10 Bons Sons US en juin 2022

C’est de plus en plus difficile de trouver les bons mots pour faire une introduction un minimum sympathique concernant le pays de l’Oncle Sam. Chaque mois qui passe nous apporte son lot de conneries. Le mois de juin aura vu une régression de presque 50 ans : l’avortement n’est désormais plus un droit constitutionnel aux États-Unis. Dans 13 États, l’avortement est désormais illégal ou le sera dans les jours qui viennent. En tout, ce sont 26 États qui pourraient interdire ou fortement limiter l’accès à l’IVG ces prochaines semaines… Nous sommes bien en 2022 et tout va bien dans le meilleur des mondes. On ne peut que vous proposer une interlude musicale avant de replonger tête la première dans la merde.

JID – 29 (prod. Christo)

Détour par Atlanta pour commencer, avec une petite carte postale qui nous vient de JID, en pleine session chasse, pêche et tradition. Sur une petite mélodie de koto qui part en cacahuète, le rappeur de Dreamville Records (entre autres) nous livre un freestyle exclusif avec son style bien reconnaissable et son phrasé bien particulier, presque off-beat. Ca swing pas mal, en attendant son prochain opus et troisième album studio : « The Forever Story », annoncé depuis belle lurette. – Clément

Danger Mouse & Black Thought – Because feat. Joey Bada$$, Russ, and Dylan Cartlidge

En voilà un album qu’on attends de pied ferme. L’ultra productif et très créatif Danger Mouse revient avec le leader de The Roots, Black Thought pour un album qui réunit du beau monde et qui, à part sortie de route très brutale, s’annonce très qualitatif. Initule de présenter le beatmaker aux multiples casquettes Danger Mouse ni même le légendaire Black Thought, à vous de potasser vos livre d’histoire si ces blases ne vous disent rien. Attendu en août prochain, l’album Cheat Codes réunira un casting 5 étoiles composé de Joey Bada$$, Russ, Raekwon, A$ap Rocky, Run the Jewels, Conway The Machine ou encore le regretté MF Doom. En attendant, penchez vous sur « Because », petit bijou qui comme Gainsbourg, vous donnera l’eau à la bouche. – Clément

Westside Boogie feat. Mamii – Nonchalant (prod. Moses Elias & Keyel )

Après l’excellent Everythings for sale, le second essai de Westside Boogie chez Shady Records était attendu de pied ferme. Le rappeur de Compton n’a pas raté le coche comme en témoigne cette très belle chanson de rupture. La prod’ à base de guitare pose d’emblée une ambiance mélancolique. Mamii apporte un vrai plus au morceau, ne se contentant pas d’assurer le refrain (dont la mélodie reste vite en tête) en étant vraiment partie prenante du storytelling. Avec son flow laid-back et son implication dans l’interprétation, Westside Boogie parvient à apporter de vraies émotions dans cette histoire de romance destinée à l’échec. – Jérémy

AceMula feat. Mack Hatz – Dont understand (prod. AceMula)

Avec le Jersey Club, le New-Jersey possède son propre genre de musique breakbeat, porté par des rythmiques rapides et de grosses basses hip-hop. C’est sur ces bases que AceMula a crée la Jersey Drill. Sur le second volume de Jack N Drill, le jeune producteur invite plusieurs rappeurs locaux donc Mack Hatz que l’on retrouve sur ce morceau. Il faut du souffle pour tenir la cadence imposée par cette production survoltée, ce que Mack Hatz parvient à faire. Toutes proportions gardées, cette vague de Jersey Drill porte une énergie similaire à celle des débuts du grime, et ça, ça a quelque chose de rafraichissant. On vous invite par ailleurs à aller lire l’entretien accordé par AceMula à nos confrères de Gather. – Jérémy

French Montana & Harry Fraud – Drive By (feat. Baby Face Ray)

Binôme iconique du début des années 2010, French Montana et Harry fraud ont joint leurs forces tout au long d’un excellent disque, Montaga. Les albums de French Montana s’accompagnent invariablement de listes d’invités longues comme le bras et, cette fois-ci, ladite liste indique déjà une direction artistique très « rap rap » – à part peut-être sur l’oubliable « Drop Top ». Mais, puisqu’il faut choisir, « Drive-By » est un véritable petit bijou sur lequel on ne pouvait qu’attirer votre attention. – Wilhelm

Hus KingPin feat. Conway the Machine & Tristate & Sean Rosati & Rozewood & SmooVth – Playoffs (Manny Megz Remix)

Petite originalité (relative) dans cette sélection, puisque nous vous proposons de redécouvrir « Playoffs » de Hus KingPin. Le morceau, d’abord sorti en 2020, s’est vu remixé par Manny Megz. Le producteur de l’Arizona a pris le parti de s’éloigner assez radicalement de la direction originale, orchestrée par le légendaire Roc Marciano. Il faut dire que c’était justement très Roc-Marciano-esque. L’approche choisie ici est, certes, plus classique mais terriblement efficace : un très joli sample et quelques variantes bouclés sur 7 minutes avec des percussions qui vont et viennent. L’ombre du Pimpire n’a cependant pas totalement disparu du morceau puisque ses skits ont été conservés. – Wilhelm

Rich Homie Quan – Still Sinning (prod. Samson)

Un début d’été est toujours une excellente occasion de se replonger dans Tha Tour, part. I du (feu) Rich Gang, la mouture composée de Young Thug et Rich Homie Quan. Si le premier a eu la carrière qu’on lui connaît, Quan n’a pas eu droit au même succès ; ni sur le plan commercial, ni sur le plan critique. Sans sa rythmique actualisée, « Still Sinning » aurait largement sa place sur Rich As In Spirit, son dernier disque solide en date. Mais la modeste productivité du rappeur et ses qualités musicales largement prouvées nous préservent de l’overdose. – Wilhelm

Lupe Fiasco – Precious Things (Prod. Soundtrakk & Lupe Fiasco)

Il y avait longtemps que l’on n’avait plus entendu Lupe Fiasco. Fort d’une carrière en dents de scie, qui l’a vu alterner le (très) bon et le (très) mauvais, on n’est jamais sûr de ce dans quoi l’on s’embarque avant de lancer l’écoute d’une nouvelle sortie. Fort heureusement, il ne nous a pas fallu longtemps pour ranger ce Drill Music in Zion dans la catégorie de ses efforts solitaires de très grande facture. La richesse musicale de la production (assurée par lui-même pour une bonne partie) lui permet d’étaler, malgré le court format pour ses standards (10 titres et 40 minutes), toute sa finesse d’écriture et sa qualité d’interprète. Même si la douceur de « Ms. Mural », rappelant le court EP House sorti en 2020, nous a beaucoup séduit, c’est la lenteur « Precious Things » qui synthétise selon nous le mieux l’ambiance du disque. – Xavier

Don Q feat. Icewear Vezzo – Experience (Prod. FOREVEROLLING)

Don Q cherchait-il à prendre la suite de l’inénarrable Lacrim avec son Corleone ? On ne le saura probablement jamais. Toujours est-il que le newyorkais apparaît bien énervé sur sa première sortie depuis un certain temps, lui que l’on avait un peu perdu de vue après ses très encourageants premiers efforts solitaires qu’étaient Corner Stories et Don Season. Corleone consiste ainsi en un condensé de violence, comme emmagasinée pendant cette longue période d’inactivité. Un bon exemple en est cette passe d’armes surprenante avec le MC de Detroit Icewear Vezzo, que nous apprécions beaucoup ici. Combinaison inédite, du moins à notre connaissance, le duo fonctionne à merveille, et l’on ne peut que souhaiter qu’elle en appelle d’autre. – Xavier

Crimeapple & DJ Skizz – 40 Days, 40 Nights

Toujours très productif, Crimeapple a publié en juin son troisième long format de l’année, s’associant cette fois-ci à DJ Skizz, que l’on avait notamment découvert sur Logan d’Adonis, et sur Wet Dirt du même Crimeapple. Et si l’on n’avait pas été particulièrement par les sorties du rappeur du New Jersey depuis le début de l’année, ce Breakfast in Hradec rentre dans la catégorie de ses sorties mémorables. Les beats très classiques de DJ Skizz laissent la place à la verve spanglish de Crimeapple, qui se livre un peu plus qu’à l’accoutumée, comme sur ce « 40 Days, 40 Nights ». – Xavier

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