Voilà plusieurs années que nous suivons Relo et sa musique. Le 2 juin dernier, est sorti son premier album, intitulé DIEU MERCI. Si avant et après l’interview nous avons parlé avec lui sur le rap parce qu’à cause de lui nous n’avons plus de vie (avec aussi son backeur Picrate du groupe Carpe Diem), nous sommes revenus durant cet entretien sur sa montée en puissance ces derniers temps, son processus de création, la pochette, les Antilles, le métissage, la spiritualité, les featurings, les posse cuts, la nostalgie, et les médias rap, entre autres. Rencontre avec Relo qui s’est livré en interview comme sur disque avec générosité et transparence.
Depuis 2021, tu enchaines les projets, entre la tape La Voix du 13, les EP Argoésie volumes 1 et 2, l’album commun avec Gino 13 au carré ; quel bilan tu fais de ces sorties et comment tu as vécu cette montée en pression vers cet album ?
Quand je quitte mon précédent label, je reviens en indépendant avec beaucoup de sons. Je ne voulais plus que ces morceaux restent dans des ordinateurs, donc je sors La voix du 13. Je préparais l’album mais ça tardait, entre temps, je décide de faire Argoésie Vol.1, étant donné que ça faisait six-sept mois que je n’avais rien sorti. D’ailleurs, je ne suis pas friand de sortir un morceau et de disparaitre. Quand on sort un projet, qu’importe son aura, ça permet à ta musique de vivre. Dans la foulée, je fais 13 au carré avec Gino puis Argoésie Vol.2. Et je tiens à dire que 13 au carré m’a permis d’avoir un second souffle dans ma manière d’aborder l’album puisque dans la foulée, j’ai fait « 7e veine », « Tandématique », « Carré Noir », « L’or des pauvres », « Pansement », « Autre chose pour les miens », qui se retrouvent sur DIEU MERCI. Grâce à Gino, j’ai eu une soupape de décompression qui m’a recentré sur la manière dont je devais terminer l’album. A partir de là, je pense avoir fait les meilleurs sons de l’album.
A partir de quand tu as commencé à travailler pour l’album, à mettre des morceaux de côté ?
Dès que je suis revenu en indé, je voulais en sortir un. Sauf que je m’étais trompé dans la réflexion. J’allais sortir un album comme tout le monde fait, sans parti pris, sans ligne directrice, sans couleur, sans âme. En fait ça aurait été une compilation de morceaux mais on est revenu dessus avec Isma. J’avais fait deux-trois morceaux trap par exemple et on trouvait qu’ils tuaient, j’en étais content ! Mais il m’a fait remarquer que là où on voulait aller, ils n’avaient rien à faire dans l’album. Il m’a conseillé de les enlever et je l’ai suivi. Parce qu’en effet, ils n’étaient pas cohérents avec le reste.
Pour répondre à ta question, je ne saurais pas te dire parce que j’enregistre tout le temps. Il y a un morceau qui a six ans par exemple, et il me tenait à cœur de le livrer pour mon premier album. Réellement, DIEU MERCI a été fait en deux parties : la première, c’était durant ma phase de construction, je me cherchais, la seconde, c’était après 13 au carré (lire notre interview ici). A partir de là, je savais où je voulais aller, ce que je voulais faire.
On en avait parlé l’an dernier, mais je trouvais que tes anciens projets n’étaient pas assez incarnés dans le sens où on voyait trop peu l’homme derrière le rappeur et sur DIEU MERCI, on sent bien que tu as mis du tien puisque l’album est très personnel. Où as-tu décidé de placer le curseur entre ce que tu allais dévoiler et ce que tu ne dirais pas ?
Je suis d’accord avec toi. Sur mes précédents projets, même si je le faisais avec parcimonie, il y avait toujours du personnel. Sauf qu’en faisant des concerts, on a remarqué qu’il n’y avait pas de morceau plus calme, introspectif, où je me livrais. J’ai un côté pudique et je ne voulais pas que ce soit forcé, qu’on chiale… Je ne voulais surtout pas ce type de son. Je me disais : « quand je le sentirai, je le ferai ». Le titre « 7e veine » et notamment le second couplet, c’est sorti tout seul. Certaines choses qui peuvent t’arriver dans la vie, tu n’arrives pas à en parler, jusqu’à ce qu’elles se résolvent… Quand les gens réécouteront ce morceau, ils comprendront de quoi je parle. Je n’ai rien forcé, j’ai fait ça naturellement donc je ne pourrai pas te répondre.
Dans le prolongement, la pochette de l’album correspond à une photo de tes parents et toi plus jeunes. Comment ce choix s’est imposé et est-ce que tes parents ont écouté l’album ?
Je ne fais jamais écouter ma musique à mon père. Jamais. S’il écoute un morceau, c’est parce qu’un oncle, un cousin, le branche dessus. Sinon, je suis très pudique. Il y a deux-trois morceaux, en fonction du thème, où je me suis dit que je pouvais les faire écouter à ma mère. Mais mon petit frère lui a souvent fait découvrir des morceaux. Quand on réfléchissait à la cover avec Isma, on se disait qu’on mettait en avant la famille, la proximité, la nostalgie et qu’il fallait qu’on aille dans le délire Polaroïd. On n’est pas les premiers, plein de gens l’ont fait. Chaque week-end, je vais chez mes parents et je prenais tous les albums photos. Je cherchais et j’envoyais à Isma pour voir ce qu’il en pensait. Au bout d’un mois de recherche, on l’a trouvé. En plus, elle montrait le métissage avec mon père guadeloupéen, ma mère algérienne.
J’avais prévenu mes parents que je voulais mettre en avant une photo de famille. Ma mère était trop contente. C’est une supportrice de fou ! Elle écoute tout ce que je fais, mais elle ne me le dit pas. Je leur ai offert l’album et le lendemain, elle l’avait fait écouter à mon père. Je n’étais pas du tout à l’aise ! Mon père, qui est très pudique, a dit : « ça se voit qu’il a beaucoup progressé ». Alors qu’il n’écoute pas ma musique. Ils étaient très contents parce qu’ils savent que ça fait très longtemps que je prépare l’album, et ils sont fiers qu’il porte ce nom.
Tu t’es donc davantage ouvert sur l’album et tu évoques, sans approfondir, ton lien avec les Antilles, ainsi que ton métissage. Pourquoi ?
J’ai toujours voulu parler du métissage mais je n’ai pas encore trouvé l’angle qu’il faut pour que ça ne fasse pas du Yannick Noah (sourire). Je cherche le bon angle et je suis en train de le trouver. Je ne veux ni aller vers un truc larmoyant ni dans l’idéalisation. Je veux raconter comment moi je l’ai vécu. Je suis métisse guadeloupéen / algérien, mais j’ai plus été élevé dans l’éducation guadeloupéenne. Quand j’allais chez mes tantes, ça parlait arabe. Les plats de ma mère aussi viennent du bled. Je ne renie rien de mon identité, j’en suis même fier. Je sais que j’irai en Algérie voir où ma mère a grandi. Mais je ne veux pas qu’on dise que je surfe sur une vague, que je suis opportuniste. J’essaie juste d’être honnête. Mes parents m’ont élevé en me disant que personne ne devait me rabaisser, que j’étais français et que je ne devais pas oublier mes origines. Et je fais pareil avec mes enfants : le deuxième prénom de ma fille c’est le prénom de ma mère. Je sais que dans le deuxième album je traiterai ce thème. Si aujourd’hui, la mode c’est les bébés métisses, à l’époque, dans les années 1990, on se moquait de nos cheveux, de nos lèvres.
C’est ce que disait Booba dans le morceau « Je me souviens » : « Tu t’en souviens, quand les négros n’étaient pas à la mode ? »
On dit de moi que je suis clair de peau mais j’ai des traits négroïdes. Quand j’étais petit, on jouait au flic et au voleur, le blanc faisait le flic, j’étais noir, je devais faire le voleur. Enfant, ça ne te frappe pas plus que ça. Je ne sais plus qui disait : « Quand tu es métisse, tu ne choisis pas ta couleur, ce sont les gens ». Pour certains, je suis blanc, pour d’autres noir, mais on ne m’a jamais dit que j’étais français. Mais toi tu t’en fous, tu sais ce que tu es.
Ton ouverture se voit aussi dans les références religieuses / spirituelles qui sont plus nombreuses que par le passé.
Ça s’est fait naturellement. Je suis davantage dans la spiritualité avec un bon Dieu, des principes, des fondements. Le terme religion est galvaudé à mes yeux, autant par les pratiquants que par les non pratiquants. L’amour est le principal thème de toutes les religions. La religion amène une hygiène de vie et je trouve que les gens ont oublié cela. Un imam, Mohamed Bajrafil, a dit qu’à partir du moment où la religion est une contrainte, tu n’as rien compris. Ce n’est pas une contrainte, ça t’aide. Dans l’album, ce n’est pas une décision d’en parler davantage. Quand on a trouvé le titre DIEU MERCI, j’ai remarqué que j’en parlais beaucoup, mais ce n’est pas fait exprès. C’est surement parce que c’est important à mes yeux, (il cherche ses mots) ça prend beaucoup de place dans ma vie mais je ne serai pas honnête si je te disais que je suis le meilleur des pratiquants. J’essaie d’être une bonne personne. C’est déjà un très grand travail de l’être avec tout le monde, pas seulement avec ta famille et tes proches.
Je trouve à plus d’un titre que DIEU MERCI est un album d’ouverture. Tu t’es ouvert aux autres, notamment en terme de featurings. Si dans tes projets précédents, tu collaborais essentiellement avec des Marseillais, là tu croises le mic avec des Parisiens (Lino, Souffrance), des Toulousains (Furax, Melan) – au passage tu réactives une connexion historique Marseille / Toulouse débutée entre la FF et KDD, poursuivie plus récemment avec SCH et Katrina Squad -, tu fais référence à Tandem, on a des scratches de Nubi, Salif. En gros, tu as moins mis en avant ta « marseillité », même si elle est toujours présente, comme si tu considérais être arrivé au bout d’une formule qu’il fallait renouveler.
Je suis un bousillé de rap français. Que ce soit IAM, FF, Psy4, ils ont toujours fait des trucs avec des parisiens. Quant à moi, je n’ai jamais dit que je ne voulais pas faire des feats avec eux, il fallait avoir les opportunités et que ça aille dans le sens de l’album. Je voulais des feats bien précis et je suis hyper content du casting que j’ai eu. Pour le morceau « Pansement » avec Melan et Souffrance, la prod faisait très rap français. Ça faisait longtemps qu’on devait faire un titre avec Melan, Souffrance j’aime bien ce qu’il est en train de faire. Cette composition, comme les autres invités, porte l’étendard du rap français qu’on aime !
Quand je fais « Le fils de quelqu’un », je veux que ce soit un classique. J’ai voulu que le morceau sorte avant le clip, comme à l’époque. Si le son est bon il est bon, et il ramènera encore plus de lumière sur le projet. Sur mon album, je veux me faire kiffer. Casey, c’est quelqu’un que je voulais aussi, je n’ai pas réussi à l’avoir, mais ce n’est pas grave, ça se fera si Dieu veut. Si j’avais eu Salif et Le Rat Luciano, j’aurais eu tous ceux que j’écoutais petit.
Avec « Le fils de quelqu’un », tu fais une nouvelle fois un posse cut, cette fois avec Akhenaton, Furax et Lino. Si on se penche sur ta discographie, on en retrouve sur chaque projet (« Marseille en vrai remix » sur Plume 13 ; « Légitime », « Fiers » sur la voix du 13 « PRP » sur Argoésie vol2) ; qu’est-ce que tu aimes dans cet exercice ?
Souvent, quand je fais de la musique, je me mets à la place de l’auditeur que j’étais. Et j’ai toujours aimé les posse cuts (écouter notre podcast sur ce thème ici) ! Ma priorité, c’est que ça rappe (il appuie sur ce dernier terme), je m’en fous du buzz. Quand je fais « PRP », jusqu’à la veille de la sortie du clip, les gens critiquaient le casting… Mais à part Le Bon Son et Rapunchline, aucun média n’avait relayé l’info. Et à ce jour, c’est le morceau où je fais le plus de vues, on approche du million. En vrai, on se fout de qui a le buzz : le morceau est bon ou il n’est pas bon. « Le fils de quelqu’un », ce sera pareil. J’aime que les combinaisons n’existent pas : on n’a jamais vu Furax avec Lino, sur « PRP », R.E.D.K. et Seth Gueko n’avaient jamais rien fait ensemble.
Je veux que les gens ressentent la même chose que lorsque j’étais petit et que je découvrais « Le bal des meurtriers ». En fait, la seule prétention que j’ai, c’est que je veux que ma musique traverse les époques et comme je dis dans « 7e veine » : « que tu te rappelles qu’un jour t’écoutais du Relo ». J’aime ce mélange d’émotion et de nostalgie. Mais il ne s’agit pas de vivre dans le passé. Je me dis : « Est-ce que l’auditeur que j’étais serait content d’avoir ce type de combinaison ? ».
Quand tu penses à des posse cut de référence, lesquels te viennent en tête ?
Si on parle rap marseillais, il y a « Le Retour du Shit Squad ». « Esprit de clan » sur Art de Rue déchire ! A Paris, il y en a trop ! Sur « Le bal des meurtriers », Tandem est au max, Pit Baccardi aussi, Lino pareil ! Il y en a trop ! « Panam Hall Starz » bien sûr… Jusqu’à aujourd’hui, tu te dis : « Comment ont-ils fait ? ». Tu t’imagines tous les départements ? 75 avec Haroun de la Scred, 77 avec G-Kill des 2Bal, 78 avec L’Skadrille, 91 Sinik & Diam’s, 92 Salif & Zoxea, 93 Tandem, 94 Rim’K & AP, 95 Sniper ! Et tout le monde est au top ! Il y en a tellement des posse cuts… J’allais oublier le « M.A.R.S. » de L’Algerino avec IAM et Psy4 ! J’aime trop ce truc de partage, où ça kicke, tout le monde rappe.
Tu parlais de nostalgie et il y en a dans l’album, je pense au morceau « Mec du dehors ». Quand on pense à la nostalgie dans le rap, on pense à Akhenaton ; dans la scène actuelle, Zamdane est aussi dedans. Qu’est-ce qui fait que c’est une spécificité marseillaise, d’après toi ?
Je ne sais pas si c’est marseillais mais c’est quelque chose qui m’anime tous les jours. Pour moi, la nostalgie, ce n’est pas vivre dans le passé parce que les souvenirs, c’est une richesse. Le passé me nourrit et je fais beaucoup de références à ça, aux sensations, aux odeurs. Tout le monde se rappelle du passé, il peut être triste, il peut être joyeux. Dans La voix du 13 je disais : « Ne pas parler des morts, c’est les oublier deux fois », alors que d’un point de vue spirituel, ils sont toujours avec nous.
Tout à l’heure, tu évoquais le morceau « PRP » et son non traitement par les médias ; dans « Carré noir » tu dis d’ailleurs : « la moitié des médias spé sont des groupies et des marionnettes de maisons de disque ». Je ne suis pas d’accord avec toi. Pour moi, ce reproche doit être fait aux médias mainstream bien plus qu’aux médias spé.
Je te rejoins et tu as raison. Mais quand je dis « média spé », je le fais exprès parce que je critique ce qu’on est devenu et ce serait trop facile de taper sur les gros en disant que c’est à cause d’eux qu’on ne réussit pas. Non, c’est nous qui sommes devenus comme ça. C’est un choix fait délibérément de parler ou de ne plus parler de tels artistes, pour des raisons économiques ou autres. Mais il faut juste assumer que ce que l’on devient, c’est notre faute à nous. Dans « Carré noir », je dis : « les médias alimentent des clichés que les rappeurs entretiennent ».
Aujourd’hui, les médias sont juste des médias qui font correctement leur travail. En fait, il y a très peu de journalistes. Avant je me nourrissais d’interviews, même de rappeurs que je ne connaissais pas, maintenant, c’est plat, c’est lisse… Je trouve qu’il n’y a rien de méchant, tant que tu mets les formes, parce que le gars a fait un album, a fourni un travail, à dire que tu n’aimes pas tel morceau, que tu n’es pas d’accord avec tel propos. Il n’y a rien de mal, pourtant les rappeurs se vexent. Si tu interviewes un gars alors que tu n’aimes pas sa musique, ne l’invite pas. Beaucoup de médias sont fans, et ce n’est pas forcément un problème, mais quand tu es fan, tu perds ton objectivité voire ton professionnalisme. C’est ça qui me dérange.
On a évoqué « Le fils de quelqu’un » et sa combinaison inédite, mais « Parlons humain » permet de réunir aussi pour la première fois Akhenaton et Keny Arkana. Comment le morceau a-t-il été conçu ?
Dans La voix du 13, il y a un son qui s’appelle « Tonytruand » et on a utilisé cette prod. Un jour je suis en studio avec Chill, il écoute le morceau et trouve que l’instru déchire. « Parlons humain » était en train de naitre. D’ailleurs, parenthèse : ce que j’aime depuis que je suis en indé dans le processus de création, c’est que j’ai retrouvé les énergies de l’époque où j’avais 15 ans. On fait de la musique sans calcul au niveau artistique. On fait ce qu’on a envie : on est en studio, la prod plait à untel, il pose dessus, c’est réglé. « Solide » et « Fiers » ont été des morceaux déclic et je me suis nourri de ces énergies. Pour en revenir à « Parlons humain », Chill a donc aimé la prod et m’a demandé de lui envoyer. Il a repris le premier quatre mesures, a fait le refrain et m’a dit qu’il s’est fait plaisir en écrivant un couplet, que je pouvais le sortir ou non. Tu imagines ? (Sourires) Après 35 ans, le gars a encore cette mentalité-là. Il ne l’a même pas fait pour moi, mais juste parce qu’il a kiffé la prod. J’avais donc nos deux couplets que j’aimais beaucoup et je cherchais un nom avec lequel Chill n’avait jamais featé. J’ai la chance de m’entendre super bien avec Keny, c’est une belle personne, qui avait posé sur « Marseille en vrai remix », sans qu’on se connaisse. Je lui ai envoyé la prod, elle l’a kiffé et ça s’est fait comme ça, naturellement. Je voulais que nos voix apparaissent dans les couplets des autres, pour que ce soit un vrai (il appuie sur ce terme) morceau.
Sur l’album tu as deux feats avec AKH, ce qui n’est pas commun. Il t’avait invité en 2019 sur Yasuke d’IAM. Mais comment sont vos rapports maintenant ?
On a fait plein de trucs avec Chill. Pour moi, c’est (il cherche ses mots)… R.E.D.K. qui a beaucoup tourné avec IAM puisqu’il faisait leur première partie disait qu’à chaque date, il se reprenait la même claque lorsqu’ils faisaient sur scène « Demain c’est loin », « Petit Frère ». Je ressens exactement ça. Je n’arrive pas à réaliser que j’ai Akhenaton, Shurik’N, dans mon répertoire. Tous les dimanches avec Chill, on s’écrit par rapport au foot, à l’OM. Je ne le vois peut-être pas comme un mentor, mais lui, Shurik’N, IAM en général, sont tellement inspirants quant à la gestion de leur carrière, ils n’ont jamais baissé leur froc, ont toujours été sans concession.
Comme aux Victoires de la musique avec Independenza
Mais qui va faire ça aujourd’hui ?! C’est ouf ! Tu vois je peux me permettre de leur poser 36000 questions, leur envoyer des vocaux, me rendre à La Cosca, ils m’ont toujours ouvert la porte, toute l’équipe. J’ai cette soif d’apprendre et de savoir, de gagner du temps. On a une relation de poto avec Chill et Shurik’N, vraiment. Ce sont des bons grands de quartier, bienveillants, ils sont dans la bienveillance.
Justement, sur DIEU MERCI, on a une ligne directrice, une réflexion sur le titre, la pochette, une intro, une outro avec Allen Akino avec qui tu as débuté.
(Il coupe) Je savais que sur mon premier album, Akino allait apparaitre dessus. Ça fait quasiment 15 ans qu’on se connait. Il n’était pas sur les projets précédents parce que je voulais qu’on ait le bon son. Et on en a fait d’autres ! Mais « Autre chose pour les miens » fait un peu world music, il me faisait penser au son de Phil Collins dans Tarzan et je voulais faire un morceau évolutif. Tu vois Akino chante en sénégalais dessus et je te parlais de trucs instinctifs, quand il était en cabine, il faisait ça en rigolant. Je voulais absolument garder ça !
On a l’impression que c’est vraiment ton premier album et que tu l’as fait comme tel. Au risque que tu prennes mal ma remarque, je pense que c’est le meilleur album que tu pouvais faire… Je voudrais ton avis à ce sujet ?
Pour moi, c’est le meilleur projet que j’ai sorti de ma vie. Par contre, un peu comme RZA et le Wu Tang, j’ai mon plan en tête. Il y a des trucs qu’on n’a pas fait sur cet album volontairement. Ces 13 titres, ça fait une belle carte de visite. On sait ce qu’on va faire à la rentrée, puis pour le deuxième album. On a déjà notre plan sur quatre-cinq ans. On sait ce qu’on veut faire. Pour entreprendre et amorcer le truc, c’est comme ça qu’il fallait qu’on fasse. Avec Isma qui a fait des prods pour Soprano, R.E.D.K., qui a rappé, je suis avec quelqu’un qui a une vision. On sait qu’on en a sous le pied et qu’on n’a pas tout donné.