10 Bons Sons en octobre 2022

Une rentrée 22 qui décidément nous réconcilie avec le game après un été trop chaud et pourtant bien pâlichon. De beaux moments, de belles rencontres, de bonnes surprises, bref 10 Bons Sons, comme tous les mois.

Le 17 octobre : Okis – « Tom-Tom et Nana » (prod. NAT)

Après avoir fait une très belle impression en janvier dernier avec la mixtape OK, le rappeur Okis remet le couvert avec Rappeur de Lyon, un EP 4 titres à la sauce « sales gones ». Les productions sont millimétrées et varient entre du très bon boom-bap nerveux, quelques passages drumless et des rythmiques beaucoup plus modernes. Notamment la prod’ ci-dessous, avec un sample bien connu, popularisé par Mac Miller (entre autres). Côté texte, Okis déballe ses plus beaux katas, enchaine les réfs solides et multiplie les images pour le plus grand bonheur de nos esgourdes. Il n’y a pas à dire, les années passent et certains choses ne changent pas : Lyon est et reste un magnifique réservoir de MC’s talentueux. – Clément

Le 19 octobre : Medine – « Enfant du destin : Yasser » (prod. Proof)

On ne boude jamais notre plaisir lorsque Medine se livre à son exercice favori. Si le rappeur havrais a fait du storytelling sa marque de fabrique, il brille tout particulièrement lorsqu’il enrichit la tragique série des « Enfants du destin », qui plonge l’auditeur dans une réalité socio-politique ou historique à travers la focale d’un personnage au destin funeste. A travers les années, ce format permettant de mêler propos politique et implication émotionnelle a servi de fil rouge à sa carrière et lui a probablement permis d’en écrire les plus belles pages. Le petit dernier, le 9ème, est comme souvent d’une actualité brûlante, puisque l’on suit Yasser, réfugié soudanais tentant de rejoindre l’Europe au travers des milles périls qui accompagnent ce risque. Spoiler alerte : cela ne finit pas bien. – Xavier

Le 27 octobre : SCH – « LIF » (prod. Lil Ben)

Bien qu’amateur de rap marseillais, je n’ai jamais été trop fan de la musique de SCH. Je trouve, peut-être à tort, qu’il fait trop souvent la même chose, que ses ficelles sont trop grosses et puis ce brushing… Pourtant, il me convainc petit à petit (à mes yeux, il avait même réalisé le meilleur morceau de 2021 avec « Marché Noir »). Un an et demi plus tard, le S m’a encore mis d’accord (à moins que je ne sois de nouveau tombé dans le panneau). « LIF » bénéficie une énième fois de l’univers crapuleux, de l’interprétation hargneuse qui m’a pourtant tellement dérangé par le passé. Mais voilà, sur ce titre, je suis conquis par la profondeur des lyrics, qui montrent la cohabitation, la confrontation entre SCH, son personnage, et Julien Schwarzer, l’homme. C’est en effet dans la contradiction entre le nouveau riche et l’ancien pauvre, entre le matérialisme et la simplicité que l’Aubagnais fait mouche, comme lorsqu’il reconnait ses paradoxes. Pour enfoncer le clou, SCH nous gratifie d’une petite réf’ à Lunatic (lui aussi dirait-on, comme Prince Waly sur son album, comme Soso Maness sur son feat avec Ben PLG), en place une pour ses parents et termine son deuxième couplet avec une phase bourrée d’allitérations et d’assonances. Bref, avant je l’aimais pas mais aujourd’hui je le déteste tellement moins. – Chafik

Le 14 octobre : Gizo Evoracci – « Zelda noir » (prod. Carma)

Et de trois albums pour Gizo Evoracci cette année. Le contenu y est dense et ce « Zelda Noir, » qui n’est pas le morceau le plus dificile à appréhender de l’ensemble, en est un des plus directement impactants. La batterie frappe fort, accompagnée par des choeurs et des nappes planantes. Le premier couplet a quelque chose d’assez direct, les images y sont simples mais marquantes, ancrées dans le monde matériel ; le second prend une toute autre tournure, plus psychique voir spirituelle, faisant fortement écho à la mort. « Zelda Noir » a la puissance d’une outro tout en faisant office de carte de visite, avec cet interlude journalistique qui vient présenter le personnage. C’est donc à la fois une porte d’entrée et de sortie, et quelque part, c’est un peu la même chose. – Jérémy

Le 27 octobre : Orelsan – « Les aventures de MiniSan » (prod. Phaaz)

Avec la deuxième saison de « Ne montre jamais ça à personne », Orelsan a laissé entrer le spectateur au centre même du processus créatif de son dernier album comme peu d’artistes avant lui. Ce fut également une manière habile de préparer le terrain pour la réédition de Civilisation, constituée de chutes de studio, d’ébauches, ou de titres qui n’ont pas pu figurer à temps sur l’album. Dans la catégorie « ébauche », « Les aventures de MiniSan » semblent être une première mouture de « La Quête », dans une version plus linéaire et moins poétique, mais franchement bien rappée. Cette version tranche aussi par son déroulé chronologique somme toute assez classique, sublimée par l’instrumentale évolutive de Phazz, sur laquelle la simplicité s’avère finalement efficace. Un titre qui sort plus ou moins au même moment que d’autres morceaux autobiographiques comme « Youkipedia » de Mister You, « Dina Sanichar » de Dosseh ou « Réussite » de Kaaris il y a quelques mois, et qui aurait pu figurer dans notre article consacré à cet exercice. – Olivier

Le 23 octobre : Grems & Rrobin – « L’acceptance »

Grems nous a offert deux albums ce mois-ci, dont l’un intégralement produit par Rrobin et sur lequel on retrouve ce très bon titre. C’est une double prod’ que nous offre Rrobin et les deux parties donnent envie de passer d’obscures soirées dans des hangars. Avec son flow tout-terrain et son agilité, Grems n’a aucun mal à s’adapter à cette ambiance industrielle. Esprit d’indépendance, égotrip, punchlines sociétales, tout y passe dans un gros puzzle où le rappeur bordelais continue d’exceller avec ses étonnantes associations d’idées. On recommande chaudement l’écoute d’Outrage et de 10PKHO. – Jérémy

Le 20 octobre 2022 : Jazzy Bazz, La Fève & Deen Burbigo : « Faux G » (prod. Marty Santi & Johnny Ola)

A bien des égards, la Saboteur Mixtape pilotée par Deen Burbigo et Eff Gee rappelle la Don Dada Mixtape d’Alpha Wann, laissant la part belle à L’Entourage et son entourage, et permettant ainsi au crew francilien de continuer à exister sur disque, alors que la perspective d’un deuxième album semble s’éloigner chaque année un peu plus. Une des surprises de ce projet réside dans la présence de La Fève sur « Faux G », plutôt avare en featurings, et dans un registre moins démonstratif techniquement que le reste des participants. Néanmoins, force est de constater que son rap et ses effets sur les réverbérations se complètent très bien avec l’instru nerveuse et les couplets millimétrés de Jazzy Bazz et Deen Burbigo. – Olivier

Le 21 octobre: The Free – « Un été sur la brèche » (prod. Minghus)

The Free (ex Freez) a démarré sa carrière avec le groupe orléanais La Baraka il y a de cela vingt ans déjà. Quelques années plus tard, il s’installe sur Paris et forme le duo Stamina avec Emoaine. En 2017, il ressent le désir de se lancer en solo et nous délecte rapidement de l’excellent EP Les Minutes Vides produit par Chilea’s. Ce mois-ci, le voici de retour avec le morceau « Un été sur la brèche » venant annoncer ainsi la sortie iminente de son LP Filaments Bleus. Le moins que l’on puisse dire est que durant tout ce temps il n’a pas perdu de son talent. Comme à son habitude le texte est soigné, les images pleuvent et nous plongent dans un été de galère au sein de la capitale. The Free y évoque un besoin d’évasion avec un flow parfaitement en osmose avec la production captivante de Minghus. Si son nouveau projet voit le jour avant fin 2022, il fera sans doute partie des sorties marquantes de cette année. – Jordi

Le 28 octobre : So La Lune – « Vie d’avant » (prod. Push.K & Giovanni)

« J’écoute « Je vis je visser » de base c’était niche » déclarait So La Lune dans son album Fissure de vie il y a quelques mois. L’influence du duo des Tarterêts est en effet assumée chez le rappeur, elle est notamment palpable dans le côté cloud du son qu’il propose, ainsi que cette envie d’explorer et de triturer sa voix à grands renforts d’autotune et d’effets diverses. Pas étonnant donc de l’entendre reprendre les notes de piano imparables de « Tempête » (titre présent sur le premier album de PNL, Le monde chico), pour un « Vie d’avant » mélancolique et mélodieux à souhait, dans la lignée des grands morceaux du genre que nous livre So La Lune à intervalles réguliers depuis plus de deux ans. « Vie d’avant » est extrait de Kenna, son nouvel EP, paru quelques mois seulement après son premier album. A noter qu’en octobre, il aura également brillé sur la compilation Le soleil se lèvera à l’ouest avec le morceau « Titanic », un duo tout en complémentarité avec Beendo Z. – Olivier

Le 14 octobre : Souffrance feat. Limsa d’Aulnay – « Symphonie » (prod. Max Kdch)

Retour fracassant pour souffrance qui a réussi un tour de force en défonçant les playlists des plateformes et en se faufilant un peu par surprise dans les écouteurs de tous les aficionados de France et de Navarre. Avec un opus concept au cordeau comme on en rencontre pas si souvent, il réussit une rentrée au-dessus des attentes. Petit feat bien placé en fin de parcours, le croisement de mic boulet de canon avec Limsa d’Aulnay sur un piano martelé, fuyant et agressif, est un petit bijou. La symphonie laisse peu de place à un monde neuf et optimiste, nous laisse étourdi, bombardé, sous le coup de la rime et d’un beat dramatique. Envoûtant. – Sarah

Nos playlists « 10 Bons Sons » francophones

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager avec les petites icônes ci-dessous, et à rejoindre Le Bon Son sur Facebook, Twitter et Instagram.

Partagez:

Un commentaire

Commentaires

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.