10 Bons Sons US en novembre 2022

L’actualité du mois de novembre chez nos amis des Amériques concernait surtout les élections de mi-mandat. Pour autant, nos ressortissants de ce pays de frapadingues préférés n’ont pas chômé, et les sorties diverses et variées se sont enchaînées.

$ilkmoney – One glazed and one with the jelly fielded nucleus (prod. KhalilBlu)

Le dernier album de $ilkmoney est un gigantesque kaléidoscope, et comme l’indique son titre provocateur (« I don’t give a fuck about this rap shit, Imma just drop until I don’t feel like It anymore »), le rappeur de Divine Council s’y dévoile en totale liberté. Ce morceau démarre même sur des accents Jungle. $ilkmoney crache sur l’industrie et ses copinages tout en dévoilant ses projets de faire pousser des champignons aussi gros qu’Al Green ; naviguant tout du long entre le terre à terre et les propos surréalistes. La diction est hyper-précise, le rappeur parvenant à être à la limite du parlé tout en ayant un flow rebondi s’adaptant parfaitement aux longueurs disparates de ces lignes, donnant ainsi un côté imprévisible à l’ensemble. – Jérémy

Westside Boogie – Contradictions (prod. Keyel)

Après un nouvel album très abouti paru cette année, Westside Boogie persiste et signe en ce mois de novembre avec une édition deluxe sur laquelle on retrouve cet inédit. Ton mélancolique, production pianotée avec sample vocal, couplets hyper-courts et refrain qui évolue tout au long du morceau : voici la recette qu’a choisi le rappeur de Shady Records pour évoquer ses contradictions assumées, qui découlent plus de sa versatilité que de son incohérence. On peut parfois en dire beaucoup en peu de mots. On vous invite à aller écouter les trois inédits issus de cette réedition. – Jérémy

Villain Park – Jack Mode (prod. Smoke Dawg)

Il est très fréquent de voir Villain Park dans nos colonnes dès que ces derniers daignent sortir un morceau. Excepté un freestyle délivré il y a quelques mois et quelques petits morceaux éphémères en 2021, il faut dire que le trio nous a clairement laissé sur notre faim après leur excellent premier album The Recipe, sorti en 2019. Le 18 novembre donc, le groupe composé de Smokey V, Bunge et DJ Coly Cole remettent le pied à l’étrier avec la track « Jack Mode ». Toujours le même constat des années après : le groove est implacable, les trois emcees sont excellents et le morceau finit en repeat sur notre plateforme préféré. Clairement un des groupes de rap les plus sous côtés de ces dernières années (s/o Cult Of The Damned qui complète la liste). On attend maintenant un peu plus de contenu. Un EP, une mixtape voire un album, on prend tout. – Clément

Ab-Soul – Gang’Nem feat. Fre$h (prod. Sounwave & Beach Noise)

L’écurie Top Dawgz Entertainment se porte plutôt bien et le nouvel album d’Ab-Soul ne va prouver le contraire. Prévu pour le 16 décembre et intitulé Herbert (son prénom), le projet a déjà été teasé avec plusieurs titres : « Moonshooter » sorti début septembre, « Do Better » sorti en Octobre et tout récemment « Gang’Nem », en featuring avec Fre$h aka Short Dawg. Un morceau à l’ambiance sombre, très street, qui parle de gang mais aussi de rédemption. La prod’ est colossalle et la mise en images efficaces. Rendez dans quelques jours. – Clément

38 Spesh & Harry Fraud – Sal’s Pizza

Peut-être du fait de sa double-casquette de rappeur/beatmaker, 38 Spesh n’a jamais réellement été reconnu à sa juste valeur en tant que MC, aux côtés de ses comparses de la Black Soprano Family. Enchaînant les sorties, tantôt dans un rôle et tantôt dans l’autre, parfois les deux en même temps, il lui manquait peut-être un opus phare, avec enfin quelqu’un qui se mettrait à son service. En ce mois de novembre, c’est le faiseur de miracles Harry Fraud qui lui a fourni ce plateau d’argent, lui permettant d’exprimer en long et en large ses qualités au micro. Et que dire « Sal’s Pizza », où Henry la fraude est encore allé nous chercher une boucle stellaire dont il a le secret, permettant à Spesh de nous régaler de son flow et son empreinte vocale bien reconnaissables. – Xavier

Sheek Louch feat. Jadakiss – Go to work (Prod. SVGAR)

Sheek Louch est peut-être le membre le moins mis en valeur des Lox, il n’en demeure pas moins un excellent rappeur, comme il n’a de cesse de nous le prouver mixtape après mixtape. Et ce d’autant que sa productivité ne faiblit pas. Pour la fête des morts américaine, il sortait le quatrième volet de ses Gorillaween, et voilà qu’il revient avec le cinquième volume des Beast Mode, près de 2 ans après la précédente édition. Parmi la pléthore d’invités prestigieux de son âge (pêlemêle, Ghostface, Fat Joe et même MOP), on retrouve bien sûr les inévitables deux autres tiers du crew du Yonkers, et tout particulièrement un Jadakiss très en forme sur ce « Go to Work ». A l’orée d’une potentielle réforme des retraites, Kiss et Sheek Louch ont choisi leur camps, et c’est moche. – Xavier

Boldy James & Futurewave – Disco Fever

Boldy James continue son run phénoménal, et quel que soit le beatmaker associé, le vétéran de Detroit ne faiblit jamais. Après ses nombreuses collaborations avec The Alchemist, Real Bad Man, Jay Versace puis plus récemment Nicholas Craven, c’est cette fois un coéquipier plus surprenant qu’il choisit. En effet, il était plus difficile d’imaginer Futurewave, habitué à produire boom-bap rythmé aux drums puissant, se greffer à la nonchalance de Boldy Black. C’est pourtant chose faite, et ce « Disco Fever » est l’illustration parfaite de ce contre-emploi totalement réussi. Avec cette merveille d’instrumentale, Futurewave parvient à coupler une atmosphère obscure et brumeuse à une ligne de batterie qui, sans prendre le pas sur le reste, se dégage suffisamment pour installer une certaine nervosité. – Xavier

Nas & Hit-Boy – Thun

Le rythme de croisière adopté par Nas et Hit Boy ces dernières années et l’impressionnante forme du premier continue de ravir. Sur ce troisième volume des King’s Disease, Hit-Boy semble d’ailleurs muscler son jeu et participe à livrer peut-être leur meilleur opus commun – même s’il est tôt pour les conclusions. L’enthousiasme est cependant légitimé, notamment, par l’exceptionnelle « Thun » où les cordes ultra efficaces bouclées sur deux mesures permettent à Nas de briller en rappant inlassablement, retraçant sa vie et son parcours, avec l’excellence qu’on lui connait. Mention particulière pour l’immanquable clin d’oeil à Takeover et Jay-Z. – Wilhelm

Key Glock – Forgive Me (prod. Hitkidd, CuBeatz & Tizzle)

Key Glock embrasse son rôle de désormais capitaine du Paper Route Empire avec son EP PRE5L. Rappeur toujours remarquable, il ne flanche pas et continue son bonhomme de chemin. Avec un égo gonflé à block et un regard plutôt désabusé sur le monde qui l’entoure, le rappeur de Memphis est prêt à en découdre avec quiconque lui ferait face. Dans « Forgive Me », il profite des teintes gothiques de la production pour déchainer la violences et embrasser ses idées les moins chrétiennes, caché sous une tunique de bonne soeur – et c’est assez surprenant à voir. – Wilhelm

DJ Muggs & Jay Worthy – Thuggin

Non pas qu’on se lasse, mais la discographie de DJ Muggs commence à être un petit peu trop irréprochable pour être l’oeuvre d’une authentique personne. De son côté, Jay Worthy n’est pas non plus en reste et « What they hittin 4 », le bébé des deux californiens, donne logiquement un disque d’une grande qualité. Dans « Thuggin », P Worthy se laisse aller à une pratique légendaire de la côte ouest mais pratiquée avec brio par une poignée d’initiés : chanter plus ou moins juste et s’en battre les couilles parce que ça sonne bien. Mesdames et messieurs, vous tenez là la bande son idéale pour rider dans vos cabriolets cet hiver – ou boire des tisanes devant vos radiateurs à 19°C, Emmanuel vous voit. – Wilhelm

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