10 Bons Sons US en mai 2025

Si l’on a parfois l’impression que les États Unis se rendent chaque jour un peu plus détestables que la veille, il faut bien reconnaître qu’on apprécie aussi certaines de leurs sorties musicales. Pas sûr que ça compense, mais en voici 10 que nous avons retenues durant le dernier mois de mai.

Billy Woods feat. Despot – Corinthians (prod. El-P)

Après la sortie de Maps, l’un de ses albums les plus légers, Billy Woods est de retour avec un disque radical qui flirte avec l’horrifique. Il fait ici appel à El-P pour fournir une production vrombissante et angoissante où la batterie ne daigne venir que pour le trop rare Despot. Billy Woods livre une performance cryptique faite de références bibliques et géopolitiques, naviguant entre l’éternel et l’actualité apocalyptique. Plus direct, mais avec une écriture profonde et touchante, Despot livre un couplet magistral où il semble vivre la fin des temps en son intérieur. Deux performances complémentaires pour un morceau résolument tragique. – Jérémy

Aesop Rock – Movie night

Aesop Rock fait partie de ces artistes qui se bonifient avec le temps. Plus de vingt-cinq ans après ses débuts, il continue à sortir des albums denses et pointus. Paru en cette fin de mois de mai 2025, Black hole superette est encore une franche réussite. Il y réalise de nouvelles prouesses à la production, comme sur ce « Movie night » avec ses percussions syncopées et ses surgissements d’orgue électrique. Aesop Rock rentre dans un monologue intérieur délirant fait de rimes intriquées tout en baladant son chien. Il y a là tout ce qui fait la magie du rappeur : des expérimentations à la production, du concept, une écriture hyper-technique et un flow étouffant. – Jérémy

MAVI – Landgrab feat. Earl Sweatshirt (prod. Hollywood Cole)

Petite boucle soul qui roule toute seule, petit passe-passe entre les deux rappeurs : c’est simple mais au combien effiface. C’est la deuxième collaboration entre les deux rappeurs puisque ce bon vieux Earl avait invité Mavi en 2019 sur son EP Feet of Clay et plus précisement sur le morceau « El Toro Combo Meal », sur une délicieuse prod’ d’ovrkast. Match retour donc, avec un Mavi en grande forme et un Earl qui avec le temps, est de plus en plus offbeat. Mais comme souvent, ça marche bien. – Clément

Nicholas Craven & Boldy James – Spider Webbing Windshields

Parfois dans l’inombrable sorties de Boldy James qui a décidé de nous hard spammer la gueule en 2025 avec des projets (au nombre de 8 en 6 mois), il y a des grosses pépites. Et ce morceau, qui en plus est un single, en fait partie. Produit par celui qui serait The Alchemist si il était canadien et si il était un fervent défenseur du no sample snitching, « Spider Webbing Windshields » (qu’on peut traduire par « Des pare-brises craquelés comme des toiles d’araignée ») est tout ce pourquoi on aime Boldy. Des images bien ficellées, un kickage en grand forme et un refrain marquant : « No friendly neighborhood shit but it’s blue tips in the tin mill / My youngin Peter Parker, shit, he spider-webbin’ windshields ». Pas besoin de vous donner rendez vous, le rappeur de Detroit sortira surement 4 projets cet été. – Clément

Daniel Son & Futurewave – Sweet Pepper

On vous a souvent parlé de l’association Daniel Son / Futurewave comme un des duos les plus enthousiasmant de l’underground newyorkais. Le beatmaker s’étant fait un nom ces dernières années, difficile de dire si leurs projets collaboratifs sont désormais ses meilleurs, mais en tout cas, ils sont les meilleurs du rappeur. Evidemment rien de révolutionnaire sur Baggage Claims ; des snares qui claquent, des boucles inquiétantes et un rap appuyé, comme sur ce « Sweet Pepper ». – Xavier

Knowledge the Pirate & Roc Marciano – Golden Rules

Comme son ami, mentor et désormais producteur, Knowledge the Pirate a sur cultiver sa rareté, faisant très peu d’apparition et empilant sa discographie sereinement et sans grandes pompes. Et ce d’autant que sa dernière ogive, The Round Table, est entièrement produite par Marci en personne. Au menu, on s’en doute, histoires de trafic de drogue, de parrains, pimps et autres joyeusetés folkloriques, sur des boucles d’une grande douceur. On vous aurait bien mis l’époustouflant et drumless « Addicted to Danger », mais afin de rendre l’article un peu plus agréable, on a opté pour le clip de « Golden Rules ». – Xavier

Tee Grizzley – Robbery 9 (prod. Helluva Beats & Flatpearl)

Tee Grizzley continue de nous tenir en haleine avec son thriller qui se poursuit sur un 9ème épisode. Il nous avait ainsi laissé en octobre avec Post Traumatic qui ne contenait pas moins de 2 nouveaux épisodes de la série « Robbery », et cette fois on n’a droit qu’à une dose sur Forever my moment. Qu’importe, elle continue de faire son effet, ce d’autant que l’épisode 8 s’était conclu sur un cliffhanger à couper le souffle. Et on n’est pas au bout de nos surprises, puisque les choses continuent de se gâter pour notre protagoniste, qui nous rappelle la sentence de Kery James dans « 2 Issues ». Mais qui promet également que l’histoire n’est pas terminée. Suite au prochain épisode. – Xavier

2 Chainz & Ronald Isley & The Isley Brothers – THE ATL EXPERIENCE (prod. Mark Byrd)

2Chainz se lance dans le cinéma en co-écrivant le scénario de Red Clay avec Omar Epps et profite de ses différentes casquettes pour, au passage, participer à la bande originale en compagnie des Isley Brothers. Porté par une guitare électrique lancinante, 2 Chainz se lance dans un story telling plutôt sommaire mais qui vise à donner une atmosphère à Atlanta, dans laquelle le film devrait donc s’encrer. La voix de Ronald Isley couvre la seconde moitié du morceau avec, disons-le, peu d’effort mais non sans efficacité. – Wilhelm

Rome Streetz & Conductor Williams feat. Method Man – Ricky Boby

À peine plus de 6 mois après un long format avec Daringer, Rome Streetz remet le couvert avec l’autre producteur phare de Griselda, Conductor Williams. Il faut dire que le coup de foudre saute aux oreilles depuis Kiss The Ring. Les deux hommes n’ont peur de rien et reçoivent Method Man sur une production peut-être plus crado que celles de RZA à la grande époque. Fidèle à lui-même, Johnny Blaze, 54 ans, fout le feu à tout ce qui se met sur son chemin. – Wilhelm

Valee & Harry Fraud feat. Curren$y – Driver’s Ed

Nous y sommes, ça y est. L’été s’annonce et nous devons déjà fermer les volets en pleine journée puis les ouvrir sans savoir s’il fait plus chaud dehors ou dedans. Le moment n’aurait pas pu être mieux choisi par Valee, Harry Fraud et ce somptueux saxophone pour nous emmener voguer dans la quiétude absolue et l’opulence. La présence de Curren$y était aussi évidente que nécessaire. On regrettera éventuellement que le morceau ne soit pas plus long. – Wilhelm

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