10 Bons Sons US en juillet 2019

Vacances obligent, juillet est rarement un mois phare pour les sorties musicales, quel que soit le genre, les pontes du jeu se réservant pour la rentrée ou pour le sprint final de l’année civile. Celui de 2019 aura pourtant été un cru intéressant. Entre les albums de Big K.R.I.T., WestSide Gunn ou encore Young Dolph et Key Glock, la matière était largement suffisante pour une sélection à la fois riche et épurée.

A$AP Ferg – Floor Seats (Prod. Roofeeeo)

Le rappeur natif de Harlem prépare tranquillement son prochain LP intitulé Floor Seats et a décidé de dévoiler le titre éponyme, comme ça, en plein cagnard, en plein mois de juillet, après tout oui, rien à cirer d’attendre la rentrée. Dans un clip mis en image par Valentin Petit et avec en guest le rider Nigel Sylvester, le membre du collectif A$ap Mob se balade sereinement dans les rues de NYC, BMX en Y et grosse prod’ de bourrin en fond sonore. Deux ans après son dernier opus, le « Trap Lord » A$ap Ferg est bel et bien de retour et plutôt en forme. — Clément

Conway the Machine x Eminem – BANG (Prod. Beat Butcha & Daringer)

Bon, on s’y attendait quand même pas mal. Après la signature de Conway The Machine sur le label Shady Records, il était donc tout à fait normal de voir naître une collaboration entre le rappeur new-yorkais et ce bon vieux Slim Shady. Force est de constater que nous n’avons pas été déçus, tant le premier extrait du prochain album de Conway a de la gueule. Sur une prod’ de Beat Butcha et Daringer (qu’on a l’habitude d’entendre derrières les boucheries de Griselda Records), les deux emcees s’échange le chrome pour deux couplets littéralement faramineux. « Bang » est un banger (ha-ha) qui pue la transpiration, la testostérone, la violence et, bien évidemment, le talent. — Clément

Da$h & VDon feat. Meechy Darko – Fangs

C’est dans une certaine discrétion qu’est sorti à la mi-juillet un nouvel EP du très productif MC du New Jersey Da$h, entièrement produit par le new-yorkais VDon, avec qui il a l’habitude de travailler depuis déjà plusieurs années. Au fil des cinq titres de cet EP très succinct, Da$h et son style toujours si particulier, entre voix caverneuse et mots très mâchés, à la limite du compréhensible, se balade entre les productions obscures et variées de l’un des beatmakers les plus inventifs des années 2010. Seul invité à signaler, le membre des Flatbush Zombies Meechy Darko sur l’excellent « Fangs » et son clavier entêtant, qui y accompagne les sinistres incantations de Da$h. — Xavier

Big K.R.I.T. – Make it easy (Prod. DJ Camper & Luke Witherspoon)

Nous vous l’annoncions le mois dernier, l’un des albums importants de cet été a bien vu le jour en juillet, et une fois de plus, le MC du Mississippi n’a pas déçu. Si par rapport à 4eva is a mighty long time, son prédécesseur, Big K.R.I.T. a un peu plus penché pour des sonorités conventionnelles, ses suiveurs de longues dates resteront pleinement satisfaits de la couleur générale de l’album. L’un de ses morceaux les plus significatifs est sans doute « Make it easy », au cours du quel résonne le « Make it easy on yourself » de Jerry Butler, qui prouve, si nécessaire, l’attachement viscéral de Big K.R.I.T. à la musique afro-américaine. Le reste du morceau est partagé entre samples mélodieux et lyrics positifs, finalement bien représentatif du MC dont il est question. — Xavier

Maxo Kream feat. Schoolboy Q – 3AM (Prod. Mike Dean, Chuck Inglish & Apex Martin)

Il est toujours intéressant de constater le nombre de MC qui continuent à inviter Schoolboy Q sur leurs albums respectifs, tout en sachant que le risque de se faire découper en très petits morceaux est toujours très significatif, tant la motivation du MC angelin est décuplée lorsqu’il doit performer hors de ses bases. Il est également intéressant de constater que les productions accueillant ses prestations d’invité semblent toujours composées sur mesure pour lui. Malgré tout, Maxo Kream s’en tire plutôt bien sur son deuxième album solo, le MC de Houston prenant soin de rester dans son registre et de ne pas entrer sur le terrain « rap énervé » où le Black Hippy règne en maître. Et l’occasion de prouver qu’un featuring peut également être une occasion de créer un très bon morceau de rap entre deux MC’s complémentaires plutôt qu’une compétition acharnée avec l’humiliation de son homologue comme seul objectif. — Xavier

Dillon Cooper – Cherry Lemonade (Prod. Abel Beats)

Voilà un morceau qu’on pourrait qualifier de « fraîcheur ». Le trublion Dillon Cooper sort sa nouvelle recette pour calmer les chaleurs estivales : le cherry lemonade. Prenez donc de la limonade, une poignée de cerises, quelques glaçons, une grosse pincée de G-Funk et un flow smoothie. Saupoudrez le tout par quelques références rapologiques assez évidentes (qui dit « vibes » west coast dit Snoop Dogg) et servez avec une paille.
Plus sérieusement, il attend quoi Dillon pour sortir un véritable album ? — Clément

Westside Gunn – Amherst Station 3 (Prod. JR Swiftz)

Ce mois-ci, les deux frères de Buffalo sont à l’honneur. De son côté, Westside Gunn a sorti Flygod is an Awesome God, son troisième album solo. Une fois de plus, il prouve sa capacité à faire de vrais albums qui s’écoutent du début à la fin et qui sont plus que des assemblages de morceaux. S’il était déjà devenu un rappeur accompli, Ouestcôté est depuis naguère aussi un bien meilleur écrivain capable de raconter des choses. Sorte de Keyser Söze des grands couturiers sur « Ferragamo Funeral », il est beaucoup plus clair et à fleur de peau sur Amherst Station 3, dont l’enivrante boucle jazzy nous fait regretter la courte durée du morceau. — Wilhelm


Young Dolph & Key Glock – Baby Joker (Prod. BandPlay)

Deux cousins, un scénario mongol mais référencé, des voitures très onéreuses, la ravissante Reverie faisant LA avec ses doigts, de jolies mexicaines, des mexicains, et un chien sont les ingrédients du joli clip « Baby Joker ». Nous sommes donc comblés à ce niveau. Côté musique, le morceau est un blueprint sans fioriture de la mixtape Dum & Dummer : chacune des plages est une démonstration de kickage bête et méchant, alliant la fougue de Key Glock et le charisme de Young Dolph. Si les noms des morceaux et même du disque vous rappellent quelques choses c’est qu’ils sont tous inspirés de comédies américaines et, après tout, chacun ses goûts tant qu’ils ne versent pas vraiment dans l’humour de Jim Carrey. — Wilhelm

Nas – Queensbridge Politics (Prod. Pete Rock)

La relation entre Nas et Prodigy n’a pas toujours été rose. Suite au décès de ce dernier, l’auteur d’Illmatic avait d’ailleurs exprimé le regret de n’avoir pas eu une vraie conversation, depuis le retour au calme, pour enterrer la hache de guerre une fois pour toute… faute de temps. Dans Queensbridge, la fresque dédiée à Bandana P a été profanée à plusieurs reprises. Alors, mû par des intentions pacifiques, Nas tente de ramener tout le monde à la raison et a fait appel à un collaborateur de longue date, l’immense Pete Rock, pour assurer l’habillage sonore. Seulement, le défi étant de taille, les exigences de Nasir Jones n’ont pas été comblées et il faudra attendre le second volet de Lost Tapes pour l’écouter parler du Queens au Queens. — Wilhelm

Lil Durk feat. King Von – Like That (prod. ChopsquadDJ)

En ces temps estivaux, une grande figure de Chicago s’est fait remarquer avec une nouvelle livraison pleine de mélodies numériques dont il a le secret depuis quelques printemps déjà. Pourtant, presque à l’entrée du disque, Lil Durk invite son compagnon d’Only The Family , King Von, pour opérer une tuerie de masse et assurer que les Love Songs qui suivent sont bel et bien faites 4 the Streets (2). Les deux comparses s’attaquent directement à l’un de leurs rivaux, probablement pas un rival du rap, et lui promettent de mauvais moments dans un futur plus ou moins proche. — Wilhelm

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Un commentaire

  • Bonjour,
    Nous participons au développement du groupe ‘Nocturnal Savages’
    Spécialisé dans le boom bap, le groupe est composé de 2 MCs New Yorkais, et d’un beatmaker Français.
    Nous souhaiterions vous envoyer un dossier de presse pour vous présenter au mieux le groupe, ainsi que des extraits de leur musique.
    Sur quelle adresse email pouvons-nous vous contacter ?
    Cordialement
    Nicolas pour Global Hip Hop

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