10 Bons Sons US en juillet 2022

Contrairement à son homologue française, l’édition juilletiste des 10 bons sons US fut vaste et faste. Il a fallu choisir et passer à la trappe des sorties comme Domo Genesis, Joey Bada$$, RZA, Snowgoons ou encore Gucci Mane… Bref, dans cette pléthore, voici notre sélection.

Lloyds Banks feat. Benny the Butcher – Living proof (prod. Cartune Beatz)

La lente évolution de Lloyds Banks a quelque chose de fascinant. D’abord lieutenant du G-Unit, dont il était parfois qualifié de caution lyricale, non sans y avoir réalisé quelques hits, le rappeur du Queens est devenu un rappeur plus discret, plus introspectif, sans doute plus appliqué aussi. Exit les singles flamboyants qu’il semble de toute façon peiner à reproduire sans le soutien de 50 Cent, Banks évolue désormais dans la cour de Conway, de Freddie Gibbs, de Roc Marciano ou bien de Benny que l’on retrouve sur ce morceau. Les deux hommes démontrent une nouvelle fois que leurs univers peuvent parfaitement s’allier dans cette atmosphère mi-mélancolique mi-égotrip. Benny semble d’ailleurs tirer son compère vers le haut, car c’est après son passage que Lloyds Banks livre le meilleur de lui-même dans un troisième couplet très dense.  – Jérémy

Ill bill feat. Tragedy Khadafi – Leviathan (prod. Brenx)

Et voici le second extrait issu de la prochaine livraison d’Ill Bill. Ici pas de surprises : deux couplets bien remplis séparés par un mini-refrain, et une ambiance bien apocalyptique (« They say our life and our death has already been written in the book »). Pas grave, Ill Bill s’épanouit dans le chaos. Tragedy Khadafi s’adapte parfaitement à cette vibe conspi-spirituelle, convoquant Sodome et Gomorrhe et le Léviathan en y ajoutant des pointes d’égotrip. Voilà deux hommes qui se sont bien trouvés, et qui ont également trouvé chaussure à leur pied avec cette production boom-bap plutôt classique mais suffisamment dérangée pour apporter sa pierre à l’édifice.Rien de nouveau sous le soleil, mais de quoi conquérir les amateurs du genre, et Dieu sait qu’ils sont nombreux et éparpillés sur le globe. – Jérémy

Reason – Barely Miss (prod. MoneyEvery, Mike Hector & Cameron Joseph)

La pépite de Top Dawng Entertainment remet le couvert avec le banger « Barely Miss », un morceau une première fois dévoilé au début du mois chez les éternels Berlinois de Colors avant d’être clippé à la fin du mois. La recette de Reason pour faire un hit n’a pas vraiment changé et prouve toujours son efficacité : instrumentale entêtante, flow survitaminé et punchlines bien senties, le rappeur de Carson apporte toujours quelque chose de très rafraichissant. Idéal par les temps qui courent. – Clément

DOMi & JD BECK, Snoop Dogg, Busta Rhymes, Anderson .Paak – PiLOT

Je vais essayer d’être assez concis mais ça peut vite devenir une tâche difficile tellement il y a des choses à dire sur DOMi et JD Beck.
Âgés respectivement de 20 et 18 ans, DOMi et JD Beck mettent la planète musique à leurs pieds depuis leur rencontre en 2018. DOMi est française et sa spécialité c’est le clavier. JD Beck est américain et excelle à la batterie, laissant pantois moulte spécialistes émérites. Les deux artistes ont fait un bout de chemin chacun de leur côté en cotoyant des artistes tel que Mac Miller, Robert Glasper ou encore Thundercat… En bref ce qu’il faut retenir c’est ce que sont des véritables prodiges. Je vous laisse prendre connaissance de leurs lives sessions sur leur chaine youtube pour constater le niveau de ces jeunes gens.
Du jazz et funk jusqu’au rap il n’y a qu’un pas, et comme si ça ne suffisait pas, on retrouve deux mastodontes du hip-hop en featuring sur un des titres de leur premier album. Je ne m’étalle pas plus et je vous laisse savourer le morceau « Pilot », au groove incomparable (coucou le 3/4). – Clément

DJ Premier feat. Nas – Beat Breaks

Difficile de trouver une combinaison moins légendaire que Primo et Nas dans l’univers du rap. La présence du second, en pleine deuxième jeunesse, sur un EP savamment concocté par le premier avait donc de quoi réjouir et, il faut bien le dire, n’a pas déçu. Deux couplets remplis d’ego mais, aussi, à la gloire du rap, introduits, séparés et conclus par des scratch, nous plongent dans une petite croisière nostalgique des plus agréables. On vous recommandera également de jeter une oreille au disque dans son ensemble, et les autres invités devraient finir de vous en convaincre. – Wilhelm

Westside Gunn, Estee Nack & Stove God Cooks – Jesus Crack (prod. Don Carrera)

La ville Lumière semble particulièrement inspirer Westside Gunn, fraîchement sorti de sa retraite (rires). La confection de Peace « Fly » God s’inscrit dans la lignée de Pray for Paris, mais en plus brut, moins peaufiné et Gunn y est solidement épaulé par Estee Nack et Stove God (son chouchou) tout le long. Le chauvinisme nous pousserait à sélectionner « Open Praise » pour la boucle du français Lil Chick, mais autant s’orienter sur un morceau réunissant nos trois hôtes et leurs contes de drogues, armes, et mode. La production jolie et entêtante de « Jesus Crack », cuisinée par Don Carrera, ne se surcharge pas d’éléments percussions et son esthétique s’accorde idéalement au mix minimaliste de l’ensemble du disque. – Wilhelm

Starlito & Troy Money – Mad Max

Cela faisait longtemps que l’on n’avais plus eu de nouvelle de Starlito. L’autrefois très productif rappeur de Nashville, qui approche de la quarantaine, nous parlait dans son dernier projet de sa paternité nouvelle, avec Paternity Leave daté de 2020. Sur Cheap Phones & Turkey Bags, il s’associe à Troy Money, compagnon de longue date déjà présent sur ses premières mixtapes, et quelques invités (Paul Wall, Babyface Ray, Don Trip…) pour un long-format très solide, où sa nonchalance vocale fait également mouche dans des atmosphères plus énergiques que les morceaux torturés auxquels il nous avait habitués. Nous vous proposons de le découvrir avec « Mad Max » qui, s’il n’est pas le meilleur morceau de l’album, a l’avantage d’être accompagné d’un joli clip, à bord de buggies qui ne sont pas sans rappeler les films de George Miller. – Xavier

Mozzy – If You Love Me (prod. Daveo & Lul Zaye)

Thèmes éculés 100 fois, flows oscillants entre l’agressivité et la tristesse, lyrics torturés, sonorités g-funk édulcorées de voix pas vraiment renouvelées… la recette n’a pas changé d’un poil, mais elle produit toujours son effet, et fonctionne indéniablement. Mozzy revient, comme à l’accoutumée, gâcher l’été en nous parlant de ses traumatismes, de ses frères morts ou en prison, cette fois à travers le thème du remord du survivant. Et quoi de mieux que « If You Love Me », brillamment mis en image, pour évoquer tout ceci. – Xavier

Maxo Kream – Taco Shells (prod. D.A. got the dope)

Après l’important succès critique de son troisième album Weight of the World, sorti vers la fin-2021, Maxo Kream enchaîne en 2022 avec la version Deluxe, enrichie de 6 titres inédits. Le story-teller texan a mis les petits plats dans les grands, en s’offrant pratiquement plus d’invités que sur les 16 titres qui composaient l’album en version simple. Pourtant, c’est un morceau solo que nous retenons tout particulièrement, avec ce « Taco Shells », où Maxo nous fait encore montre de ses talents de conteur et d’imageur, à travers des histoires de règlements de comptes. – Xavier

Icewear Vezzo – On my own (prod. Promo Beatz)

Avec Rich Off Pints 3, Icewear Vezzo poursuit sa course en avant et la mise en lumière de sa ville de Detroit. Et il y avait longtemps qu’un opus du locksé à casquette n’avait pas tant séduit par sa solidité et sa teneur globale, s’écoutant très facilement de bout en bout, et regorgeant d’invités de marque offrant des combinaisons détonantes (G Herbo, Lil Baby, Key Glock ou encore, plus surprenant, E-40). C’est pourtant un morceau solo que nous avons choisi de mettre en avant, avec ce très Detroitian « On my own » et son inquiétant piano noyé dans les cordes et la ligne de batterie sur-vitaminée de Promo Beatz, laissant libre court à la verve de Vezzo. – Xavier

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