10 Bons Sons en mars 2018

« Si mars est sec et poussiéreux, le bouvier est orgueilleux » proclame un proverbe gersois. Autant dire qu’en cette année 2018, les gardiens de bovins n’ont vraiment pas de face. En témoignent les 10 morceaux suivants, labellisés par nos soins.

Le 30 mars : Dinos – Les pleurs du mal (Prod. BBP)

« Si ma pensée profonde avait un intitulé, ça serait : « Qu’ils aillent tous se faire enculer » » En reprenant le refrain de « Ça fait du bien d’le dire » de Flynt (qui réutilisait lui-même une phase de Morad sur Explicit Dix-Huit), Dinos fait plus que rendre hommage au MC originaire du 18ème arrondissement. En effet, il délivre avec « Les pleurs du mal » une sorte de profession de foi, entre lignes conscientes et passages plus personnels, à la manière de  « Ma définition » de Booba dont il détourne également un passage. Un puzzle de mots et de pensées qui fait plus que rassurer le public quant à la longue attente autour d’Imany, son premier album programmé pour le 27 avril, puisqu’il dévoile également un rap plus maîtrisé encore que sur ses EP’s sortis en 2013 et 2015. – Olivier

Le 26 mars : Taipan – Fiché S

Comprendront ceux qui doivent comprendre. Pertinent et provocant comme à son habitude, Taïpan a visé juste : voici la première lettre rappée d’un djihadiste à sa maman, racontant ses envies de départ, son périple sur place puis son espoir de retour. Terriblement d’actualité, son story-telling génial contient une quantité de phases aussi réalistes que marrantes, suscitant une gêne profonde. Le texte prend toute son ampleur grâce à la vidéo d’Urtica, couplant des images de type archives de reporter à des plans cinématographiques. L’impayable Taipan endosse une nouvelle fois ce rôle de trouble-fête, surprend son monde avec un thème inédit, et ne manquera pas de récolter une volée de bois vert de ses détracteurs les plus fervents. Tant mieux. Maître de son concept de bout en bout, on le voit déjà faire sauter le public au son du délirant : « Fichés S, on est fichés-fichés S ! »Antoine

Le 9 mars : Sidi Wacho – Te gusta la cumbia

Sidi Wacho regroupe une variété de musiciens iconoclastes guidés par Saïdou et Juanito Ayala. Les paroles, alternant la plupart du temps entre français et espagnol, sont dans la pure veine de la chanson engagée. Leur deuxième album Bordeliko confirme leur capacité à mélanger des influences musicales très diverses en gardant un esprit hip-hop acéré. Mais si les paroles sont résolument engagées, la vibe qui se dégage de leurs différents sons est clairement dansante. Le titre « Te gusta la cumbia » illustre parfaitement ces deux thèmes récurrents : la danse et la révolte. Un album à écouter de toute urgence qui pourrait bien porter en lui quelques hymnes encourageants pour les luttes à venir. – Costa


Le 3 mars : Zippo – Google (Prod. Le PDG)

Qui peut encore échapper à Google ? Certainement pas le bûcheron le plus revendicateur du rap français qui a  décidé de sortir son album Zippo contre les robots en ce mois de mars. A mesure que Google étend son emprise sur le monde, Zippo entend chanter les louanges de l’entreprise américaine. De manière humoristique ? Peut-être pas tant que cela. Un son qui est un bon moment de méditation sur l’importance de Google dans nos modes d’existence modernes : « Elle n’est pas belle la Google vie ? ». – Costa

Le 21 mars : Veerus – Dope Boy (Prod. Ponko)

Il y a tout jute un an, V2E sortait son EP Mercure en binôme avec le producteur Ikaz. Au cours d’une interview accordée à notre site, il nous expliquait qu’un album intitulé Iceberg Slim ferait suite à ce format court mais que la date restait encore indéfinie. Le premier extrait de ce qui sera le sixième projet du dunkerquois vient enfin de voir le jour. A l’écoute du morceau « Dope Boy », force est de constater une nouvelle fois que Veerus reste un rappeur hors pair. Très à l’aise techniquement,  il répartit à l’aide de sa voix grave des phases faisant mouche à tous les coups. Comme à son habitude. Pour la partie instrumentale, le membre du collectif Jay Fly a cette fois-ci  fait appel au beatmaker belge Ponko, qui a collaboré récemment avec des artistes comme Hamza ou Damso. Enfin, coup de chapeau à Salim Boujtita et son équipe pour avoir brillamment mis en scène le clip de ce morceau. Rendez-vous le 20 avril pour la sortie de l’album. – Jordi

Le 9 mars : Zeu ft PLK & Ormaz  – Piou-Piou (Prod. Asot One)

Actualité chargée pour les petits gars du Panama Bende, qui, à peine sortis de leur tournée nationale pour soutenir l’album ADN sorti l’année dernière, se lancent un à un dans la propagation de projets personnels, tous globalement intéressants. C’est ce mois-ci au tour de Zeu qui, avec un nom un brin raccourci lâche un 8 titres qui mérite un petit détour. On y retrouve son flow toujours plus technique qu’il n’y parait et des couplets farcis de références, sur des prods un peu plus sombres que celles sur lesquelles on a l’habitude de l’entendre au sein du groupe. Mais si les titres en solo nous permettent d’apprendre à mieux l’apprécier, c’est le dernier morceau du projet qui nous régale le plus. Zeu y est rejoint pour 4 minutes par ses acolytes Ormaz et PLK de la Confrérie, et les trois jeunes parisiens se délectent visiblement sur « Piou-Piou », chacun livrant un couplet révélateur de son identité. Un poil second degré, dense et nonchalante, la prod de Asot One est joliment portée par le trio et le groove de PLK au refrain. – Sarah

Le 26 mars : Isha – L’augmentation Pt. 2  (Prod. Eazy Dew)

Enfin sorti en fin de mois après une longue attente, le deuxième volet de La vie augmente a sans nul doute su satisfaire les aficionados. Si plusieurs des 10 titres du projet auraient pu se retrouver dans cette sélection, c’est finalement la deuxième partie de l’Augmentation que nous avons retenue. La voix claire d’Isha s’y pose avec autant de délicatesse et de nonchalance que de fermeté, comme toujours avec une simplicité qui force l’admiration. La prod minimaliste de Eazy Dew, de nouveau aux commandes pour cette deuxième partie, rend encore une fois pleine justice au rythme saccadé et puissant des 16 du Belge. – Sarah


Le 7 mars : Le Téléphone Arabe – Méridien

Aux sons de LTA, les auditeurs reconnaissants. Le Téléphone Arabe a cette facilité à injecter de la nonchalance à son écriture, à poser sur ses titres en leur donnant des allures de freestyles, alors que le rendu tabasse généralement une quantité inimaginable de pseudo-concurrents. « Méridien » est un nouveau titre en libre-service, produit par on-ne-sait-qui, peut-être même une face B, et pourtant le phrasé cinglant alerte l’esprit dès la première écoute. Il n’a même pas besoin de faire semblant de s’énerver pour que ses mots grondent. 2’12 au bout desquelles on pense : merci !  Antoine

Le 12 mars : Cenza– Menace

Attaque de basse, bpm pépères et flow en ricochet, Cenza nous met, une fois encore, dans l’ambiance d’un hip-hop aux accents old-school réjouissants avec ce premier extrait d’un EP prévu pour début avril. Sur une prod funky rafraichissante à souhait tout droit sortie des 80’s et auto-produite, comme bien souvent, le Montreuillois nous rappelle avec « Menace » son goût pour les textes denses, les flows riches et variés posés sur des instrus à tiroirs, capables de vous trotter dans la tête pendant quelques jours après une première écoute. Mis en appétit, on attend donc gentiment l’EP qui nous sera bientôt servi en amuse-bouche du prochain long format de Cenz…Sarah

Le 12 mars : Kdor – Tu connais (Prod. Chess)

On termine sur une touche plus freestyle avec Kdor, du collectif Sales Gosses, dans son pur style de possédé au flow saccadé. La diction plus ciselée que d’ordinaire et les rimes entremêlées font qu’on peine à piger les phases qui, une fois déchiffrées, restent pour certaines assez énigmatiques malgré les indices visuels. Bénéfique ou préjudiciable, on ne sait pas trop. Le style fait en tout cas son effet à fond sur l’instrumental efficace de Chess. – Manu

 

 

 

 

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