10 Bons Sons US en décembre 2023

Entre Noël, les cadeaux et le cortège d’horreurs aux niveaux national et international, on a quand même trouvé le temps d’écouter un peu de rap. Morceaux choisis.

Gucci Mane & B.G – Guwop & Gizzle (prod. TP808)

De prime abord, on attendait peu de choses de cette collaboration entre ces deux légendes d’Atlanta et de la Nouvelle Orléans. Cela fait quelques temps que Gucci Mane ne convainc plus totalement (après plusieurs années au sommet) et B.G avait depuis longtemps disparu des radars suite à son passage en prison. Sur ce titre, Gucci est fidèle à lui même et nous égare dans ses rimes internes avec son flow syncopé. B.G livre une très bonne prestation avec un débit qui coule parfaitement et un timbre de voix envoûtant bien accompagné par des backs qui le font complètement coller à la production. Chacun livre sa propre version du refrain, ce qui redynamise encore le tout. Un morceau qui glisse tout seul et où B.G surnage, comme quoi, il en a encore sous le pied… – Jérémy

Snotty feat. Mvck Nyce – Apartment 1C

Snotty et ses potes inondent l’underground new-yorkais depuis maintenant deux ans comme des dealers aux 3×8. Un inquiétant sample vocal de film d’horreur et quelques sirènes de police posent d’emblée l’ambiance. On imagine déjà l’armée de junkies marcher au pas comme des zombies, et effectivement, les références à la dope se déversent tout au long des couplets de manière lugubre. Le ton est dramatique et l’ambiance est au tragique, comme si la situation était irrémédiable. Le morceau est très bien exécuté mais fait froid dans le dos. Voilà un sample horrifique qui n’a pas été utilisé pour rien. – Jérémy

Bun B & Statik Selektah feat. T.F & Cal Wayne – In memory of

Bun B continue son étonnante collaboration avec Statik Selektah avec la sortie de ce Trillstatik 3. Le producteur du Massachussets peut parfois être quelque peu ennuyeux mais parvient aussi à sortir quelques pépites, à l’image de cette production à la rythmique ponctuée d’un double coup de feu et d’un joli sample de piano déglingué. La moitié de UGK est toujours aussi en forme, et ses deux invités bien underground ne sont pas en reste. Le mésestimé T.F kicke tout en maîtrise et le couplet survolté de Cal Wayne, clairement le moins connu du trio, conclut le morceau en force. Ce Trillstatik 3 est très hétérogène, mais on vous invite tout de même à vous y pencher, car au vu de la liste d’invités, il y en a pour tous les goûts. – Jérémy

1999 WRITE THE FUTURE, BADBADNOTGOOD, Westside Gunn, Conway the Machine – MiNt cHoCoLaTe

Personnellement, j’ai toujours détesté le chocolat à la menthe. Tout ce qui est After Eight ou les mélanges chelou de Lindt, ça n’a jamais été ma came. Mais le chocolat à la menthe distribué par le collectif 1999 WRITE THE FUTURE, le groupe de jazz BADBADNOTGOOD et nos deux rappeurs préférés de Buffalo Westside Gunn et Conway the Machine, je demande à goûter. Et en fait j’aime beaucoup ça. Au menu, les fameux jeux de mots sauce Griselda, une atmosphère douce mais granuleuse des Torontois de BADBADNOTGOOD (si vous aimez le jazz dans n’importe laquelle de ses formes, foncez) et une mise en image signée 1999 WRITE THE FUTURE. Appréciez plutôt. – Clément

Bas – Yao Ming (prod. Linden Jay, Lydia Kitto & Joe Harrison)

Cela faisait quelques temps que nous n’avions pas causé de Bas dans nos colonnes. Le rappeur du label Dreamville a profité de la fin de l’automne pour livrer son quatrième album studio, intitulé We Only Talk About Real Shit When We’re Fucked Up. Un album fleuve, long de 17 morceaux et hélas composé de 3 featurings avec son patron, J. Cole. Oui c’est un coup bas gratuit, mais que voulez vous, plus le temps passe et plus mon amour pour le rappeur aux cheveux sales faiblit.
Il y a pas mal de qualités dans cet album, que ce soit les deux morceaux avec FKJ, les solos « Diamonds », « Choopas » et « Black Jedi » ou encore l’introduction « Light Of My Soul » et le morceau qui nous intéresse ici, « Yao Ming ». Je vous laisse donc déguster cette petite prod’ guitare presque drumless, le flegme naturel et la jolie verve de Bas. Et puis forcement, une petite pensée pour l’immense (par la taille et par le talent) basketteur Yao Ming (et c’est un fan des Spurs qui vous dit ça). – Clément

Blu & Nottz – Baba (Father) feat. Definite Mass, Cashus King, & Xiomara

Chacune des réunions entre l’ultra prolifique Blu et l’un des producteurs légendaires de l’Oncle Sam Nottz est un rendez-vous à ne pas manquer. Après Gods in the Spirit en 2013 et Titans in the Flesh en 2016, les deux compères remettent une nouvelle fois le couvert avec Afrika. 10 morceaux, une pléiade de guests, un Blu toujours aussi en forme et un Nottz un peu vieillissant mais toujours aussi efficace. Avec Afrika, le duo célèbre la riche histoire et l’imposante culture de leur patrie ancestrale. Au programme : titres de chansons swahili (langue principale de l’Afrique subsaharienne, entre autre), rythmes plus syncopés que d’habitude, références (plus ou moins) subtiles mais surtout et globalement une fierté, un hommage, un clin d’oeil plus qu’appuyé à leurs racines et à la lutte des noirs aux USA comme à celles des peuples africains du monde entier. – Clément

Starlito feat. Don Trip – Put The Gun Down Craig (prod. DTdaKidd)

Trois années et demi écoulées depuis son Paternity Leave, Starlito publiait en ce mois de décembre une lettre pour expliquer son absence du paysage musicale et, dans la foulée, un nouvel album intitulé LOVE DRUG. S’il avait d’abord mis sa carrière au ralenti pour ses enfants, il nous confiait donc que le décès du très regretté Young Dolph, par ailleurs collaborateur de longue date, l’avait personnellement beaucoup affecté. On imagine donc que l’émotion évidente transmise dans le magnifique « Put The Gun Down Craig », bien que le rappeur prenne le point de vue de celui qui a porté une arme sur lui, n’est que renforcée par cet événement. On ne saurait que trop vous conseiller de foncer sur l’album dans son intégralité tant Starlito reste le rappeur hyper talentueux qu’il n’a jamais cessé d’être. – Wilhelm

Propain feat. Big K.R.I.T – Your Wish (prod. Big K.R.I.T)

En amont de la sortie de son album Made From Scratch, Propain a fait le bon choix de réclamer une prod et un couplet à ce bon vieux Big K.R.I.T. Ce dernier sait que les bons comptes font les bons amis et s’est empressé de ne pas se foutre de la gueule de son hôte (ni de la nôtre). Les sudistes réchaufferont mieux notre hiver que le chauffage centralisé que cette cochonnerie de propriétaire allume toujours trop tard et n’empêcheront pas le Papa Noël de descendre et remonter votre cheminée. Pensez au Papa Noël, écoutez du rap. – Wilhelm

XP The Marxman – Winter Postal Robbery – Silent Night, Not So Silent (Prod. Tonebeatz)

L’étrangement nommé et productif XP the Marxman n’a pas la barbe du superhéros dont il se revendique, mais il a tout de même livré son dernier projet le 25 décembre. Un opus au format étrange. 11 titres mais une durée de 20 minutes avec pas moins de 5 skits et interludes en compte l’introduction et l’outro. Produit intégralement par Tonebeatz, ‘Tis the Season fait le job sur du bon vieux boombap glacé et efficace, les productions lentes du dernier nommé servant parfaitement le flow lourd et la voix usée du Marxman. On vous recommande tout particulièrement ce morceau au nom décidément trop long pour vous faire une idée du bousin. – Xavier

Ralfy the Plug feat. Peezy – The One

Près de 2 ans après le tragique décès de son illustre et regretté frère Drakeo the Ruler, Ralfy the Plug continue de porter haut l’étendard de la famille Caldwell. Ultra productif, et n’hésitant pas à arroser ses sorties de couplets posthumes de Drakeo, il n’a pas l’air de vouloir se détacher de cette figure tutélaire, tant sa manière de rapper présente des similarités avec la sienne. Heureusement, il a également hérité d’un solide réseau, ce qui lui permet de fournir des associations des plus sympathiques, comme cette collaboration avec l’excellent Peezy, présente sur sa toute dernière mixtape, le troisième volet des Rapper Overnight, sorti le 25 décembre. – Xavier

[Bonus] Scarface – Tiny Desk

Petite entorse à notre ligne directrice habituelle, mais l’occasion était trop importante. Invité par la fameuse association/chaîne Youtube NPR Music, Scarface interprétait quelques uns de ses immenses morceaux aux côtés de musiciens. Le live se termine en apothéose par le monument « My Mind Playing Tricks on Me » accompagné, notamment, par les claviers d’un certain Mike Dean. – Wilhelm

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