Le premier mois de cette année 2020 s’est achevé dans la douleur avec la disparition tragique et soudaine de Kobe Bryant (ainsi que 8 autres personnes, dont sa fille Gianna), légende de la NBA et des purple & yellow de Los Angeles. Vous aurez remarqué que dans nos colonnes et cela depuis le début, on évoque souvent la NBA, tentant même de faire quelques analogies quand l’occasion se présente. Alors on est forcement affecté par cette triste nouvelle et on va essayer de se vider la tête avec cette nouvelle édition des 10 bons sons américains.
Cardo, Payroll Giovanni, HBK & Larry June – Best Behavior
Aux manettes de nombreux gros hits ces dernières années (citons « God’s Plan » ou encore « That Part »), le beatmaker texan Cardo revient à ses premiers amours, la G-Funk de la Bay Area. Et qui de mieux que Payroll Giovanni, avec qui il avait sorti les très réussis deux volumes de Big Bossin’, pour accompagner ce retour. Mais les deux compères ne sont pas seuls. A ce duo bien connu des aficionados des douceurs de la Bay, il faut encore ajouter Larry June, local de l’étape puisqu’issu de la scène de San Francisco, ainsi que HBK, ancien compère de Payroll au sein des Doughboyz Cashout. Ce quatuor nous livre donc une dizaine de titres qui coulent tout seul, et dont il est complexe d’extraire un morceau. Nous avons finalement opté pour « Best Behavior », et l’entrée fracassante de Payroll. – Xavier
Icewear Vezzo feat. Mozzy – Gang Time (Prod. Antt Beatz)
Toujours Detroit mais ambiance différente. Le très productif Icewear Vezzo n’a pas tardé pour signer son entrée dans l’année 2020. Pas de révolution avec Drank Baby, mais toujours ce mélange très intéressant entre le rap sirupeux du sud et la violence de la scène de Detroit. Et dans cet ensemble s’est dissimulé une véritable perle avec cette collaboration avec Mozzy, la voix criarde de Vezzo se mariant parfaitement à la force tranquille du MC de Sacramento. Et puisqu’on en parle, on ne saurait que vous recommander le dernier clip de celui-ci, qui n’a pas su se glisser dans notre sélection. – Xavier
Fred The Godson & Jay Pharoah – Press Play
Curieux projet que cette association entre le rappeur Fred The Godson et l’humoriste Jay Pharoah. En effet, entre les couplets percutants du MC du Bronx, l’humoriste nous offre des skits résonnant avec le rôle de Denzel Washington dans l’une de ses masterclass. Mais c’est pourtant bien pour le rap que l’on vous parle de ça. Déjà auteur de l’excellent God Level en fin d’année dernière, le gros Fred nous prouve encore qu’il fait partie des MC’s les plus solides de la grosse pomme, en ce qui concerne la pratique du rap sur des beats soulful et rythmés, chers à la Mecque du hip-hop. – Xavier
A$ap Ferg – Value (Prod. Razjah)
Regardez-le, regardez-le, regardez-le ! C’est qui ? C’est le roi de la trap !
A peu de choses prêts nous avons là le gimmick de Ferg pour ce single, intitulé « That Value » . Quelques mois après la sortie de son EP Floor Seats, le natif de Harlem revient aux affaires pour nous prouver sa valeur. En tant que « Trap God » et membre du bien connu collectif A$AP Mob, Ferg se devait de débuter cette nouvelle année avec un bangerz 100% testostérone. Et on connait la recette, quelques bells, une grosse 808, des drums de bourrin et le tour est joué, on peut s’enjailler pendant quelques heures. – Clément
Mick Jenkins – Carefree (Prod. Black Milk)
Le 10 janvier sortait le quatrième album studio de Mick Jenkins, intitulé The Circus.
Quelques jours avant la sortie, l’artiste originaire de l’Alabama a dévoilé « Carefree » et son ambiance soulful asfuck. Dans ce morceau, Mick Jenkins nous parle d’un sujet qui malheureusement sera toujours d’actualité dans le pays de l’Oncle Sam : la discrimination policière envers les afro-américains. Le rappeur nous raconte une agréable nuit d’été passée avec ses amis jusqu’à que la police viennent pourrir le reste de la soirée, uniquement à cause de la couleur de leur peau. 2020 donc, et ça n’avance toujours pas, à croire que rien ne change à part les saisons. Pour finir sur une note plus positive, je vous encourage à écouter l’intégralité de ce nouvel album, qui se dévore très facilement et contient quelques très bon morceaux. – Clément
MoneyBagg Yo – Thug Cry (prod. Javar Rockamore, DruArmada et Tahj Money)
MoneyBagg Yo est un homme sensible et il se montre aux yeux du monde sous un visage abattu, comme El Chapo ou De Niro dans Mafia Blues – et il y avait de quoi pleurer devant ce navet. Outre l’excellent production signée Javar Rockamore, DruArmada et Tahj Money, Thug Cry a le bon gout de s’intégrer dans un disque globalement d’excellente facture et, si la discographie du bougre est très dense, elle est surtout suffisamment inégale pour qu’on ne boude pas notre plaisir à l’écoute de Time Served. – Wilhelm
Key Glock – 1997 (prod. BandPlay)
Après des performances remarquables aux côtés de son illustre cousin il y a quelques mois sur Dum and Dummer, il conclut le mois de janvier avec la Yellow Tape. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeune prodige de Memphis est affamé. La plupart des productions est faite de boucles épurées de deux mesures et aux sonorités parfois « sample-esques » complétées de rythmiques trap et de sub-basses. La vedette de Paper Route Empire ne passe pas par quatre chemins et va droit au but (comme le plus grand club de football français) : rapper, rapper et rapper. – Wilhelm
Yo Gotti feat. Rick Ross – Dopechella (prod. CuBeatz & Southside)
Décidément, le premier mois de l’année 2020 semble déjà sceller le retour de la capitale du comté de Shelby au devant de la carte après une année 2019 surchargée. Le troisième album sorti par l’un des visages majeurs de Memphis en Janvier que nous avons choisi de retenir : Yo Gotti et Dopechella, avec le soutien d’un Rick Ross en forme olympique. Et pour ne pas déroger à la règle, Untrapped est aussi un disque de très bonne facture. En revanche, s’il y a bien un domaine où il ne risque aucune concurrence de ses deux cadets, c’est dans une exhibition des fronts les plus remarquables. – Wilhelm
V Don – Since 16 (feat. 38 Spesh & Elcamino)
Le meilleur producteur de la décennie ressort l’un de ses fameux albums avec des tracklists XXL où tout sonne artisanal. Pour la promotion, il a choisi de dévoiler les collaborations faites avec, d’un côté, eto et, de l’autre, 38 Spesh & ElCamino. Et sur « Since 16 », avec ces derniers, V Don est dans la démonstration de son style : des rythmes imprévisibles, plusieurs boucles superposés, d’autres qui viennent remplacer les précédentes, divers bruits d’ambiance divers étonnamment musicaux… Bref, Black Mass, dont la sortie est prévue pour le 7 février, s’annonce déjà incontournable. – Wilhelm
Alicia Keys – Underdog (prod. Johnny McDaid & Alicia Keys)
La présence d’Alicia Keys est la petite exception du mois. On pourrait pourtant justifier un côté « Hip-Hop » au story-telling et au message d’espoir que véhicule ce morceau et sa jolie mise en image mais ce ne serait que prétextes. En fin de compte, la douce chanteuse n’essaye de rapper à aucun moment (et elle a bien raison). La vérité est bien plus simple et naïve, « Underdog » est un très joli morceau qui annonce un album (Alicia) pour le 20 mars prochain et nul ne devrait se justifier de mettre Lellow dans un quelconque classement ou liste même si ça n’a pas de rapport. Jamais. – Wilhelm