10 Bons Sons en septembre 2017

Des découvertes, des projets attendus, des retours réussis, des extraits alléchants… La rentrée aura tenu ses promesses, voici notre sélection rap français du mois de septembre. (Et en parlant de rap français, nous vous invitons à vous abonner à nos playlists dédiées sur Deezer et Spotify.)

Le 6 septembre : Robin des blocs – Comme Sherwood #1

De Créteil vu de Toulouse, on connaissait Marc Libbra et la communauté portugaise. C’est avec un plaisir certain que l’on découvre par hasard un troisième élément, en la personne de Robin des Blocs. « Champ », « forêt » ou « jungle », de « béton » ou de « ciment », peu importe : le Gang de la ville de Créteil s’autogère en milieu urbain autour de son néo-rappeur. Ni relais de l’anarcho-libéralisme ambiant, ni dans une critique basse du front, l’homme aux deux vidéos youtube délivre fins flows et rimes précises avec le smooth d’un Woodsdad ou d’un Elvis Roméo. Seulement deux morceaux pour déjà deux apparitions dans les médias spés, autant dire que l’avenir semble tracé. Si l’hashtag accolé au titre murmure la future naissance d’un tome 2, la page soundcloud toute neuve promet elle certainement davantage. Manu

Le 29 septembre : Furax Barbarossa – Le meilleur des hommes (Prod. Toxine)

La Bastard Prod vient de gratifier son public de son premier album solo, après plus de sept ans d’existence officielle, et une grosse décennie de collaborations diverses entre les membres. Plusieurs morceaux du collectif ont fait partie de nos sélections mensuelles (« Dernier 16 », « Introduction »), mais c’est le solo de Furax sur l’album que nous avons retenu ce mois-ci. Dans la droite lignée des morceaux introspectifs qu’il distille sur chacun des ses albums solos, « Le meilleur des hommes » dresse un bilan de ses 37 années de vie, et, choses nouvelle, aborde la paternité relativement récente du rappeur toulousain. Un titre qui prend aux tripes, rappelant que l’alchimie qui règne entre Furax et Toxine ne date pas d’hier, et que la ligne de conduite reste la même, projet après projet. Esskahipé, autre compagnon de longue date, offre une illustration du morceau aux petits oignons, à la fois extrêmement léchée et proche du propos du MC toulousain. A n’en pas douter, ce titre devrait rapidement s’imposer comme un des classiques de Barbe Rousse. – Olivier

Le 10 septembre : Sado Mc – Poignée de Punchlines (Prod. Lucci)

En cette rentrée 2017, une Poignée de Punchlines du label belge Give me 5 vient de nouveau s’immiscer dans notre sélection mensuelle. L’artiste à l’honneur se nomme cette fois-ci Sado Mc. Cela fait plusieurs mois que nous suivons de près ce membre du groupe les Tontons Flingués. Auteur notamment de l’excellent titre « Alambic » paru en décembre dernier,  le Lillois a parfaitement répondu à l’invitation de Deparone. Pour l’occasion, il nous délivre un morceau sincère, faisant preuve d’une écriture fine et incisive. Il a parfaitement su adapter son interprétation à  la production douce du beatmaker nordiste Lucci. Le clip, œuvre de Tarmack Film, tourné sous la lueur des néons et des leds, transmet une ambiance feutrée et intimiste. Il semblerait également qu’un Ep solo de Sado Mc soit en cours de préparation. Nous l’attendons de pied ferme. – Jordi

Le 25 septembre : Freez – On ‘N’ On (Prod. Chilea’s)

Freez fait partie de ces rares MC’s capables de proposer quelque chose de frais après deux décennies d’activité. Après avoir balancé un inédit il y a un an, le voici de retour avec « On ‘N’ On », premier extrait de son EP Les minutes vides réalisé en collaboration avec le beatmaker Chilea’s. Cette dérouillée verbale montre une fois encore la technique impeccable qui caractérise la moitié de Stamina, qui livre ici une série de multi syllabiques soignées, ainsi qu’un refrain imparable du meilleur effet. Le clip, signé Tarmack Film, est à la hauteur du morceau, et accompagne très bien le propos du MC, entre prise de hauteur et détermination. – Olivier

Le 17 septembre : Kespar – Bandana (Prod. Linkrust)

Une année bien remplie pour Kespar, qui revient encore avec du nouveau ce mois-ci. Après un petit détour perché vers Saturne le mois dernier, il continue de s’inscrire dans la lignée de ce qu’il avait proposé avec 123 sorti en mai. Cette fois plus terre à terre, moins romantique mais définitivement plus efficace, le Grenoblois jongle encore entre le chant et le rap, posant ici un 16 bien calibré, là un vers voluptueux, pour nous trimbaler gentiment dans un univers inspiré et très musical. La prod captivante du fidèle Linkrust avec son épais relent de reggaeton, délivre quant à elle une atmosphère brûlante et accompagne le flow nonchalant du MC qui nous emporte pour quelques minutes dans une délicieuse transe fiévreuse. – Sarah

Le 21 septembre : Népal feat. Doums – Deadpornstars (Prod. KLM)

Si ton petit cousin à l’âme instagrammée s’exprime en 2017 comme Népal en 2012 (en moins bien certes), ce dernier ne s’en trouve pas pour autant « dans le futur ». Non, Clément colle plutôt à son époque comme un garde civil à un bulletin de vote catalan. Main dans la main avec le présent le plus immédiat. Hémisphère droit dans le virtuel, gauche IRL. Récolte : un argot local mondialisé dont se répand modernité sombre ou lumineuse. La main restée libre roule les dés, vise classiques et cuisses. 445e Nuit glisse, mais il faut bien s’arrêter sur un son. Ce sera « Deadpornstars » en formation 2Fingz, 0-0-2 toujours offensif façon Zeman-Bielsa. Name dropping bien ficelé sur production lunaire, ce que le peuple demande. – Manu

Le 14 septembre : AL – Qui que vous soyez (Prod. Corrado)

Rap réalité contre rap fiction. La musique d’AL, c’est une réponse à ce qui ne va pas, à ce qui ne tourne pas rond. Un raisonnement, bien souvent servi par une verve cinglante et des illustrations poignantes. A n’en plus douter, c’est l’un des seuls analystes de la putréfaction de la société, l’un des meilleurs narrateurs-rappeurs de la pauvreté depuis Nessbeal. Une phrase, une image forte suffit à donner le ton : « Faut pas venir me faire chier avec des débats qui n’ont pas lieu d’être rap / trap, négro j’aimerais bien être là avec ces mythos d’MC’s quand la réalité les rattrape ». Sur une prod électrique de Corrado, le Dijonnais a répondu présent au rendez-vous de la rentrée. Punchlife, son quatrième album solo, est annoncé pour l’hiver. Cette fois, ce sera à nous d’être au rendez-vous. « T’as cru que la coke c’était anticonformiste, une OD a vite calmé ton audace. » – Antoine

Le 24 septembre : Dooz Kawa – Le temps des assassins

Un peu plus d’un an après son dernier album, Bohemian Rap Story, Dooz Kawa annonce, en même temps que la rentrée, son prochain opus, intitulé Contes Cruels. « Le temps des assassins » est donc le premier extrait de ce qui sera le quatrième album du rappeur strasbourgeois. Sur une instrumentale au combo toujours efficace piano / violon, 12 KO nous parle d’amour (comme à son habitude), avec toujours la même passion, la même ferveur, et bien entendu, le dépit qu’on lui connait. Force est de constater que peu importe le temps qui passe, peu importe les années qui défilent et l’âge qui avance, les mots de Dooz Kawa font toujours le même effet. – Clément

Le 22 septembre : Hugo TSR – Les vieux de mon âge

Parmi les douze titres présents sur l’album Tant qu’on est là d’Hugo TSR, nombreux auraient pu être présents dans cette sélection. Finalement, ce sera « Les vieux de mon âge » qui y figurera. Sur une instrumentale signée Itam et après un extrait du film Libre et assoupi, Hugo figure l’adulescence, cet adulte coincé entre deux âges qui refuse de grandir et de jouer le jeu qui est attendu par les autres, ceux qui vieillissent. Mais c’est en décrivant les paradoxes qui sont les siens que se dessinent par contraste les contradictions de ces autres : accepter ce qui est attendu de nous, c’est perdre notre liberté. En clair, un titre qui marque par sa profondeur et sa justesse. De telle sorte que l’on ne ressort pas de l’écoute sans se demander si, soi-même, on n’a pas vieilli trop vite. – Costa

Le 19 septembre : Reak – Fichier S (Prod. Odweeyne)

Il est des voix qu’on n’oublie pas et qui se faufilent dans nos écouteurs pour faire remonter, discrètement, et sans crier gare une belle salve de souvenirs tout en nous mettant un bon taquet. Si l’habileté du flow n’a d’égale que la richesse de la rime, « La punchline vient machinalement », et avec elle le plaisir d’entendre un Reak en grande forme. Depuis un petit moment déjà, l’ex-moitié de Psykopat avait déposé des sons solos et avait promis un projet qu’on espérait sans trop oser l’attendre. Le Dionysiens a pourtant été fidèle à sa parole, puisque ROC, un 10 titres rondement produit par Odweeyne, est disponible depuis une petite semaine. Et « Fichier S » en est certainement un des extraits les plus représentatifs : solide, subtil, savoureux. – Sarah

 

 

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