus familier, ce n’est pas la première fois qu’il croise la route des rappeurs de tout ce mouvement. Le morceau nous pose une question millénaire mais toujours sans réponse : pourquoi s’encombrer de percussions quand le rasoir si cher au rappeur new-yorkais peut marquer la mesure, en plus de couper plein de trucs ? – Wilhelm
Lloyd Banks feat. Ghostface Killah – Endangered Innocence (prod. Nicholas Craven)
Toute sa carrière solo, la période G-Unit exceptée, Lloyd Banks a poursuivi des séries un peu au gré des humeurs. Ces dernières années, il nous avait habitués à alterner les Halloween Havoc pour le format mixtape, et les The Course of the Inevitable pour le format album. C’est donc avec une certaine surprise de le voir reprendre les A.O.N. (All or Nothing), dont le dernier volume était sorti en 2013. Toujours aussi généreux (18 titres pour une durée de plus d’1h), le MC newyorkais nous sort un vrai opus de daron, revenant sur son parcours et ses erreurs, entouré de nombreux rappeurs dans la même période de leur vie (Ghostface Killah, Ransom, Styles P…) et sur des productions d’une grande sobriété. On s’arrêtera ici sur « Endangered Innocence », avec l’increvable tueur à tête de fantôme sur une production de Nicholas Craven, que l’on qualifiera de typiquement « Cravenesque ». – Xavier
Vinnie Paz feat. Young Buck – Bulldozer (prod. Stu Bangas)
En pilote automatique, le leader des Jedi Mind Tricks n’est plus là pour surprendre grand monde. Sa profession de foi, ce sont des albums fleuves dont on skip une partie des titres, et où parvient tout de même à trouver son bonheur. Sur ce God sent Vengeance, il s’est agi pour nous de cette surprenante collaboration avec Young Buck, dont on n’avait plus eu de nouvelles depuis un certain temps. Avec en prime un refrain très « G-Unit », on poussera le vice jusqu’au bout avec cette vignette youtube rappelant les publications sauvages des années 2000. – Xavier