10 Bons Sons US en mai 2023

Tout fout le camp, même les saisons changent. Heureusement que les rédacteurs du Bon Son se tuent à la tâche, invariablement, pour défricher ce grand bazar qu’est le rap des Amériques.

Billy Woods & Kenny Segal – « NYC tapwater »

Quatre ans après le grand « Hiding places », Billy Woods reconnecte avec Kenny Segal pour un nouvel album. Construit autour du road-trip et du voyage en général, MAPS s’achève logiquement par un retour à la maison. NYC tapwater conte la mélancolie de ces retours à la routine en usant du lexique de la banalité, de l’eau du robinet aux wagons du métro en passant par les retrouvailles avec le chat. La production jazzy détraquée de Kenny Segal accompagne bien les errances de Billy pour qui le retour a tout d’un nouveau voyage. Il suffit de s’absenter quelque peu et tout change : « Through the peephole, I see new people going up and down the stairs ». Aventure partout, foyer nulle part ! – Jérémy

Atmosphere – « In my head »

Le duo culte du rap indépendant est de retour et ils n’ont rien perdu de leur superbe. « In my head » s’ouvre sur un rythmique au tambour qui dérive vite sur une production d’une inquiétante étrangeté.  Dès le premier couplet, Slug déroule un curieux storytelling immobile où l’on finit par comprendre qu’il est en plein paralysie du sommeil. La deuxième partie par doucement en vrille : il sombre doucement dans la paranoïa à la recherche des causes les plus improbables qui le feraient tomber dans ses anxiétés nocturnes. Entre angoisses existentielles et humour, Atmosphere livre encore un morceau fidèle à son univers. – Jérémy

Kaytraminé – « K&A »

A l’image de Gotenks, Aminé et Kaytranada ont décidé de fusionner pour un projet très « summer vibes ».
Bien que je sois très fan du travail d’Aminé sur ses précédents opus (son album Limbo ou encore le plus ancien OnePointFive) et un amateur convaincu de Kaytranada (son boiler room datant de 2013 me régale encore et toujours), force est de constater que l’opus est assez décevant. Trop hétérogène à mon goût, un peu trop court, un peu trop superficiel malgré une liste d’invités prestigieux : Big Sean, Snoop Dogg, Pharrell Williams, Amaarae ou encore Freddie Gibbs. Mais hélas, en ce qui me concerne, la sauce ne prend pas totalement. Attention, je dis seulement que je m’attendais à mieux, ou que j’aurais aimé que la plupart des morceaux soient dans la lignée de celui-ci-dessous. Mais quoi qu’il en soit, la plupart d’entre vous y trouveront ce qu’ils étaient venus chercher : une mixtape ensoleillée qui se consomme avec un cocktail en main, pour initier quelques pas bien sentis. A croire qu’il n’y avait que moi pour espérer autre chose. – Clément

Fly Anakin – Things Change feat. Demae (prod. Foisey)

En avril dernier, Fly Anakin et le producteur Foisey s’associaient pour sortir le premier opus – ou plutôt la face A- de Skinemaxxx, une mixtape 12 titres de bonnes factures. Le 28 juillet prochain, la face B sera dévoilée, et le titre qui nous intéresse ici en est le premier extrait. Au menu de ce premier titre, une prod’ presque drumless aux accents très soul, la voix angélique de Demae et un Fly Anakin comme on a l’habitude de voir depuis plusieurs années, c’est à dire ultra efficace et au combien charismatique. D’ailleurs nous étions passés à côté de son excellent EP stop tryna hack my facebook sorti en mars dernier, produit par une brochette de beatmaker assez incroyables (The Alchemist, Outkast ou encore Daz Dilinger). Bref, allez écouter tout ça, et rdv dans un gros mois pour la suite. – Clément

Chester Watson – fish don’t climb trees 

Chester Watson poursuit le teasing de son prochain opus avec cette fois ci le morceau éponyme « Fish don’t climb trees », une jolie ballade piano accompagné de quelques notes de cuivres façon Ascenseur pour l’échafaud, le tout drumless bien évidemment. Le rappeur et beatmaker de St-Louis en a profité pour dévoiler la tracklist de son projet, qui comportera des morceaux comme « Mirror » ou « Eyes Closed », déjà évoqués dans nos colonnes. Un projet qui fleure bon l’étrange et le surréalisme et dont l’atmosphère promet d’être envoûtante. – Clément

Dark Lo – Apostle (Prod. Nicholas Craven)

Toujours enfermé dans les geôles fédérales, les dernières nouvelles que l’on avait eues de Dark Lo concernait le fait qu’il serait à l’article de la mort. Que l’on ne s’y trompe pas dès lors. L’EP Blood in my eyes réunit des pistes enregistrées avant son incarcération. Et que dire de cette introduction, sur une production de guitare électrique de l’excellent beatmaker canadien Nicholas Craven. Un type d’instrumentale convenant parfaitement à la prose et l’exécution du MC de Philly. Difficile pour autant de croire à une amélioration de ses conditions de détention comme on peut se l’imaginer au sein du pays phare de la démocratie, et aussi qualitative soit-elle, la musique qu’il parvient bon an mal an à faire parvenir à ses auditeurs depuis l’extérieur ne remplacera jamais sa santé. Profitons néanmoins de ce que l’on nous donne. – Xavier

Mickey Diamond & Mallori Knox – To Be the Man

Depuis le début de sa jeune carrière, Mickey Diamond a largement embrassé la « Wrestlemania » qui agite le monde du rap depuis quelques années. Après Sting vs. Flair Clash of the Champions avec Pro Dillinger puis Flair 4 the Gold, il a poursuivi son ode au grand Ric Flair en sortant début mai Nobody Like Flair, un court album entièrement produit par Mallori Knox. Alors qu’il nous avait laissé sur deux projets avec Big Ghost Ltd. et ses beats très bruts aux grosses batteries, celui-ci est beaucoup plus soulful, lent avec des samples vocaux, comme sur ce « To Be the Man ». – Xavier  

Denzel Curry – Live at Electric Lady

Etrange objet que ce Live at Electric Lady que nous a livré Denzel Curry en ce mois de mai. Entre chanson, mélodies jazzy et productions très peu synthétiques, l’EP est en réalité une performance live de certains morceaux de son dernier album, Melt My Eyez See Your Future, dans le studio fondé dans les années 1970 par Jimi Hendrix, avec ce que l’on imagine être un orchestre accompagnant le rappeur floridien. On vous recommande ainsi d’en savourer l’intégralité, les morceaux rejoués étant pour la plupart déjà largement connus. Et on s’excuse par avance de ne renvoyer de lien que vers l’horrible firme suédoise, mais l’EP n’est malheureusement pas disponible sur de plus classiques (et gratuites) plateformes de partage de vidéos. – Xavier

Jay Worthy & Roc Marciano feat. Kurupt – Simple man

Après s’être tourné autour avec quelques extraits remarquables, Jay Worthy et Roc Marciano nous livraient ce mois-ci un album en bonne et due forme. L’association n’est pas des plus évidentes mais n’est pas non plus surprenante et chacun met sa main à la patte pour s’accommoder au travail de l’autre. Les instrumentations du roi légitime de New York sont teintées de sa patte inimitable mais la froideur de la grosse pomme, qu’on retrouve habituellement tant sur ses disques solo que sur des projets collaboratifs, laisse place au soleil californien. La discographie de Jay Worthy va dans ce sens : rapper sur tout mais avec un peu de soleil. La liste d’invité conséquente renforce l’impression estivale que dégage l’album. En particulier, nous avons choisi d’attirer votre attention sur la présence du légendaire Kurupt. – Wilhelm

Conway – Monogram (prod. Daringer)

Après des annonces et des reports, Conway sortait un nouvel album, son premier entièrement sur sa structure Drumwork. Won’t he do it, en plus d’être un drôle de titre, n’est ni son album le plus abouti, ni le plus structuré. Ce qu’il peut perdre en cohérence – on irait pas jusqu’à parler de monotonie, il le gagne en liberté. Tant dans les thèmes abordés, comme si l’opus précédent l’avait libéré d’un certain fardeau, que dans l’interprétation. Alors que Daringer fait son retour en grâce et produit presque la moitié des titres, Conway se laisse même aller à la chansonnette et l’auto-tune sur une prod pourtant typique de son acolyte de longue date. – Wilhelm

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