10 Bons Sons US en avril 2024

Les américains et les clashs, c’est le grand divertissement. Après Nas / Jay-Z, 50 Cent / Kanye West, Tupac / Biggie ou encore Eminem / Machine Gun Kelly, voici le duel Kendrick / Drake. Sortez le pop corn, à l’heure où l’on vous parle, les gonzes sortent un son par jour pour se régler, et ça n’y va pas avec le dos de la cuillère.

Gucci Mane – TakeDat (No Diddy) (prod. TP808 & TPerc)

C’est le mois des clashs dans le rap américain ! En pleine affaire Diddy (pour ceux qui n’ont pas suivi, vous pouvez jeter un oeil au résumé de l’affaire par Chris d’Hyconiq sur Youtube), Gucci Mane décide de tacler le patron de Bad Boy alors même qu’il n’est pas impliqué. C’est justement la raison de ce clash :  le roi de la trap a toujours vu d’un mauvais œil les compromissions liées à l’industrie. Bon, si l’on est un peu honnête, ce n’est pas une pure disstrack mais plus un banger qui surfe sur l’affaire et qui fait du manque de respect envers Diddy un gimmick. Dans tous les cas, c’est mérité, c’est drôle, et la montée en puissance du deuxième couplet fait son effet. Cela faisait un petit bout de temps qu’on avait pas pris autant de plaisir à écouter un morceau de Gucci Mane. – Jérémy

Brother Ali & UnJust feat. Casual & Aesop Rock – Manik

Rhymesayers est sans doute l’un des labels indés les plus constants du rap américain. Dans leur roster, Brother Ali figure comme un fidèle parmi les fidèles. 24 ans après son premier disque chez eux, il sortait ce mois-ci son huitième album. Sur ce morceau, on a à faire à trois démonstrations de style. Casual y rappe avec un flow loufoque, très drunken-style. Avec sa voix nasillarde et son flow à haute-cadence, Aesop Rock fait lui comme toujours parler son hyper-technicité en lâchant des images étonnantes (« Where in the end you shake a hand with a snake for thumb »). Sur ce terrain, Brother Ali est d’ailleurs lui aussi loin de démériter et il parvient à lâcher un couplet très spirituel tout en multipliant les rimes complexes. Un chouette morceau sur un album qui mérite clairement que vous y jetiez une oreille. – Jérémy

Prime – Steelo (prod. Sleu365)

Il arrive encore que de temps à autre, l’algorithme de YouTube fasse son travail de découverte de pépites méconnues. C’est le cas ici avec le rappeur Prime et son morceau intitulé « Steelo ». Malheureusement, qui dit morceau totalement obscur dit très peu d’informations concernant le rappeur en question. Du coup, j’ai enquêté et je n’ai vraiment pas trouvé grand-chose. Apparemment, Prime est un rappeur originaire du Texas, plus précisément de Houston. Il a sorti une poignée de morceaux depuis 2021, mettant en avant sa passion pour le skateboard. On remarque en regardant ses clips que l’artiste est en fauteuil roulant, et nous espérons que ce n’est que temporaire. En tout cas, tous les morceaux disponibles sur sa chaîne YouTube sont un régal, et son dernier morceau en date ne fait pas exception. Mention spéciale pour le choix du sample, avec l’inévitable Smokey Robinson, qui nous renvoie évidemment à une comparaison avec Tha God Fahim, puisqu’en plus de la production, il y a quelque chose de similaire au niveau de la vibe générale. Bref, c’est vraiment cool. – Clément

Mike Shabb – Hurry Up (prod. JeanJass)

Mike Shabb est un rappeur/producteur originaire du Québec, au Canada. En 2016 il sort sa première mixtape avant d’enchaîner en 2018 avec deux autres projets. Au milieu de la pandémie, Shabb a publié Life is Short, qui marque une petit tournant dans sa jeune carrière, notamment grâce à l’univers musical de Danny Ill et de VNCE Carter (des Dead Obies). On vous en a d’ailleurs parlé dans notre bilan québecois 2020. Bref, accélérons. En 2022, il a sorti deux mixtapes (Sewaside 2 et Bokleen World) et a produit le morceau « Switches on Everything » de Westside Gunn, histoire de. 2023 c’est l’année ou tout s’emballe puisqu’on le retrouve sur un projet entier produit par Nicholas Craven, plusieurs solos, des featurings avec Rome Streetz, Raz Fresco, Seinsucrer ou encore Ra$h. Et dernièrement on le retrouve sur une prod’ très nébuleuse de JeanJass avec le morceau « Hurry Up » qui devrait faire partie du troisième volet Sewaside à venir prochainement. Bref, Mike Shabb, c’est un univers très dense à découvrir et un artiste qu’il faut suivre de près. – Clément

Eddie Kaine & Big Ghost Ltd – Cutthroat Drills

Révélé dans le petit monde de l’underground newyorkais en 2021 avec A Tree Grows in Brooklyn, alors produit par le beatmaker à tête de fantôme, Eddie Kaine, fort d’un run intéressant et régulier depuis, a remis ça en avril avec son associé fétiche. Last Exit to Crooklyn fait encore montre de tout le talent du MC du quartier sud de la grosse Pomme, et de son aisance à briller sur des beats mélodieux, parfois soulful et parfois drumless. Sur « Cutthroat Drills », il fait merveille de son intonation sentencieuse, et de sa voix légère, dressant un parallèle entre son parcours et le basket. – Xavier

Estee Nack & Futurewave – DATEWITDEF

Un autre duo, cette fois un peu plus inattendu quoique pas si surprenant, avec Estee Nack, protégé de Westside Gunn depuis maintenant quelques années, et Futurewave, qui s’est surtout illustré dans des production d’albums pour Daniel Son, mais aussi Rome Streetz (Headcrack en 2019), ou plus récemment Boldy James (Mr. Ten08 en 2022) ou Eto (Dead Poets en 2023). Sur Stone Temple Pyrex, les productions sont moins dynamiques que pour son compère favori, plus grimey, et l’association est une merveille de rap d’une lenteur inquiétante et lugubre, bien illustré par ce « Datewitfef », accompagné d’un clip à l’esthétique des plus subtiles . – Xavier

Mozzy – Better Without You (Prod. DannySlap)

D’ordinaire ultra-productif, cela faisait plus de 2 ans que Mozzy n’avait pas fourni de livraison solo, avec l’album Survivor’s Guilt. Avec Children of the Slums, le MC de Sacramento se montre plus mélancolique que jamais, et même si l’album contient des morceaux pour certains vieux de plusieurs mois, sa longueur et sa consistance en font sans doute l’une des sorties majeures de ce premier semestre. Parmi les morceaux inédits, on retiendra notamment « Better without you » qui fait office d’outro, avec un superbe sample vocal déniché par DannySlap (l’original est ici). – Xavier

Larry June – Imported Couches (prod. Jose Rios & T. Nava)

Alors que le soleil nous faisait des feintes tout le mois d’avril, Larry June a pris soin d’illuminer un peu nos journées à sa manière. Imperturbable mais sujet au même temps de merde que de notre côté de l’océan, le rappeur de San Francisco, dont la musique s’adapte parfaitement aux périodes estivales, nous livrait un morceau très encourageant, dans la pure lignée de son œuvre. La motivation est un thème éternel du rap, mais le flegme et le détachement caractéristiques de Monsieur June nous offrent une approche moins victorieuse, plus planante et plus terre-à-terre. Morceau à écouter dans une berline de luxe non décapotable, un canapé confortable ou un train retardé. – Wilhelm

Kendrick Lamar – euphoria (prods. Cardo, ?Kyuro, Sounwave, Johnny Juliano, Yung Exclusive & Matthew “MTech” Bernard)

Sans promotion et sans grande annonce, Kendrick Lamar sortait « euphoria », clôturant le mois d’avril en répondant aux attaques de Drake sorties plus tôt dans le mois. S’il ne serait pas malin d’attendre une debrief précis de notre part de tout ce clash, ou un comptage des points de l’un ou l’autre, on ne boudera pas notre plaisir à l’écoute de ce morceau et de ceux qui suivirent au début du mois de mai, jusqu’au également très bon « not like us ». On notera aussi un morceau plutôt sympa de Rick Ross, « Champagne Moment » également sorti en avril dont la cover est tout bonnement hilarante. – Wilhelm

Stove God Cooks & Stoupe – We Ballin Again

Toujours pas d’album à l’horizon pour Stove God Cooks mais un nouveau single. On lui reconnaîtra d’ailleurs une certaine régularité sur les précédents mois qui satisfait, autant que faire se peut, notre dépendance à la musique du rappeur de Syracuse. On retrouve une nouvelle fois le légendaire Stoupe aux machines. L’ennemi de l’humanité propose une production aussi classique qu’efficace qui permet à son collègue de label de largement réinterpréter « Warren Moon », intro de l’album If These Kitchen Could Talk qui n’est jamais sorti – mais reste facilement trouvable sur ces foutus internets. – Wilhelm

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