Les coulisses de Chroniques De Mars III racontées par Reda

Si la scène marseillaise brille par ses hit makers, ses talents émergents et ses anciens qui font de la résistance, elle voit aussi revivre des projets légendaires, avec la sortie prochaine de Chroniques de Mars III, qui réunit une bonne partie des talents de la cité phocéenne (52 pour être précis), d’Akhenaton à Hermano, de SCH à Elams, en passant par la FF, le 3e Œil, Carré Rouge, Psy4, R.E.D.K., Naps, L’Algerino, Kofs, Le Muge, JMK$, Thabiti, TK, entre autres. Pour porter cette initiative, Imhotep a passé le relais à Reda, homme de l’ombre, chargé de produire cette compil’. Au cours de cette discussion, nous sommes revenus avec lui sur la genèse de l’album, en évoquant la conception des morceaux, son rôle de producteur, son travail avec Bouga, le concept de ce volume trois, la constitution des collaborations, les beatmakers, la mise sur orbite des dix-neuf titres, ainsi que ses projets futurs, le tout avec une générosité, un parler vrai, propre à ce mec de la rue qui s’est invité dans le game.

Nos lecteurs ne te connaissent sûrement pas, tu n’es pas un acteur du rap marseillais, mais il me semble que dans tes débuts tu as gravité autour de la FF dans les années 1990, non ?

Les débuts sont bien avant. J’ai des grands frères qui restaient avec le groupe IAM sur le Vieux-Port, La Plaine, à l’époque où ils s’appelaient Criminosical Posse. Donc j’entendais cette musique en étant très petit et je m’y suis intéressé par la suite.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’aventure Chroniques de Mars 3 avec Bouga, en lieu et place d’Imhotep ?

On s’est lancé sur un coup de tête. On avait été sur le tournage d’un clip d’IAM, en l’occurrence « Warrior ». Bouga parlait avec Imhotep au sujet de Chroniques de Mars, en lui disant qu’il était chaud pour poser des couplets, en lui demandant quand il comptait ressortir le projet. Mais Imhotep n’était pas trop intéressé pour refaire un Chroniques de Mars. J’ai donc poussé le bouchon en disant à Bouga : « Pourquoi on ne reprendrait pas le projet en le sortant nous ? ». Au début, ça lui a fait bizarre que je prenne cette décision.

Toi-même ça a dû te faire bizarre.

Quand je l’ai proposé, je ne voyais pas l’envers du décor. Je ne me disais pas que ça allait être facile, mais vu qu’on connait pas mal de monde, je pensais qu’il s’agissait surtout de coups de fil à passer… Et en fait non. J’ai découvert plusieurs corps de métier, qu’on ne connaissait pas, et on a appris sur le tas. On s’est renseigné, on a été aiguillé par plein de personnes, que ce soit OnlyPro, avec Léa, Zino, les gars de la Firme, Tarik, Aïcha la manageuse du groupe IAM. Je connais les artistes, je suis quelqu’un de pas très réticent quand il faut aller vers les gens, donc c’est comme ça qu’on a réussi à faire le projet.

Par rapport à Imhotep, il vous a donné carte blanche, vous vous êtes référés à lui, à son expérience étant donné que c’est un peu son bébé ?

Il n’est pas regardant, on a eu 100% des droits. On fait ce qu’on veut, il ne nous bloque pas parce que c’est nous. Il fallait donc ramener une autre couleur et c’est un challenge. C’était son bébé, mais avec Bouga on voulait partir sur une autre thématique, en gardant la synergie du départ, l’essence même du projet, qui est de rassembler les artistes, émergents et ceux qui ont les spots braqués sur eux. Là, on a réuni ceux qui étaient présents sur le premier, ceux qui ont participé sur le suivant et on a mélangé avec les émergents et les nouveaux artistes connus voire très connus. Aujourd’hui on a des Jul, des Naps, des SCH, des Kofs, qu’on n’avait pas il y a dix, quinze ans. Et on a des nouveaux qui ne sont pas encore connus. Le challenge était de coordonner tous ces artistes différents, de différents quartiers, qui n’ont pas le même délire. Chacun a sa fan base, chacun à sa patte artistique. Par rapport aux autres chroniques, on est parti sur des titres de films pour se différencier, avec que des films qui nous tenaient à cœur.

Quel discours vous avez tenu aux artistes puisqu’on a vraiment des profils différents sur le projet ? Il y a des anciens présents sur le premier qui rappent encore, comme Shurik’n, d’autres qui ne rappent plus trop, comme Stone Black, certains étaient là dans le volume deux, comme R.E.D.K., d’autres n’étaient même pas nés quand le premier est sorti. On a des têtes d’affiche et on a même deux minots, en plein dans l’adolescence.

On tenait pratiquement le même discours à tous, il fallait surtout prendre en compte les plannings de chacun. Le but était de fédérer tout le monde autour de l’idée que ce projet devait renaitre afin de faire briller tous les artistes de la ville.

Dans les premiers volets, Imhotep assurait la direction musicale, sur le trois, vous êtes partis sur un seul beatmaker ? Plusieurs ? Comment avez-vous sélectionné les prods ?

On connait beaucoup de beatmakers avec Bouga, on est allé voir nos collègues, on s’est fait envoyer des sons, ça a été au feeling. On a travaillé avec L’Adjoint, avec Just Music Beats, on a eu des prods de Pone, de Denis du Labo Klandestino, de Pato. Les artistes ont retenu leurs prods mais on en a eu de Dj Majestic, paix à son âme, de Kamel Night, de Dj Soon, de plein de gars qu’on connait dans la vie de tous les jours. On a essayé de travailler un peu avec tout le monde sans imposer notre point de vue de producteur. Il y a eu des projets où des prods ont été imposées et au final les artistes n’ont pas défendu le morceau… Et on a eu la malice d’enlever toutes les signatures, les tags, des DJ’s, des beatmakers, pour ne pas que les rappeurs se sentent orientés. De cette manière, on obtenait une sorte de neutralité pour que les MC’s ne se concentrent que sur l’instru, qu’ils se mettent d’accord sur la prod qui leur convenait. On cherchait en parallèle un titre dans la liste de films qu’on avait constitué, pour qu’il parle aux gars et en avant Guingamp !

Vous ne proposiez qu’une prod à la combinaison de rappeurs ou plusieurs ?

Plusieurs. Lors de certaines sessions même, les rappeurs qui avaient choisi une prod ou deux, avaient la requête de nous en faire écouter d’autres pour voir s’il n’y avait pas quelque chose d’autres sur le panel. Des fois, on est parti sur un autre beat ! Nous on suit. Si les artistes se sentent mieux ainsi, tant mieux, ça fait ressortir un meilleur morceau et en terme de créativité c’est beaucoup plus plaisant. On pouvait avoir la situation suivante : un gars qui aime le son, un autre un peu moins, mais il kiffe le film plus que celui qui a choisi le son, on se retrouve avec un vrai échange entre eux, où chacun apprend de l’autre. Tous les rappeurs ne se connaissent pas, je ne connais pas certains émergents. Ce n’était pas facile de mettre tout le monde ensemble.

Abordons à présent les trios ; comment les avez-vous constitués ?

Ça a été dur et dans le même temps, l’idée de base était simple. Chroniques de Mars, ce sont des titres inédits, il fallait donc trouver des feats dans lesquels les gars n’avaient jamais posé ensemble. La difficulté était là. Par exemple, avec qui on va mettre Jul, alors qu’il a posé avec pas mal de personnes, surtout après 13 Organisé et le Clasico… Alonzo c’est pareil. Il fallait aussi trouver une coordination entre les artistes, mélanger plusieurs univers au sein d’un même projet, je dirai même mélanger plusieurs personnes qui vivent dans la même ville mais qui n’ont pas la même vie, ne sont pas du même quartier, n’ont pas le même buzz, certains vivent de la musique, d’autres non.

Il n’y avait vraiment pas que l’artistique à prendre en compte, l’humain pesait lourd.

Certains ne font pas de morceau s’ils ne vivent pas un truc avec l’autre rappeur, s’il n’y a pas d’échange, tandis que d’autres ne pensent pas pareil. Je ne suis pas là pour dire qui a tort qui a raison, je suis là pour être méthodique dans mes choix, dans mes propositions et quand ça ne passe pas, essayer de trouver une alternative pour que le projet arrive à son terme. Mon travail a été d’être pédagogue avec tout le monde. Même s’il y a un refus ou une distance qui se crée par rapport au feat que je propose comme lorsqu’on me dit : « ce feat je ne m’y projette pas trop, essaie de m’en trouver un autre ». Le gars n’est pas fermé, il est toujours dans le projet, la porte reste ouverte. J’ai besoin que les gars qui soient dans le feat échangent au studio, qu’ils défendent le morceau quand il sortira, qu’ils le partagent sur leurs réseaux, qu’ils soient contents du morceau ! On a été clair avec tout le monde, tout a été validé ensemble, les sons, les mixes, on n’a pas décidé tout seul. C’était un vrai échange avec les managers aussi, les labels. Autour de l’artiste il y a du monde. Le travail musical c’est lui qui le fournit, mais avant de l’avoir en studio, avant d’avoir son numéro de téléphone, il fallait avoir d’abord des manageurs, des labels, des gens qu’on ne connait pas, le collègue du quartier qui appelle son collègue, qui appelle l’autre… Heureusement qu’à Marseille on s’entraide. Et puis le projet c’est Tonton qui l’a créé, Chroniques de Mars reste une entité marseillaise. Je suis le premier étonné à défendre ce projet. Plus j’arrive vers la date de sortie plus je prends conscience que cette aventure dans laquelle on s’est lancé il y a deux ans et demi en arrière avec Bouga est costaud. Il a géré la partie artistique et j’ai fait tout le reste, rassembler les artistes, appeler les gens, aller voir les labels, démarcher les majors, rencontrer les médias, préparer les clips. Je n’avais pas imaginé au départ tout ce bourbier. Je l’ai fait parce que j’aime le truc et que je voulais défendre ce projet. Maintenant il est là, je ne sais pas ce que ça va générer, je ne sais pas où ça va aller. J’essaie de faire les choses au mieux, dans les règles de l’art.

Cette collaboration avec Bouga, j’imagine qu’elle dû avoir son lot de hauts et de bas…

Il n’y a que ça ! Mais on a bossé ensemble, il a cru en moi, il m’a soutenu, il est venu avec moi en studio, il ne m’a pas lâché, il était là avec les artistes, il a mis son grain de sel, il a écouté les prods, il a participé au mix. On est complémentaires :  il a géré le musical et moi tout le reste. Aujourd’hui, on est toujours là, Bouga, ça fait plus de trente ans que je le connais, c’est un grand frère. Tous les gens qu’il y a sur ce projet sont des personnes que j’ai rencontrées dans ma vie, dans mon parcours hip hop, j’ai côtoyé de temps en temps ces gens-là.

Dernièrement on a fait une émission avec Football Club de Marseille avec Fahar et Thabiti. Thabiti je ne le connais pas, il est de la nouvelle génération, mais il est dans la vibe, il est à fond sur les réseaux, son titre sur le projet c’est une dinguerie. Récemment, il a fait un morceau avec Youssoupha, j’aime bien son style.

Fahar, je l’ai rencontré en 93-94. Il avait son groupe qui s’appelait Puissance Nord, moi j’avais le mien qui s’appelait BBM. On avait été approchés par les villes de Marseille et de Nice pour faire un album en commun avec des gars du 06 et c’est comme ça que je l’ai rencontré. On a commencé à faire des dates ensemble. Aujourd’hui, trente après, on en reparle, lui est artiste, moi je ne suis pas producteur ni rappeur.

Tu n’étais pas producteur mais là, tu l’es devenu !

Je n’étais pas prédestiné à faire ça. Je n’ai pas de formation pour. Même en 2019-2020, je ne me suis pas projeté dans le costume du producteur. Jamais de la vie (il appuie sur ses mots). Je n’aurai jamais eu cette prétention. Je ne l’ai pas. Ce n’est pas pour être humble, mais s’il y a trois ans tu m’avais demandé je t’aurai dit que je n’ai pas la capacité. Mais aujourd’hui, avec tout ce que j’ai traversé, tout ce que j’ai appris, tout ce qu’on m’a conseillé, je peux te dire, à demi-mot, je suis « producteur ». Aujourd’hui, j’ai des artistes qui échangent avec moi, on a créé quelque chose ensemble. Mais je n’ai pas l’habitude de dire que je suis producteur. Avant ça, je n’avais rien créé de concret et je voulais surtout respecter la carrière des artistes, en premier lieu Imhotep. Je ne voulais pas jouer avec leur nom. Il fallait être à la hauteur du projet. Ça fait deux ans et demi que je suis dessus, c’est long, c’est très très long. C’est long pas parce que c’est dur, c’est long parce que les plannings de chacun ne permettent pas d’avancer comme on l’aurait voulu, sinon on aurait terminé il y a un an et demi. Mais beaucoup d’artistes sortaient leur album, étaient en promo, il fallait donc être patient. Avec certains artistes, il fallait le feat idéal pour que ça se fasse. Ça été long. Si le projet existe, c’est parce qu’on a été patient.

On a pris des anciens, des nouveaux, j’ai donné la chance à des gens que je ne connais pas, qui ne sont pas buzzés, de poser avec des monstres du rap. On a deux minots de douze et treize ans au milieu de stars ! J’aimerais que les gens disent que le producteur n’a pas fait ce projet pour l’argent. Si j’avais fait ça pour l’argent, j’aurais mis toutes les têtes d’affiche entre elles, je n’aurais pas invité les émergents. Je suis allé à l’encontre des majors qui ne sont intéressées que par ça, parce que je ne suis pas familier des majors. Je l’ai fait en indé, j’ai mis mes sous, je ne suis pas remboursé pour l’instant. Maintenant, j’attends que les artistes parlent du projet, qu’ils le défendent, parce que je l’ai fait seul, avec mon collègue Bouga. Je ne suis pas producteur à la base, je ne suis pas validé par ce game, je ne fais pas partie de ce monde.

Viens on évoque les collaborations, elles se sont faites en studio ? Il y a eu des échanges avant ?

Tout a été fait avant l’enregistrement, on a tout fait en amont, on a discuté, échangé. On a créé les feats puis on mettait les artistes en relation sur des groupes Whatsapp, on envoyait des messages, des prods, ils les choisissaient. On donnait les dates de studio, ils venaient, ils posaient, certains préféraient écrire avant donc on leur envoyait les prods, d’autres préféraient écrire le jour même pour avoir l’atmosphère du studio, ça a été un échange constant, tout le monde a mis la main à la patte.

Le concept du projet c’est d’avoir des trios mais on retrouve aussi cinq duos, pourquoi ?

Je vais être honnête avec toi, si on voulait que les morceaux soient inédits, il fallait faire quelques duos. Exemple, on fait Don Choa / Jul, qui je vais mettre en troisième qui est au même niveau que ces artistes, qui n’a ni featé avec l’un ni avec l’autre ? Quand j’ai proposé à Jul le feat avec Don Choa, il m’a dit qu’il l’avait contacté pour faire un morceau mais qu’ils n’avaient jamais trouvé le temps de le faire. Il était donc content de le faire parce qu’ils n’avaient jamais rappé ensemble. C’est ce côté inédit qui me plaisait. Pareil pour AKH / SCH qui n’avaient jamais posé ensemble. Avec Akhenaton, il me fallait un gars aux origines italiennes et SCH a ce côté mafia, on le voit à travers ses clips, ses textes, il est emblématique, il est atypique comme mec. En même temps, ce n’est même pas une question de trio ou pas, ça me tenait à cœur de faire ces feats-là, je savais qu’ils n’existaient pas. JMK$ n’a jamais fait de feat avec Alonzo, alors qu’ils se connaissent depuis toujours. Tu vois le titre de Kofs et L’Algerino, c’est un morceau fusionnel : ils ont des origines communes, en studio ils étaient à fond, ils parlaient du bled, de Marseille, de Dubaï, du rap, des nouveautés US. Quand tu as Vincenzo, avec Menzo et Boss One, sur le même morceau, tu retrouves Psy4 de la Rime, Fonky Family et 3e Œil. Trois groupes que j’allais voir en concert !

En fait j’ai récupéré sur ce projet IAM, FF, 3e Œil, Psy4, Carré Rouge et je les ai dissociés, en ajoutant les nouveaux rappeurs émergents et des inconnus pour compléter la liste. Tout le monde a joué le jeu, les « anciens » qui étaient présents sur le volume 1 ont validé de poser avec les jeunes, les pas connus ont eu la chance d’enregistrer avec des bombes atomiques, et les buzzés featent avec ceux qu’ils écoutaient à l’époque. Ce mélange-là me fait kiffer !

Parlons à présent du concept des films. Pourquoi ces films-là ?

Pourquoi ces films-là, il faudrait demander à Bouga. A part sur trois-quatre titres que je voulais absolument, c’est vraiment lui qui les a trouvés. On les a proposés aux artistes et ils ont choisi au sein de cette liste. Certains rappeurs nous ont même proposé des films ! On a fait des concessions, s’ils veulent ce film-là, bingo, tant mieux même pour le son. Comme je t’ai dit au début de la discussion, on a vraiment eu envie de s’amuser, de kiffer tous ensemble, de partager les expériences de chacun et de créer un morceau qui tient la route avec ce concept de films. Ce n’était pas gagné d’avance. Il y a eu beaucoup de morceaux qu’on a fait, puis refait. Des prods ont été réarrangées, des mixes ont été refaits. Les journées ont été longues et je ne l’avais pas anticipé. (sourire)

Sur les volume 1 et 2, il y a deux posse cuts, avec une demi-douzaine de rappeurs. Ça a été envisagé d’en refaire ?

Non. Il y a eu beaucoup de projets multi-artistes qui ont été faits dernièrement et je ne voulais pas trop m’éloigner des trios, des duos, des titres de films. Ça faisait déjà beaucoup en terme de concept. Si on avait dû faire un posse cut, il aurait été en lien avec le Shit Squad. Avec « La Garde », c’est le morceau le plus connu des Chroniques. Ce morceau doit être fait. Il ne sera pas dans l’album pour l’instant, ce sera un bonus track. Là, je suis tellement pris par la sortie de l’album, que je fais la concession de pas le sortir maintenant, et on le fera plus tard. Mais ce n’est pas fini. Chroniques de Mars, c’est une entité. Si moi j’ai réussi à le faire, je pense qu’Imhotep n’aura pas de réticence à laisser les droits à quelqu’un d’autre, si je ne fais pas un volume quatre avant. Moi-même j’aimerais bien que ça perdure. Ce serait bien qu’on se dise que Chroniques de Mars, c’est Marseille, autant que l’OM, autant que 13 Organisé qui a ramené la lumière sur la ville.

J’imagine que ça doit être injuste de recevoir cette question, étant donné que 52 rappeurs ont été conviés mais on ne peut s’empêcher de voir qu’il y a des absents de la scène marseillaise.

Quand j’ai voulu constituer des combinaisons, il y a des moments où ça ne passait pas et de l’autre côté des combinaisons avançaient. Au final, tu te retrouves avec 19 morceaux mais avec des gens n’ont pas posé alors que je leur ai promis de les prendre. Ça me fait chier parce que je n’ai pas trouvé la bonne combinaison où les mettre. Ça me fait chier de ne pas avoir certaines personnes sur le projet. Si j’avais pu mettre 25 ou 30 titres… Il y a plein d’artistes que je veux mettre, vraiment beaucoup ! Mais je ne peux pas. C’est pour cette raison qu’il y aura peut-être un volume 4. Avec une autre thématique. Parce qu’on n’a pas eu le budget et le temps de réunir tout le monde.

D’ailleurs, comment vous avez mis sur orbite le projet ? Vous avez contacté des maisons de disques, des labels ? Sur quelle structure le projet sort ?

On a contacté tout le monde. Je suis monté à Paris plusieurs fois, j’ai fait des rendez-vous chez Believe, chez Because, chez Universal, avec Capitol, à Sony. Une personne m’a dirigé vers BMG et j’ai fait la connaissance de Sylvain. J’ai fait un peu mes recherches et j’ai vu que Chroniques de Mars 1 a été signé chez Sony-BMG, par ce Sylvain en question qui avait reçu Imhotep dans son bureau. En voyant que je récupérais Chroniques de Mars, on s’est dit que la boucle est bouclée. Du coup, je ne regardais quasiment plus les autres labels. Il y avait de l’histoire. Je me rappelle j’avais appelé Imhotep en lui disant : « Je suis avec un gars que je ne connais pas, qui fait partie de BMG et il me dit qu’il t’a signé à l’époque de Chroniques de Mars ». Il était étonné ! Je fais une visio, il ne le reconnait pas de suite, ils discutent et après ça part en rigolade : « Putain, ça fait 25 ans que j’ai pas vu ta tête, qu’est-ce que tu deviens ? » C’était un signe, la boucle était bouclée, je voulais rester avec BMG.

A l’approche de la sortie du projet, comment vous avez fait le choix des singles ?

Je vais te répondre et personne ne le sait. Vu que les deux morceaux phares de Chroniques de Mars sont « Shit Squad » et « La Garde », les voix qui ressortaient le plus étaient celles de Shurik’n et de Faf Larage. Je suis donc parti pour le premier single sur « Les Affranchis » avec Shurik’n / Elams / Manny, sachant que la voix de Shurik’n est connue par tous, qu’elle rappelle le volume 1. Elams est un artiste émergent, super buzzé, qui arrive en force, Manny, c’est Carré Rouge, un groupe historique dans la ville. Ce trio fonctionnait bien. Et puis le titre, « Les Affranchis »… Avec Bouga, quand on a commencé, on n’avait pas de label, on n’avait rien, on a tout fait tout seul. On était en mode Les Affranchis, on va galérer, ça va être chaud. Les Affranchis, c’est une bande de collègues qui font du business.

Sur le deuxième single, on a Sat, Graya, Sysa, pour « L’Impasse ». Sur le premier single, on avait IAM avec Shurik’n, sur le deuxième on a la FF, avec Sat, soit les deux groupes majeurs de la ville. Pourquoi j’ai choisi « L’Impasse » en deuxième single ? Parce que je suis dans l’impasse moi aussi. Ce titre me tient à cœur. Tous les labels de France, et les rappeurs aussi, préconisent de sortir en tout premier ta plus grosse bastos. Je suis un peu têtu moi. Je l’ai fait à l’envers. Si c’est votre façon de fonctionner, moi je vais sortir les titres qui nous tiennent à cœur et on ne perdra pas l’image du projet. J’ai pris des risques. On aurait pu sortir d’autres titres avant ceux-là mais tous les morceaux méritent d’être appréciés.

C’est un hasard que sur les deux premiers singles, c’est l’ancien qui ouvre le morceau ?

C’est fait exprès. Pour un jeune de 20-25 ans, il entend Shurik’N, ça ne lui dit trop rien. Les anciens reconnaissent tout de suite donc je marque tous ceux qui ont connu Chroniques 1. Juste après, on a Elams, qui représente plutôt la jeunesse. Mais si les jeunes je leur mets Elams en premier, ils n’écouteront pas la fin du morceau. Après les deux premiers couplets, j’ai l’ancienne et la nouvelle génération de réunies. Ceux qui connaissent Elams et pas Shurik’n, vont se renseigner sur lui et ceux qui ne connaissent que Shurik’n, vont aller écouter ce jeune qui rappe avec l’ancien. Après Manny pose son couplet, lui qui vient de sortir le titre « Noche » récemment. Donc on est obligé de prendre en compte certaines considérations et on utilise des techniques. (sourire)

Les clips « Les Affranchis » et « L’Impasse » ont été réalisés par Didier D. Darwin, les autres le seront aussi ?

Didier c’est quelqu’un que je connais depuis tout petit. Quand j’allais sur les tournages d’IAM, de FF, il était là. J’étais figurant sur « Petit Frère », sur « Samuraï », sur « Tous soudés » du Rat Luciano,  par la suite il a fait Psy4, Sopra’… Donc j’avais une certaine sympathie pour lui. Il était sur le tournage de Comme un Aimant, sur Conte de la Frustration. J’avais la fierté d’être figurant par le passé et maintenant je suis à la tête d’un vrai projet donc je l’ai contacté pour travailler avec lui. C’est moi qui vis un rêve, eux ils vivent ça tous les jours. (rires) A l’avenir, il y aura d’autres clippeurs mais pour les premiers, il fallait que ce soit scénarisé, que les artistes aient confiance au réal, on manquait de temps en plus. Il me fallait cette expérience.

On peut imaginer un concert évènement ?

(Il coupe) 2024. On est en pourparlers avec des structures marseillaises. J’aimerais, je souhaite faire dans un avenir proche LE concert Chroniques de Mars. On discute avec les gros artistes aussi, parce qu’avec Alonzo, Soprano, Jul, Naps, SCH, tu ne discutes pas de la même manière qu’avec ceux qui ne font pas de concert. C’est un rêve de faire ce concert.

Dernière remarque : Paris a le Scred Festival, à Bordeaux il y a le Rest in Zik, à Sète Demi Portion a fait le Demi Festival, mais Marseille n’a toujours pas de festival rap.

J’ai discuté avec Marsatac et Delta Festival, c’est quelque chose qui peut se faire mais pas cette année, l’an prochain. Dans le même temps, je me dis si j’ai encore un an devant moi, je peux le créer moi-même ce festival, j’ai juste besoin d’un tourneur, je crée et je vends mes plateaux. Ça aussi c’est un travail que je dois faire après la sortie de l’album. Je ne peux pas me prétendre tourneur, faire des concerts alors que je viens à peine de mettre la casquette de producteur. Mais j’ai envie de faire le festival Chroniques de Mars. On n’a pas de festival mais on n’a pas de média marseillais dans le rap non plus ! J’aurais envie aussi de rassembler tous les médias et de faire le MDLR, le média de la rue. (sourire)

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