Février. Le mois de l’amour. Waouh, c’est beau. Et c’est encore plus beau quand c’est dit avec des dollars et une grosse bouffe. Ainsi va la vie du coté des amerloques.
Token feat. Tech N9ne – Youtube Rapper (Prod. Nox Beatz)
Comme on vous l’avait signalé en novembre dernier, le jeune Token a donc sorti son premier (véritable) album, intitulé Between Somewhere et sorti pour l’hiver. Lancé dans une tournée qui durera probablement tout l’exercice 2019, le rappeur du Massachusetts en profite pour sortir un des morceaux additionnels du projet, en featuring avec le vieux TGV Tech N9ne. En direct du tour bus et sur une instrumentale de son collège Nox Beatz, les deux rappeurs éclatent quasiment tout ce qui concerne ces « youtube rappers », dans le fond comme dans la forme. Un morceau qui fait quelque peu écho à leur ancienne collaboration sur le morceau « Forever M.C and it’s different ». –Clément
Chester Watson – Time Moves Slower Here (Prod. Louis Shungu)
On vous en parle dès qu’il sort un morceau et on le suit depuis belle lurette, mais que voulez vous, Chester Watson est un artiste singulier. Après avoir sorti une beat tape le mois dernier, le emcee de Saint-Louis délivre ici un single intitulé Time Moves Slower Here, accompagné d’un clip qui oscille entre effets vintage et grosse tranche de psychédélisme. Le résultat est une nouvelle fois très convaincant, la seule frustration étant la courte durée du morceau. On le dit à chaque fois mais répétons-le encore : vivement le premier album studio. – Clément
Dank Zankala – Paper Planes (Prod. Yondo)
La très bonne chaîne youtube (n’en déplaise à Token) Fat Cat Beats a pour habitude de fouiner dans l’indie rap us pour élire la « pépite » mensuelle.
Et cette fois-ci, il faut dire que le emcee choisi cartonne sévèrement.
Avec une belle voix, un flow agile comme Ezio Auditore et une plume plutôt sympathique, le tout sublimé par l’instrumentale évolutive (précisément avec deux samples) du producteur Yondo, décidément très en vogue, le terme de pépite marche super bien. – Clément
Freddie Gibbs & Madlib – Flat Tummy Tea
Depuis la sortie de Piñata, en 2014, les plus grands intellectuels de ce monde attendent que Freddie Gibbs et Madlib poursuivent leur aventure commune. Et malgré la confirmation d’une suite il y a plusieurs années, nous n’avions pas grand chose à nous mettre sous la dent. La machine est cette fois belle et bien lancée avec ce très agréable « Flat Tummy Tea ». Si on devine que les herbes préférées de Kane et Otis ne se trouvent pas dans les sachets de thé amincissants, gardez tout de même à l’esprit qu’une consommation quotidienne de thé blanc et vert en complément d’une activité sportive régulière et d’un mode de vie sain offrent d’excellents résultats sur votre santé. – Wilhelm
Reverie & Louden – The Great Depression
La dépression et le consommation assumée de drogues ne sont pas des thèmes particulièrement originaux dans le rap. Pour autant, l’approche de Reverie n’est pas la plus commune : ancienne dépendantes de stupéfiants divers, elle raconte sa lutte contre l’addiction, la rechute et surtout elle-même. Derrière les machines, Louden, choisi des sonorités asiatiques qui se marieront plutôt bien avec la jolie voix de sa soeur – notamment lorsque celle-ci chante. Il apporte aussi une atmosphère largement propice à une imagerie qui enchaîne les flous et les filtres de couleurs pour nous engourdir et nous immerger dans le morceau. Wilhelm
$ha Hef – ShootOuts (prod. A$AP P on the Boards)
$ha Hef n’est pas un grand communiquant mais il est au moins aussi discret qu’efficace. Lorsqu’il est apparu, fin février, sur la surface des internets, c’était donc logiquement en musique. « ShootOuts », morceau aux aspects introspectif et (toujours) rue, est le premier extrait d’un EP entièrement produit par A$AP on the Boards, P.S.A. Les sonorités très 90’s du morceau ne sont pas particulièrement représentatives du projet, déjà disponible lorsque vous lirez ces lignes, mais l’empreinte très New-Yorkaise du morceau plane invariablement sur les 9 morceaux. D’ailleurs, n’hésitez pas à vous ruer impérativement sur le projet. – Wilhelm
Berner & Mozzy – Family 1st (prod. Shiesty & Stinje)
L’infatigable et fascinant Berner choisit toujours ses invités avec le plus grand soin. Pour ce début d’année, il s’est entouré d’un autre californien proche de The Jacka, la regrettée légende de la Bay Area : Mozzy. Celui-ci, en route vers un succès plus mainstream depuis Gangland Landlord, prend toujours le temps de ravir ses fans de la première heure. Nous avons choisi d’extraire « Family 1st » avec Ampichino. Les cordes oppressantes et la voix pitchée au refrain de Shiesty & Stinje laissent aux trois hommes tout l’espace nécessaire pour flirter entre confession et storytelling urbain du plus bel effet. –Wilhelm
Smoke DZA – Legend Has It (Prod. CThaSouth)
Smoke DZA est toujours l’un des MC’s les plus prolifiques et réguliers du milieu, comme le prouve sa présence régulière au sein de notre sélection. Après une mixtape plutôt solide sortie en janvier, c’est cette fois un petit 3 titres, sorti discrètement sur SoundCloud, entièrement (et extrêmement bien) produit par CThaSouth, que nous souhaitions mettre en avant. Et s’il est inconnu au bataillon, ce dernier mériterait de se faire un nom, tant l’ambiance chaleureuse et musicale se marie parfaitement aux couplets de DZA, qui est également accompagné de Benny sur « Luck of draw ». –Xavier
A$AP Ant – Vanilla Cream Soda
Dans la tentaculaire structure A$AP, il est difficile de se faire une place derrière les monstres que sont Rocky et Ferg. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer pour « Aussi Vite Que Possible Fourmi », qui, depuis quelques années déjà, abreuve régulièrement ses rares auditeurs de mixtapes et sorties diverses. Force est de constater que le jeune homme a plus été influencé par le mumble rap atlantéen (et on ne parle pas du légendaire amiral Arkantos) que par ses grands frères. On peut toutefois trouver quelques morceaux dignes d’intérêt, comme ce « Vanilla Cream Soda », où Ant nous rappelle quelques fois le Chief Keef des grandes années avec cette nonchalance zombiesque, bien aidé il est vrai par une instrumentale totalement abrutissante. –Xavier
38 Spesh – What More (Prod. Jimmy Dukes)
On a découvert 38 Spesh (rappeur-producteur pourtant actif depuis 2008) sur l’excellent Stabbed & Shot, sorti l’année dernière en collaboration avec Benny The Butcher. Le voilà qui démarre 2019 avec un opus de 10 titres (on triche un peu avec le morceau, sorti le 31 janvier, la veille de l’album), intitulé sobrement 38 Strategies of Raw, où l’on retrouve des sonorités chères aux amateurs de rap newyorkais, et notamment une grande utilisation de samples vocaux, comme sur « What more », morceau très positif (et magistralement produit par Jimmy Dukes) où 38 Spesh revient sur les difficultés de son parcours pour mieux savourer son état actuel. –Xavier