10 Bons Sons US en novembre 2024

Le pire est effectivement arrivé. La superpuissance mondiale va effectivement être dirigée, pendant au moins 4 ans, par tout ce que le suprémacisme masculin blanc a produit de pire en 500 ans d’existence. Bon courage à nous (et surtout à eux), et essayons malgré tout de montrer ce qui est sorti de positif de ce sordide mois de novembre.

Ab-Soul – Righteous man (prod. Python P & Terrace Martin)

TDE est décidément en train de marquer cette année 2024. Après les albums de Schoolboy Q et de Doechii, c’est au tour d’Ab-Soul de sortir un nouveau disque, un peu moins de deux ans après HERBERT. « Righteous man » en est la conclusion. Avec ses accents free-jazz, la production correspond parfaitement au flow de feu-follet de Ab-STDE est décidément en train de marquer cette année 2024. Après les albums de Schoolboy Q et de Doechii, c’est au tour d’Ab-Soul de sortir un nouveau disque, un peu moins de deux ans après HERBERT. « Righteous man » en est la conclusion. La production reprend clairement « How much a dollar cost » de son ex-collègue Kendrick Lamar, avec des accents free-jazz qui correspondent parfaitement au flow de feu-follet d’Ab-Soul. Il y livre des sentences pleines de sagesse, parlant à la fois de sa communauté et de sa propre personne, qu’il semble analyser d’un regard presque extérieur. Sa manière de rapper est à la fois posée et un peu folle, comme pour mieux faire état de sa difficile recherche d’alignement avec ce qu’il considère comme juste. Ab-Soul est en train de bâtir une superbe discographie. – Jérémy

Maxo Kream feat. BigXThaPlug – Smokey (prod. Hit-Boy)

Le Texas nous régale cette année. L’un des disques que l’on attendait le plus venant du deuxième des plus grands états américains était celui de Maxo Kream. Pas forcément à la hauteur des attentes (mais laissons le temps au temps), ce Personification comprend malgré tout son lot de réussites. L’une d’elles est logiquement ce titre sur lequel on retrouve l’un des hommes du moment : BigXThaPlug. La jonction des intonations lymphatiques de Maxo et du côté chaloupé de son invité fonctionnent bien, d’autant que les deux hommes respectent leur thème tout du long, concentrés sur la poursuite de l’homme qui leur doit de l’argent. Les cordes samplées par Hit-Boy renforcent encore un peu ce côté cinématographique. C’est très classique mais diablement efficace. – Jérémy

Max Free – Gametime (prod. Max Free and Samiy)

Max Free est la découverte du mois que je dois à l’algorithme Youtube. J’ai eu beau chercher ici et là je n’ai pas trouvé grand chose le concernant. Il est actif depuis 2018 et compte quelques projets à son actif : un album en 2019, quelques singles et un EP 3 titres sorti en 2020 intitulé Too Rare To Die, qui fait écho directement à Too Fast To Live sorti le 22 novembre dernier. Au programme 6 morceaux qui montrent la polyvalence du garçon, que ce soit par leurs thématiques ou bien leurs productions. Mention spéciale à la track qui nous intéresse ici, « Game Time » qui est introduit par la conférence de presse légendaire The Answer. Le reste, c’est du miel. – Clément

A$ap Twelvyy – Millennium Puzzle (prod. Zeke & RVD)

Le rappeur du A$AP Mob dévoile un nouveau morceau qui semble teaser un projet futur qui portera le même titre. Avec Millennium Puzzle, Twelvyy nous fait part de plusieurs réflexions : celle d’un artiste qui semble accompli, de son vécu d’homme noir et de sa détermination à avancer. Il entremêle discours intimiste, pensées profondes mais aussi universelles. « J’ai mis ma douleur dans la musique, mes cicatrices sont camouflées ». On savoure ce premier titre et on attend avec impatience la suite. – Clément

Kendrick Lamar – Heart Pt. 6 (prod. Sounwave, Jack Antonoff, M-Tech & Juju)

C’était un peu l’événement de ce mois de novembre au niveau de la sphère rap. La dernière superstar du rap, depuis qu’il a effacé ce qu’il restait de concurrence ce printemps, sortant un album surprise, sans promotion, avec une cover toute pétée, et cerise sur le gâteau, d’une durée normale. Et on est bien dans la continuité des morceaux du printemps, Kendrick attaquant GNX le couteau entre les dents, s’en prenant à tout le monde, pour ne le lâcher que brièvement sur le superbe « Heart pt. 6 », teinté de R&B, et revenant en partie sur son départ de TDE et l’échec des Black Hippy. – Xavier

Skyzoo – Wins of the father (prod. Fulhand)

Toujours aussi consistant, Skyzoo continue de solidifier une discographie cohérente et d’une grande richesse. Véritable force tranquille, il continue d’évoluer à travers une écriture toujours aussi soignée et intelligente, ainsi qu’une instrumentalisation cuivrée et douce, seyant autant à une ambiance ensoleillée qu’au froid et la grisaille. Si son mode de production semble en décalage temporel avec la surcharge de productions actuelle, les rares qui poncent encore les albums des dizaines de fois en auront pour leur argent. Pour vous donner l’eau à la bouche, on vous met le superbe « Wins of the father », lettre à son/ses enfant(s) sur une magnifique instrumentale de Fulhand. – Xavier

Young Nudy & Pi’erre Bourne – Loaded

Inséparables depuis leurs débuts de carrière, Young Nudy et Pi’erre Bourne donnent suite à leur mémorable long format commun, Sli’merre. Le petit frère marquera sans doute moins les esprits que son aîné mais garde son lot de morceaux sacrément efficaces. L’entêtante boucle de « Loaded », tout droit inspirée des jeux vidéos du début du siècle, deviennent brutales aux côtés des batteries agressives et des basses pachydermique si chères au producteur à l’apostrophe. Le rappeur et le producteur poussent atteignent l’apothéose dans un refrain où les sythés de l’un et les couches d’ambiances vocales de l’autre prennent le pas sur la voix principale pour simplement la sublimer. – Wilhelm

SahBabii – Viking (prod. EVRGRN, Dilip, & Olswel)

Véritable premier morceau complet de Saaheem, « Viking » donne le ton : SahBabii ne compte s’éterniser dans aucun registre. Éminent membre d’une vague de rappeurs tristes, ultra mélodiques et, parfois, disons-le un peu chiants, le rappeur d’Atlanta est immédiatement incisif et la production guerrière qu’il martyrise pendant presque 3 minutes est la victime idéale. La voix, les intonations, les flows, les références de SahBabii semblent plus empreints de l’héritage sa ville que jamais, mais chaque influence est assimilée, digérée et agrégée à une version améliorée de lui-même. – Wilhelm

Boldy James & Harry Fraud – Pillar To Post

Il y a des rappeurs qui ont des runs impressionnants, des rappeurs qui dominent de la tête et des épaules certaines années. Boldy James n’est pas de ceux-là, Boldy James a des runs monumentaux chaque année depuis maintenant une demi-décennie. Calme mais prête à mettre ses propres invités en slip, la (con)créature de Détroit a eu la bonne idée de s’associer à l’immense Harry Fraud pendant 12 morceaux. L’alchimie entre les deux est évidente de la première à la dernière minute de The Bricktionary et la pâte du New-Yorkais apporte un twist, un soupçon de sel inédit aux couplets nonchalants, aussi froids et menaçants que déchirants, d’un rappeur infatigable.  – Wilhelm

Og777x – Free yourself

Une fois n’est pas coutume, focus sur un artiste venu tout droit d’Afrique du Sud : Og777x. Malheureusement, il n’y a pas grand-chose à dire sur ce rappeur, faute d’informations disponibles malgré mes recherches. Og777x semble actif depuis 2019-2020. Il produit la plupart de ses morceaux et a déjà à son actif une ribambelle d’EPs. Le 29 novembre dernier, il a dévoilé Slayer Unfurled Mixtape, un projet de 19 titres où il explore divers styles (trap, lo-fi, boom bap, drumless). Mention spéciale pour le morceau qui ouvre la mixtape, « Free Yourself », avec son ambiance feutrée et immersive. – Clément

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