10 Bons Sons en juin 2025

Tandis que la France succombe à une canicule impitoyable, l’exercice 2025 se poursuit et toujours avec pléthore d’excellents projets. Florilège en 10 Bons Sons.

Le 5 juin : Isha – Drôle d’oiseau (prod. Horaze)

Trois ans qu’on attendait un nouveau solo du meilleur rappeur de BX, Isha. Depuis Labrador Bleu, on a pu voir Isha invité chez Primero, Green Montana, Esso Luxueux, Aketo, A2h, Edge, Souffrance ou encore très récemment, Médine. Bien entendu, il y a aussi eu l’incroyable premier volume de Bitume Caviar avec Limsa d’Aulnay mais en solo, on était sur notre faim. Puis Drôle d’oiseau est sorti, avec ses neuf titres et seulement deux featurings (Green Montana et Dinos) et son mood général un peu morose. Mention spéciale pour les morceaux « Capitaine flam », « Caravane pt.2 », « Un dernier café à Cergy » et le titre sélectionné ici, le morceau éponyme. Petit piano triste, petite trap aux oignons et thématiques entre spleen et idéal, c’est ma came. – Clément

Le 12 juin : M City feat. Bavaz & Nordinomouk – Walter White (prod. Madizm)

Les deux rappeurs Black P et Fresh One du duo M City sont de retour pour nous jouer un mauvais tour. Accompagnés par le producteur Madizm qu’on ne présente plus, ces trois-là nous proposent Apply Pressure vol.1 un E.P 7 titres entièrement produit et mixé par Madizm. Il ramène une atmosphère guerrière et énergique avec ses instrumentales sur lesquelles les rappeurs s’en donnent à cœur joie. Les deux rappeurs du 94 n’ont plus rien à prouver pourtant on les sent plus belliqueux que jamais. Il faut dire qu’ils ont décidé de s’accompagner de sacrés partenaires de tranchées, en les personnes de Bavaz et Nordinomouk. C’est sombre, c’est violent, difficile d’y trouver l’espoir. La seule bonne nouvelle, c’est qu’ils nous annoncent que c’est le premier opus et qu’il y aura donc, on l’espère en tout cas, une suite à cette brutalité. Et rien de mieux qu’un peu plus de violence dans ce monde de brute. – Rémi

Le 12 juin : Relo – Esclave qui sait lire (prod. Viking)

En plus d’être apparu parmi les invités du déjà anthologique « Demain c’est loin » performé lors du concert d’IAM au Vélodrome le week end dernier, Relo a fait parler de lui en juin avec le troisième volet de ses EP Argoésie, quatre ans après le premier. Parmi une sélection de titres éclectiques, le rappeur marseillais, à la technique irréprochable, a livré un morceau dénonçant les agissements et manipulations de l’extrême droite, dans un texte aussi frontal qu’utile, soignant autant le fond que la forme. Dépourvu de refrain, ce morceau est ponctué de passages audio d’Akhenaton, Casey et Diam’s. Salutaire. – Olivier

Le 13 juin : Jeff Le Nerf – C’est la base (prod. Balistik Maker)

Plus de deux décennies que Jeff Le Nerf à mis Grenoble sur la carte du rap français et qu’il continue à le faire en chantant les rues de ChicaGre, sa ville et ses galères. Il le fait maintenant du haut de ses 43 piges, en nous rappelant qu’il est un OG mais sans le côté donneur de leçon, juste en constatant l’évolution de notre société depuis que lui a commencé à rapper. Comme sur le morceau « C’est la base » sur la prod bien classique boom-bap piano de Balistik Maker, J.L.N ne change donc pas la forme, du multisyllabique ultra chiadé, des démonstrations de styles au service du fond. Et il en est de même tout au long des neuf titres que composent son projet Sang Bleu avec un autre ancien qui vient croiser le micro le temps d’une chanson en la personne de Busta Flex. – Rémi

Le 13 juin : Tookie – intro

Après l’excellent « Extendo » produit par Just Music Beats et paru en 2024, Tookie revient avec l’EP Freebase 2, suite d’un premier volume de 2022. Comme souvent avec lui, le style est étouffant, le flow agressif et les punchlines bien violentes. L’introduction du projet nous met d’emblée dans l’ambiance, celle d’un rap de rue underground sans filtre. Tookie se place lui même dans la lignée du sulfureux Alpha 5.20. Décidément, en 2025, on est encore bien servis par cette scène underground parrainée par Madizm et Just Music Beats. – Jérémy

Le 19 juin : Dosseh – Boulevard des allongés (prod. BBP)

Les années passent, les disques s’empilent, et Dosseh continue de rapper avec un niveau intact, comme si le temps n’avait aucune emprise sur lui. Sur « Boulevard des allongés », morceau extrait de son EP Dieu donne, j’utilise Pt. 1, il pointe du doigt certaines absurdités inhérentes à la vie de rue — parfois fatales — avec le regard d’un quadragénaire qui l’a observée de près, mais sans chercher à la glorifier à tout prix, contrairement à nombre de ses congénères. Un titre qui n’est pas sans rappeler l’excellent « La rue c’est rasoir« , sorti en 2018 sur Vidalo$$a, et qui, lui aussi, contient son lot de lignes marquantes : « Une caille-ra c’est comme une voiture, ça décote / Et tu vas louper le coche / Comme tous les fistons de la grande dame de béton / On n’est même pas ses gosses, on est ses étrons. » L’EP contient d’autres titres de haute volée (citons « Rapstar » et « Pardon et merci »), et donne envie de découvrir la deuxième partie de Dieu donne, j’utilise. – Olivier

Le 20 juin : OG Kedy – Haute mer (prod. Madizm)

Le producteur Madizm s’est montré actif en ce mois de juin. Il sortait notamment l’EP « OG » avec OG Kedy, une très belle carte de visite pour le rappeur. Au menu : de lourdes sub bass, une boucle alarmiste et une batterie qui frappe fort tout en s’effaçant par instants. Parfait pour mettre en avant le flow précis d’OG Kedy et son écriture ciselée. Le ton est guerrier, interrogatif sur la société qui l’entoure, et le tout est ponctué de punchlines efficaces faites de peu de mots (« Comme Monsanto on sème les mauvaises graines », « Dis moi ce qui a le plus de valeur, le temps qui passe ou la Rolex ? »). OG Kedy est encore méconnu mais son identité est déjà bien affirmée. – Jérémy

Le 26 juin : Max D. Carter feat. LK de l’Hotel Moscou – Rastapopoulos (prod. A Haunted House)

Un son droppé sans effet d’annonce juste avant l’été, un feat entre Romans-sur-Isère et Jersey, deux destinations de rêve mais peut-être pas pour les mêmes raisons. Bref, Max D. Carter, rappeur basé dans la Drôme donc, développe son style de rap-pop-sexy-sucré depuis quelques années maintenant. Dans ce mood très mélodieux et chantant, c’est tout à fait normal qu’il ait croisé la route de LK, une des moitiés du groupe l’Hotel Moscou qui adore pousser la chansonnette. Résultat, 2’54 minutes de ride ensoleillée, mais pas caniculaire, plutôt un rayon de soleil qui vous ferait plisser les yeux derrière vos lunettes de soleil au volant de votre R19 décapotable, avec l’air frais de l’océan qui vient vous rafraîchir, comme la prod de A Haunted House, tel un Gin Tonic glacé et sa tranche de concombre. – Rémi

Le 27 juin : Jungle Jack & Hologram Lo’ – R.E.P BIG POKEY feat. Huntrill

Et si 2025 était l’année de Jungle Jack ? Après un très bon cognac et quelques cigarettes aux côtés de JeanJass, le rappeur parisien s’associe cette fois à un autre excellent producteur : j’ai nommé ce bon vieux Hologram Lo. Creamland est composé de 13 titres et accueille 4 invités de marque : Nucky Thompson (s/o Steve Buscemi), Lesram, Alpha Wann et Huntrill. Au programme : du kickage en veux tu en voilà, des productions milimétrés (un peu de trap, du boombap et quelques drumless) et un Jungle Jack qui semble se livrer un peu plus que d’habitude, avec quelques morceaux plus introspectifs que jamais. Si les bons morceaux sont nombreux dans ce projet, il fallait en choisir qu’un, et j’ai jeté mon dévolu sur le morceau avec Huntrill, parce que 2025 manquait de Big Straat et parce que R.E.P Big Pockey. – Clément

Le 27 juin : Tisma & Le Chroniqueur Sale – JOB JAG JOG

Après avoir marqué les esprits avec Happy Dayz, un album solide sorti fin 2024, Tisma enchaîna avec un concert complet à La Boule Noire en février. Cet événement célébrait le lancement du label LCS Recordz, fondé par Le Chroniqueur Sale. Aujourd’hui, le rappeur d’Argenteuil s’apprête à revenir avec un nouvel EP, L’or dans les mains, attendu pour le 11 juillet. Entièrement produit par le beatmaker masqué, ce projet témoigne d’une vraie symbiose artistique. Le premier extrait, « JOB JAB JOG », donne le ton et symbolise à merveille ce qu’incarnent les deux artistes: un rap exigeant, frais et précis. À ce rythme, difficile de ne pas les considérer comme des acteurs majeurs des mois à venir. – Jordi

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