Flynt : l’interview (2/2)

Comme promis, voici la deuxième partie de l’interview de Flynt réalisée voilà quelques semaines. La première partie, axée sur son parcours, se terminait sur cette phrase :  « C’est ce que j’explique dans le teaser ». Quelle meilleure transition pour parler du teaser et du nouvel album ? Suite et fin, en exclusivité pour Le Bon Son :

http://www.youtube.com/watch?v=YuyPmhueF90

Tu as annoncé ton retour de manière originale avec ce teaser rappé et clippé exprès qui explique un peu ce qu’il te reste à faire. D’où t’es venue l’idée ?

Personne ne s’attendait à ce que j’envoie ça. J’aime pas trop les annonces du genre “Hou hou, je vais envoyer une vidéo demain à 18h !”. Et je trouvais que c’était une bonne manière de répondre à la question qu’on m’a le plus posée ces trois dernières années et qui est : “Alors ça sort quand ?”. Par contre j’aime pas trop le terme de retour parce que je ne suis jamais parti. Je dirais plutôt que c’est un rappel, au sens rappel du public. Aujourd’hui il y a plusieurs old timers de ma génération qui reviennent, et qui avaient dit “on arrête” à un moment donné. Moi j’ai jamais dit ça et j’ai jamais été autant dans le rap que ces deux dernières années, à organiser et faire des concerts quand c’était possible, et à réaliser mon disque. J’étais moins visible, mais j’étais là. Mais comme je n’ai pas fait beaucoup de morceaux entre temps donc je peux comprendre qu’on parle de retour mais ce n’est pas vraiment comme ça que je vois les choses… 5 ans c’est un peu long, mais 3 ans pour faire un album j’trouve pas que ce soit une hérésie non plus. Faire un bon album ça prend du temps. Les mecs qui font des albums en 6 mois, respect, mais faut voir la qualité du truc, à qui ça s’adresse, ce que ça raconte, et l’état d’esprit dans lequel ça a été produit.

Comment choisis-tu tes instrus ?

Tout d’abord je tiens à dire que sans les beatmakers, je n’aurais pas pu faire ce disque. Je leur dois un fière chandelle. Je n’oublie pas ça. J’ai de la chance d’avoir toujours eu de bonnes connexions : Soulchildren, Nodey, Just Music entre autres sur ce disque et Drixxxé, Ayastan, Keumaï sur le précédent entre autres également. Pour moi c’est un travail collaboratif, c’est pas je prends ton instru et puis j’te filerai un disque quand ça sortira. Il y a un réel échange, c’est autant mon titre que le leur, faut que ça leur plaise et qu’ils sachent où je vais avec leur instru. C’est important pour moi, une bonne collaboration fait souvent de bons titres.

Mais il faut quand même que je mette une petite crotte de nez sur le polo de ceux qui disent que je suis difficile en choix d’instrus. Je pense qu’ils disent ça pour masquer leurs faiblesses. C’est plus facile de dire “Ouais Flynt il est difficile” plutôt que “Je devrais essayer de hausser mon niveau”. Je ne me considère pas comme difficile. Moi je marche au coup de coeur, au feeling. La plupart des beats que j’ai pris ça a fait tilt tout de suite. Certains préfèrent dire que je suis une galère en choix d’instru plutôt que regarder leurs propres faiblesses.

Parle-nous de cette collaboration avec les Soulchildren

La moitié des instrus sur l’album c’est eux. C’est eux qui m’ont fourni les deux toutes premières instrus que j’ai eu pour l’album, instrus qui m’ont mis le pied à l’étrier. J’ai enregistré chez eux, j’ai réalisé 10 titres sur 12 avec eux. C’est une réelle bonne collaboration.

Du coup on a envie de faire un parallèle avec Pejmaxx qui a un peu cette démarche, mais encore plus poussée, puisqu’il travaille exclusivement avec les Soulchildren. T’as jamais été tenté par un duo ?

C’était dans les tuyaux, ça devait se faire à  un moment donné, puis ça s’est pas fait. Ils (Soulchildren ndlr) m’en ont reparlé pour un autre projet, on verra.

Après, moi, travailler exclusivement avec un beatmaker, je ne l’appliquerai pas à moi. Même si ça peut fonctionner, j’aurais l’impression de tourner en rond si je faisais ça. Avec les 6 instrus des Soulchildren j’ai pas cette impression car j’ai 7 instrus provenant d’ailleurs, d’autres beatmakers avec une touche différente. Soulchildren comme Nodey c’est des mecs qui sont très pointilleux dans leur domaine, t’as des fois entre 30 et 40 pistes quand t’ouvres un instru séparé à eux. Pour Just Music, les beatmakers de Marseille qui ont produit 3 instrus sur l’album, par exemple, t’as 5 ou 6 pistes ou pas beaucoup plus. C’est des manières de travailler différentes, qui amènent des couleurs qui sont différentes. Moi j’aime et je me reconnais dans les deux. L’important c’est que l’ensemble soit homogène.

“J’aime pas trop le terme de retour parce que je ne suis jamais parti. Je dirais plutôt que c’est un rappel, au sens rappel du public.”

Explique-nous le choix du titre de ton album : “Itinéraire bis”.

Tout d’abord à cause du chemin que j’ai pris dans la musique : hors des sentiers battus, un peu escarpé, sinueux, où tu roules moins vite que sur une autoroute, mais avec une liberté autre. Tu peux t’arrêter, tourner à droite ou à gauche si t’as envie, tu peux prendre ton temps si tu veux… Vouloir être maître de son cheminement et de son évolution même si ça prend plus de temps, ça me représente vraiment.

Et “bis” parce que c’est le deuxième album. Dans “J’éclaire ma ville” je racontais mon itinéraire nº1 un peu, et là c’est mon itinéraire nº2, la suite de mon parcours. Et “bis”, c’est aussi le rappel, par opposition au retour : c’est l’heure du rappel, comme lors d’un concert. C’est le public qui me rappelle. Et je le dis dans le premier extrait “Haut la main” : “On n’a pas un métier facile , mais le public m’appelle / Il écoute encore “J’éclaire ma ville”, comme si c’était sorti la veille”.

Quels sont les beatmakers ce deuxième album ?

Soulchildren, Just Music, Nodey, Fays Winner et AngeFlex.

Et côté featuring ?

Taïro, Tiwony, Orelsan, Nasme, Dino Killabizz, et une amie de longue date qui s’appelle Calamity Jeanne.

Une date de sortie ?

Le 15 octobre.

Ce deuxième album a été conçu en mode “1 pour la plume” ?

Avec toujours la même application dans l’écriture et la même démarche globale. Ça reste dans la lignée de “J’éclaire ma ville” au point que j’ai failli l’appeler “J’éclaire ma ville 2”. J’y ai renoncé même si je trouvais ça marrant, c’était un message fort. Mais avec le recul j’ai trouvé que c’était pas une bonne idée, au niveau des instrus c’est une atmosphère différente quand même je crois.

D’ailleurs quelles sont les évolutions par rapport au premier album ?

J’ai essayé de perfectionner mon flow, qui était globalement un point faible dans J’éclaire ma ville. La linéarité  de mon flow m’est quelques fois revenue aux oreilles et j’ai tenté  d’aller plus loin dans ce domaine, de pousser la chansonnette vite fait sur un refrain, de collaborer avec une chanteuse, d’être un peu plus flow… Bon je sais pas si j’ai réussi. Après musicalement et lyricalement, mon objectif a toujours été de faire mieux que sur le premier. Je n’ai pas cherché à faire quelque chose de différent, ma seule idée en tête c’était de faire mieux. S’il y en a qui s’attendent à des instrus façon sample, petit piano, ou soulful, c’est pas du tout ça Itinéraire Bis, mais ça reste du Flynt. Et aussi, au niveau de ce que je raconte, j’ai voulu vraiment casser certains clichés.

Tu le faisais déjà sur le premier album…

Ouais c’est vrai t’as raison… Ceci dit je reste quand même parfois dans les codes de l’égotrip, ça fait partie de moi, comme dans “Haut la main” par exemple ou comme sur le titre avec Tiwony. Je suis pas totalement hors des codes du rap, mais j’essaie de m’en affranchir un maximum au niveau de mon discours, de mon mode de vie et de mes messages. J’essaie de montrer autre chose du rap, des rappeurs et de leur mentalité que ce qu’on voit majoritairement à la fois dans mes textes et dans mon attitude.

Tu es d’ailleurs un des seuls rappeurs à avoir écrit une chanson d’amour…

Y’en a d’autres, mais beaucoup se sont cassés les dents. C’est difficile de dire certains mots en rap. C’est pas facile à dire “Amour” ou “Je t’aime” en rappant. Et là dans le deuxième album, j’ai fait une chanson de haine, l’antithèse de la chanson d’amour, adressée à ton ennemi.

http://www.youtube.com/watch?v=76_fDepVXC8

Des dates de concert à annoncer ?

Le 28 septembre au Bataclan pour “Can I kick it ?”, le 13 octobre à la Miroiterie pour “Réflexion capitale”, le 20 octobre à Neuchâtel, le 27 octobre à Nantes, le 2 novembre à Pessac (Bordeaux), Toulouse le 30 novembre, Montpellier le 28 novembre, Nîmes le 13 décembre, le 26 janvier à Bruxelles. Et une date à moi à Paris mais je sais pas encore exactement quand. Et j’espère bien que d’autres dates vont se caler d’ici-là. Le teaser a secoué le cocotier en fait. J’avais fait quelques concerts sans actu fin 2011 et debut 2012, mais maintenant que j’ai annoncé l’album j’espère que ça va bouger de ce côté-là. Je fais tout ça beaucoup pour vivre ça.

Le mot de la fin :

Si j’ai pu produire mon disque, c’est en partie grâce à la boutique en ligne que j’ai mis en place et à tous les gens qui ont acheté un T-Shirt ou un album sur le site. Pour un indépendant comme moi, je trouve que c’est une bonne manière de boucler la boucle. Merci à eux, rendez-vous le 15 octobre.

Chronique de connaisseur sur le Rap en France : Flynt : l’éclairage permanent

Itinéraire bis : sortie le 15 octobre – Pré-commande : lien Fnac

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www.flyntmc.com

Première partie de l’interview : Flynt : l’interview (1/2)

Lire aussi : Flynt nous parle de son nouveau titre : “Haut la main”

Graff en début d’article by South Painters (Toulouse)

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