10 Bons Sons francophones en 2017 – le grand vote de la rédaction

Il y a des traditions auxquelles il semble être impératif de se plier. Ainsi en va-t-il des bilans de fin d’année. Nous n’enverrons pas balader cette tradition, mais nous le ferons sobrement, à notre manière, avec une sélection de 10 bons sons sortis cette année. Les modalités de vote sont les mêmes que les années passées : nous faisons des classements individuels, nous mettons ensuite en commun et nous voyons ce qu’il en ressort. Cela a, pour cette année 2017, abouti au classement suivant :

10. DF & CERK  – Ici (Prod : James Cole Pablo)

Cinq ans après son dernier projet solo, DF s’est de nouveau associé à Cerk cette année pour nous gratifier d’un nouvel album très réussi. Sorti en fin d’été, le projet Chorus compte de nombreuses pépites, mais c’est « Ici » qui a eu notre préférence. Tout dans ce titre est réussi : de la prod aux allures simples mais redoutablement efficace de Mr Cole à la maîtrise qu’a DF de son flow baladeur tout en finesse. L’écriture est d’une sincérité et d’une justesse remarquables. Si le projet tout entier mérite une écoute attentive, ce titre, à n’en pas douter, devrait rester dans nos playlists pour longtemps. – Sarah

Lire aussi : la chronique de Chorus

9. Freez – On’n’On (Prod : Chilea’s)

Si Freez fait partie de cette dernière sélection récapitulant l’année 2017, c’est parce qu’il y a sa place et qu’il a conquis l’ensemble des rédacteurs, nonobstant les goûts très variés de chacun d’entre nous. Comme le soulignait déjà Olivier en septembre, il n’est pas évident de créer, de se réinventer tout en restant fidèle à une certaine idée du rap et en recherchant la qualité avant tout. C’est une claque magistrale qu’il nous a infligé à la fin de l’été, nous annonçant par la même une première expérience solo pour la fin d’année.  On peut parler d’alchimie pour décrire la symbiose entre la prod de Chilea’s et le flow impeccable de Freez qui signe deux couplets sportifs entrecoupés d’un refrain qui fera date tellement il donne du tort à ceux qui ont systématiquement recours à l’autotune par peur du ridicule. L’EP Les minutes vides constitue un concentré de pistes fournies en rimes, et expérimentales dans le bon sens du terme. Examen en solo validé, Emoaine peut être fier de son éternel binôme. – Antoine

Lire aussi : la chronique de Les minutes vides

8. L’Or du Commun feat. Roméo Elvis – Apollo (Prod : Vax1)

On peut le dire : quand il s’agit de rentrer un refrain dans la tête des auditeurs comme une éternelle rengaine, les belges savent y faire. Outre JeanJass et Caballero qui sont devenu les maîtres du genre avec des gimmicks complètement absurdes , L’Or Du Commun et Roméo Elvis ne s’en sortent pas mal du tout. Le morceau « Apollo » qui figure sur le très bon album Zeppelin a fait figure de banger pendant toute l’année. Sur une instrumentale aux sonorités « moog » et d’un kitsch à peine palpable (l’excellent beatmaker Vax1 a produit tout l’album), les bruxellois dominent leur sujet. Accompagné de leur compère de toujours Roméo Elvis, L’Or Du Commun nous confirme qu’il peuvent être efficaces et polyvalents. Flow trap, ambiance chill, refrain chanté ou placements old school, L’Or Du Commun illustre parfaitement la vague belge qui déferle sur le rap francophone actuellement. – Clément

Lire aussi : notre rencontre avec L’Or Du Commun (2015) / notre chronique de Zeppelin

7. Sofiane – Bois d’argent (Prod : Seezy)

Si 2016 aura permis à Sofiane de percer avec ses freestyles, 2017 fut clairement l’année de la consécration pour le MC. Avec deux projets sortis à quatre mois d’écart, des dizaines d’interviews pour les promotionner, des concerts tous les week ends dans toute la Francophonie et quelques apparitions remarquées dans les grands médias (Salut les terriens, ainsi que la plupart des journaux télévisés suite à l’affaire du blocage de l’A3), il aura occupé le terrain comme peu de rappeurs avant lui. À cette omniprésence médiatique à donner le tournis, il faut ajouter son concept vidéo Le Cercle, destiné à mettre en lumière rappeurs et acteurs du mouvement, mais qui lui aura également permis, à titre personnel, de se se placer comme un personnage incontournable du milieu. Mais que cette agitation ne nous fasse pas oublier que le rappeur du Blanc-Mesnil est toujours capable de délivrer des morceaux de qualité. “Outro”, “Lettre à un jeune rappeur” et désormais “Bois d’Argent”… Les outros des albums de Sofiane sont là pour rappeler à la mémoire des allergiques aux morceaux hardcores les talents d’écriture du MC, ainsi que sa capacité à rapper avec ses tripes. Dans cette catégorie de morceaux, “Bois d’Argent” occupe certainement la première place, et il y a fort à parier qu’il deviendra un des plus grands classiques de Fianso. – Olivier

Lire aussi : la chronique de #JesuispasséchezSo

6. Néfaste – Hier encore (Prod : Itam)

Chez Le Bon Son, nous gardons œil sur le travail de Néfaste depuis 2015 environ. À l’époque, la sortie de son EP intitulé Premier pas nous est apparue comme un évènement prometteur et a suscité beaucoup d’attente concernant la suite de la carrière du Valdoisien. Quelques mois plus tard, son apport remarquable au projet collectif Martyrs Modernes est venu confirmer pleinement nos espérances. Nous avons dû patienter sagement jusqu’à d’octobre 2017 afin de pouvoir découvrir enfin Dans mon monde, le nouvel EP de Nef’. Le morceau « Hier encore » a retenu notre attention. Celui-ci a été entièrement composé de main de maître par le beatmaker Itam du collectif Kids Of Crackling. Comme à son habitude,  l’écriture du membre du groupe RSKP est soignée et retranscrit avec finesse un quotidien morose et une soif d’évasion. Un autre atout majeur de l’artiste réside dans sa capacité à interpréter avec émotion ses morceaux. Le deuxième couplet de « Hier encore »  se veut poignant, bouleversant et prend l’auditeur aux tripes. L’osmose avec Itam est indéniable et donne à penser que leur collaboration à de beaux jours devant elle. On en redemande pour 2018. – Jordi

Lire aussi : la chronique de Dans mon monde

5. Damso – N. J respect R (Prod : BBP)

2017 aura été une nouvelle année chargée pour Damso. Le carton immédiat de son album attendu – Ipséité – sorti en mai aura fini de le propulser complètement sur le devant de la scène comme un des artistes francophones incontournables du moment. Si ses apparitions tout au long de l’année ont été nombreuses, un peu partout et souvent très réussies, c’est principalement sur un titre de son album que nous nous sommes arrêtés. Tout en force et en finesse à la fois, « J respect R » nous a emmené sans détour pour une balade mouvementée dans l’univers si singulier du Belge, entre des refrains partiellement chantés, mélodieux et violents, et une écriture acerbe, toujours merveilleusement imagée. La prod en montagnes russes de l’excellent BBP sert le propos avec habileté pour nous offrir une collaboration des plus fructueuses, un des morceaux les plus réussi du projet, et de l’année. – Sarah

Lire aussi : la chronique d’Ipséité

4. Caballero et Jean Jass – Sur mon nom (Prod : Eazy Dew)

Après avoir raflé la première place de notre classement 2016 avec le titre « Repeat », le duo belge est de retour avec un nouveau banger. Issu de leur opus Double Hélice 2, la chanson « Sur mon nom » est sortie fin février sur Youtube. Pour celle-ci, les protagonistes du programme « High & et fines herbes » ont utilisé les mêmes ingrédients qui avaient fait le succès de leur précédent projet : une instrumentale envoutante, des lyrics mélangeant egotrip et autodérision ainsi qu’une attitude nonchalante. Les deux compères ont été inspirés de faire appel au talent du beatmaker parisien Eazy Dew qui nous a délecté cette année encore de plusieurs productions de grande qualité, notamment aux côtés de Josman. Concernant la réalisation du clip, nous tenons également à souligner le travail du liégeois Benoit Do Quang. Enfin, force est de constater que 2017 a été l’année de la confirmation pour JJ & Caba. Forts du succès des deux volumes de Double Hélice, ils ont écumé les festivals et multiplié les concerts à guichet fermés à travers la France et la Belgique. De la sorte, ils ont réussi à se faire définitivement un nom sur la scène musicale francophone. Respect. – Jordi

Lire aussi : notre rencontre avec Caballero, Jean-Jass et La Smala (2016)

3. Hugo TSR – Les vieux de mon âge (Prod : Itam)

L’année 2017 aura marqué le retour d’Hugo TSR. Nous en avions eu un avant-goût en juillet 2016 avec le morceau « Là-haut » qui fleurait bon le futur classique, son clip élégant et son instrumentale onirique. Nous avions donc eu plus d’un an pour saliver sur ce qu’il allait être sûrement un des meilleurs albums de 2017, mais nous étions loin de nous douter que sur Tant qu’on est là figurerait un morceau à la puissance unique : « Les vieux de mon âge ». Une instrumentale signée Itam, quelques notes de piano et un texte d’une fulgurance rare. Voilà comment il est possible de résumer ce titre qui donne de quoi méditer sur soi-même pendant plusieurs minutes. Un peu comme J.M Barrie (le créateur de Peter Pan), Hugo refuse de grandir et constate que les autres, eux, ont accepté la vieillesse comme une vieille (c’est le cas de le dire) connaissance. Un morceau qui traite donc du temps qui passe, et qui nous renvoie à nos propres vies et à nos années qui s’étiolent et s’effritent… C’est salé, piquant et puissant, et c’est loin de nous laisser indifférent. – Clément

Lire aussi : la chronique de Tant qu’on est là

2. Furax – Le meilleur des hommes (Prod : Toxine)

Nous n’avions jamais vu Furax autant productif que durant cette année 2017. Il aura eu pas moins de deux albums à son actif, 100 comme un chien avec la Bastard Prod et Dernier manuscrit avec Jeff le Nerf, ainsi que quelques belles collaborations (Scylla, Pejmaxx, Demi-Portion). Mais l’unanimité a été totale dans la rédaction lorsqu’il aura fallu choisir un titre. « Le meilleur des hommes », titre solo de Furax sur l’album de la Bastard Prod, dégage quelque chose que les autres n’ont pas : une sérénité, une beauté qui naît du contraste entre cette voix rocailleuse si caractéristique et cette écriture touchante qui se livre sans ménagement. L’instrumentale signée Toxine y est également pour beaucoup : une boucle de piano dont il a le secret, quelques chœurs pour agrémenter le tout et une mélodie envoûtante. Le clip, signé Esskahipé, fut ensuite la cerise sur le gâteau pour un morceau qui figurera certainement dans les classiques du rappeur toulousain. Le pirate à la barbe rousse est peut-être devenu père, mais il semble plus que jamais prêt à continuer d’alimenter le rap français de la richesse de ses rimes et à découper des prods. Peut-être nous réserve-t-il encore de belles choses pour 2018. – Costa

Lire aussi : la chronique de 100 comme un chien / l’interview de Bastard Prod

1. Al’Tarba & Vîrus – La nuit se lève (Prod : Al’Tarba)

A la question « quelle est la plus belle plume du rap français? », nous avions pendant X années l’habitude de répondre Lino ou Casey  : on peut désormais répondre sereinement Vîrus. Une fois n’est pas coutume, la meilleure angoisse de l’année est venue de son stylo. Frissons, questionnements, froid, inquiétudes, violence, néologismes, rien de réconfortant dans son écriture qui nécessite plusieurs niveaux de compréhension, donc plusieurs ré-écoutes attentives avec un casque de protection. Hyper élaboré, ce morceau qui est né d’une rencontre artistiquement fortuite ne peut que combler les amateurs de “rap à texte” perdus à l’ère de la musique avant tout divertissante. La merveilleuse production sombre et fine composée par Al’Tarba semble être faite sur mesure pour l’homme du Rayon Du Fond qui ne ménage pas ses méninges. Ce chef d’œuvre constitue l’unique son à proprement parler de Vîrus sur l’année 2017, aussi rare que précieux pour nos oreilles, nos cervelles et nos âmes. On n’oubliera toutefois pas de mentionner sa réécriture des Soliloques du Pauvre de Jehan-Rictus qui aura donné un livre-disque qui mérite bien davantage qu’une rapide écoute. Si ce projet est surprenant, Vîrus montre avec « La nuit se lève » qu’il n’a de toute manière rien à prouver à personne. On ajoutera tout de même un bémol : il manque  un clip à la hauteur de la chanson. – Antoine

Lire aussi : l’interview « 10 bons sons » de Vîrus

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3 commentaires

  • Je ne sais pas s’il y avait une volonté de classement mais « La nuit se lève » mérite en effet la première position. Ce morceau est magnifique.
    Quant au morceau de Hugo TSR, j’aurais plutôt choisi « Tant qu’on est là » 😉

  • OK pour les 5 premiers
    Pas du tout pour les 5 suivants

    Il manque un ptit ISHA/LOMEPAL/DISIZ/ mais ce sont mes gouts perso 🙂

    Merci pour votre site

Commentaires

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