10 artistes Rap US en 2021

Cette année fut une nouvelle fois très dense en terme de sorties hip-hop intéressantes. Exit notre running gag Drake/Kanye West, nous avons plutôt été gâtés. Sur cette cuvée 2021, nous vous avons sélectionné 120 morceaux au fil des mois pour pas moins de 80 artistes masculins et féminins. Pour résumer cette berge, on a donc choisi dix artistes qui, à l’humble avis de notre quatuor, ont marqué ces douze derniers mois.

Mais avant cela, quelques mentions honorables afin d’évoquer ceux qui n’ont pas pu être dans ce « top ». Rassurez vous, cette fois-ci aucune mention de Griselda Records !

Mentions honorables : Little Simz, Wiki, Mozzy, RetcH, Chief Keef, R.A.P Ferreira, Blu, Lloyd Banks, Payroll Giovanni, Havoc, Evidence, Tyler The Creator, The Alchemist et Russ.

Mach-Hommy

Découvert personnellement en 2018 avec son Floor Seats (à ne pas confondre avec un certain Ferg), Mach-Hommy est un rappeur assez mystérieux et énigmatique originaire de Haïti et actif depuis 2004. Il a sorti plus d’une quinzaine de projets divers (Eps, Lps, Mixtapes) en multipliant les collaborations et autres featurings: The Alchemist, DJ Muggs, Earl Sweatshirt ou encore Knxwledge. Rattaché à Griselda Records, Mach-Hommy a donc sorti son album Pray For Haïti  en mai dernier (le titre rappelle évidemment un certain Pray For Paris du pistolet de rive ouest). Un album très bien construit et dont la qualité est indéniable : les productions sont léchées (on reste sur la marque de fabrique de Griselda : à savoir des boucles jazz poussiéreuses et un brin lofi), l’écriture de Mach-Hommy très précise et les thèmes abordés ne font comme on dit, pas rire les mouches. Engagé auprès des siens, Mach-Hommy nous parle de la diaspora de son Etat, du lendemain du terrible séisme de 2010, du lâché complet des médias ou encore de choses plus introspectives. Mach-Hommy est un soldat haïtien, critique et mordant. Sa science du rap et son flow ne seraient pas sans nous rappeler un certain Ghostface Killah (d’autres diront GZA), second degré en moins (voire auto-dérision). Tout est millimétré, chaque vers est d’une précision clinique et jamais les propos ou le discours de Mach-Hommy ne tendent vers un quelconque sermon.
Pray For Haïti de Mach-Hommy est une véritable pépite qui s’inscrit dans le renouveau du rap east-coast insufflé par Griselda et répond à sa propre prophétie annoncée sur son projet Haitian Body Odor en 2017 : à savoir son élévation et sa réussite. Mention spéciale pour le morceau « Folie à deux » ou le rappeur de l’archipel caribéen se permet même de surclasser son producteur de Buffalo. Définitivement un des albums de l’année. – Clément

Maxo Kream

Il y a les artistes qui abreuvent le marché de projets en espérant qu’un titre ou une mixtape leur permette de sortir du lot, et il y a ceux qui construisent patiemment une carrière où chaque album est mûri et sort après un polissage complet. A l’image d’un Kendrick Lamar, Maxo Kream fait partie de cette deuxième catégorie. Ses deux premiers albums affichaient sur leur pochette d’abord le bas de son visage pour Punken, puis un montage plutôt inquiétant faisant part de sa dualité pour Brandon Banks. Le troisième rebat les cartes : le rappeur texan apparaît désormais de dos. Son titre ? Weight of the world. Le message est clair : l’oeuvre parlera du poids que Maxo doit porter sur son dos. Les mots qui ouvre l’album sont durs : « Before I spend my life in jail, I’d rather die and burn in hell ». Les samples sont souvent discrets, en retrait, laissant place à des percussions riches et à des basses sèches mais bien fournies. Un écrin pur qui convient bien au rap profondément intimiste de Maxo, évoquant les troubles financiers ou de santé de ses proches ou bien ses traumas personnels, voire ses fiertés. Toute cette richesse de vécu avec ce qu’elle contient de tragique passe aussi par une voix qui prend de la place et qui emmène de l’émotion sans jamais surjouer. Il y a de la dureté mais elle est livrée avec une forme de retenue qui lui donne d’autant plus de force. Maxo se livre, mais avec pudeur. Ce dernier album parvient à la fois à être purement cohérent, bien porté par la forte personnalité de son auteur principal, tout en étant riche et varié. Maxo Kream construit brique par brique une très belle discographie. – Jérémy

Boldy James

Ce n’était sans doute pas le rappeur dont on attendait le plus les collaborations avec The Alchemist mais la continuation de cette alliance a pourtant tout d’une réussite. Bo Jackson et Super Tecmo Be font partie des meilleurs projets récents de Alchemist. Même chose pour Boldy. L’appétit pour l’expérimentation et le psychédélique d’ALC se marient en effet parfaitement au style monolithique du rappeur de Detroit. Les envolées des productions et le côté posé et rauque de la voix se repoussent à tel point qu’ils finissent par s’attirer. C’est là tout le paradoxe car les productions ont tendance à créer plus d’émotions que les textes qui alignent pourtant des associations d’idées surprenantes et qui baignent majoritairement dans des atmosphères sombres de méfiance généralisée et de vie de rue. Il faut du temps pour rentrer dans le rap de Boldy James mais une fois que l’on se laisse prendre dans ses successions de rimes imbriquées convoquant des références variées (de Perceval à Highlander) et des métaphores frappantes, il devient dur d’en sortir. Les invités sont triés sur le volet : les Benny, Roc Marciano ou Freddie Gibbs, eux aussi habitués de la maison livrent tous des prestations de haut niveau. Icecoldbishop, seule apparition surprise fait aussi le taff sur l’excellent « Hot water tank ». En bref, sur ces deux projets, il y a à la fois la spontanéité et l’audace de la musique faite dans l’urgence, et le sérieux et la précision de morceaux murement réfléchis. Un mélange que seuls de grands maîtres peuvent atteindre. – Jérémy

Ransom

Ransom, rapper of the year. The Interview | Throw Up Magazine

Dans l’underground, l’époque fait la part belle à l’émergence à une échelle que l’on peut qualifier d’importante de vieux briscards, arpentant le milieu depuis plusieurs années. Ainsi des membres de Griselda, tous largement trentenaires lorsqu’ils commencent à dépasser le cadre étriqué de la banlieue newyorkaise de Buffalo, ainsi de Boldy James, âgé de 37 ans lorsqu’il signe justement sur Griselda et qu’il explose avec l’excellent The Price of Tea in China, et ainsi cette année de Ransom qui, à l’âge de 40 ans, est devenu un incontournable du microcosme de l’underground newyorkais, multipliant les sorties et les apparitions sur les opus des artistes apparentés. Ainsi, Ransom nous aura fait profiter toute l’année, à travers ses projets conceptuels notamment, de sa science de la rime, et de son écriture minutieuse, équilibre parfait entre des placements d’une précision mathématique et une interprétation de kickeur expérimenté. C’est donc avec pas moins de 4 opus, dont un commun avec Rome Streetz, autre newyorkais très actif en 2021, que Ransom termine l’année. Loin de faire dans la musique fast-food, chacune de ses galettes a son identité propre, avec comme dénominateur commun, le caractère cinéphile de son rap. Ainsi, chaque titre de Crime Scenes, à la manière de ses autres projets avec le beatmaker Nicholas Craven, se réfère à un classique du cinéma outre-atlantique. Se7en est une référence directe au film de David Fincher, et Heavy is the Head, s’il n’est pas explicitement référencé, est un clin d’œil plus ou moins subtil à l’univers médiéval de Game of Thrones. Si Coup de Grace échappe à cette typologie, il se démarque par la qualité du rap qui est servi, presque sans équivalent en 2021, les deux compères rivalisant de rimes riches et d’images saisissantes, découpant les productions comme des oignons. Et viennent ainsi couronner une grande année, tant pour l’un que pour l’autre. – Xavier

Dark Lo

The Official Video For Dark-Lo And V Don's "Lamb" Goes Extra Hard - Weekly  Rap Gods

L’année de Dark Lo cristallise un certain nombre d’éléments inhérents au milieu du rap, tout particulièrement contemporain. Condamné en août à 7 ans et demi de prison pour intimidation de témoin, dans le cadre du procès de son compère de toujours Ar-Ab, alors même qu’il en sortait, Dark Lo a paradoxalement connu une année extrêmement productive niveau rap, avec pas mois de trois projets communs publiés dans un laps de temps extrêmement court. Cette productivité est une bonne illustration de la nécessité de travailler dans l’urgence, dans un milieu où la justice fédérale n’est jamais bien loin. Une urgence qui se ressent dans la durée desdits projets (entre 20 et 30 minutes), et dans l’interprétation du barbu de Philadelphie. Quand chaque seconde compte, il est important de le faire ressentir dans chaque ligne. Cette urgence se ressent également dans le travail global, chacun des trois projets étant le fruit d’une collaboration avec un seul beatmaker, à savoir, Harry Fraud, Vdon puis Havoc, ce qui donne une cohérence d’ensemble et une identité propre à chacun des opus, mais indique aussi la nécessité de travailler vite et bien, dans un cercle fermé, les albums étant presque dépourvus d’invité. Mais que ce soit sur les samples lumineux d’Harry Fraud, les productions d’orfèvre de Vdon, ou les beats plus bruts d’Havoc, Dark Lo est une constante qualitative, et montre qu’il figure bien parmi les MC’s méconnus les plus dignes d’intérêt, de par son authenticité, ses lignes arrachées du plus profond de ses entrailles et sa qualité d’interprétation, déjà évoquée. Mais toute qualitative qu’elle est, il est probable que Dark Lo eût échangé son année rap contre sa liberté. Ne reste ainsi qu’à l’honorer comme il se doit. – Xavier

Rio Da Yung OG

Condamné à cinq ans de prison en début d’année, Rio Da Yung Og a tout de même sorti, en 2021, quatre projets collaboratifs ainsi qu’un EP solo. Il a ainsi croisé la route de Nuez, Baby Zeek, PM Capo et de RMC Mike pour la suite de leur fameuse série Dumb and Dumb3r. Seul ce dernier a d’ailleurs sa petite renommée, les autres étant des jeunes artistes plutôt méconnus du Michigan natal de Rio, région à laquelle il a toujours démontré un grand attachement. Bien entendu, il y a du déchet dans cette avalanche de projets mais comme pour Gucci Mane il y a une dizaine d’années, il y a un style très identifiable, ici fait de placements surprenants, souvent off-beat et de césures assumées entre chaque phases qui viennent souligner leur impact. Rio, avec son sens de l’outrance, aligne des punchlines particulièrement drôles et absurdes qu’il entrecoupe parfois de paroles plus terre-à-terre et introspectives. Il est toujours difficile de savoir vers où il va nous mener, ce qui rend son rap particulièrement ludique et divertissant : on ne sait jamais sur quel pied danser. A l’instar de Gucci, et avec sans doute un peu moins de nez, il y a donc aussi cette volonté de rassembler les talents locaux en tentant de faire éclore de nouveaux rappeurs et producteurs. C’est à la fois par la qualité de sa musique et par la place qu’il souhaite prendre localement que Rio Da Yung Og est en train de marquer son temps. Espérons qu’il parvienne à continuer à jouer sa partition malgré ses problèmes judiciaires. – Jérémy

Drakeo the Ruler

Le rappeur Drakeo the Ruler poignardé à mort dans les coulisses d'un  festival

L’année 2021 s’est conclue tragiquement, avec les nouvelles coup sur coup des décès de Young Dolph, puis celle, moins commentée, de Drakeo the Ruler. Pour ce dernier, cet événement vient conclure une période très difficile, et une cabale judiciaire comme seule la plus vieille démocratie sait en produire. Alors qu’il croupissait en prison depuis 2018, en attente d’un procès pour meurtre pour lequel il a été acquitté en 2019, le procureur du district l’a alors chargé de nouvelles accusations afin de le garder en geôle. Finalement libéré en novembre 2020, la rancœur accumulée en prison s’est déchaînée, et Drakeo a enchaîné les sorties de qualité, avec les textes écrits sur les murs de sa cellule, jusqu’à son assassinat en décembre dernier, avec pas moins de 6 sorties, dont 4 en 2021. Il n’y a pourtant pas si longtemps, il était considéré comme l’un des grands espoirs de la scène de Los Angeles, étant parvenu à mélanger les lignes de basses g-funk à une violence flegmatique teintée du spleen du hustler, ainsi qu’à un certain goût pour l’humour noir, qui fait que d’aucuns le considéraient comme le rappeur générationnel de sa ville. Une atmosphère toute particulière, dont il était un des pionniers, qu’il était parfaitement parvenu à reproduire, et même à décupler après sa sortie de prison. Les albums distillés dans l’intervalle sont en effet d’une noirceur un peu plus marquée qu’avant, ce qui leur donne une homogénéité que n’avaient pas forcément les albums de la période précédente. Le revers de la médaille, c’est évidemment un aspect quelque peu répétitif, dont ne lui tiendra pas rigueur, surtout dans un hommage à celui qui restera, après son décès tragique (un de plus dans l’univers de cette musique), l’un des principaux porte-étendards du rap angelin. – Xavier

The Lox

Avec deux albums signés Styles P contre des apparitions (remarquées) çà et là pour ses deux compères, le Ghost prend l’avantage discographique. D’autant que chacune des deux sorties est excellente, dans la droite ligne d’à peu près tout ce qu’il sort ces dernières années. On serait pas loin de la faute professionnelle si on ne recommandait pas Ghosting, mais Wreckage Manner, sorti en fin d’année, nous prend encore plus par les sentiments. Styles Pinero n’est pas affecté par l’âge quand il passe derrière le micro, on le sait déjà. Sa plume est affûtée comme un couteau de boucher et ses flows ne prennent pas une ride. Mais les productions hors du temps de Havoc (+ quelques couplets) ont toujours une valeur sentimentale particulière, comme une madeleine de Proust avec plus de poussière.

Mais si nous avons choisi de mettre, modestement, un coup de projecteur sur tout le groupe, ce n’est pas seulement pour les disques solo d’un membre. Sur scène, c’est bien toute la troupe qui s’est fait remarquer et a rappelé son statut de légende du rap à qui en aurait douté. Nous parlons, vous l’aurez sûrement deviné, de l’épisode de Verzuz qui les opposait aux Dipset dans le Madison Square Garden de la grosse pomme. Jadakiss, qui avait déjà affronté Fabolous à l’été 2020, a endossé le rôle de leader survolté pendant une soirée mémorable dont nous vous recommandons tout du moins de visionner un best-of.

Enfin, c’est peut-être moins dans notre ligne éditoriale habituelle, mais les trois zigotos sont aussi hôtes d’un podcast cinéma avec ItsTheReal, des podcasters initialement spécialisés dans le rap et amis des trois rappeurs. Qu’on se le dise, les analyses de 2 Jews And 2 Black Dudes ne sont pas des plus pointues mais sacrément amusantes et c’est déjà pas mal. – Wilhelm

Harry Fraud

Fort de 6 disques collaboratifs produits cette année, Harry Fraud s’impose comme l’un des acteurs majeurs du rap américain… une fois de plus. En favorisant des formats courts, Fraud arrive à chaque fois à mêler son univers très jazzy et soul à celui des rappeurs avec qui il collabore. Pas forcément de la même manière à chaque fois mais avec une cohérence impressionnante : le Fraud Department aux côtés de Jim Jones sonne vraiment comme une fusion de ce que font les deux hommes ; Plugs I Met 2 offre une suite plus luxueuse mais pas moins rugueuse au premier volet, comme pour accompagner l’élévation de Benny – autant dans sa carrière musicale que dans ses récits ; Borrowed Time est un terrain d’épanouissement aussi crade que joli pour un Dark Lo entre deux peines de prison ; le producteur new-yorkais redonne du jus à un rappeur qui peine depuis quelques années à faire des disques intéressants sur Hoffa de Dave East ; Regatta poursuit la liste des bandes son wavy avec Curren$y et, en toute fin d’année, le très court High Fashion avec des couplets de feu Lil Peep verse, pour le coup, légèrement plus dans l’expérimental (comprendre « dans le rock dont on est pas forcément fan » mais formulé plus poliment). Derrière ce name-dropping peu digeste pour qui n’aurait pas suivi en temps réel, c’est le travail d’orfèvre que nous voulons mettre en accord. Si le soucis de la belle boucle est au cœur de la musique de Harry Fraud, on ressent peut-être plus qu’ailleurs l’envie de faire un tout, d’avoir une (fameuse) « vision » d’ensemble musicale mais aussi une évidente spontanéité. – Wilhelm

Big Ghost

Les collaborations complètes entre un rappeur et un producteur ont toujours existé et certains des plus grands groupes de rap de l’histoire sont même composés de la sorte. Il n’est donc pas surprenant que les milieux underground fourmillent aussi de projets communs et que certains producteurs puissent s’épanouir dans des niches qui permettent déjà à des rappeurs de vivre sans exposition majeure. Nombre d’entre eux choisiront de se placer à droite, à gauche en dehors des projets exclusifs. Le mystérieux Big Ghost Ltd., lui, a pris le parti de produire exclusivement pour des disques entiers et dont l’esthétique semble être le fruit de sa seule tyrannie, traitant les rappeurs comme du bétail. Conway le confiera au détour d’une interview : il n’a jamais vu ni parlé de vive voix avec celui qui a confectionné 3 de ses meilleurs albums – dont 2 solos. Il ne connait pas sa couleur de peau, son sexe et, à vrai dire, il s’en fiche. Il reçoit les instrumentales et s’exécute. Derrière des samples au choix magnifiques ou pesants mais toujours macabres et un univers éminemment cinématographique, on remarque qu’il avait déjà saisi tous les codes de l’esthétique sonore de Griselda dès 2015, alors qu’elle n’était qu’à peine définie. Nous voilà donc, 6 ans plus tard, dans la continuité directe de ce qui était amorcé. L’année n’est pas loin d’être parfaite pour celui qui choisi aussi rigoureusement ses samples que les rappeurs qui auront le droit d’en faire usage. On remarque, chez le gros fantôme, un penchant pour les cracheurs de feu. Il s’est associé à Conway et Ransom, deux immanquables en 2021, mais il a aussi croisé les routes d’Eddie Kaine et Al.Divino, indéniablement moins en vue. Les enquêteurs aguerris du Bon Son ont toutefois de meilleures sources que le buffaloan qui hante leur colonnes puisque nous pouvons vous l’annoncer en grande pompe : Big Ghost Limited est un homme. Enfin probablement. – Wilhelm

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