10 Bons Sons US en décembre 2022

Comme chaque début de mois, l’heure est au bilan du précédent autour de dix morceaux de rap anglophone qui ont retenu notre attention.

Metro Boomin feat. Travis Scott – Raindrops (insane)

Producteur vedette d’Atlanta, Metro Boomin sortait en ce mois de décembre son second album sur lequel on retrouvait plusieurs gros noms du rap actuel. Ce titre avec Travis Scott est l’un des grands moments du disque. D’abord il y a ce long refrain languissant, coupé en trois parties, avec en son milieu un instant autotuné étouffé, qui rythme l’ensemble du morceau. Puis il y a la prestation générale de Travis parvenant à créer une vraie ambiance sur ces deux couplets grâce à ces variations de flow. La production de Metro Boomin, sombre et mélancolique, est très prenante, et son changement de rythmique sur le second refrain fait bien son effet. C’est du travail d’orfèvre. – Jérémy

Valee – Alpina Beams (Prod. GoYardSounds)

Valee est l’un des mystères du rap de ces dernières années. Pour vraiment apprécier sa musique, il faut la pénétrer en profondeur et ne pas s’arrêter à l’apparat. Sur ce court sample guilleret, Valee déploie tout son style. Le flow peut d’abord paraître redondant, mais cette impression qu’il développe une longue phrase proustienne qui n’aurait pas de fin (un style qui en a inspiré d’autres depuis) rend le tout obsédant. On est comme absorbés dans un tunnel dont on ne voit pas la fin, et on se laisse guider par d’incroyables enchaînements d’assonances et d’allitérations. On peut alors soit au choix se concentrer sur chacun des mots, soit se laisser prendre par les jeux de sonorités. Ces enchaînements sans fin créent un ensemble à la fois très clair et très abstrait. – Jérémy

SL – Prague (prod. Sebz Beats)

Le petit prince SL nous a glissé un jolie cadeau au pied du sapin en dévoilant le morceau clippé « Prague ». On devine aux images que le rappeur anglais a passé du bon temps dans la capitale tchèque. Sur une intrumentale qui mêle quelques cordes à une flûte polissonne, SL délivre un morceau élégant dont il a le secret, avec toujours son flow unique et au combien atypique. Et bordel que ça fait du bien de le voir s’éloigner de la drill. – Clément

Little Simz – No Thank You (prod. Inflo)

On reste de l’autre côté de la manche avec une artiste que nous aimons beaucoup et que nous citons fréquemment dans nos colonnes : je parle bien évidemment de Little Simz. Si son dernier opus avait pu rendre sceptique quelques un de ses aficionados, son cinquième album No Thank You aura probablement un autre retentissement. En refusant le jeu des majors en sortant son nouvel album sans aucune promo, sans aucun véritable teaser ni de plan de communication, à la fin de l’année et en période de fêtes, Little Simz revient à la base de son art. En mettant de côté ses explorations musicales de son précédent projet, l’artiste de 28 ans se recentre sur l’essentiel, à savoir une musique beaucoup plus spontanée et résolument moins « pop grandiloquente ». On reprend les ingrédients distillés ici et là depuis plusieurs années : du gospel, de la soul, un peu de funk et du rap. Une musique sans grands artifices, qui vient tout simplement du coeur. – Clément

SZA feat. Ol’Dirty Bastard – Forgiveless (prod. Rodney Jerkins)

Oui d’accord on s’éloigne pas mal de ce bon vieux rap mais on n’est pas non plus hors sujet. Nouvel album de SZA donc, sorti début décembre et intitulé SOS. Composé de 23 morceaux (dont trpos petits featurings), le projet a un petit côté thérapie musicale voire journal intime de l’artiste de 33 ans. Trois feats je disais (Travis Scott, Phoebe Bridgers et celui qui nous intéresse ici, Ol’Dirty Bastard) mais une multitude de références plus ou moins subtiles : de sa pochette référence à Diana en passant par des samples d’Aaliyah (« Love Language »), Béyoncé (« SOS ») ou encore quelques pépites de vieux disques soul. Mention spéciale pour ce featuring innatendu avec le légendaire Ol’Dirty Bastard (un vocal récupéré sur « The Stomp ») sur un sample de Björk, excusez du peu. – Clément

Icewear Vezzo – Day 6 (Prod. June the Genius)

Le feu follet detroitian a conclu l’année avec une seconde mixtape après Rich Off Pints 3. Passé au grillz des cris gracieux de DJ Drama, Paint the City est une des bonnes surprises du mois, fourmillant d’invités prestigieux (Jeezy, Kodak Black, Future…) et restant dans la veine de ce que Vezzo sait faire. A savoir, du rap mi-agressif mi-torturé, incisif et parfois militant. Les morceaux courts et les mélodies cuivrées, semblables parfois aux cors de l’apocalypse, renforcent l’impression d’urgence, comme sur ce Day 6, où Icewear est seul. – Xavier

Mickey Diamond – Kane x Abel (Prod. Yung Umbro)

Déjà évoqué dans nos colonnes il y a peu, Mickey Diamond a terminé une année extrêmement chargée en trombe et l’a démarrée sans lever le pied, avec déjà un opus sorti en janvier. Pas moins de 3 (trois) albums estampillés de son nom sont sortis en décembre. Y’a pas de ralentir dira-t-on. Ainsi, aux deux volumes de Gucci Ghost intégralement produit par Big Ghost Ltd s’ajoute And his name was death. Alors comment choisir un morceau parmi cette myriade de morceaux à la qualité finalement très régulière, et aux sonorités relativement similaires (malgré les différences d’atmosphères apportées par la variété de samples, on reste globalement dans des productions d’un certain classicisme) ? Et bien on ne va pas se mentir, on vous conseille principalement de vous ruer sur ces trois disques, et le son présenté ici ne l’est qu’à titre indicatif (n’hésitez toutefois pas à faire grimper le compteur de vues). – Xavier

Sauce Walka feat. Babyface Ray – Black Kings

Avec ce troisième volume de ses Sauce Ghetto Gospel, Sauce Walka peaufine encore l’univers de sa (pour l’instant) trilogie. Si les trois volumes ont, forcément, l’esthétique Gospel en commun ; c’est celui-ci qui s’y tient le plus scrupuleusement : pas d’essai blues, pop ou même rap plus mainstream. Les mélodies puent le gospel de la première à la dernière minute. En ajoutant à sa voix tantôt des rythmiques sudistes, tantôt les seules batteries des samples utilisés, le texan donne un côté solennel à ses textes qui alternent entre une (toujours) surprenante sincérité et des pensées plutôt loufoques avec un brio remarquable. – Wilhelm

V Don & Ransom – Lone Wolf

L’affiche faisait rêver, un des producteurs chouchous de la rédaction et une figure montante de l’underground new-yorkais actuel devaient se réunir le temps de Chaos is my Ladder. Onze titres et une petite demi heure plus tard, le verdict est sans appel : les deux hommes peuvent légitimement s’enorgueillir d’avoir livré une superbe partition. V Don sait parfaitement faire briller les artistes avec qui il travaille, et la boucle splendide de « Lone Wolf » fait résonner les phrases millimétrées et les placement saillants de son acolyte Ransom. – Wilhelm

Young Dolph feat. Gucci Mane – Roster (prod. Bandplay)

Les réflexes sceptiques face aux œuvres posthumes sont tout à fait légitimes et plutôt sains, eu égard aux capacités de pillage de l’industrie musicale. Fort heureusement et pour notre plus grand bonheur, Young Dolph a toujours exprimé un dédain total à l’égard des circuits classiques. Il n’y avait donc pas de quoi craindre que Paper Route Frank suive les traces de Shoot for The Stars Aim for the Moon du regretté Pop Smoke, pour citer un exemple récent. Il était cependant moins sûr que l’équipe de PRE nous livre un disque sans aucun déchet ni morceau dispensable, fidèle à la discographie du légendaire Dolph. – Wilhelm

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