10 Bons Sons US en octobre 2021

Octobre aux states, c’est surtout Halloween et son cortège de citrouilles, ses farces ou friandises – surtout les friandises -, ses costumes, son atmosphère typique et son défilé de rappeurs, sportifs et célébrités diverses tous aussi bien déguisés les uns que les autres (ou pas). Puis dans le tas, des sorties musicales ; certaines semblables à des grosses citrouilles vides, d’autres à des chocolats cœurs fondants. Voici donc notre sélection de confiseries mensuelles.

Ovrkast. – Vent (prod. Chris Keys)

Et oui ça arrive encore que Soundcloud revête son costume de plateforme ultime pour dénicher de la pépite dont personne n’a entendu le blase. C’est le cas ici avec Ovrkast, jeune emcee et producteur originaire d’Oakland en Californie, ancien membre du collectif LoFiction et actuellement la moitié du duo Domore avec son acolyte Demahjiae. Il nous délivre ici un morceau produit à 4 mains avec Chris Keys dont la première partie drumless et assez lo-fi contraste drastiquement avec la seconde moitié, beaucoup plus moderne et « catchy ». Si vous souhaitez découvrir un peu plus l’univers d’Ovrkast., je vous conseille son album Try Again ainsi que sa version Deluxe. En attendant, gardons un œil sur ce jeune « nuggets ». – Clément

Mavi – Nun New (prod. Wulf Morpheus)

Si vous avez apprécié le morceau précédent, alors celui-ci vous plaira tout autant. Mavi fait partie de ces rappeurs que j’affectionne tout particulièrement et dont l’univers semble similaire à tout un tas d’autres emcees habitués de nos colonnes. Je pense notamment à Chester Watson, Lord Apex, Rejjie Snow ou encore à ce bon vieux Earl Sweatshirt. Bref, Mavi est rappeur originaire de Charlotte que j’avais découvert avec Let The Sun Talk en 2019 et qui depuis était disparu de mes radars. Jusqu’à ce morceau drumless, apparut de nulle part dans mes suggestions. Un track écrit et clippé lors de la plus récente tournée de Mavi et avec en prime un sample du grand Alan Hawkshaw (qu’on avait déjà entendu en France du côté du 77). L’occasion de vous rappeler que le bougre avait bel et bien sorti un EP depuis, End Of the Earth, à écouter sans modération. – Clément

JPEGMAFIA – Rebound! (prod. JPEGMAFIA)

JPEGMAFIA ouvre son morceau avec une phase bien régressive. Hyper court, le premier couplet laisse vite place à un refrain hurlé soutenu par des synthétiseurs menaçants. Plus le titre se prolonge et plus les couplets s’étalent, comme si le besoin d’égotrip se faisant grandissant, et ce jusqu’à la disparition totale du refrain. Cette construction étonnante fait vraiment son effet : comme souvent, JPEGMAFIA ne se contente pas de la bizarrerie pour la bizarrerie, mais cherche à créer de l’émotion par son interprétation et son art du contre-pied. Sa dernière livraison intitulée « LP! » regorge de belles idées.  – Jérémy

Wiki – Can’t do this alone feat. Navy Blue (prod. Navy Blue)

Troisième album solo pour l’ex-membre de Ratking qui confie cette fois l’entièreté de la production à Navy Blue, ici invité en featuring. Dans ce morceau intimiste, les deux rappeurs évoquent leur propre naissance et multiplient les réflexions sur la vie, déposant des images poétiques ça et là. Le très court sample vocal constituant le cœur de la production ramène un côté entêtant. La voix plus nasillarde de Wiki vient parfaitement répondre au ton plus posé de Navy Blue, d’autant que le début du couplet de Wiki prend directement la suite de celui de son compère. L’alchimie est pure. – Jérémy

Meek Mill feat. Giggs – Norhside Southside (Prod. Cardo & Emkay)

Un album de Meek Mill constitue toujours un événement en soi. Fidèle à un mode de production que d’aucuns qualifierait d’archaïque, le MC de Philadelphie n’est pas adepte de l’hyper-productivité que l’on connaît à d’autres habitués de cette sélection. De ce fait, il parvient toujours à fédérer un certain engouement autour des albums qui continuent de sortir au compte-goutte, même si leur accumulation depuis plus de 10 ans lui a permis d’avoir, à ce jour, une discographie des plus solides. Et pourtant, Expansive Pain ne nous a pas beaucoup emballé. La faute peut-être à une liste d’invités qui fait peine à voir au regard de ses précédents opus, et au trop grand nombre de concessions commerciales. Pour autant, certains morceaux valent clairement le coup. C’est le cas de cette collaboration avec le Britannique Giggs (aucun lien de parenté avec l’actuel sélectionneur de l’équipe nationale galloise), qui tire son épingle du jeu parmi le marasme général des collaborations du disque. On retrouve également avec plaisir l’excellent Cardo, accompagné par Emkay à la production, le Minnésotain faisant encore montre de l’étendue de sa palette. – Xavier

Payroll Giovanni – Living Proof (Prod. Knoxville)

Nous vous parlions très récemment du dernier album de Payroll Giovanni, à travers l’ancrage de ce dernier dans son milieu d’origine. Ainsi, il aurait été plutôt incongru de ne pas le faire figurer dans cette sélection mensuelle. Et parmi les nombreux très bon titres, parmi les 18 qui composent le disque, nous avons été particulièrement séduits par « Living Proof », et surtout par la production de Knoxville qui offre, avec son mélodieux sample de saxophone, un terrain de jeu idéal au MC de Detroit pour un morceau plus personnel, dans un registre plutôt rare pour lui. – Xavier

Ransom & Rome Streetz feat. Che Noir – Claudine (prod. V Don)

Associés le temps d’un disque, Ransom et Rome Streetz confirment tous les espoirs fondés sur eux depuis quelques années. L’efficace et infatigable flow de ce dernier se marrie parfaitement aux rimes chirurgicales et au flegme du premier. Mais sur « Claudine », ils ont en plus l’honneur de recevoir Che Noir pour conter le destin tragique d’une ancienne étudiante devenue accroc à la drogue. Et ce n’est pas tout : l’habillage musical est réalisé par l’immense V Don et sa science des boucles. L’occasion de rappeler à qui en douterait que le storytelling et le kickage n’ont jamais été antinomiques. – Wilhelm

Young Thug feat. Strick – Die Slow (prod. Charlie Handsome)

Introduction de Punk, le (seulement) deuxième album de Young Thug, « Die Slow » est une balade contemplative dans l’univers d’un artiste aussi fascinant qu’énigmatique. Derrière la narration un peu décousue mais somme toute sincère, la guitare témoigne de ce qui se confirmera tout l’album durant : si l’influence musicale de son entourage est manifeste (mais si, vous savez, le bonhomme un peu enrobé qui met des habits rigolos et parle constamment de gouttes d’eau), il s’approprie complètement cette esthétique. Cela étant dit, si nous pouvions chuchoter à l’oreille de l’industrie musicale, on lui suggèrerait sans doute de ne pas (plus ?) abuser desdites guitares. – Wilhelm

Eddie Kaine & Big Ghost Ltd – Free Lunch feat. Skyzoo

On sait peu de choses sur Eddie Kaine, sinon que le rappeur Rim, protégé de Sean Price, l’a un moment pris sous son aile, contribuant à booster son réseau de collaborateurs, ou encore qu’il a grandi au coeur du mythique quartier de Bed-Stuy dans Brooklyn, là où un mythique battle avait couronné le grand Christopher Wallace. Mais ça résume à peu près le tout. À défaut d’une biographie qui rende justice à son talent, Eddie Kaine nous en offre ici la narration imagée. Jalonnée de coups de feu, d’enjambements de crackheads affalés, de cambriolages de bijouteries et de coups de chaleurs sur le béton brûlant, le biopic musical du rookie de Bed-Stuy est projeté pour visionnage sur une production lumineuse de l’énigmatique Big Ghost Limited. En témoigne l’excellent projet qu’il a produit en février pour Conway The Machine, qui de mieux pour assurer la bande-son du récit d’un cassos de Brooklyn ? Et qui de mieux que Skyzoo, le plus grand ambassadeur de son arrondissement pour l’intrôniser ? – Christophe

Big Twins & Cuns – Graduated at the Corner feat. Beanz

La jeune rappeuse avait essuyé un coup dur lorsqu’à l’issue d’un battle perdant l’opposant à Flawless Real Talk, elle avait été éjectée de l’aventure Rythm + Flow. Depuis, une courte traversée du désert la reléguant à l’ombre de l’industrie l’a vue aiguiser ses skills, son travail culminant à la sortie d’un album désormais disponible. Son flow technique et hargneux fait d’elle une des ambassadrices d’un rap orthodoxe en voie de renaissance, quoique ses rêves de grandeurs l’amènent quelques fois à commettre de sévères fautes de goûts. Néanmoins, force est de constater que certains poids lourds du game n’hésitent pas à l’adouber, en témoigne cette invitation de Big Twins à complémenter l’un de ses couplets les plus touchants des dernières années. – Christophe

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