10 Bons Sons US en juin 2025

Juin 2025 aux states, c’est le bordel. Trump continue à faire de la merde. Cette fois ci l’ICE, appuyée par le FBI, qui embarque 118 personnes pour violations présumées du droit migratoire. Les quartiers de Westlake, South LA ou encore le Fashion District deviennent le théâtre de manifestations massives.
Dans les rues, la tension monte : pillages, affrontements. Et la vague gagne du terrain : San Francisco, Chicago, New York, Minneapolis, Dallas, Austin… L’Amérique gronde.
Pour penser à autre chose, voici ce qu’on a retenu musicialement du mois, en 10 Bons Sons.

Erykah Badu & The Alchemist – Next To You

Toujours là où on ne l’attend pas, Erykah Badu continue de redessiner ses propres frontières. Cette fois, aux côtés de l’inévitable The Alchemist. Une rencontre qui fait vibrer : la soul cosmique de Badu s’invite sur une petite boucle guitare déjà entendu sur « The Realest » de Mobb Deep avec Kool G Rap. Et ouai, The Alchemist refourgue même ses prods. Avec « Next To You », première offrande d’un album encore sans nom, les deux artistes ouvrent une porte vers un territoire inédit. On espère que ce territoire restera sans IA, à l’inverse du clip de ce morceau. – Clément

Lukah & Statik Selektah – South Still Speaking feat. Killer Mike

Première fois qu’on le cite dans nos colonnes, Lukah est un rappeur originaire de Memphis, actif depuis 2018 et qui compte trois albums solo et une mixtape à son actif. Il a également sorti en 2024 le très cool Temple needs water, Village needs peace avec Real Bad Man. Le 20 juin dernier il s’associe au producteur new yorkais Statik Selektah pour A Lost Language Found, album de quatorze morceaux dont des featurings avec Jay Worthy, 8ball (!) et celui qui nous intéresse ici, Killer Mike. Au menu, boucle hypotique de piano, voix céleste et deux rappeurs en grandes formes. – Clément

Slick Rick – Landlord

26 ans après son dernier album, plus personne n’attendait Slick Rick. On est d’ailleurs probablement sur le record de plus gros écart entre deux albums dans le rap. Et pourtant, le rappeur de 60 ans vient de livrer un disque solide, fidèle à son esthétique. Sur Landlord, il se livre à son exercice favori, le storytelling. Dans une veine comique, il se met dans la peau d’un multi-propriétaire en quête de ses loyers. A chaque couplet son portrait de mauvais-payeur, avec un Slick Rick qui joue à fond la carte du manque d’empathie avec un certain sens de la satire. C’est un grand plaisir de retrouver son ton doux et son humour. – Jérémy

Maxo – Mars is electric (prod. Baird)

Rarement, voir jamais évoqué dans nos colonnes, Maxo (à ne pas confondre avec Maxo Kream) est l’auteur d’une solide discographie sur ces dix dernières années. Sur « Mars is electric », il fait le choix d’un album léger et sans prise de tête dans lequel différents types de sonorités se cooptent. Parfait pour l’été, donc. Sur le titre éponyme, sa voix nasillarde se balade de manière mélodieuse sur une production minimaliste agrémentée de timides notes de piano et de clins d’œil à Memphis. Un drôle de mélange où l’alchimie prend bien. La partition libre de Maxo, avec ses accents d’improvisation jazz, y est pour beaucoup. – Jérémy

Babyface Ray feat. Mozzy – Hood Cry (prod. Rich Treeze)

Puissent les habituels et ponctuels singles de Babyface Ray continuer le plus longtemps possible. Ce mois de juin, c’est épaulé par Mozzy que le rappeur de Detroit nous fait sa livraison, axé sur les drames et l’acceptation des émotions dans les milieux difficiles. Et l’invitation n’aurait pas pu mieux tomber : déjà auteur d’un des meilleurs albums de l’année, la californien arrive chaussons aux pieds (et joli t-shirt) tant le thème lui est familier. Les nappes vaporeuses et synthétiques de la productions, les petites voix difficilement intelligibles et la rythmique ne sont qu’un terrain de jeu aussi macabre que réussi. – Wilhelm

Clipse – So Be It (prod. Pharrell Williams)

À l’heure où nous publierons cet article, il ne devrait plus rester que quelques jours et/ou heures avant la sortie de Let God Sort Them Out, des Clipse. A priori, contrairement au déjà très réussi « Ace Trumpets », « So Be It » n’en est pas extrait puisque les dernières tracklists connues mentionnent plutôt « So Be It, pt. 2 ». Cette mise en bouche ne sert donc qu’à faire monter la sauce et il faut bien reconnaître que nous avons l’eau à la bouche. Malice n’a rien perdu malgré ses années d’inactivité, Pusha T s’assume en faucheuse du rap game et Pharrell semble dans ses bonnes heures. Il ne nous reste plus qu’à gratter nos bras en attendant le 11 juillet. – Wilhelm

Gunna – Won’t Stop (prod. Turbo)

Gunna continue ses sorties annuelles et « Won’t Stop » annonce donc un nouvel album, The Last of Wun, qui devrait a priori être le dernier sur le label de Young Thug, Young Stoner Life (faites ce que vous voulez de cette information). Comme depuis bien des années, la mise en musique est réalisée par Turbo, et l’alchimie entre les deux semble infaillible. On pourrait reprocher à « Won’t Stop » de ne pas réinventer la roue mais, soyons honnêtes, ce n’est pas ce qu’on attend de Gunna. En revanche, c’est très sympa, très efficace et sans doute un peu motivant – toute proportion gardées. On notera également que le morceau a bénéficié d’un clip un peu bizarre. Pourquoi pas. – Wilhelm

Ankhlejohn & August Fanon – Replica Jazz Club

Association inédite entre le très productif MC du New Jersey et le producteur de la Bay Area, plus habitué des collaborations avec des rappeurs de l’autre côté, en témoigne l’album Forty avec Blu sorti il y a quelques mois. Avec LIVE! At the disco, le duo propose, comme l’indique le titre, des morceaux aux sonorités g-funk, soulful ou encore rap-jazz, comme sur ce bien nommé « Replica Jazz Club ». – Xavier

Eto & Flee Lord feat. Mummz – Self Crowned (Prod. godBLESSbeatz)

On avait adoré les deux premiers volets de Rocamerikkka, association entre Eto et Flee Lord, deux rappeurs aux caractéristiques similaires, à savoir, une voix nasillarde, une appétence particulière pour les productions très grimey, et des lyrics tournant autour du trafic de drogue et de références mafieuses. Ce troisième volume, qui avait débarqué comme une bonne surprise, s’est rapidement révélé loin du niveau de ses prédécesseurs. Quand bien même, quelques titres sortent du lot, comme ce « Self Crowned » produit par godBLESSbeatz, un habitué des albums de Flee Lord. – Xavier

B.a. Badd & Sypooda – D.T.A. (Don’t Trust Anyone)

Cela faisait très longtemps que l’on n’avait plus eu de nouvelles de B.a. Badd, excepté des morceaux épars, depuis Really HIM, son dernier LP sorti en 2020. Le rappeur du nord de l’Etat de New York a donc envoyé Painted in Hunger, un 11-titres de 25 minutes entièrement produit par le producteur Sypooda, inconnu au bataillon, mais qui a parfaitement su s’adapter à la voix caverneuse et aux lyrics poisseux de son coéquipier, comme sur ce « D.T.A. (Don’t Trust Anyone) ». A écouter dans une chambre privée de lumière pour échapper à la canicule plutôt qu’à la plage, donc.  – Xavier

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