10 Bons Sons US en octobre 2018

Du coté de chez l’Oncle Sam, le mois d’octobre est souvent synonyme d’Halloween, cette fête païenne dont les américains raffolent et qui fait un bien fou à l’industrie du bonbon. C’est aussi l’occasion de voir la reprise de la NBA et d’observer les « Midterms », les élections politiques de mi-mandats. Incroyable me direz vous… Mais comme d’habitude, c’est aussi l’occasion de faire du bien à nos oreilles avec la sélection US, October « two thousand eighteen ».

Pharoahe Monch – 24 Hours feat. Lil’ Fame

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures disait l’ancien. Et il faut dire que la plupart du temps, cet adage est véridique. Ce bon vieux Pharaoahe Monch, fine lame du groupe Organized Konfusion a refait surface récemment, trois ans après son dernier véritable projet, intitulé Lost In Translation. Sorti le jour d’Halloween, le morceau « 24 hours » a, comme on peut s’en douter, été enregistré et produit en une seule journée. On retrouve donc Pharoahe à la plume et à la production, le rappeur Lil’Fame (membre du groupe MOP) en featuring, le guitariste et bassiste Marcus Machado aux arrangements et le musicien pluridisciplinaire Chris Rob au clavier. Le tout est mis en image de façon élégante, et ça fonctionne bien. Clément

Chester Watson – Long Story, Short Life (Prod. SwuM.)

Lecteurs assidus de cette sélection, vous aurez remarqué l’amour que l’on porte au trop « underrated » rappeur Chester Watson. Déjà plusieurs année qu’on suit le rappeur natif de Saint Louis,  qui compte à son actif trois énormes mixtapes et une pelletée de morceaux volants, le tout à tout juste 21 ans (faut dire que le bonhomme a commencé très tôt). Le 5 octobre dernier, son quatrième et nouvel EP, intitulé Project 0 est sorti. Toujours dans un style très « lo-fi/boom-bap » et avec ses gimmicks à la Earl Sweatshirt (fantasmons sur un featuring futur…), Chester Watson nous livre une nouvelle fois un projet solide et mature. La preuve avec le morceau « Long Story, Short Life », avec sa petite boucle lancinante et ses lyrics percutants.  « Play life like chess / Don’t attack if it’s risky / Only ask for progression / Never ask for forgiveness / And I, I need the whole team intact every victory […] » Clément

Dave East & Styles P feat. The Lox – Load my Gun (prod. Kas et Motif Alumni)

On vous en parlait plus en détails il y a quelques jours, Dave East et Styles P ont joint leurs forces autour de Beloved. Premier projet véritablement étiqueté album dans la discographie du premier, il a des airs de passage de témoin, bien que Styles P ne semble pas décidé à ranger les crampons. Alors quoi de mieux, pour sceller cette passation de pouvoir, que d’inviter les deux comparses du doyen, Jadakiss (en forme olympique) et Skeech Louch, à découper une production sombre. Pendant presque 6 minutes, le quatuor se laisse aller à l’égo-trip, évoquant essentiellement la rue. Malgré la complicité évidente des Lox, Dave East ne semble pas un seul instant prendre la place d’invité sur le morceau. Et c’est une belle performance. Wilhelm

Lil Baby – Close Friends (Prod. Turbo)

Drip Harder est la fusion des 3 Drip Season de Gunna et de la trilogie Harder than Hard, Too Hard, Harder than Ever de Lil Baby. L’attention s’est surtout tournée vers le très sympathique premier single « Drip Too Hard » et un couplet (posthume) de Drake mais les plus cyniques s’amuseront au jeu des 7 différences à l’écoute du morceau avec Young Thug. Et c’est drôle. C’est peut-être malhonnête d’extraire un morceau solo d’un projet commun, toujours est-il que « Close Friends » de Lil Baby sort vraiment son épingle du jeu. Il y évoque sa relation compliquée avec une influenceuse quelconque (ce ne sont pas ses mots) et lui avoue même qu’en inversant les rôles, il ne lui donnerait probablement pas de nouvelle chance. Finies les températures estivales et les amourettes qui les accompagnent, faites place à la grisaille. Anastasia laisse-moi une chance s’il te plaît. Wilhelm

Westside Gunn feat. B.E.N.N.Y. The Butcher & Lord Flee – Niggas In Puerto Rico (Prod. The Alchemist)

Ce sixième volet des aventures luxueuses d’Hitler se démarque des précédents à plusieurs niveaux. Déjà, il n’est pas principalement produit par Daringer, qu’on ne retrouve que deux fois, et Conway n’est pas présent. Mais, surtout, là où les autres étaient d’excellentes mixtapes, celui-ci se rapproche plus de ses albums. D’ailleurs, la pochette du Black Hitler, dessinée par Isaac Pelayo, fait écho à Supreme Blientele avec ce troisième œil et à Flygod avec le visage seul sur fond rouge. Le premier avait reçu un accueil dithyrambique, plaçant (peut-être) la barre trop haute pour le deuxième, l’été dernier, même si West y était un bien meilleur rappeur. Il est trop tôt pour émettre un avis définitif mais cette livraison se place largement dans le haut d’un panier déjà très bien garni. Ce mois-ci, Westside Gunn est aussi apparu au refrain sur « Fork In The Pot » de The Alchemist accompagné de son frère, SchoolBoy Q et d’un clip incroyable. Le choix fut rude. Wilhelm

Vado – In My Lifetime (prod. GP Beatz Bangers)

L’ancien héritier de Cam’ron, petit prince d’Harlem, est toujours assez prolifique. Après une mixtape, Sinatra 3, sortie en juillet, Vado annonce un album à paraître. À date, en solo, il n’a « que » des mixtapes à son actif et on suppose que la différence entre les deux formats a son importance pour tout bon rappeur New-Yorkais qui se respecte. « In My Lifetime » est un couplet fleuve où il tire et partage des leçons de son expérience sur une production plutôt sombre. La mélodie aérienne et les samples de voix mélodieux et calmes laisse toutent la place au rappeur pour ses habiles placements de rimes aiguisées (comme toujours). Et, surtout, le Black Sinatra revêt une splendide paire d’Air Force One. Wilhelm

Young Buck – Get Away

Très gros mois d’octobre pour Young Buck, puisque ce n’est pas une mais deux mixtapes qu’il a sorties. Et toujours ce même format, avec 10 titres centrés sur un même thème. Cette fois-ci, c’était 10 Politics et 10 Felonies. Et même s’il faut avouer que tout cela est très répétitif, ce n’est pas particulièrement lassant, tant le quarantenaire semble être dans la forme de sa vie, avec un format convenant particulièrement à son style brutal, agressif et percutant, qui se consomme finalement sans modération. Nous avons choisi d’extraire « Get Away », qui se démarque quelque peu par son énergie différente du reste. Xavier

Freddie Gibbs, Curren$y & The Alchemist – Saturday Night Special

Après quelques projets très teintés trap, Freddie Gibbs est revenu à d’anciens amours, avec Fetti, en collaboration avec Curren$y et entièrement produit par The Alchemist, qui n’est pas sans rappeler les albums qu’il avait pu faire dans le passé, en collaboration avec Madlib ou encore Statik Selektah. Et si l’association entre les deux rappeurs peut paraître surprenante à première vue, tant ils ont évolué dans des registres différents ces dernières années, force est de constater que l’association fait mouche, comme sur ce très planant « Saturday night special », où le ton négligé de Curren$y est un parfait pendant à la voix lourde de Freddie Gibbs. Xavier

Mozzy (feat. E Mozzy) – Dead Homies (Prod. Jay P Bangz)

Le nouvel album de Mozzy avait été annoncé après son (très bon) EP sorti en février, Spiritual Conversations. Finalement, il aura fallu attendre octobre pour que Ganglord Landlord voie le jour, Mozzy ayant pris, dans l’intervalle, une ampleur plus importante avec notamment une apparition sur la BO de Black Panther. Et l’attente en valait le coup, comme en atteste cet excellent « Dead Homies », en featuring avec son bien nommé compagnon de route E Mozzy. Un morceau parfaitement dans le registre du rappeur de Sacramento, dont la voix rauque se transforme en complainte le temps d’un requiem pour ceux partis trop tôt. Xavier

Roc Marciano & DJ Muggs – Shit I’m on

Le pimp de Long Island n’a pas votre temps. A 40 ans, Roc Marciano a sorti son troisième album de l’année, après Rosebudd’s Revenge 2 : The Bitter Dose et Behold a Dark Horse. Cette fois, il s’associe à DJ Muggs pour 10 titres réunis sous le titre KAOS. Et l’album est accompagné du clip de « Shit I’m On », où la douce boucle de piano de DJ Muggs accompagne parfaitement le flegme acéré de Marci, pour une balade sous la grisaille new-yorkaise qui, bien qu’anachronique, aurait parfaitement accompagné la saison 2 de The Deuce. Xavier

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