10 Bons Sons en novembre 2022

Fin d’année oblige, le rythme des sorties s’intensifie, et les sorties s’accumulent comme les feuilles d’automne dans les parcs début décembre. Sélection commentée et forcément non-exhaustive, en dix chapitres.

Le 13 novembre : Bleu Nuit – Pauvre d’esprit (prod. La nuit & ERYL)

On vous parlait de Lelee il y a deux mois, et voilà que son pote Bleu Nuit survient avec un nouvel album, son troisième en date. Sur une ambiance jazzy, Bleu Nuit livre son blues et sa nostalgie d’une enfance perdue vers laquelle il souhaiterait retourner. Il y a là une pointe d’amertume mais elle est doublée d’une forte envie de la transcender (« J’ai fait quelque chose de mes cicatrices, maman regarde j’suis un artiste » ; « J’ai du talent pour porter des poids inutiles, au moins ça m’a appris à tenir debout »). Tout le titre est traversé de cette volonté de transmutation délivrée avec une sincérité qui traverse les ondes. – Jérémy

Le 16 novembre : Robdbloc – « Rien ne change » (prod. Johnny Ola, Lomi & AAronson)

La pépite de l’écurie « Goldie » nous revient en ce froid mois de novembre avec un EP 7 titres dont il avait déjà teasé le morceau « Long Beach » avec Edge à la fin du mois d’octobre. On l’avait également aperçu quelques jours après le temps d’un 16 barz au micro de Grünt pour le spé Saboteur. Robdbloc a probablement profité du séjour à NYC pour clipper son titre éponyme « Rien ne change ». Sur une intrumentale nébuleuse et sa petite guitare triste, Robdbloc délivre un texte touchant où le MC fait en quelque sorte le point sur ses dernières années d’existence, entre pensées spleenétiques, envie d’ailleurs et quotidiens moroses. L’entièreté du projet est remarquable, ce qui laisse espérer fort pour le futur. – Clément

Le 11 novembre : Prince Fellaga – Rohff, Booba, La Fouine (prod. Kheyzine)

On ne boude jamais notre plaisir lorsque l’on a à notre disposition un projet entre un MC et un beatmaker, que ce soit un Roc Marciano / Alchemist ou un Perso / Just Music Beats (on attend avec impatience le Dany Dan / Kyo Itachi d’ailleurs). Prince Fellaga vient de balancer Pratique Des Arts Profanes, entièrement réalisé par le beatmaker Kheyzine, autrement dit, deux old timers qui ont l’amour du rap et osons le mot, ils confirmeront à coup sûr, du hip-hop. L’ambiance est volontairement sombre, avec des samples comme on les aime qui donnent des prods hautes en couleurs, variées (on imagine d’ailleurs bien un Sameer Ahmad sur ce type d’instrus), le tout saupoudré d’extraits de films, notamment. Prince Fellaga propose un rap qui prend position, technique, tout en mettant en lumière son vécu d’ancien sur le titre « Rohff, Booba, La Fouine ». Sur ce biopic musical, on voyage dans les années 2000, où Myspace faisait son apparition, où la presse rap vivait ses dernières publications, où Salif n’était pas encore cité à tout bout de champs comme « the référence ». Une époque de rois sans couronnes, qui suivait l’âge d’or des nineties et qui précédait le revival des années 2010. On se balade aussi dans Marseille, entre hauts lieux de la cité phocéenne et fiers représentants de la planète Mars. Sinon, on croise aussi du beau monde sur les autres morceaux du projet avec notamment Big Twins de Infamous Mobb et Hill.G des X-Men. Faites-vous plaisir et allez écouter ce projet entre un MC et un beatmaker !  – Chafik

Le 10 novembre : Stavo – « HLM Ville » (prod. Chanchee & Mr. Punisher)

Quand on parle des travaux de Stavo, c’est souvent pour en souligner l’efficace brutalité, une forme d’écriture coup de poing, ou sa complémentarité avec les autres membres de 13 Block, Zed en premier lieu. Sur TVX, Stavo démontre qu’il n’a besoin de personne pour créer des hymnes, comme sur « HLM Ville », avec son refrain lancinant et ses effets d’écho qui donnent l’impression que la mélodie se balade entre les barres d’immeubles à loyer modéré. Avec son gimmick « Je représente », il rappellera aux plus anciens de nos lecteurs le titre du même nom de Lone et Busta Flex, mais dans une version plus fédératrice, qui s’applique à toucher l’ensemble de la population des quartiers, et pas seulement ses mauvais garçons. Un titre qui aurait sans doute mérité un couplet supplémentaire, mais nous ne sommes plus en 1996. – Olivier

Le 11 novembre : Lora Yeniche – « Cœur de Yeniche » (prod. Alik)

Un moment qu’on regarde de loin ce qui se fait du côté de la rookie de Calbo. Chez Lora Yeniche, on sent le travail, incessant derrière l’air bravache. Or parfois, le travail paie. Un petit EP sorti ce mois ci, assez inégal mais avec quelques jolis titres rendant le tout intéressant, nous le rappelle. Parmi les morceaux qui retiennent l’attention, « Cœur de Yeniche », déclaration d’amour, d’appartenance, d’allégeance à un clan tendrement tout-puissant. Musicalement on ne réinvente pas la roue, mais les rimes fonctionnent sur les relents d’un beat lent, ponctué d’une guitare mi-mélancolique mi-agressive et d’un piano erratique. Un refrain chantonné comme une ritournelle en forme de mantra et le tour est joué. Les effets d’un mix efficace suivent l’air du temps et ajoutent ça et là un peu de profondeur à un titre exécuté simplement mais avec une belle sincérité. A suivre. – Sarah

¹

Le 16 novembre : SCH – « Niobe » (prod. 2K & Gancho)

Avec sa production drill logiquement sombre et nerveuse, une interprétation plutôt sobre pour le S et une absence de refrain, « Niobe » a des airs de performance façon go fast de nuit, à vive allure sur un autoroute désert. La forme s’apparente à un freestyle de haute volée, qui met en valeur un texte ciselé et en adéquation avec l’atmosphère inquiétante de l’instrumentale. « Niobe » trouve donc parfaitement sa place dans le bien nommé Autobahn, une mixtape aux allures d’album tant la direction artistique est cohérente du début à la fin, sans avoir recours à des interludes comme sur les deux JVLIVS. – Olivier

Le 6 novembre : Kikesa – « Feat. X Freestyle d’Adieu » (prod. P.Prod, Ken&Ryu, Saan, Jeoffrey Dandy)

Personnellement je ne connaissais pas Kikesa. Alors vous vous imaginez bien que quand j’ai cliqué sur ce freestyle d’adieu j’ai pris une petite claque. Tout fonctionne : les images, la mise en scène, le refrain, les punchlines et les deux prods en une, avec un switch vraiment efficace. Bon okay c’est en fait deux morceaux pour le prix d’un mais étant donné que je l’ai découvert comme un seul, j’ai vraiment apprécié ce petit côté « ricain »… Bref, apparemment le rappeur nancéen prépare quelque chose pour 2023, un projet qui fleure bon le retour au kickage technique et intensif. – Clément

Le 10 novembre : B.B Jacques – « Rainbow / A Colors show » (prod. Diabi, Le Chroniqueur Sale, OB)

La fin d’année approche à grands pas et force est de constater que B.B Jacques s’affirme comme l’un des artistes marquants de 2022. Après avoir dépassé le statut de rookie grâce aux deux excellents volets de Poésie d’une pulsion parus en février et en mai, le Courbevoisien a fait un crochet par le studio berlinois de Colors afin de rayonner à l’échelle internationale. Avec « Rainbow », premier extrait de son nouvel album New Blues, Old Wine, il affirme un peu plus son personnage grâce à une interprétation théâtrale saisissante et un univers qui fait de lui un rappeur unique. Difficile de rester insensible. – Jordi

Le 25 novembre : Khali – « La flèche » (prod. Senpaï Katchy, Kosei & Guapo du soleil)

Il ne s’agit sans doute pas là du titre le plus fouillé de la mixtape de Khali, mais son aspect direct, centré sur quelques idées maîtrisées, donne quelque chose de très efficace. D’abord il y a ce piano classique qui ouvre le morceau et qui vient ensuite par instants se mêler à une production électro-trap, créant un mélange détonnant. Et puis il y a cet aspect récréatif, comme un moment de pause qui surviendrait dans l’album où Khali se défoulerait tout en faisant le bilan sur le chemin parcouru et à parcourir. L’ambiance est au hustle. – Jérémy

Le 4 novembre : Stick – « Ma Zik II » (prod. Swed)

Stick au bic, Swed à la prod. C’est un binôme bien connu de nos lecteurs qui se retrouve de nouveau dans nos colonnes à l’entrée de l’hiver. Déjà le cinquième album pour le boombaper Toulousain, prolifique autant par passion que par besoin. Intitulé La mort me va si bien, il va de soi que le propos n’est -comme souvent- pas à la fête. Ces 14 nouveaux titres regorgent d’amour du rap français et de dépression personnelle authentique, réussissant l’exploit de ne jamais tourner en rond malgré deux thématiques prédominantes. Sur le modèle de « Mon son » de Booba ou « Mon rap » de L’Skadrille, Stick personnifie sa musique, vulgaire, indépendante, orageuse, irascible. Un délice du genre. – Antoine

Nos playlists « 10 Bons Sons » francophones

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager avec les petites icônes ci-dessous, et à rejoindre Le Bon Son sur Facebook, Twitter et Instagram.

Partagez:

Commentaires

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.