10 Bons Sons US en novembre 2023

L’avant-dernier mois de l’année est synonyme de grosse bouffe du côté de nos amis du pays de l’Oncle Sam. Aiguisez vos couteaux et préparez votre plus beau bavoir, célébrons Thanksgiving à notre manière, en 10 bons gros morceaux.

Danny Brown feat. Kassa Overall – Jenn’s terrific vacation (prod. Kassa Overall)

« Jenn’s terrific vacation » joue sur les mots pour parler de gentrification. Le clip est lêché et angoissant et le morceau allie les meilleurs aspects de Danny Brown. Il y a la part expérimentale avec la rythmique un peu folle du morceau, la voix criarde, le refrain presque cartoonesque. Mais il y a aussi toute la subtilité et l’intelligence du rappeur de Detroit qui construit tout son morceau sur les changements du quartier : l’apparition des trotinettes électriques de location là où on vendait de la cocaïne, la crack-house remplacée par un jardin, les caméras qui se multiplient, mais surtout, l’augmentation des loyers face à la baisse du pouvoir d’achat. Entre l’horrorifique et le naturalisme, voilà encore un très beau morceau de Danny Brown. – Jérémy

Aesop Rock – All city nerve map

Le nouvel album d’Aesop Rock traite de long en large de notre rapport actuel à la technologie. Sur ce titre, et comme tout au long de l’album, il a travaillé sa production sur des sonorités électroniques collant parfaitement au thème. Le flow est dense et ininterrompu à l’image des fluxs de données qui s’accumulent de toute part. Les lyrics sont plutôt abscons : comme à son habitude, Aesop Rock joue avec un lexique complexe, et le morceau s’ouvre même avec une référence livresque pointue. Tout cela ne l’empêche pas de faire preuve d’un certain humour, à l’image de cette phase où il s’amuse d’avoir survécu enfant à un parc d’attractions connu pour ses nombreux accidents et à des jouets hyper-dangereux. A ne pas mettre entre toute les oreilles. – Jérémy

Erick the Architect – Shook Up feat. Joey Bada$$ & FARR (prod. Linden Jay)

Les années passent et chaque apparition d’Erick the Architect est une bénédiction. Alors quand le bougre est accompagné par Joey Bada$$, c’est du miel pour nos oreilles, du miel pour nous autres, Winnie. Après avoir façonnée de si belles façons l’identité musicale des Flatbush Zombies, le rappeur et producteur a décidé de traverser les états unis, passant de la vie new yorkaise au soleil de Los Angeles. Sur une prod’ très groovy et un poil organique, Erick nous dévoile le premier extrait de son premier album, intitulé I’ve never been here before, à venir en février prochain. Un double album qui, selon le magazine Rolling Stone accueillera une tripotée d’invités : Joey Bada$$, Westside Boogie, George Clinton, Channel Tres, Kimbra, Lalah Hathaway, RÜDE CÅT, Boy Boy, Pale Jay et FARR. Le rendez vous est pris et en attente d’autres extrait, ce dernier tourne en boucle. – Clément

Sada Baby – November 35th (prod. Lee Choppn)

Même s’il est quelque peu sorti des radars du grand public depuis son émergence, Sada Baby demeure un membre actif de la nébuleuse de Detroit. Après SHONUFF sorti en février, il conclut vraisemblablement l’année avec ce SkuBop d’excellente facture. Au programme, de la violence, de la drogue, des flows extravagants et beaucoup d’autodérision. La formule ne change pas, car il n’y a pas lieu de la changer. Et l’énergie déployée dans cette formidable introduction fait figure d’entrée parfaite à ce qui suit. – Xavier

Lord Apex – For the West (prod. BeatDoMK)  

Avec The Good Fight, le Londonien Lord Apex vient peut-être de nous livrer l’un des long-formats les plus solides de cette fin d’année. Jouant de sa versatilité rythmique en termes de mélodies, il se montre à l’aise sur de nombreux types de productions, en se permettant des chantonnements çà et là. On retrouve par ailleurs Freddie Gibbs, qui pourrait être son pendant outre-Atlantique, mais aussi Madlib en guest-stars. Mais ces deux morceaux ayant été livrés en tant que singles avant le mois d’octobre, nous nous rabattons sur cet excellent « For the West », mais vous encourageons à vous plonger dans l’album entier. – Xavier

Smino – Dat Prescott (prod. Shane FaberMike “Hank” Mangini & Ishmael Butler)

Fort de son immense succès l’an dernier avec Luv 4 Rent, Smino dévoile « Dat Prescott », un court morceau reprenant avec gout l’instrumentale de Digable Planets, « Rebirth of Slick (Cool Like Dat) » sorti en 1992.
Durant 120 secondes, Smino évoque son parcours, sa confiance en soit, le soutien de sa famille et le succès financier, sujet éternel chez nos amis ricains. Il profite d’ailleurs de ce single pour teaser ce qui serait le volume 2 de She Already Decided (écrit avec l’acronyme SAD) sorti en 2020. D’autres sources parlent d’un tout autre titre, qui serait She Always Dancing (l’acronyme reste le même). Reste à savoir quand est ce que ça sortira, mais en attendant, vous pouvez toujours vous remettre l’excellent Luv 4 Rent, histoire de patienter. – Clément

Meek Mill & Rick Ross feat. Jeremih – Gold Medals (prod. Bongo ByTheWay & Hitmaka)

Sorti (presque) de nulle part. Alors qu’un tel blockbuster est habituellement teasée des mois en avance, il n’a fallu qu’un single sorti fin-septembre à l’un des duos les plus emblématiques du rap des années 2010 pour annoncer leur collaboration sur un album entier. 12 ans après « Ima Boss », Too Good to be True porte bien son nom tant on était loin d’imaginer une telle cure de jeunesse pour deux monstres du siècle dont l’essentiel de la carrière est sans doute derrière eux. Equilibré, l’album donne autant à manger aux amateurs de violences qu’à ceux qui seraient plus séduits par une posture plus posée et réfléchie. « Gold Medals », avec le refrain du chanteur de R&B Jeremih, est fait pour eux. – Xavier

SheedTs feat. Babyface Ray – Changes (prod. Alkan Alinca, David Morse & Evince Beats)

Très jeune rappeur, SheedTs est semble aussi à l’aise pour faire des couplets fleuves d’écorché vif que dans des aspirations plus mélodieuses. Là où le bât blesse, soyons franc, c’est au niveau de la plume. Si l’on pardonne le côté juvénile il y a, dès lors qu’on écoute un peu trop attentivement, une sensation que ce qu’il dit lui tient à cœur et le flow criard accentuerait un couplet plus solennel… s’il n’était pas aussi vide. Pour autant, si SheedTs n’a pas l’âge d’acheter légalement de l’alcool aux Etats-Unis, il peut s’offrir des couplets de G Herbo ou, dans notre cas, de Babyface Ray. Ce dernier ne pouvait pas être mieux accueilli qu’avec un piano pleurnichard. – Wilhelm

Busta Rhymes & Cool & Dre feat. Young Thug – OK (prod. LoviCool N DreYeaDatzLewi & ?Macshooter)

Young Thug continue la promotion de son album So Much Fun en cette belle année 2019 avec un nouveau single, « Hot »… Ah non, nous somme en 2023, et Busta Rhymes continue la promotion de son prochain album  avec un troisième single. Resucée complète du morceau de Thugger, tant dans l’instrumentale (!) que dans le refrain (ultra efficace), le vieux loubard a la décence d’inviter son jeune collègue. La légende raconte qu’on peut deviner votre tranche âge en fonction du rappeur que vous détestez entre les deux mais, blague à part, l’efficacité du titre – et de ses cuivres triomphants – est assez phénoménale. – Wilhelm

Larry June & Cardo feat. Too $hort & Peezy – GRGP

Larry June excelle dans une niche assez spécifique : être le rappeur le plus cool du monde, faire des tours de voiture et être super cool dans la voiture – sûrement un modèle très cool. Ce nouveau voyage est orchestré par le légendaire Cardo. Attention toutefois, vers la moitié de notre Great Escape, Peezy vous propose de la drogue en échange de votre argent. Vous ne conserverez pas votre argent même si vous refusez la drogue… D’ailleurs, quelle drogue ? Regardez plutôt Too $hort, 57 ans, glisser sous vos yeux, dans sa propre voiture cool. Wilhelm

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