10 Bons Sons en janvier 2023

Nous sommes au début de l’année, l’hiver est plutôt vigoureux ces derniers temps mais cela n’empêche pas qu’une grande majorité des français manifeste contre ces hurluberluesques réformes et décisions de ces ubuesques membres du gouvernement. Et afin d’éviter de péter une durite dès le premier mois de l’excercice 2023, tachons de se changer les idées avec 10 morceaux de rap francophones. Ah oui, et bonne année. 

Le 31 janvier : L’exécuteur de Hong Kong – « Vue sur l’océan »

L’exécuteur de Hong Kong fait partie de ces rappeurs qui traînent leurs guêtres dans l’underground depuis des années sans jamais vraiment voir la lumière, mais qui continuent à développer leur univers dans leur coin, son après son. Il sortait ce mois-ci un nouvel album aux influences 80’s sur lequel on retrouve ce morceau mélancolique. Le débit est posé, le flow presque parlé, l’esprit contemplatif. L’exécuteur dévoile son esprit d’indépendance, son aspiration à la tranquillité et son dédain pour les aspects les plus crasseux du monde matériel, posé sur le pont du bateau, les yeux vers l’horizon. Le décor parfait pour séparer le bon grain de l’ivraie, l’imaginaire et la tranquillité prenant le dessus sur tout le reste. – Jérémy

Le 15 janvier : Djado Mado – « Combine » (prod. Madizm & Keyser Soze Beats)

Originaire de Valence, et déjà auteur de trois albums parus entre 2020 et 2021, Djado Mado sortait ce mois-ci un EP nommé RDV. Ce titre vient ouvrir le projet d’un grand coup de pied dans la porte. Avec ses samples déviants et sa lourde batterie, la production pose d’emblée une ambiance appelant au kickage, terrain sur lequel Djado Mado n’est pas en reste. Le débit est soutenu, la voix se casse souvent en fin de ligne. L’énergie déployée peut rappeler celle d’un Niro ou d’un Fianso. Djado ne se contente pas de kicker mais se dévoile également autour de quelques phases, allant jusqu’à conter son paradoxe familial : « Pur produit du colonialisme, j’ai des ancêtres esclaves et des ancêtres esclavagistes« . Voilà une grosse introduction. – Jérémy

Le 17 janvier : Zeu – « RARE » (prod. j’san & Epektase)

Après la pépite old school « Haaland » délivré au mois de décembre, Zeu remet le couvert avec « Rare », qui reprends le mood de son prédécésseur. Prod’ sombre, minimaliste mais ô combien efficace (on retrouve encore et encore Epektase à la co-prod) et un couplet unique (et bien trop court) du membre de CZ8 qui démontre une fois de plus son aisance sur n’importe quel beat. Si ça ne tenait qu’à moi, je signerais bien pour un EP où la drill en serait absente. – Clément

Le 20 janvier : Caballero & JeanJass feat. Enima & Limsa d’Aulnay – « Tornado » (prod. MW, Nickhel & JeanJass)

Sur ce deuxième volume d’High & Fines herbes, on retrouve encore une belle brochette d’invités. Sur « Tornado », Enima est au refrain, Caba, JJ et Limsa lâchent des couplets remplis d’attitude et d’insolence. On y célèbre la mort d’un politique, on s’y compare à Alliance Ethnik et on s’ambiance sur du Amerie au détour d’une étonnante phase de Limsa. Tout à l’air facile quand ces trois-là rappent, mais leur nonchalance n’est que feinte comme en témoignent leurs placements toujours précis. La série « High & Fines Herbes » a le mérite de faire naître des collaborations inédites dont on ne savait pas qu’on avait besoin. – Jérémy

Le 27 janvier : La Rumeur – « Comment rester propre ? » (prod. F.A.S)

 Annoncée depuis plusieurs années, la sortie du nouvel album de La Rumeur semble enfin imminente. Un an après le morceau « Saturé », Le Bavar, Hamé et Ékoué viennent de publier le clip  de « Comment rester propre ? ». Celui-ci vient rappeler que dix ans après la publication de leur dernier album, le groupe manque terriblement au rap français. Leur univers inimitable aux ambiances cinématographiques se caractérise une nouvelle fois ici par une plume cinglante sublimée par une production métallique de F.A.S. Le clip brillament réalisé par Hamé permet d’annoncer la sortie en salle du film « Rue des Dames » prévue pour le 10 mai. Une nouvelle production La Rumeur Filme qui risque de ne pas nous laisser insensible. – Jordi

Le 16 janvier : Jeff Le Nerf – « J’écrirai pas » (prod. Misère Record)

Issu de compilation Deadline, parue ce mois-ci, « J’écrirai pas » de Jeff Le Nerf (lire l’interview « 10 Bons Sons ») est sorti à la mi-janvier en guise d’extrait. Pluie de multisyllabiques sans l’esbrouffe qui peut accompagner un tel étalage de technique, flows divers et variés, placements qui viennent cueillir l’auditeur… Le morceau vient nous rappeler pourquoi on aime autant le rap de Jeff Le Nerf, pour qui la réalisation de ce genre de performance semble être d’une facilité déconcertante. Plus productif sous son alias « Cruel » ces derniers temps sur de la drill, les nouveaux titres signés JLN sont rares, ne boudons pas notre plaisir. – Olivier

Le 26 janvier : Vîrus x Al’Tarba – « Méthode Rouge » (Orchestration Version Live)

Hifi disait dans « Mon son est ghetto » : « Y a des jours avec, y a des jours sans, y a des jours impecc’, y en a des rouge sang » et c’est un grand jour lorsque l’on a la chance d’avoir « Méthode Rouge », le nouveau morceau de Vîrus en collaboration avec Al’Tarba à se mettre entre les oreilles (les deux lascars nous avaient déjà offert le morceau de l’année 2017 avec « La nuit se lève »). A chaque mesure qui s’écoule, le choc des images, les figures de style, les détournements d’expressions, les associations de mots inattendues se succèdent. Surtout, c’est la richesse du texte à tiroir qu’on comprend mieux à chaque nouvelle écoute qui est assez bluffante, Vîrus maîtrisant l’art du contre-pied comme personne (de la musique qui se réécoute selon Médine). Sans parler de l’interprétation… Le bougre réussit d’ailleurs le tour de force d’être raccord avec la prod d’Al’Tarba et de l’orchestration magistrale des musiciens de l’ESM Bourgogne Franche Comté (prends toi ça Hip Hop Symphonique !). Bref, allez écoutez cette merde. – Chafik

Le 27 janvier : Sadek – « A contre-courant » (prod. KazH)

Sadek est donc revenu, à grand renfort d’une comm anti comm, et pour notre plus grand plaisir, nous assomme avec une intro dans l’essence la plus pure de ces freestyles dont il a le secret et que rien ne semble pouvoir arrêter. Comment ne pas se laisser encore une fois emporter par ce flot ininterrompu de rimes impeccables et de placements aventureux mais toujours réussis, venant relever d’une pointe de piment l’intensité du storytelling ? A chaque paragraphe, la réalité blesse autant que le ressenti touche. Une petite ambiance « petit prince » donc, pour une entrée en matière plus que réussie, qui ouvre la voie à un album du même acabit. Il parait qu’il y en aura d’autres cette année. Si Sadek continue de construire avec autant de force sur cette solide approche, 2023 devrait être un bon millésime pour le Francilien, et un bon cru pour nous. – Sarah

Le 18 janvier : Keroué – « Pablo » (prod. DELHO)

Après Eckmühl, son très bon premier opus sorti l’an dernier, Keroué, la moitié de Fixpen Sill, attaque l’année 2023 sur les chapeaux de roues. Faut dire que en guise de cadeau de noël, il nous avait gratifié d’un 2 titres tout aussi chatoyant. Toujours en collaboration avec l’excellent beatmaker Delho (qui a produit 99% d’Eckmühl), Keroué ne ralentit donc pas le rythme et lache un morceau bigrement efficace : « J’ai capté ta fausseté en zoom rapide, j’suis déjà à cent le temps qu’tu trouves la prise« . Ça rappe fort comme dirait l’autre. Rendez-vous dans les semaines qui arrivent pour probablement de nouveaux morceaux et une date pour son prochain EP. – Clément

Le 9 janvier : The Free – « Phénix » (prod. Spezial)

Ce mois de février verra la naissance du nouvel album de The Free intitulé Filaments Bleus. Pour le moment, l’ex-membre de Stamina réalise un sans faute avec la sortie de deux extraits remarquables, « Un été sur la brèche », déjà présent dans notre sélection mensuelle d’octobre et « Phénix » en ce début d’année. Dans le clip de celui-ci, mis en image par Pierre Manuel Huchet, le rappeur orléanais prouve qu’après plus de dix ans de présence sur la scène rap français, il demeure toujours une référence et un artiste talentueux. Comme il le rappe lui-même sur ce morceau : « Dans ce rap faudrait qu’on me crédite, donné pour mort je renaîtrai comme le phénix« . Et si Filaments Bleus était l’occasion idéale pour que sa carrière prenne l’ampleur qu’elle mérite ? – Jordi

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