Bien que nos MC’s outre-Atlantique n’aient pas chômé durant la traditionnelle pause estivale, c’est peu dire que la rentrée a été extrêmement riche, avec une myriade de sorties dans tous les sous-genres existants. Nous avons tenté de faire le tri dans tout cela pour vous offrir, comme à notre habitude, la meilleure des sélections.
A$ap Twelvyy – Kid$ Gotta Eat (prod. Ran Van Dam & Zeke)
Celui qui est probablement le membre le plus sous-coté du collectif A$ap nous régale d’un nouveau morceau très groovy, pas totalement drumless, et au texte bigrement efficace. Il fait bon de réentendre le emcee de Harlem, qui profite de l’année 2022 pour distribuer un bon nombre de singles, tous aussi qualitatifs les uns que les autres. On attend à présent son EP, annoncé depuis février dernier. – Clément
Vel Nine – Winning Team feat. YL (prod. Zoomo)
Celle qui se nommait anciennement Vel The Wonder et que l’on apprécie tout particulièrement du côté de la rédac’ (ou alors ça ne concerne que moi) signe son retour, presque une année après son dernier morceau « Samurai ». Nouveau blase donc, et nouveau projet intitulé Freakjet, composé de 9 titres hélas plutôt courts. Instrumentale drumless (oui, encore une fois, drumless is the new boom-bap), texte incisif, invité pas trop mal, clip efficace… Bref, un bon morceau teaser pour aller écouter le reste de son projet. – Clément
KA – Ascension
Ka nous a fait la belle surprise de sortir deux nouveaux albums en ce mois de septembre. Comme d’habitude, la communication a été minimaliste voir inexistante, et les projets ne sont pour le moment par sur les plateformes de streaming. Néanmoins, un clip a vu le jour, celui de « Ascension », issu de Languish Arts. On peut y voir Ka déambuler dans un New-York métallique où il semble seul au monde. Côté son, on reste sur une de ses traditionnelles prod’ drumless où il débite un texte riche et compact avec un calme olympien : « Don’t waste ink, I’m succinct, It’s measured efficiency ». – Jérémy
Ramirez – Six feet under (prod. Mikey the magician)
Souvent aperçu aux côtés de $uicideboy$, Ramirez développe aussi de son côté une longue discographie solo. Son dernier album « Tragedy of a clown » développe des accents horrorcore mais on y trouve aussi ce type de titres introspectifs très sombres (celui-ci a été écrit lorsqu’il était en cure de désintoxication). Ramirez y campe la position la position d’un homme esseulé, incapable de voir l’espoir pousser dans les ténèbres et à deux doigts du suicide. La prod’ elle même semble nous entraîner dans les limbes, à l’instar de ce refrain hypnotique. Une ambiance quelque peu Three 6 Mafia qui fait son effet. – Jérémy
D Smoke – El Rey (prod. Dem Jointz)
D Smoke est un rappeur de 36 piges, grand gagnant de la première saison de Rythm & Flow (l’émission originale qui a débouché en France sur Nouvelle Ecole et dont on se serait allègrement passé) et actif depuis pas mal d’années. Sa réussite sponsorisée par Netflix a pour le coup eu du bon, puisque l’on a découvert (pour ma part) un rappeur doué, au flow mielleux et à la musicalité solide.
Le 16 septembre, le rappeur d’Inglewood a rendu hommage au Mexique avec le morceau « El Rey » et son joli sample de José Alfredo Jimenez, le tout avec un couplet rappé en espagnol, histoire de bien marquer le coup. Le morceau est de très bonne facture et possède une certaine vibe qui rappelle agréablement SiR. Ah bon c’est son grand frère ? Au temps pour moi. – Clément
Mickey Diamond & Machacha – Metal Slug
Avec une voix et une diction faisant froid dans le dos et un blase de méchant dans un film de Guy Ritchie, Mickey Diamond est à n’en pas douter l’une des attractions de l’année 2022, bien qu’il ne soit encore jamais apparu dans notre sélection. Entièrement produit par Machacha, Bulletproof Bathrobes vient ajouter une nouvelle pierre à une discographie déjà bien fourni cette année. Comme à son habitude, Mickey fournit un disque fort d’une esthétique riche et thématique, tant sur le plan visuel qu’instrumental. Très largement inspiré du comic book de science-fiction, l’album dans son édition collector est justement accompagné d’une BD et d’une collection de figurines. Cette inspiration est également très audible dans les productions de Machacha, comme sur ce« Metal Slug ». – Xavier
Freddie Gibbs – Rabbit Vision (Prod. J.U.S.T.I.C.E. League)
Et si septembre avait vu naître l’album de l’année ? La question mérite d’être posée tant ce $oul $old $eparately en a toutes les caractéristiques, de la variété et la richesse des sonorités et des registres utilisés, à la qualité d’écriture et surtout, le très haut niveau de rap qui nous est proposée. Si l’on excepte les quelques invités « cahier des charges », c’est un quasi sans faute pour le rappeur du Midwest, qui ne nous a certes, jamais vraiment déçus. Alors comment s’y retrouver dans un ensemble qui est aussi qualitatif qu’il est composite. Evidemment séduits par la nouvelle association « cigare music » avec Rick Ross, nous choisissons finalement de mettre en avant « Rabbit Vision », et la superbe partition de J.U.S.T.I.C.E. League. – Xavier
Cam’ron & A-Trak feat. Conway – Ghetto Prophets
Depuis le surprenant et étonnamment très bon second volume de Purple Haze, on n’avait plus beaucoup de nouvelles du leader des Dipset, si ce n’est la fameuse battle où son groupe s’est fait rouler dessus par l’invincible Jadakiss. Heureusement, de l’eau a coulé sous les ponts, et c’est avec plaisir que l’on retrouve le roi d’Harlem sur un court opus, entièrement produit par A-Trak (un beatmaker/DJ essentiellement connu pour ses productions solos). Si tout n’est pas génial, on soulignera tout de même ce très bon morceau avec notre cher Conway, que l’on retrouve avec plaisir sur une instrumentale triomphale, dans un registre qu’il n’a pas l’habitude de dompter sur ses albums solos. – Xavier
Rome Streetz – Ugly Balanciaga’s (prod. Conductor Williams)
Avec son premier album chez Griselda, Rome Streetz embrasse pleinement l’esthétique du label tout en restant fidèle à une discographie de grande qualité. Kiss The Ring complète idéalement le travail abattu depuis quelques années. A ce titre, les producteurs attitrés de l’équipe, et en particulier l’omniprésent Conductor Williams et ses tags bien sentis, offrent une esthétique légèrement différente à un rappeur qui scande régulièrement le nom de son écurie dans des couplets toujours incisifs et percutants. Les plus mauvaises langues pourraient dire que c’est un peu un album de Westside Gunn avec un meilleur rappeur derrière le micro, nous n’en ferons pas partie. – Wilhelm
Black Soprano Family – Danger Zone (prod. Ricky Hide)
Pour célébrer la mémoire de DJ Shay, sorte de figure paternelle pour une grosse partie de – si ce n’est toute – la Black Soprano Family, cette dernière a décidé de rassembler ses forces autour de Long Live DJ Shay. L’occasion étant, on l’imagine, très importante pour tous, on sent un soin global tout particulier dans la confection de l’album-hommage. Personne ne se fait humilier par les invités (pourtant pas des moindres), chacun apporte sa brique à l’édifice et le séquençage semble pensé comme un ensemble plutôt que comme une compilation de morceaux divers, ce qui pouvait faire défaut aux précédentes réunions. – Wilhelm