10 Bons Sons US en janvier 2023

Les premiers mois de l’année aux Etats Unis riment souvent avec télévision et évènements artistiques et/ou sportifs suivis par des millions de personnes. Le mois de janvier présente sa fameuse cérémonie des Golden Globes qui nous prépare aux oscars de février et conclut les phases finales de la NFL qui teasent le grand rendez vous du Super Bowl. Si vous ne suivez ni l’un ni l’autre ça vous fait une belle jambe et c’est pourquoi nous cessons immédiatement nos billevesées pour se focus sur la musique, en 10 petites mentions.

Fly Anakin – Blicky Bop (prod. Foisey)

Si il y a bien un album qu’on a oublié de citer dans notre rétrospective de l’année dernière c’est Frank, de Fly Anakin. Un projet aux productions très soignées (Madlib, Evidence) et à l’univers singulier et rafraichissant.
Le rappeur de Virginie retrouve d’ailleurs le producteur du Connecticut Foisey avec qu’il a aussi collaboré sur trois morceaux sur son premier opus. Le résultat est plutôt différent pour ce premier titre de l’année, le côté lo-fi laisse la place à un morceau plus « shinny » et plus synthétique. « Blicky Bop » est le premier extrait du double EP Skinemaxxx qui sortira le 5 avril chez Lex Records. Une entrée en matière plûtot efficace. – Clément

El Michels Affair & Black Thought – Grateful

Après l’incroyable Cheat Code sorti l’an dernier avec Danger Mouse, Black Thought revient cette fois ci aux côtés de Leon Michel, boss du groupe El Michels Affair. Le emcee légendaire de The Roots profite d’une magnifique production aux samples poussiéreux et à la basse bien grasse pour délivrer un petit banger dont lui seul à le secret. Au vu de la qualité des dernières apparitions du emcee de 51 ans, Glorious Game promet de belles choses. Rendez vous en avril prochain. – Clément

Stoic – Loose Change feat. Ovrkast

Originaire de la grosse pomme, Stoic est un producteur jeune et talentueux, actif depuis 7-8 ans. Fortement inspiré par Madlib, The Alchemist ou encore Mac Miller, Stoic distille tous types d’instrumentales, avec un goût prononcé pour le « lofi rap » si toutefois on peut le nommer ainsi. Cela ne l’empêche pas de varier les plaisirs en donnant dans tous les styles, avec une musicalité assez singulière et une brillante utilisation des samples. Après avoir sorti une petite flopée de single en 2022, Stoic devrait sortir son premier album Dummy le 24 février prochain. On devrait y retrouver Nyck Caution, CJ Fly ou encore celui présent sur notre morceau sélectionné : Ovrkast. Et pour ceux qui veulent en découvrir un peu plus, direction sa chaine youtube ou il poste une prod’ tous les 2-3 jours. – Clément

Rio da Yung OG & RMC Mike – No big homie (Prod. Marc Boomin)

Voilà les deux frangins de nouveau réunis pour un de ces clips boutiquiers dont seul le rap a le secret (spoiler : les mouvements de caméra donnent envie de vomir). Mais passons. Ce qui nous intéresse avant tout, c’est le rap rempli de césures de Rio et RMC Mike. Esquissé, le thème de l’amitié s’évapore bien vite au profit des traditionnelles boutades des deux hommes , qui ne cessent de naviguer entre humour et ultra-violence. Leur comparaison avec les anti-héros de « Dumb and Dumber » avait du sens, mais ils ont peut être plus à voir avec les Jay & Silent Bob de Kevin Smith. – Jérémy

BabyTron – Mr Hanky (prod. byekyle & RizzyGotTheHeat)

Nouveau tour du côté du Michigan et de ses shit-talkers, et cette fois c’est Babytron qui est à l’honneur. Assis sur son trône de papier toilettes, le rappeur débite un texte qui paraît sans début ni fin sur une production synthéthique et ultra-répétitive. Les références pleuvent dans tous les sens, passant de la série Shameless à la NFL. C’est sans queue ni tête, à moitié dans l’égotrip et à moitié dans l’auto-dérision, à l’image de cette phase qui donne son titre au morceau : « I’m the shit like Mr. Hanky ». On peut aisément se laisser prendre au jeu pendant quelques tracks, mais il faut cependant avouer que sur tout un projet, ça peut devenir réberbatif. – Jérémy

Styles P – Haunted House (prod. Bo)

Cela faisait un moment que l’on n’avait plus entendu Styles P sur un long format, malgré sa discographie solo longue comme le bras. Avec Penultimate : A Calm Wolf is still wolf, il renoue avec son amour pour les titres à rallonges et à tendance sentencieuse. Rien de révolutionnaire pour les suiveurs de longue date du vétéran du Yonkers, mais c’est toujours un plaisir d’entendre de ses nouvelles et de constater que l’âge n’agit pas sur lui. L’instrumentalisation variée, le goût pour l’épouvante et une pratique du rap qui ne faiblit pas. Toutes ces caractéristiques se retrouvent sur l’excellent « Haunted House », et sa production diablement efficace faite de tintillements de clochettes sur une batterie relativement lente. – Xavier

Boldy James & RichGains feat. Sir Michael Rocks & Sammy Haig – Dead Game

Boldy James ne nous laissera jamais tranquille. Avec Indiana Jones, c’est un nouvel album long, dense et musicalement riche qu’il nous livre ce mois-ci.  Intégralement produit par RichGains, qui a déjà produit ponctuellement l’intéressé, l’album fourmille de propositions intéressantes et rappelle Boldy à ses plus jeunes années, lorsqu’il officiait plus habituellement sur des instrumentales modernes. Si l’on émettra un bémol sur le nombre important d’invités pas toujours dans les standards de qualité que l’on souhaiterait, les 53 minutes du disque sont un réel plaisir. Une fois n’est pas coutume, c’est le titre de sortie que l’on vous propose de découvrir dans cette sélection, avec la petite et inhabituelle touche de saxophone qui va bien. – Xavier

Don Gunna – Sinz (prod. No Face)

Découvert l’an dernier sur le premier volume de The Graveyard, où il était accompagné par Dark Lo, Don Gunna est cette fois seul sur le (long) second volume, son compère croupissant malheureusement dans les geôles fédérales pour un certain temps encore. Très peu connu, Don Gunna est un porte-étendard de l’underground de Philadelphie que Dark Lo et sa maigre exposition s’est évertué à mettre en avant tout au long de sa carrière. Bien que natif d’Allentown, à mi-chemin entre New York et la plus célèbre ville Pennsylvanienne, il est un représentant parfait de ce rap criard, lugubre et agressif des Philly Boys. Un bon exemple en est « Sinz », qui est un porte d’entrée certes très peu engageante mais plutôt représentative. – Xavier

RJ Payne – Thanos (prod. PA.Dre)

Avec un album et trois singles qui n’en sont pas extraits, RJ Payne commence l’année 2023 avec l’envie de continuer d’en découdre, sans signe de fatigue apparent. Sur « Thanos », la colonne rythmique de la production en retrait et la voix brute de Payne donnent un aspect maquette au morceau, qui colle parfaitement au couplet fleuve du Nord-Carolinien. Son flow crié typique s’accorde d’ailleurs parfaitement avec la boucle de violon – qui aurait tout à fait pu finir dans un morceau de notre côté de l’Atlantique.  – Wilhelm

Jadakiss & Swiss Beatz – Hustle, repeat

Il y a un peu plus de trois ans, Swizz Beatz avait concocté le très réussi « Just In Case » avec Rick Ross et DMX pour accompagner la sortie de la série Godfather of Harlem. Alors que la troisième saison entame sa diffusion, il ressort le bleu de chauffe et appelle un autre bon copain à lui : Jadakiss. Les cuivres oppressants et les caisses claires en contre-temps typiques de Swizz accompagnent un Kiss menaçant et déterminé comme on l’aime. Les deux compagnons nous offrent ce qu’ils font mieux, campés dans leur zone de confort, au grand dam de tous les coachs en développement personnel et autres défenseurs de la réforme des retraites. C’est aussi ça, le rap engagé. – Wilhelm

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