10 Bons Sons US en février 2022

On m’a reproché de trop parler de basket dans les introductions de nos éditions mensuelles, nous allons donc évoquer autre chose dans ces quelques lignes.

Le mois de februarius chez l’Oncle Sam fut le théâtre du ALL STAR GAME NBA 2022 qui regroupe comme chaque année les meilleurs basketteurs de la ligue autour d’une rencontre et des mythiques concours de dunks, de tirs à 3 points et du beaucoup moins fabuleux concours de skills. Oui d’accord, encore du basket. Mais c’était pour souligner que cette édition fut une des plus frustrantes de ces dernières années. Toujours dans les déceptions, parlons du superbowl (finale annuelle de la NFL) qui nous avait promis un show exceptionnel à la mi-temps avec des artistes légendaires : Mary J Blige, Snoop Dogg, Dr. Dre, 50 cent, Kendrick Lamar et Eminem. Promesse décevante lors de ce medley de 15 minutes, mention spéciale à 50 centimes qui a voulu s’autoréférencer en commençant son In Da Club comme dans son clip de 2003 : la tête à l’envers (pas la ville belge), tel un Robert Pattinson « plus cinglé » que jamais. Sauf que 19 ans se sont écoulées et le temps semble plus alourdir certaines épaules que d’autres (coucou Snoop). Bref trêve de palabre, voici les 10 bons sons mensuels, sélectionnés par vos all-star préférés.

A$ap Twelvyy – Just Lef Phoenix (prod. Jamel Phillips)

Le membre qui est sûrement le plus discret (toutes proportions gardées) du crew A$ap continue son bonhomme de chemin avec deux-trois EPs distribués par-ci par-là. Le dernier daté de décembre 2021 comportait 3 titres. Rebelote début février avec le bien nommé A Quarter Til et sa durée de 5 minutes et quelques. Figurez vous que le meilleur morceau est dans doute celui qui ouvre le projet et paradoxalement le morceau le plus court avec sa minute trente et son maigre 16 bar. L’instrumentale aux effluves boom-bap est d’une efficacité incroyable et Twelvyy se balade tranquillement dessus. Un amuse gueule des plus savoureux. – Clément

Cookin Soul & Lord Apex – For all my Hustlers

Un rendez vous à ne pas manquer en ce début du mois de mars, c’est bel et bien le projet réunissant Cookin Soul et Lord Apex pour une coalition Espagne/Angleterre. Intitulé Off The Strengh, le projet sortira donc le 9 mars et fera bien évidemment la part belle à un boom-bap savoureux teinté de lo-fi, « lobap » comme le producteur aime l’appeler. Deux extraits sont d’ores déjà sortis pour teaser l’album, « The Bullshit » et le morceau qui nous intéresse ici « For all my hustlers ». Alors que le premier morceau est plus nerveux, le second nous délivre une sensation plus aérienne et définitivement plus lancinante. Les visuels sont comme toujours assez incroyables, ne reste plus qu’à découvrir le produit final dans quelques jours. – Clément

Saba – One way or every ni*** with a budget (prod. Daoud & daedaePIVOT)

Héritier du versant cool et soulful du rap de Chicago, Saba vient juste de sortir son troisième opus. La production relax respire un bon coup avant un refrain mélodieux. Chaque couplet a le droit a ses propres évolutions au niveau de l’instru tandis que Saba occupe l’espace avec des flows consistants où les respirations se font rares. L’esprit est chill et positif avant tout : le rappeur nous conte ce qu’il fait avec son argent fraîchement gagné, enfin libéré de la rat race : prendre soin de ses proches, acheter des manettes de play ou commander des pâtes portant des noms qu’il ne parvient pas à prononcer. Un titre musicalement riche et thématiquement simple, sans pour autant être simpliste. – Jérémy

T.F – Blame Kansas ft. Conway the Machine & Roc Marciano (prod. Mephux)

T.F vient de Los Angeles mais sonne plus east-coast que ton rappeur new-yorkais préféré. Pendant une minute la production reste à la frontière du drumless avant que la batterie s’enclenche. Quelques envolées épisodiques donnent un aspect classieux et gangster à la fois. Le sentiment cinématographique qui en découle est décuplé à l’écoute des couplets des trois rappeurs. Roc Marciano et Conway sont évidemment très en vue mais T.F parvient à se hausser à leur niveau, signe qu’il est capable d’intégrer la cour des grands comme en témoigne l’excellent Blame Kansas sur lequel figure ce morceau. – Jérémy

Pusha T – Diet coke (prod. 88 Keys & Kanye West)

Ce n’est sans doute pas le son le plus chiné de la sélection, mais difficile de passer à côté d’une nouvelle sortie de Pusha T. La moitié des Clipse pose sur une prod’ tendance boom-bap qui détonne de l’esthétique jadis travaillée par son groupe. Le débit est un poil plus relâché qu’a l’accoutumé mais la diction est nette et tranchante. L’assurance est bien là : « They mad at us, who would’nt be ? We became everything you couldn’t be ». L’époque de la cuisine et de la vente est passée, mais les références à la coke sont bien restées et trouvent place dans des métaphores ou des blagues : « You ordered diet coke, that’s a joke right ? » Le classique long-format solo de Pusha est peut-être bientôt là… – Jérémy

Curren$y & The Alchemist – Half Moon Mornings

11 ans après Covert Coup et 4 ans après Fetti, sur lequel ils étaient également accompagnés de Freddie Gibbs, Curren$y et Alchemist remette le couvert avec Continuance, qui confirme le retour au premier plan du premier depuis l’excellent The OutRunners avec Harry Fraud datant de l’été dernier, et fait encore une fois montre de toute l’inventivité du second. Les deux bougres s’associent ainsi à une belle et surprenante liste d’invités (Boldy James, Styles P, Babyface Ray…) pour délivrer l’un des LP les plus solides de ce début d’année outre-Atlantique. Difficile d’extraire un morceau de cet assemblage homogène de force tranquille et de boucles envoûtantes, alors nous nous sommes contentés de l’accompagner du clip qui l’annonçait. Mais l’intégralité de Continuance vous est chaudement recommandé.  – Xavier

Nicholas Craven feat. Stove God Cook$ – Opulence

Le beatmaker canadien Nicholas Craven a profité du mois de février pour délivrer le troisième volume de sa série de compilations estampillées Craven N, démarrée en 2017, avec comme à l’accoutumée, du beau monde au menu. Et c’est avec un plaisir non-dissimulé que l’on retrouve Stove God Cook$ en ouverture du disque, lui qui se fait rare après s’être révélé il y a de cela deux ans avec Reasonable Drought, si l’on excepte ses nombreuses apparitions sur la face A de Hitler wears Hermes 8 de Westside Gunn. Et à en croire la manière dont il honore la superbe boucle de Craven, le protégé de Roc Marciano n’a rien perdu de la verve qui lui a permis de se faire un nom.  – Xavier

Bodega Bamz & V Don – Crossfire

Cela fait de nombreuses années que les collaborations entre Bodega Bamz et V Don font florès. Que ce soit sur les projets personnels de l’un ou de l’autre, l’association a très souvent fait mouche. C’est sur ce parcours partagé que revient The Lost Pack, qui mêle quelques inédits à certains des meilleures apparitions communes du beatmaker newyorkais et du MC de Spanish Harlem. L’un des inédits est précisément le titre introductif, « Crossfire », morceau incisif et efficace sur une production, une fois n’est pas coutume, assez classique de V Don. – Xavier

Conway the Machine – So Much More (prod. J.U.S.T.I.C.E League)

Le premier album de Conway en major, annoncé comme imminent depuis au moins 2017, a enfin rejoint les bacs virtuels à la fin du mois de février. Sur une production grandiloquente orchestrée par la géniale J.U.S.T.I.C.E League, le rappeur prend le parti d’adopter une approche très terre à terre même pour revenir sur sa réussite. Alors que l’album nous fait comprendre que son égo est beaucoup plus fragile qu’on pourrait le penser, le texte de « So Much More » s’inscrit souvent dans le réel et la précision, comme s’il s’adressait autant à l’auditeur qu’à lui-même. Demond Price, tellement plus qu’un rappeur. Tellement humain. Wilhelm

RetcH – Fallin In Love (prod. Bwolf201)

Surprise de taille que cette sortie de RetcH. Il s’y livre sur ses relations affectives (pour le moins compliquées), avec une voix complètement cassée, littéralement méconnaissable. Du côté audio, on ne prend pas de risque en supposant qu’il s’agit d’une mise à plat rapide mais l’aspect un peu crado participe forcément au charme du morceau et s’accorde à un texte un peu décousu, surement très impulsif. On craint toutefois que « Fallin In Love » n’atteigne jamais les plateformes de streaming puisque que la production s’articule autour d’un sample de « Dilemma » de Nelly et Kelly Rowland, dont les droits doivent être onéreux. Wilhelm

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