10 Bons Sons US en janvier 2022

La bonne année à tous ! Joie, bonne humeur, prospérité, COVID22 et compagnie pour vous accompagner tout au long de cette nouvelle cuvée. Quant à nous, on va continuer à vous distiller la pire sélection de la toile, en sélectionnant autant que possible les gonzes de Griselda, les fatigués du rap comme Earl Sweatshirt, les castrats comme Mozzy et bien évidemment les goats Eminem, J. Cole et Logic. Première édition de 2k22, c’est parti.

Joey Bada$$ – The Rev3nge (prod. Adam Pallin, Sucuki & Powers Pleasant)

5 ans se sont écoulées depuis All Amerikkkan Bada$$ et l’ami Joey a enfin choisi de faire son grand retour. Certes il y avait eu l’espèce de bundle/EP The Light Pack en 2020, mais on devrait probablement retrouver le natif de Brooklyn sur un plus long format, à savoir son troisième album studio. Le morceau ci-dessous, construit à partir de la maxime « success is the best revenge » confirme bien le retour en grande pompe du rappeur-acteur (entre autres). Sur une production très cuivrée qui ne saurait nous rappeler « Middle Child » de Julien Colle, Joey nous fait part de son envie de foutre un énorme coup de pied dans la fourmillère : « Heard they was sleeping again, say it no more / This is a rude awakening, kick in the door / Back and I’m badder than ever before / Don’t get it mistaken, I’m ready for war ». Et bien fais donc Joey, nous n’attendons que ça. – Clément

Fly Anakin – No Dough (prod. Madlib)

Figure de l’underground US, Fly Anakin est originaire de Virginie (Richmond plus précisement) et membre fondateur de la Mutant Academy (un posse de Virginie composé d’une dizaine d’artistes comme Koncept Jack$son, Henny L.O. ou encore Big Kajuna OG). Il est actif depuis 2008 et compte une quinzaine de projets à son actif. 
Pour les plus vifs d’entre vous, il est présent sur le Unlearning vol.1 (2021) d’Evidence ou encore sur The Balancing Art (2020) du producteur Statik Selektah. Habitué des collaborations, featurings et apparitions multiples, Anakin le volant n’a jamais sorti ce que les Américains appellent « debut studio album », le rappeur étant beaucoup plus habitué aux Eps, mixtapes et projets en duo. Celui qui n’aura jamais le rang de maître va donc y remédier avec l’album Frank, annoncé pour le 11 mars prochain. On devrait y retrouver pas mal de membre de la Mutant Academy et probablement des producteurs aussi excellents que ce très cher Madlib. On vous laisse juger ce qui semble en être le premier extrait. – Clément

Ché Noir feat. Ransom & 38 Spesh – Table For 3

Si les tons et la trame du clip de « Table For 3 » tendent vers le sombre, les prestations de Ché Noir et ses invités, Ransom et 38 Spesh, n’aspirent pas un instant au contraste. Les plumes sont affûtées et le flegme commun aux trois couplets est servi sur une très jolie boucle mijotée par la maîtresse de maison. Le plat est agrémenté d’une batterie qui sent bon la boite à rythmes, mais laisse un arrière goût d’acoustique que l’on appréciera. Le morceau est extrait de Food For Thought, que l’on vous recommande chaudement. – Wilhelm

RJ Payne – Tough Love (prod. PA. Dre)

Hyper actif depuis quelques années, RJ Payne a coutume de ranger ses mixtapes entre trois catégories : l’ultra-violence au sein des Leatherface, la vente de drogue dans IF Cocaine Could Talk et ses états d’âme éparpillés entre les quatre volumes de Beautiful Payne. Passée la surprise, on ne s’étonne pas vraiment qu’un tel univers ne laisse pas son protagoniste indemne. Il tisse un fil conducteur dans les intros de chaque nouvel opus, revenant sur ce que lui apporte cette thérapie. En revanche, musicalement, son acolyte PA. Dre a façonné l’univers le plus singulier du rappeur. Le natif de Brooklyn garde son interprétation agressive pour s’ouvrir sur des instrumentales qui puent le jazz ou la soul, souvent sans aucune batterie. – Wilhelm

Key Glock & Paper Route Empire – Proud (prod. Bandplay)

Petite piqûre d’émotion en provenance de Memphis avec de la compilation Long Live Dolph, du label Paper Route Empire. L’idée, vous l’aurez deviné, est de rendre hommage au regretté Young Dolph, à sa personne et son œuvre (musicale, sociale ou même commerciale). À l’exception d’un morceau posthume, ce sont les membres de l’Empire qui empoignent le micro et la prestation de Key Glock, intitulée « Proud » et logiquement produite par Bandplay, est un peu particulière. Deux axes se dégagent du texte : la détermination et la peine. Pourtant, c’est bien cette dernière qui se dessine tant dans la voix et le ton grave que sur le visage marqué de Glizock. Wilhelm

Ralfy the plug – ROP 

Deuxième volet de la série Pastor Ralfy sur lequel on retrouve ce titre à l’ambiance très « confessionnal ». L’interprétation murmurée de Ralfy donne l’impression qu’il s’adresse uniquement à nous. Ce ne sont pourtant pas des secrets personnels qu’il nous révèle, mais bien des observations sur la force de son équipe agrémentées de petites piques cyniques (« I’m here for the money not your lifestory »). Des bruits de sabre japonais viennent perturber la mélancolie du piano dans un morceau qui s’apparente au bushido de la Stinc Team. Drakeo the Ruler est parti au combat, mais son frère continue la guerre. – Jérémy

Jim Jones feat. Icewear Vezzo & Dave East – Backdoe (prod. Bandplay)

Dave East est un habitué des albums de Jim Jones, mais c’est la première fois que Icewear Vezzo y apparaît. Catapulté en track numéro 2 sur le très long (1h18) Gangsta Grillz : We set the trends, le morceau a visiblement tout d’un événement pour l’hôte. La production entêtante à base de cordes invite au kickage. C’est le natif de Detroit qui ouvre le feu avec un court couplet teinté de silences ou ses intonations font la différence. Jim Jones lâche lui une verse appliquée avant que Dave conclue avec un vrai sens du swing : victoire aux points pour ce dernier. D’autres très bons morceaux sont à retrouver sur ce dernier projet de Jim Jones, sur lequel il faudra tout de même faire le tri. – Jérémy

Daniel Son & Futurewave feat. Flee Lord – Third Eye

Un duo rutilant de ces dernières années que nous avons peu, si ce n’est pas évoqué dans nos colonnes, c’est bien Daniel Son et Futurewave. Si nous vous avons déjà parlé du producteur, qui s’est fait un nom sur des projets avec Rigz et Rome Streetz notamment, ce n’est pas le cas du MC et son flow de voltigeur, qui a pourtant accumulé les sorties dignes d’intérêt depuis la fin des années 2010, comme les Moonshine Mix ou encore Pressure Cooker. Les deux hommes ont ainsi démarré l’année à la première heure, avec ce Son Tzu and the wav.God. Au menu, des snares qui cognent, des boucles mystiques et un rap très brut de décoffrage comme l’habitué sait le faire. Sur « Third Eye », c’est Flee Lord, un habitué de notre sélection, qui se joint au duo pour une passe d’arme de grande qualité.  – Xavier

Rigz & DJ Muggs feat. Mooch – Where ya soul at

Nouvelle collaboration de DJ Muggs avec un MC newyorkais pur jus. Durant les 15 pistes de Gold, les beats, tantôt mélodieux, tantôt drumless, tantôt agressifs du patron de Soul Assassin s’associent à merveille à la voix juvénile et l’intonation sentencieuse de Rigz, et à la liste d’invités des plus alléchantes. Sur « Where ya soul at » c’est Mooch, comparse de micro de longue date de Rigz à la voix encore plus juvénile qui offre un refrain aux deux protagonistes, sur une production, une fois n’est pas coutume, soulful des plus chaleureuses et très « daringerienne » du beatmaker angelin. Les férus des productions plus habituelles de Muggs, faites de snares puissantes et d’ambiances morbides, ne manqueront pas de trouver leur bonheur sur d’autres tracks de l’album.  – Xavier

Babyface Ray – My Thoughts 3 / Pop’s Prayer (Prod. Kura)

Si les conséquences du dérèglement climatique se font de plus en plus pressantes et visibles à l’échelle de la planète, les terres givrées du Michigan ont encore une certaine marge, et ce n’est pas encore cette année que les multiples rappeurs qui composent cette scène des plus riches vont se montrer chaleureux. Avec FACE, celui qui était l’un des grands espoirs du rap de Detroit a pris de l’âge, en atteste l’introduction clippée, double long couplet sans refrain qui le voit mettre bout à bout des pensées en vrac à propos de sa condition, sa ville et sa vie de manière générale, le tout sur une superbe instrumentale pianotée de Kura. – Xavier

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