10 Bons Sons en janvier 2025

Qui dit mois de janvier dit avalanche de sorties. À l’instar du mois de septembre, nous aurions largement pu proposer non pas un 10 Bons Sons mais bel et bien un 20 Bons Sons, mais la règle c’est la règle.

Le 3 janvier : Duke Mobb feat. Chilly Gonzales, JeanJass, Tedax Max & Juliette Armanet – La ride partie 2

Après le succès du premier volume de La cassette, place au volume 2. On y retrouve des noms étonnants (de Isha à The toxic avenger en passant par… Morsay), et des collaborations improbables, à l’image de ce titre de clôture. Qui aurait pensé entendre Tedax Max, l’un des meilleurs rappeurs underground du moment aux côtés de Juliette Armanet ? Sur une production appuyée mais planante, on navigue ainsi de la nonchalance rigolarde de Chilly, vers celle plus maîtrisée de JeanJass pour aller vers un couplet tout en puissance de Tedax. Le tout est agrémenté d’un refrain soyeux et sans prise de tête. Le tube de l’hiver pour tous les sans-repères. – Jérémy

Le 8 janvier : Stony Stone – Constellations

On n’avait pas parlé de la musique de Stony Stone depuis 2023 et c’est avec curiosité qu’on a lu son nom au casting des participants de High & fines herbes saison 5. Si le programme de Caba et JJ fait la part belle à la légèreté et à la fumette, le morceau « Constellations » ose faire un part de côté. En effet, notre Marseillais à lunettes n’hésite pas à rapper son spleen sur un couplet unique, plein d’introspection, tout en ayant conscience qu’il a réussi une certaine ascension, lui qui part de loin. On aime particulièrement l’alliance entre forme très actuelle, mélancolie typiquement phocéenne et quelques réf’ d’hier (« Tonton du Bled ») et d’aujourd’hui (Yamé). On vous invite aussi à jeter une oreille au titre de BEN plg. – Chafik

Le 16 janvier : H JeuneCrack – Hustleuse (prod. Hologram Lo’)

Au travers d’une succession d’images – scènes de vie, H JeuneCrack dépeint au présent une histoire d’amour qu’on finit par deviner comme appartenant au passé, en s’adressant parfois directement à l’intéressée. « Je me lève tôt petit bisou sur le front, comme si je partais pour le front. Là je parle au toi du futur, au cas où elle écoute le son. » Décrivant une partner in crime du quotidien, la tonalité d’ « Hustleuse » se veut aigre-douce, bien aidée par l’instrumentale d’Hologram Lo’ et son sample de voix, oscillant entre répétition et mélancolie. Un an et demi après la sortie du trois titres La Pieuvre, force et de constater que la combinaison entre le rappeur et le beatmaker fonctionne toujours. Pour rappel, « Hustleuse » était le premier extrait de 1er mouvement, EP huit titres d’H JeuneCrack paru le 7 février. – Olivier

Le 16 janvier : GAL – JV FACTER (prod. Guydelafonsdal)

On vous en parlait non pas une mais deux fois, dans notre papier consacré aux rookies de 2024. Le rappeur Gal s’associe le temps d’un EP avec Guydelafonsdal pour un 5 titres très qualitatif ou se côtoient égotrip et introspection, le tout sur des excellents prod’ oscillant entre boombap funeste et sonorités beaucoup plus modernes. Le morceau que j’ai retenu ici (et ce fut difficile) c’est « JV FACTER » et sa quasi intégralité en drumless. Le sample y est pour beaucoup, rappelant les plus belles heures de Philippe Sarde ou encore des mélodies de films de série B italiens. Pour ce qui est du texte, Gal y fourre ses tripes, multipliant les rimes, les bonnes vieilles multi et certains schémas de rimes alambiqués, mais ô combien fastueux. Un régal. – Clément

Le 24 janvier : Youssoupha – Faire mieux (prod. JeanJass & Dee Eye)

Si Youssoupha est un rappeur qu’on suit et qu’on apprécie depuis Éternellement recommencement, ses deux derniers albums (Polaroid expérience et Neptune Terminus) nous avaient néanmoins moins plu que les précédents (NGRTD et Noir D****) ; trop de chant, pour pas assez de rap. Qu’allait être la direction artistique de son septième album Amour Suprême ? Très rapidement, on s’est rendu compte que Youssoupha avait trouvé l’équilibre entre rap et musicalité. Facile au micro, le bougre est revenu très inspiré et bénéficie surtout de prods cinq étoiles qui restent en tête, peut-être même plus que certains couplets. Sur le titre « Faire mieux », notre quadra regarde dans le rétro et reconnaît ses torts en multipliant les mea culpa. Certes, il n’est pas le premier à faire amende honorable de ses fautes, mais on n’est pas loin d’avoir un morceau de motivation et les phases marquantes, bien réfléchies sont nombreuses. Toujours est-il que Youssoupha nous a rappelé avec cet album qu’il est un sacré rappeur (mais peut-être pas la légende qu’il prétend être…). – Chafik

Le 24 janvier : Grödash – Tiger uppercut (prod. Nars Baks)

Le temps passant, une certaine nostalgie se développe pour ce rap français du milieu des années 2000, pourtant quelque peu décrié il y a quelques années encore. Grödash (lire notre interview « 10 Bons Sons »), un de ses fers de lance, plus productif que jamais, continue à démontrer ses qualités avec la sortie de Monnaie Time 3. « Tiger uppercut » porte bien son nom : une production boom-bap bien percutante, une sirène au refrain, un flow punchy, et des lyrics oscillants entre égotrip et regards convaincus dans le rétroviseur. Une proposition simple mais plus qu’efficace, par un rappeur qui semble avoir la dalle, plus que jamais. – Jérémy

Le 25 janvier : Cheval Blanc – La gâchette facile (prod. Cheval Blanc & Marty Santi)

Le rappeur de l’écurie Golstein a profité du mois de janvier pour balancer non pas un mais bien deux titres, qu’on espère extraits de son prochain projet. En début de mois il sortait « Dandy Sicilien » et ses violons trapuleux, et il y a quelques jours il enchaine avec « La gâchette facile », toujours avec des violons mais cette fois en mode drumless et saupoudrés d’une rengaine de piano. Petite référence à Jason Statham dans Un homme en colère pour la mise en image et des barz toujours aussi précises : « J’investis tous mes ronds je crois que j’aime le goût du risque, j’suis comme dans l’Iliade mais j’ai pas les atouts d’Ulysse« . En effet, ça flingue. – Clément

Le 28 janvier : Lapwass, Rowtag & Lucio Bukowski – « N°28012025 »

Comme au détour des années 2010, un nouveau freestyle de l’Animalerie numéroté de la date de parution est apparu sur YouTube le mois dernier. Dix ans plus tard, la science du sampling qui fait la patte d’Oster Lapwass est toujours présente du côté de l’instrumentale, et c’est une équipe réduite qui est venue poser ses couplets dessus, à savoir un membre historique du collectif (Lucio Bukowski, sous barbe blanche), accompagné de Rowtag, autre fine plume lyonnaise, dont la performance sur le premier couplet de ce freestyle donne envie d’en entendre plus. Comme sur les freestyles qui ont fait la renommée de L’Animalerie dix ans plus tôt, les images et les bons mots se succèdent dans un décor 100% 69, même si quelques couplets supplémentaires dans la même veine n’auraient pas été de trop. A noter que ce freestyle est désormais disponible sur les plateformes, ce qui n’est toujours pas le cas des autres numéros. Lapwass, si tu lis ces lignes… – Olivier

Le 30 janvier : Flynt – Encore chaud (prod. Jean Jass)

Mis à part quelques singles et un deux titres en collaboration avec Don Choa, Flynt est resté plutôt effacé depuis Ça va bien s’passer publié en 2018. C’est pourquoi, l’annonce de la sortie du projet Monsieur Julien par le biais de ce premier extrait est un véritable évènement. Le morceau « Encore chaud » servi en guise d’apéritif laisse entrevoir un travail de qualité. Cette nouvelle collaboration avec Jean Jass, avec qui il partage une sensibilité commune, est la preuve d’une direction artistique cohérente et ravira les fans de la première heure comme les nouveaux. Nous espérons revoir très prochainement le rappeur du 18ème sur scène, interprétant ce projet aux côtés de ses classiques. – Jordi

Le 31 janvier : Oxmo Puccino feat. Papi Teddybear & Dany Dan – Nouvel élixir (prod. AndreaLo)

Parmi les compilations chorales de ce mois de janvier, on retrouve de très bons titres sur le Lafyia Sessions d’Oxmo Puccino. Quelques combinaisons font plaisir, comme cette collaboration intergénérationnelle sur « Nouvel élixir ». L’insolence de Papi Teddybear rappelle celle dont pouvait faire preuve Dany Dan , qui se pose ici comme un ancien, le regard dans le rétroviseur où se reflètent quelques pensées profondes (« La perfection n’existe pas, on n’peut faire que des sans fautes« ). Malgré la performance efficace d’Oxmo (ça fait plaisir de l’entendre rapper sur ce type de productions), c’est bien cette filiation spectrale entre Papi et Dan qui prend le pas sur tout le reste. – Jérémy

Retrouvez également ces morceaux sur nos playlists Spotify et Deezer :

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