10 Bons Sons en décembre 2021

Entre la dinde, les marrons, la farce, les chocolats et pléthore de tops, classements et autres joyeuseries qui fleurissent partout sur la toile, il nous fallait revenir sur le dernier mois de l’exercice 2021, en dix morceaux, bien évidemment.

Le 3 décembre : Flynt, Limsa d’Aulnay & Ol Zico – Gunners (prod. Mani Deïz)

Un bon vieux boom bap, tranquille, déambule doucement, se balade mains dans les poches, checke sur son chemin trois voix qui se complètent parfaitement pour raconter un morceau de vie. Rien de nouveau, certes, mais du (très) haut niveau. Les couplets impeccables, intéressants, façonnés autour de rimes riches et de placements tout en dentelle, s’enchaînent et se répondent, rebondissent sur le beat intraitable de Mani. Quatre mesures chantonnées font naître un sourire plein d’espoir sur les lèvres de l’auditeur : on est sur du refrain de très bonne facture. Pari réussi, Mani, car dès lors, impossible de ne pas se laisser séduire par ce style indémodable. Surtout quand il est si parfaitement exécuté par ce quatuor d’experts. – Sarah

Le 14 décembre : Kennedy – Kennedy en 2022

L’un des plus gros talents gâchés de l’histoire du rap français refait surface. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avions pu parler sur lebonson.org de Kennedy que dans des articles de rétrospective. Mais grâce à ce retour, inspiré par le débarquement avec fracas de Benjamin Epps, la fatalité prend fin. Si le titre de son nouvel EP Balle perdue laisse à penser qu’il s’agit d’un retour spontané, passionné et pas nécessairement durable, les cinq titres sont de bons titres de rap, et particulièrement ce remix bien senti. L’occasion de parler également d’un best of sorti à l’automne – et que l’on n’avait pas pu passer, Flashback – Hall of fame, rassemblant les meilleures tueries en duo ou en trio du rappeur val-de-Marnais ainsi que pas mal d’inédits en featuring (Matt Houston, Mac Kregor, A2H etc.). – Antoine

Le 15 décembre : Robindbloc – Navajo (prod. Johnny Ola)

Lui, en revanche, on en parle régulièrement depuis 4 ans déjà. Et à notre grand désarroi, force est de constater que la carrière de Robdbloc peine à décoller malgré une vraie régularité dans ses sorties, une exigence de qualité présente à chaque sortie, et un entourage sérieux qui a le vent en poupe. C’est d’ailleurs ce constat pénible qu’il dépeint tout en rimes et en flow dans son cinquième EP Appt.505 sorti en décembre. Cinq nouvelles flèches tirées en solo, outre un morceau avec ses acolytes Edge et YZLA, qui atteignent leurs cibles sans mal. Souhaitons-lui d’élargir encore et encore le nombre de victimes. – Antoine

Le 05 décembre : Ol’Kainry – La phalange du singe (prod : Just Music Beats)

Les rois sans couronne, les MC sous-côtés, et Ol’Kainry bordel ? Le Jadakiss français (coucou Xavier) est le rappeur le plus régulier que compte notre game. Chaque projet, chaque morceau, chaque couplet est de qualité, le boug ne déçoit jamais. Certes, les pisse-froids diront qu’il lui manque un album classique, mais qu’ils cherchent un lascar avec plus de vingt ans de carrière et une discographie aussi variée, aussi fournie (« treizième, quatorzième, peu importe »). Si Dyfrey est très présent sur différents podcasts (Nekketsu en particulier), il continue de sortir « l’authentique produit de la street » et vient de livrer le duexième épisode d’une saga. Et l’intro nous a directement mis d’accord. Un long couplet, bien patate, dans lequel le 9.1. traitable, balance ses vérités et gifle les wacks comme King Kong. Sans aigreur, avec la technique de la phalange du singe, il replace le dojo au centre du village, de manière sévèrement burnée. Et on se réjouit de le voir collaborer avec Oliver & Buddah Kriss de Just Music Beats, fournisseurs officiels de sons crades à la QB, qu’on ne cesse de retrouver dans nos colonnes. Cerise sur le morceau, on a droit à des scratches de Stresh en outro, qui rappellent quelques phases du plus cainri des rappeurs français. – Chafik

Le 6 décembre : Starlion – Inflammable

Parfois entendu au côté de Grems, Starlion développe aussi une carrière solo. Il sortait ce mois-ci un album intitulé Nature morte xp. Sur une production envoûtante, le rappeur de Reims délivre un très beau storytelling amoureux, jonglant entre instants poétiques et flashs de souvenirs. L’ensemble respire le vécu et parvient même à être drôle par le recul sur lui même dont Starlion fait preuve. L’interprétation est elle aussi réussie : l’émotion transpire au travers des enceintes. Après tout cela, ne reste qu’à savourer la production qui tourne seule en fin de morceau et qui termine de nous bercer. On recommande par ailleurs chaudement l’écoute complète de l’album– Jérémy

Le 17 décembre : Ol Zico – Métro boulot blème-pro (prod. Itam)

Après de longues années à écumer les open mics de la capitale, après un opus avec Warlock au sein du groupe Bazané et d’innombrables featurings sur divers projets, Ol Zico vient enfin de nous dévoiler son premier album solo. Ma Réalité regorge d’excellents morceaux et nous avons fait le choix de retenir « Métro boulot blème-pro ». Sur une production clinquante et entraînante d’Itam, le parisien dresse avec la fougue qui le caractérise le portrait de son quotidien. Flow énergique, rimes et assonances parfaitement maitrisées viennent prouver une nouvelle fois qu’Ol Zico est un artiste complet. Cela valait le coup d’attendre. – Jordi

Le 29 décembre : Tedax Max – On perd nos ailes (prod. Nars x Twani)

En juin dernier, nous évoquions déjà le travail de Tedax Max au cours de notre sélection mensuelle avec le titre « Long Beach ». Il faut dire qu’en 2021 celui-ci n’aura pas chômé. En cette fin décembre, il vient de publier le EP Forme Olympique : Final Season qui ponctue la trilogie initiée il y a pile un an. Le morceau « On perd nos ailes » démontre tout le talent du Lyonnais. Bien accompagné par une instrumentale jazzy et taillée sur mesure de Nars et Twani, le rappeur issu du troisième arrondissement nous délivre trois minutes de rap particulièrement bien écrit, où les images et les références fusent dans une ambiance new-yorkaise. En espérant qu’il viendra confirmer tout le bien que l’on pense de lui en 2022. – Jordi

Le 23 décembre : Swift Guad feat. R.E.D.K., Faf Larage, Hermano Salvatore, Nems, Boss One, Muge Knight, Nems, Makiavel, L’Amir’AL, K.Méléon, Relo, Poz, Lansky Namek, Ismaël & Ocalys – Freestyle de Mars (prod. Sarbacane)

Il n’y a pas que le J qui connecte rappeurs parisiens et marseillais. Swift Guad continue d’ailleurs de croiser le mic avec des gars de la cité phocéenne après avoir featé avec Muge Knight et Relo dernièrement. Sur C.P.C.D.M.C., Vol.2, (dix ans après le volume 1) dans lequel il invite moults collègues (17 titres sur 22 !), il convie pas moins d’une quinzaine de kickeurs du 13 sur le posse cut « Freestyle de Mars » ! Durant huit minutes, Swift casse du MC avec des valeurs sûres, des rookies, des vétérans. On retrouve du beau monde au casting : R.E.D.K., Faf Larage, Hermano Salvatore, Nems, Boss One, Muge Knight, Nems, Makiavel, L’Amir’AL, K.Méléon, Relo, Poz, Lansky Namek, Ismaël et Ocalys (ouf !) ! Chacun se fera son avis sur qui a posé le meilleur couplet. Et jetez au moins une oreille au projet dans son ensemble, car comme dirait Nekfeu : « Swift Guad c’est toujours le même comme Hugo TSR ». – Chafik

Le 24 décembre : Lalcko & Vîrus – La table (prod. Allagrande)

L’association de ces deux hommes ne pouvait que donner un morceau hors-norme. Une boucle de flûte mélancolique leur suffit pour partir dans un titre de quasi sept minutes aux allures de conversation arrosée où le repas de noël se transforme en sujet social, permettant par la même de dévoiler des instants de vie épars dans une tonalité douce-amère. Partage de boîte de sardines, yeux qui apparaissent dans le steak haché, chair laissée autour de l’os par les bourgeois, le rapport à la nourriture devient un sujet de réflexion profonde pour les deux rappeurs dont les observations se complètent. « Moi j’sortais d’une maison en kit, pendant un temps j’ai cru qu’on était blindés » lâche Vîrus avec son regard d’enfant. Par la force de ses regards croisés (d’un homme à l’autre, d’un âge à l’autre) « La table » dégage une grande capacité de remise en perspective.  – Jérémy

Le 3 décembre : Djado Mado – NOOR 2 (prod. Madizm)

Djado Mado connait l’importance d’une intro réussie. La première impression ne doit laisser aucun doute sur les intentions du protagoniste. Le titre (presque) éponyme de NOOR II, entre références (« Tous ensemble chacun pour soi mon héritage« ), profession de foi (« ils font du zouk moi j’fais du rap« ), phases plus personnelles (« j’attends mon premier bambino« ) et pur égotrip (« sur chaque instru j’suis imbattable, j’ai les données, j’ai les datas« ), rappelle que le rappeur originaire de Valence connaît ses gammes. De fait, après cette énergique entrée en matière, superbement produite par Madizm, Djado Mado se permet d’aller expérimenter ici et là sur le reste de son deuxième EP de l’année, au gré des instrus et des mélodies. A suivre. – Olivier

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