RCKNSQT (Assassin), l’interview « 10 Bons Sons »

Voilà plusieurs années que l’on avait noté son nom sur notre liste et qu’il fut compliqué d’enfin réussir à mettre le grappin sur Squat pour cette interview. Son rôle de pionnier, sa longévité, son évolution, son parcours en groupe puis en solo en font un personnage forcément à part dans le french rap game. Et qu’il ne fut pas aisé de ne sélectionner que dix morceaux dans sa discographie pour retracer la trajectoire du jeune Squat, le taggueur, à RCKSQT le quinqua, en passant par le gardien du temple, le leader d’Assassin et Mathias Cassel. Retour sur plus de 30 ans de carrière dans cet entretien dans lequel il sera question de hip-hop, d’Assassin, d’indépendance, du rap engagé, de la Françafrique, du complotisme, des posse cut, d’Akhenaton, du rap français actuel, ou de son dernier  projet PP+ sorti le 16 décembre 2022, entre autres.

1 – Assassin : « La formule secrète » (Rapattitude, 1990)

Un classique. « La formule secrète », qu’en principe tout bon hip-hoper connaît en France, et pas qu’en France à vrai dire. C’est le premier titre d’Assassin que le public connaît, qui est sorti sur disque. On avait beaucoup d’autres sons qui n’étaient jamais sortis. Je pense que c’est un des meilleurs de Rapattitude et c’est pour cela qu’il a eu autant de répercussions. C’est un très bon souvenir. On est en 2022 et j’ai encore la formule secrète. (Sourire)

Tu as débuté le hip-hop via le tag qui procure une très grande adrénaline ; as-tu retrouvé la même adrénaline dans le rap que dans le tag ?

J’ai commencé le rap à peu près en même temps que le tag et le break. Ce n’était pas tant une question d’adrénaline, c’était une question de culture, de hip-hop. Je n’avais pas de platines donc je n’étais pas DJ, j’étais très peu doué à faire du beatbox, donc je me suis concentré sur ce que j’aimais et que je pouvais faire. Tous les gens qui ont connu l’époque des prémices du hip-hop pratiquaient plusieurs disciplines à la fois, c’était rare qu’un mec ne soit que dans un truc. Dans les soirées ou les évènements où on allait, tout était mélangé, on tagguait en y allant… En tout cas « La formule secrète » est classique de chez classique, il fait partie des titres à mettre au panthéon du rap français, c’est sûr et certain.

2 – Assassin : « Kicke ta merde » (Le futur, que nous réserve-t-il ? 1992)

(Dès les premières notes) D’accord, « Kicke ta merde ». Bon choix, parce que sur le premier album c’est un des rares morceaux qui est un peu mid-tempo, sinon on est très up-tempo.

C’était assez emblématique de l’époque.

Oui mais pas que. Tu vois il y avait des artistes comme Schoolly D. Sur le premier album d’Assassin on était vraiment inspirés par le Bomb Squad, les producteurs de Public Enemy. C’était un album très noisey, très chargé au niveau des prods. C’est le début aussi du gros travail que l’on mène avec Doctor L, parce qu’il faut savoir qu’à partir de Note mon nom sur ta liste jusqu’à L’Homicide volontaire, on est vraiment le binôme qui gère les productions musicales, on bosse comme des fous. Sur Le futur que nous réserve-t-il ?, il y a Clyde qui fait des scratches quand on a besoin de lui, mais on est dans un délire très musical.

« Kicke ta merde » fait partie des gros morceaux de l’album pour moi. Vu que c’est ce titre que tu me fais écouter, une anecdote que je n’ai jamais dite : si tu remarques bien les lyrics, à un moment je cite tout le monde mais pas Solo, parce qu’à cette époque, il comptait quitter le groupe. Bon, plus tard, il est revenu dans le groupe, comme il a toujours fait d’ailleurs. Il vient, il s’en va, il revient, il s’en va… (Sourire)

Alors que l’industrie rap en est à ses balbutiements et que les maisons de disques ont signé des groupes, dont Assassin, pourquoi et comment avez-vous décidé de kicker votre merde en optant pour la voie de l’indépendance ?

Vu que tu me fais écouter les morceaux dans l’ordre chronologique, tu as omis le maxi Note mon nom sur ta liste, qui est une des pièces maîtresses d’Assassin.

Je savais qu’on allait en parler au travers de cette question. (Sourire)

En plus les trois morceaux sont trois classiques. On est signé pour ce maxi sur Remark Records et ça part en vrille parce qu’ils ne nous comprennent pas et qu’on ne les comprend pas non plus. Donc on est obligés de se mettre en autoproduction pour sortir l’album Le futur que nous réserve-t-il ?. On met huit-dix mois à pouvoir le dealer en distribution. On se met en autoprod sans en avoir vraiment envie, c’était le seul moyen d’exister, l’industrie ne voulait pas nous signer à cause de l’épisode Remark Records avec Note mon nom sur ta liste.

On est le premier label indépendant de rap français. On avait la niaque mais c’était une vraie prise de risque parce qu’on ne savait pas où on allait. Mais j’ai un esprit très structuré, je suis très bon dans les chiffres, en droit, je suis un avocat autodidacte, je suis un très grand professionnel, notamment concernant les contrats, et ça m’a toujours passionné. J’ai été formé par Jacques Renault, une personne de très grande qualité qui a bossé pour la Mano Negra, les Rita Mitsouko, les Négresses Vertes, qui a monté La Cigale, Les Bains Douches… Il m’a beaucoup appris.

3 – Assassin : « Shoota Babylone » (L’Homicide volontaire, 1995)

Classique aussi. Je pense que c’est le titre qui caractérise l’époque de L’homicide volontaire. Là, on n’en a plus rien à foutre, on ne montre pas nos têtes, on ne fait aucune concession. « Vous voulez qu’on reste dans notre merde ? Ok, on met nos cagoules et on prend les armes ». On était dans cet état d’esprit pour ce morceau. On prenait Babylone comme symbole de cette hégémonie économique, politique, qui gère la vie des gens.

Un morceau qui a dépassé le cadre du rap.

Je pense qu’Assassin a dépassé le cadre du rap. Notre attitude, notre son et notre état d’esprit ont touché beaucoup de gens différents. Et à cette époque, plus des gens extérieurs au rap que dans le rap. Le rap était très mercantile, très stéréotypable et on avait un état d’esprit que des gens dans le rock alternatif avaient,  que des punks avaient. Et dans le rap qui était notre mouvement, il y avait une jalousie des groupes en place qui n’avaient pas envie de voir un groupe aussi mature avoir une énorme exposition car ça les renvoyait à leur niveau, au fait qu’ils étaient prêts à vendre leur âme aux maisons de disques pour vendre le plus de CD possible. Notre but premier n’était pas là.

Comment tu vis cette époque où le groupe Assassin repose beaucoup sur tes épaules parce que Solo était parti, Clyde aussi, l’année d’après Doctor L…

Sur L’Homicide volontaire, ce poids repose vraiment sur mes épaules et sur Doctor L. Artistiquement on a fait l’album à deux. Par contre, les choses n’avaient pas trop changé parce que depuis la rencontre avec Doctor L, c’est-à-dire en 1990, après « La formule secrète », ce poids était sur nos épaules. Même quand le public voyait un groupe, en fait c’était ce binôme qui faisait tout. Les départs de Solo et de Clyde, artistiquement, ça n’a rien changé. Au niveau de l’image, on était déjà dans l’invisibilité, c’était d’ailleurs une des causes de cette invisibilité parce que je savais déjà que ça allait splitter. C’était sûr, je le voyais dans la maturité, dans l’envie des gens. Solo n’a jamais vraiment voulu rapper et Clyde était dans un autre délire, il n’était pas de notre quartier. Moi j’étais vraiment dans le bourbier de la rue, autour de moi il y avait trop de cailleras, trop de sheitaneries, et Clyde n’était pas de ce monde. A partir de là, j’ai toujours gardé ça sur mes épaules, jusqu’à aujourd’hui en fait.

4 – Assassin : « $$$ » (Touche d’espoir, 2000)

C’est un morceau que j’adore. C’est un peu une production à la Sir Mix-a-Lot, c’est un peu Miami Bass Style, à une époque où personne n’en fait. C’est up-tempo et on nique le morceau avec Pyroman qui a un flow de fou dessus. C’est vraiment un morceau scénique. Sur Touche d’espoir ce n’est pas un morceau qui ressort beaucoup, contrairement à « Sérieux dans nos affaires », « Au fond de mon cœur », mais c’est un très bon morceau, c’est cool que tu le mettes parce que c’est un titre que j’aime beaucoup et c’est un des très bons morceaux que j’ai fait avec Pyro. Et c’est un vrai contre-pied, mais je suis influencé par plein de sons différents, je pose sur tout, je suis un MC 4×4.

Je n’ai jamais pensé aux gens quand je faisais des morceaux, s’ils allaient aimer ou pas. Premièrement, je vois si moi j’aime, je suis mon premier public, si je valide, c’est bon, et que ce soit apprécié ou non, ce n’est plus mon problème. Je suis déjà autre part. J’ai grandi avec plein de sons différents donc quand Uncle O fait cette prod, qui est un bon poto depuis très longtemps, très talentueux, qui a fait les compilations de Shaolin Soul, lorsqu’il sort ce son, je lui ai dit : « C’est pour moi ça ! ».

Dans quel état d’esprit te trouvais-tu durant la conception de l’album, qui vient cinq ans après le dernier, et après un certain âge d’or dans le rap français avec son lot de classiques ?

J’ai sorti un morceau qui valait tous leurs albums avec « Underground Connexion » que tu ne m’as pas fait écouter, et qui sort en 1996. C’est un morceau qui perdure, qui a vendu dans le monde entier, du Japon à l’Australie en passant par le Canada. Je pense que ce morceau en 1996 a tellement d’impact au niveau hip-hop que ça me permet d’arriver en 2000 à la cool. Et puis à cette époque-là, on fait des albums qui sont très riches, ça nous prend du temps à les faire, parce qu’on est en studio, avec des 24 pistes, pas en home studio. Donc tu vois, de l’époque de l’âge d’or du rap français, j’ai certainement un morceau qui se trouve dans le Top 3.

Ironie de l’histoire, la prod du morceau « Underground Connexion » était jouée sur Skyrock pour les freestyles auditeurs sur Planète Rap…

Alors qu’ils ne m’ont jamais joué en playlist. Même à l’époque de Touche d’Espoir. Skyrock a toujours un problème avec moi et ce n’est pas le seul média. Tu veux que je te dise, les gens en France ont un problème avec les gens vrais. J’en ai assumé les conséquences, ça ne m’a pas empêché d’être toujours sur mes deux pieds aujourd’hui et ça m’a renforcé dans plein de domaines.

5 – Rockin’Squat : « Démocratie fasciste » (Libre vs démocratie fasciste, 2004)

« Démocratie fasciste ». On est en 2004 et c’est le premier EP solo que je sors en mon nom parce que je décide de passer à autre chose. C’est le début de Livin’ Astro, le nouveau label, et la fin officielle d’Assassin Productions, même si c’était déjà terminé depuis plusieurs années. C’est un EP très engagé avec une vision géopolitique, on sortait des attentats de 2001, avec toute la propagande qu’il y a eu derrière, l’Irak, etc. Comme j’ai les deux pieds dedans, je balance ce projet qui est pour moi un très très bon EP. Il est engagé mais aussi spirituel parce que le concept c’est Libre vs Démocratie fasciste. J’amène tout le temps le balancement, plus je développe des sujets lourds de sens et plus j’ai besoin de spiritualité pour pouvoir garder l’équilibre de mon esprit et de mon corps. A partir de ce moment, je développe davantage des thématiques personnelles que je me refusais de faire dans Assassin, à part le dernier titre « Au fond de mon cœur » sur Touche d’Espoir.

Justement sur cette notion d’équilibre, tu penses réussir à proposer un rap conscient, engagé, musical, sans ennuyer ?

Je ne sais pas si j’y arrive. Je pense qu’il y a des gens que j’ennuie. (rires) Je ne fais pas l’unanimité. Je ne connais pas bien mon public, mais avec le net tu vois ceux qui t’aiment, ceux qui te détestent et ce n’est pas très grave en fait. Mais tant que ça parle de toi, ça veut dire que les mecs sont quand même en train de te regarder. (Il réfléchit) Je pense que la vie est liée à la discipline, à la volonté, comme un art martial. La discipline est une des plus grandes valeurs pour perdurer. Je fais donc un travail sur moi-même au quotidien.

6 – Rockin’Squat : « France à fric » (Too hot for tv, 2007)

Un morceau qui fait plaisir à Bolloré. (rires) « France à fric » donc avec Cheikh Tidiane Seck, qui est un merveilleux artiste malien, avec lequel j’ai eu la chance de collaborer plusieurs fois. C’est un des morceaux qui a le plus fait mal à la France. La richesse de la France, encore aujourd’hui au XXIe siècle repose complètement sur la colonisation et la décolonisation de l’Afrique. Pour l’anecdote, et c’est incroyable parce qu’on vient de me le dire avant que tu arrives, j’ai fait un interview pour le journal La Marseillaise, un quotidien de la ville, qu’on refuse de diffuser parce que j’ai fait la préface de Kemi Seba. T’as compris le délire. En Europe et surtout en France, Kémi Seba est teinté d’antisémitisme et tout ce qui va avec. Alors qu’en Afrique, c’est le « leader » du panafricanisme.

C’est un morceau très important, que j’ai fait en live à Canal Plus quand on m’avait demandé de faire « Enfant de la balle », ce qui m’a valu de ne plus être invité à la télévision depuis. C’est un morceau où je tape juste, où on voit toujours la cicatrice de la France. Cette histoire Françafrique et France à fric, c’est l’histoire de la France, qui n’est pas encore avalée et digérée. On le voit dans les enfants de la deuxième, troisième, et quatrième générations de cette immigration qui ne sont toujours pas considérés comme français. Eux-mêmes ne se considèrent pas parfois comme français parce que la France ne les accepte pas. Et ce n’est pas normal. Moi en tant que blond aux yeux bleus qui fait un morceau comme ça, qui est un des plus engagés contre la Françafrique, ça dérange, parce qu’on ne peut pas dire que je ne suis pas français. C’est là qu’on voit que ce n’est pas une question de couleur, mais plutôt une question d’idées. Ça m’a grillé plus qu’un renoi ou qu’un rebeu. Pourtant, avec le nom que j’ai, qui je suis, ma provenance sociale et ethnique, on devrait m’accepter à bras ouverts, mais non. Tout est lié à tes propos. Ce n’est pas une question de classe sociale, de couleur, de religion, c’est une question de positionnement. C’est pour ça qu’il y a des nègres blancs, des esclaves d’intérieur, des esclaves des champs. Donc après choisis ton camp.

Comment tu vis d’ailleurs le fait que tes propos soient qualifiés de complotistes ?

C’est très intéressant comme question. La case complotiste est faite pour ça. C’est pour ça qu’on en parle dans « Esclave 2021 » avec Mysa, et qu’il dit que la vérité devient complotiste. Mais je pense qu’avec la crise qu’on a vécue, entre le confinement, le Covid, les gilets jaunes, il y a plein de gens qu’on a traités de complotistes qui eux-mêmes traitaient les autres de complotistes. La société se referme sur elle-même de plus en plus, l’étau se resserre. Donc est-ce que j’en ai marre ? Non. Certains ont des œillères ou se ferment les yeux parce qu’ils sont de l’autre côté. Mais il y a énormément de gens qui comprennent, je le vois, je suis accessible, je suis dans le peuple, je parle avec et beaucoup de gens comprennent ce que je dis dans « France à fric » ou dans « Démocratie fasciste ».

7 – Rockin’Squat : « Enfant de la balle » (Confessions d’un enfant du siècle, 2008)

(Il reprend les premières notes) J’adore ! Super sample, c’est pour ça que je l’ai repris, c’est un morceau que j’adore d’Above the law qui s’appelle « Flow on ». « Enfant de la balle » est un morceau très personnel sur le fait d’être enfant d’artiste, ce que vont devenir tous les mômes des rappeurs aujourd’hui en place. J’ai un coup d’avance en fait, donc je le dis à tous ces rappeurs et à leurs enfants : « Ecoutez ce que j’ai fait, vous allez gagner du temps ». (Sourire) Super morceau dans lequel je ne raconte pas tout, parce que je suis assez pudique comme garçon.

Pourquoi près de vingt ans après tes débuts, alors que tu ne te montrais pas, tu te dévoiles dans tous les sens du terme dans ce morceau et dans la trilogie ?

A partir de Touche d’Espoir, j’ai fait une carrière solo où je pouvais me permettre de raconter des choses beaucoup plus personnelles que je ne pouvais pas faire sous le logo Assassin. On avait décidé qu’Assassin serait l’emblème de la contre-information, d’un rap conscient plus politisé. Avec ma carrière solo, je me permets de développer des thématiques encore plus affutées que sur Assassin parce que j’ai gagné en maturité, en expérience, en vision de l’Histoire, et en même temps je me permets de développer des côtés plus humains sur ce que je suis, parce que j’en avais besoin, tout simplement.

8 – Rockin’Squat : « L’Underground s’exprime 6 » (Excuse my french, 2013)

Attends que je ne te dise pas de conneries… C’est un « Underground s’exprime » ça. Je ne sais pas si c’est le 6 ?

C’est ça.

Alors c’est la série des « Underground s’exprime ». J’étais le premier à réunir des gens de différents crews, d’artistes confirmés, sur un même morceau, en 1995 « L’underground s’exprime 1 », avec Sté, Stomy Bugsy, Kabal, Ekoué, La Squadra… J’ai toujours kiffé. Je suis quelqu’un qui écoute beaucoup de rap et contrairement à d’autres artistes, je n’ai pas du tout peur de la lumière des autres. Dès que j’entends quelqu’un qui est bon, ça me donne envie de collaborer avec lui. Depuis ce temps-là, j’en ai fait un certain nombre, aujourd’hui je me suis arrêté, je crois qu’on en est au 7. J’en ferai d’autres parce que ça m’éclate de le faire. Je n’ai juste plus beaucoup de temps, vraiment mais ça m’éclate de réunir des gens différents. Je crois qu’il y a Vald sur celui-là ?

Exact. Comment tu fais ton casting d’ailleurs ? Parce que sur le 6 on retrouve donc Vald qui n’est pas encore celui qu’on connaitra par la suite, Bauza, Tony Toxik, Grödash, Agaz de Nice qui a une audience très limitée…

Je suis une tête chercheuse et ça prouve bien que je regarde partout. Autant dans les sphères que tout le monde voit que dans l’underground que personne ne verra. Si tu prends le cas d’Agaz, c’est un très très bon rappeur, avec une écriture incroyable, graffeur, un mec hip-hop, qui cache sa tête, le gars a un vrai concept, mais en 2022 personne ne connait ! Il était vénère il y a sept ans et le gars rappe toujours, il a sorti un EP il y a peu. Je suis quelqu’un qui cherche et c’est en cherchant qu’on trouve.

Tu pourrais nous dire ton positionnement par rapport au rap français puisque tu feates avec beaucoup de rappeurs, comme on peut le voir sur les tapes Excuse My French et dans le même temps, on te sent plutôt à part des autres.

Comment c’est explicable ? Je ne sais pas. Tu vois dernièrement j’ai cherché à feater avec d’autres gens, je pense à des gars comme Freeze Corleone et Alpha Wann. Ils ont botté en touche pour différentes raisons. Peut-être qu’il y avait de vraies raisons, des problèmes de planning, etc. Mais je vais toujours chercher des gens. Il y en a plein avec qui j’aimerais feater, des artistes actuels que je kiffe vraiment. Je fais une proposition et si elle n’est pas relevée je passe à autre chose.

9 – RCKNSQT & Akhenaton : « Le revers de la médaille » (Prison Planet, 2021)

D’accord. On est bien placé puisqu’on est à Marseille. « Le revers de la médaille » donc avec Akhenaton (lire son interview « 10 Bons Sons ») sur l’album Prison Planet. Super morceau ! Une belle réussite je trouve. C’est la première fois qu’on se retrouve en solo ensemble sur un même morceau. Je le trouve réussi, le beat c’est Low Cut, le DJ qui est avec moi sur scène, très bon producteur, qui produit beaucoup pour les cainris. J’adore le clip. IAM c’est une histoire d’amour depuis le début. Je me suis toujours bien entendu avec toute cette famille, ce sont vraiment des gens proches de moi, que j’aime beaucoup, et qui sont très talentueux. C’est le seul groupe de ma génération à être encore actif, surtout AKH. Cette collaboration a fait énormément plaisir aux gens.

J’ai envie de te demander : est-ce qu’on a gagné ? Parce que le rap mainstream est partout, que le rap underground, de niche arrive à se faire entendre. Ou est-ce que le revers de la médaille c’est que certains sont devenus les idiots utiles du système ?

(Rires) Oui dans les deux cas de figure. Des artistes issus de cette culture, qui ne savent même pas qu’ils sont dans cette culture, sont les idiots utiles, sans le vouloir d’ailleurs. D’autres le sont complètement consciemment pour faire de l’oseille avec l’industrie. C’est ça le revers de la médaille. Une action entraine une conséquence, dans la musique, dans ta relation de couple, avec tes enfants, dans ton travail. On récolte ce que l’on sème. Plus tu auras d’amour dans ta transmission, moins tu auras le revers de la médaille parce qu’en principe, ce que tu feras ira dans le sens de ce que tu auras voulu faire. Maintenant si tu arrives en polluant ton chemin, pour x raisons, ne t’étonne pas de retrouver le revers de la médaille de la merde que tu as fait.

10 – RCKNSQT : « Sous-coté » (PP+, 2022)

Ce morceau est issu de cet EP que j’ai pris beaucoup de plaisir à faire. « Sous-coté » est assez egotrip par rapport aux autres. Il y a celui-là et « Koh Lanta » qui sont dans ce délire punchline, façon « hip-hop style ». Je me dis : comment se fait-il qu’en 2022 je sois toujours sous-coté ? Quand la plupart des mecs sont surcotés. Dans le morceau je réponds, c’est voulu. C’est un pied-de-nez à la façon dont l’industrie marche, à la façon dont cette culture est représentée dans les médias mainstream. Bien sur que je suis sous-coté ! Même si je connais la valeur de qui je suis, de ce que je fais. Je continue de prendre du plaisir, en plus je ne fais pas ça pour une quelconque gloire, une récompense ou des millions de vues. Je continuer de créer et tout ce que je laisse est là pour l’éternité. C’est pour ça que je cherche à bien faire les choses car je sais que ça parlera à des personnes dans les prochaines générations, comme les films de Fellini, de Chaplin ou des disques de Sade.

En trois ans tu as sorti trois projets, tu es en tournée et toujours présent après plus de trente ans de carrière, si tu devais comparer ce que tu ressens aujourd’hui avec ce que tu ressentais au début, tu parlerais d’adrénaline, de fierté ?

Ce qui m’anime toujours c’est l’envie et la passion. Quand je me réveille et que je me couche, je suis toujours content de ma journée. Mais je suis trop sur l’instant pour savoir si j’en suis fier ou pas. Ce que je sais, c’est que ça me fait du bien et que je suis équilibré à travers ce que je fais. C’est ça le plus important. Quand je n’aurai plus envie je m’arrêterai.

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