10 Bons Sons US en octobre 2023

Généralement propice aux multiples références à Halloween dont nos comparses d’outre-Atlantique sont friands (RIP Matthew Perry), le mois d’octobre s’est cette année montré plus généraliste, du moins dans ce que l’on a écouté. Extraits choisis.

Jay Worthy, Kamaiyah & Harry Fraud feat. Ty Dolla $ign – Pull up

Les projets communs se multiplient ces dernières années et les collaborations sont parfois étonnantes, à l’image de cet album entre Jay Worthy, Kamaiyah et Harry Fraud. Le dernier nommé livre ici une production à la basse arrondie, à la guitare funky et au clavier aérien. On y parle de soirées à la sauce gangsta, et tout le monde est venu pour flexer, y compris Ty Dolla $ign qui vient poser son petit refrain entêtant. Le thème est simple mais tout le monde honore cette très belle prod’ de Harry Fraud, ce qui donne envie de se remettre en boucle le morceau. – Jérémy

Pro Dillinger & Snotty – The turbuckle

One nine music est un label indépendant très axé sur le boom-bap qui occupe bien le terrain ces derniers temps, et qui peut parfois rappeler l’équipe du Diemon Crew dont est issu Russ. The Steiner Brothers est le premier album commun entre deux de ses membres, Pro Dillinger et Snotty. Niveau production, on est sur du classique : une grosse batterie et un piano fangeux inquiétant. C’est sur ces bases que l’on part sur deux minutes de rap sec où les deux compères aux voix bien distinctes se refilent tour à tour le micro en sautant l’étape refrain. Rien de révolutionnaire mais c’est très bien fait et on s’y laisse aisément prendre.  – Jérémy

Conway The Machine & Wun Two – Brick by Brick

Quand une des figures majeures du lofi rencontre une des plus belles plumes US actuelle ça ne peut donner que des étincelles. Le beatmaker allemand Wun Two s’associe donc au emcee de Buffalo Conway the Machine pour un projet 10 titres. L’EP (?) sortira le 22 décembre prochain et compte seulement deux invités : le petit protégé Goosebytheway et KNDRX. Intitulé « Palermo » et soutenu par une très belle cover de la photographe malhreusement disparu Letizia Battaglia, il est fort à parier que les productions feront la part belle à des samples italiens soigneusement diggés par Wun Two. Et à l’écoute de ce premier extrait aussi nébuleux que brumeux, on ne peut que saliver sur l’entièreté du projet. –Clément

Kirk Knight – Black Tint

Ca faisait quelques temps qu’on avait pas trop entendu parlé de Kirk Knight, excepté quelques apparitions ici et là. L’ancien de PRO ERA se fait discret depuis quelques années, que ce soit devant le mic ou derrière les machines. Le natif de Brookly a donc décidé de sortir un inédit, intitulé Black Tint et bien evidemment produit par ses soins. Petite guitare langoureuse, 808 efficace et quelques lines très efficaces (Watchin’ all these bridges burn, the last one gave me third-degree /Made it from a crumb and now a n*gga own the bakery), c’est du Kirk Knight comme on aimait jadis. En espérant que le rappeur nous livre un nouveau projet parce que bon, ça fait un bail. – Clément

Westside Gunn feat. Stove God Cooks – Kitchen lights (prod. DJ Benoit)

En sortant l’un des plus grands morceaux de sa discographie sur son pire disque en date, Westside Gunn n’hésite pas à se mettre en danger. S’il y délivre l’un de ses rares couplets réussis de l’heure et quart (!) qui compose And Then You Pray For Me, c’est véritablement Stove God Cooks qui, comme à la maison, brille sous les feux de sa cuisine. On pourrait décemment se demander si ce n’est pas un vol à l’album tant attendu de ce dernier, on peut, tout aussi décemment, chantonner en chœur dans sa propre cuisine. – Wilhelm

Lloyd Banks – Above The Law (prod. George Gets)

Fraîchement tombé dans une fontaine de jouvence, Lloyd Banks a décidé d’acquérir un microphone convenable pour en tirer profit. Concluant le mois des frayeurs avec le terriblement efficace quatrième volet des Halloween Havoc, le vétéran régale son auditoire en lui servant précisément ce qu’il attend. Le ton est d’ailleurs donné dès l’intro puisque l’ex-membre du G-Unit y sort déjà les muscles. Sur un petit piano entêtant, une boucle de batterie aussi simple qu’efficace, une basse oppressante et des petits bruits stridents qui nous plongent dans un décor poussiéreux, on (ne) se surprend (pas) à en redemander. – Wilhelm

Mozzy – IF I DIE RIGHT NOW (prod. KXVI & Mozz)

Sur une bonne dizaine d’année, Mozzy s’est notamment imposé comme l’un des rappeurs-écorchés-vifs les plus propices à toucher l’auditeur au cœur. Très loin d’être son morceau le plus déchirant, « IF I DIE RIGHT NOW » (foutues majuscules) tire une nouvelle fois profit de cette charge émotionnelle qu’il maitrise parfaitement pour nous isoler, avec lui, dans ses questionnements existentiels. Enfin de compte, ce sont ses relations sociales qui le tourmente et le bref refrain conclue parfaitement son questionnement : « If I die right now, is any the niggas I called brothers gon’ miss me the way the fans would? ». – Wilhelm

Peezy feat. Ghetto Baby Boom – Marni Slippers (Prod. Fizzle & Al B Smoov)

L’une de nos figures préférées de la scène de Detroit a encore frappé avec un long-format. Sur le très sobrement intitulé Ghetto, suite directe du EP du même nom sorti en avril, Peezy continue de s’ouvrir plus qu’il n’en avait l’habitude, laissant de côté l’egotrip et la violence, si l’on excepte l’excellent « No Amiris » avec Key Glock. Ce « Marni Slippers » est en ce sens plus représentatif de l’ensemble du disque. On y retrouve d’ailleurs Ghetto Baby Boom, rappeur de Detroit à l’instar de l’ensemble des invités de l’album. – Xavier

Jamal Gasol & Flu – Never Sleep Again

Court mais intense, la palme du meilleur projet d’Halloween revient cette année au gros Jamal Gasol. Avec ses 6 titres, A Nightmare on Piff Street fait son effet, certes classiques, mais renforcé par le bagout et tout le style du rappeur de Kansas City. Armé des productions horrifiques de Flu, comme sur cet excellent « Never Sleep Again », Gasol se prend pour Freddy Krueger pendant une petite vingtaine de minutes de manière efficace, pour le plaisir de nos oreilles, le tout avec un accompagnement vidéo. – Xavier

Mav & Pete Twist – Feed the Beats

Nouveau long format de Mav, cette fois entièrement produit par Pete Twist. Le rappeur de Rochester déroule sa recette durant la petite demi-heure que dure ce 11 titres, avec l’efficacité de l’habitude. C’est globalement bien produit et bien accompagné, entre samples obscurs et touche soulful, on retiendra les accents tragiques et mélodieux de ce « Feed the Beasts », parce qu’à nos grands âges, les boucles de piano courtes savent encore très bien toucher notre corde sensible. – Xavier

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