10 Bons Sons US en janvier 2025

2025 commence sous le signe des *** : Musk fait un salut nazi en pleine lumière, Spotify fabrique des artistes IA, à l’image de la Californie, la planète continue de cramer et en Palestine, l’horreur continue sous les regards détournés. Et dans ce merdier, le rap US est là pour nous servir la bande-son de ce chaos. Voici les 10 Bons Sons du mois de janvier.

Jameel Na’im X – Im not a conscious rapper (prod. SZN)

Extrêmement actif tout en préservant une consistance certaine, Jameel Na’im X a entamé l’année de la meilleure des manière avec un nouvel album, le 16ème (!) depuis 2016. Comme le titre l’indique, For my kids’ kids est l’occasion pour JNX de parler héritage non-matériel, et d’une sagesse d’ancien à transmettre aux générations futures. Musicalement riche et éclectique comme à l’accoutumée, le MC de la Nouvelle-Orléans fait encore l’étalage de tout son talent, sa voix grave à la limite de la nonchalance et son écriture agréable. On vous met l’eau à la bouche avec ce « Im not a conscious rapper », et vous recommande d’aller écouter le tout. – Xavier

Ankhlejohn – Michigan (prod. MVZONIK)

Voix criarde, flow saccadé à la limite du hors-temps, ambiances d’outre-tombe, on est encore bien tombé sur le fou du bus de la capitale. Même s’il s’est depuis rangé vers de la production plus classique, moins de versets sataniques et des samples plus issus d’albums de soul que de bandes originales de films d’horreur, Ankhlejohn en a toujours sous le pied. Les 8 titres de Give Grace entrent en effet plutôt dans la seconde catégorie, en particulier « Michigan », faisant office de conclusion au EP, qui se comprend comme un retour à l’enfance. – Xavier

Jae Skeese – Round & Round (prod. Imminent Productions)

Jae Skeese a entamé l’année tambour battant en publiant coup sur coup 40 Hours et sa version Deluxe (cette dernière le 1er février). Un EP qui semble faire office de transition entre l’excellent Ground Level sorti en août et un probable futur album. On notera également que l’EP ne sort pas sur le label Drumwork de Conway, auquel Jae Skeese est toujours affilié aux dernières nouvelles. Pour revenir à la musique, 40 Hours ne paie pas de mine, mais fait le café. L’écoute est agréable du début à la fin, et quelques titres solides, comme ce « Round & Round », continueront de squatter nos playlists. – Xavier

MIKE – Bear Trap (prod. DJ Paradise & dj blackpower)

Le rappeur du Bronx MIKE débute l’exercice 2025 le couteau entre les dents puisque son douxième projet solo (hors EP et album commun) vient de sortir. Showbiz! est la démonstration pure et simple de ce que fait le mieux MIKE : un style brut et introspectif, mêlant une écriture profondément émotionnelle à des productions lo-fi et expérimentales, inspirés du soul et du jazz, souvent brumeux et déconstruits. Seul petit bémol de cet opus : un peu trop long à mon goût, malgré des morceaux très courts mais parfois (trop) oubliables. – Clément

Fly Anakin – MY N*GGA feat. Quelle Chris, $ilkmoney & Big Kahuna OG (prod. Shungu)

A la croisée des chemins entre le hip-hop brut de décoffrage de NY et des vibes très sudistes, le rappeur originaire de Richmond en Virginie Fly Anakin continue son petit bonhomme de chemin, en soignant ses sorties, ses apparitions et ses choix artistiques. Son nouvel album (The) Forever Dream est prévu pour le 25 avril via Lex Records, et sera produit en grande partie par Quelle Chris. Le projet rassemblera un casting impressionnant de rappeurs et beatmakers, dont Pink Siifu, The Alchemist, BbyMutha, $ilkmoney, Big Kahuna OG ou encore Nickelus F. Le premier extrait, « My N**a* », est sorti récemment : des batteries titubantes, un synthé aérien un peu rétro et des fins limiers derrière le chrome. Voyez plutôt. – Clément

Miles Cooke – the book of job part ii (prod. Roper Williams)

Découverte du mois avec Miles Cooke, rappeur de Brooklyn qui vient de sortir Ceci n’est pas un portrait, son second projet après i used to feel things. 10 titres jazzy, très brumeux, très bien produit et ma foi, très bien rappé. Ceci n’est pas un portrait sent la fatigue et le béton froid. Pas de nostalgie dorée, pas d’embellissement, juste le poids du quotidien qui s’imprime dans chaque ligne. Un disque qui nous met face à une ville qui broie, un système qui étrangle et une époque qui file droit dans le mur. Le morceau choisi ici, « the book of job part2 » oscille entre résignation et lucidité extrême, le tout sur une prod’ de Roper Williams dont il nécessaire d’écouter son excellent Too Beautiful to Die sorti en novembre dernier. – Clément

Jeshi – Every dog (prod. ARHAN ALFRED BRANCH, Dom Valentino, Jesse Nathaniel Greenway Bailey & Yannick Witvoe)

Pour son deuxième album, le rappeur anglais Jeshi a livré un disque audacieux aux ambiances musicales variées. Sur « Every dog », il se livre sur une rythmique syncopée accompagnée de sonorités électroniques angoissantes. Cette ambiance de chants des sirènes urbain, il l’aborde avec un ton désabusé qui prend des tournures plus convaincues sur le second couplet, le tout encadré par un refrain aux accents Mac-Millerien. Jeshi traite de ses imperfections et de ses angoisses en se comparant à un chien errant, jamais dans les temps. En creux, se déroule l’histoire d’une relation qui se dégrade pour aboutir à une rupture. Comme sur un certain nombre de morceaux de Airbag woke me up, tous les éléments s’entremêlent de manière cohérente pour créer une chanson puissante, réfléchie et émouvante. – Jérémy

RJ Payne & Bucky Luger – Submit

Acheter, obéir, consommer, (se) conformer et se soumettre. Tels sont les commandements que malsains que la société américaine/occidentale impose, qu’elle attend de tous et donc, notamment, de RJ Payne. Ce dernier a donc décidé d’en faire un EP de 5 titres entièrement produit par Bucky Luger. Alors, sur le papier, ça a l’air foutrement casse gueule. Mais RJ Payne a le bon goût de bien rapper, de ne pas tomber dans le ridicule (même quand il rappe des évidences) et, avant tout, de menacer un peu tout le monde des pires sévices physiques par-ci, par-là. Citoyen modèle. – Wilhelm

V Don & Eto – Mafia

Duo qui ne déçoit jamais, V Don & Eto remette le couvert le temps d’un single pour annoncer un disque du producteur avec la troupe de la Black Sopano Mafia (et une signature ?). Entre un extrait bien senti de Donnie Brasco et un autre probablement des Sopranos (on distingue assez mal), l’alchimie entre les deux hommes se perpétue autour d’une mélodie pressante et entêtante, laissant à Eto tout le loisir de nous trainer dans un univers crapuleux, poisseux. Sorti également en janvier, le reste du disque est globalement plutôt anecdotique mais pas désagréable. – Wilhelm

Rio da Yung Og – Off-rap (prod. Wayne616 & NitoBeats)

Emprisonné durant l’été 2021, Rio Da Yung OG avait suffisamment enregistré de morceaux pour continuer à alimenter le marché trois ans durant. Le rappeur du Michigan a finalement été libéré en décembre 2024, et Rio Free est son premier projet depuis sa sortie de prison. Dans les premières images de ce nouveau clip, on le voit même au côté de ses enfants, grosse montre au poignet. La recette, on la connaît bien : une rythmique survoltée, un flow en décalage et des lyrics qui passent du coq à l’âne en imprimant des images à la chaîne comme des billets de banque. Rap-game, paranoïa, prison, célébration matérialiste : les diapositives de Rio da yung OG s’entremêlent dans un bordel étrangement jouissif. – Jérémy

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