10 Bons Sons en avril 2022

Le mois d’avril a vu les français choisir un nouveau chef suprême et essayer d’oublier l’échec de ce second tour en s’empoisonnant avec des Kinder et des pizzas Buitoni de grande qualité. Hélas à part une diarrhée carabinée et une gueule de bois électorale strastosphérique, on ne peut que « s’regarder chelou comme un lendemain d’élection ». Bref, à part ça écoutons un peu de rap, en 10 Bons Sons, bien évidemment.

Le 29 avril : Kyo Itachi & Alpha Wann – 99 en peuf

Il y a dix ans, en juillet 2012, Alpha Wann sortait le clip des « Pensées du Phaal » (réalisé par le regretté Népal), face B d’un maxi vinyle produit par Kyo Itachi. Le membre de L’Entourage nous avait accordé quelques mots à cette occasion, évoquant même un futur EP commun avec le beatmaker. L’EP n’aura finalement pas vu le jour, mais dix ans plus tard Alpha Wann se retrouve à introduire l’album / compilation rap français de Kyo Itachi, qui a pour l’occasion convié de nombreux noms illustres issus de la décennie 90 (mais pas que) à venir poser sur ses instrus millimétrées, inspirées du son new yorkais du milieu de ladite décennie. Pour finir de boucler la boucle, l’album Solide contient des couplets des deux grandes références de Phaal, à savoir Ill et Dany Dan, inspirations désormais digérées, le rappeur parisien possédant désormais sa propre école. « 99 en peuf », tout en maîtrise, que ce soit derrière le micro ou les machines, fleure bon la mélancolie, et démontre que l’osmose entre les deux artistes est toujours de mise en 2022. De quoi donner envie de remettre l’idée de l’EP commun sur la table. – Olivier

Le 8 avril : Caballero – Osito (prod. Jean Jass, Eskondo & Dee Eye)

Bordel que c’est bon d’entendre pratiquement dix minutes de kickage intensif de la part d’un des rappeurs les plus doués de sa génération. Le cavalier belge revient une année après son dernier solo Oso (qui signifie « ours » en espagnol) avec l’équivalent de son petit frère, Osito (« ourson », toujours dans la langue de Cervantes). Soutenu par des instrus de grande qualité (made in Jean Jass, Eskondo et Dee Eye), Caba excelle dans ce qu’il sait faire le mieux (à part s’enfumer), c’est à dire délivrer punchline sur punchline et éclater toutes les prods possibles et imaginables. Le résultat est ô combien efficace et remarquable avec pour cerise sur le gâteau, une mise en images des plus réussies. Et si vous souhaitez un peu de rab’, foncez sur le dernier Grünt en date. – Clément

Le 22 avril : Achim – Matin Midi Soir (prod. Siir Isaac !)

Voici un nouveau talent venu de la scène marseillaise. Achim a pourtant déjà quelques kilomètres au compteur avec des freestyles, plusieurs petits EP, un projet 12 titres (« Les gamberges du soir »), des clips toujours très soignés et donc « Matin Midi Soir ». La prod mélancolique à souhait, la mélodie planante, le refrain, le format du morceau, mettent sur orbite la personnalité de ce rappeur de La Castellane. On apprécie la qualité de la plume, le lascar maitrisant les allitérations de bien belle manière (le début du morceau est très accrocheur) et est capable de tenir la même rime sur une vingtaine de mesures sans être lourd. On devine aussi le parcours, la gamberge d’Achim qui se dévoile en nous invitant dans son monde (« 8 piges j’étais déjà babysitter » ; « Comprends j’peux pas être comme eux, Pour être normal comme eux regarde le temps qu’on met »). Un gadjo à suivre, l’équipe. – Chafik

Le 7 avril : Primero – Trac (prod. by PH Trigano, Alexandre Legallicier & Louis-Gabriel Gonzalez)

La musicalité qu’apporte Primero au rap francophone mériterait d’être plus reconnue. Depuis près d’une décennie, Victor Pailhes dit « Primero », rappeur exilé en Belgique depuis au moins autant de temps, pousse la musique à s’agrandir, donne une amplitude inédite à la chanson rap. Son jeu sur les sonorités rend l’écoute de chacun de ses titres parfaitement agréable. Des cadeaux aux auditeurs. Le membre le plus bavard de l’Or Du Commun en est à son troisième EP solo, Fragments Part. I. Ces cinq nouvelles balades nous promènent de la tête au cœur de son auteur et affirment un peu plus une D.A. née de son précédent effort solo déjà très abouti, Serein. Réalisé par Antoine Negrevergne, « Trac » illustre la délicatesse, la justesse et la qualité des mots de ce rimeur d’exception.    Antoine

Le 19 avril : So La Lune – Sébastien & Kader (prod. Vrsa Drip)

So La Lune continue d’occuper le terrain de manière régulière depuis 2019, un parcours relativement court au regard de sa personnalité artistique déjà bien affirmée. Son EP trois titres intitulé 27/05/22, et paru le 19 avril dernier, était une manière originale d’annoncer la date de sortie de son nouvel album, Fissure de vie. Sur « Sébastien et Kader », la mélodie lancinante, les adlibs aux allures de complaintes, la rythmique nerveuse, les placements instinctifs, et l’usage de l’autotune si caractéristique du bonhomme sont autant d’éléments faisant du morceau une excellente introduction, pour un projet qui semble tout à coup très court. « Dernier remord » et « Elvira », les deux autres morceaux du projet, sont également de très bonne facture, et laissent présager le meilleur pour le long format à venir. – Olivier

Le 15 avril : Isha – La Familia (prod. Dee Eye)

Et Isha sort un album. Ah, quel bonheur d’entendre Isha… Faire du Isha ! Une quarantaine de minutes plongé dans l’univers du Belge, plus torturé et plus percutant que jamais. Avec « La Familia », on a un petit condensé d’un album plus que réussi, qui a su surfer pertinemment sur les belles recettes du triptyque de La Vie Augmente. Un refrain doux et bien posé, un brin chanté, des petits couplets fins, des vers courts aux rimes inattendues et suffisamment énervées pour marquer l’oreille, des placements qui réveillent la monotonie d’une prod douce-heureuse faite pour endormir l’auditeur pendant qu’on le claque gentiment… Isha nous offre tout simplement ce qu’on attendait vraiment, alors on ne se fait pas prier pour mettre l’album, et ce son là en particulier, en repeat. – Sarah

Le 1er avril : Makala – Viral (prod. Varnish la piscine)

3 ans après le versatile « Radio Suicide », et en pleine tournée en France (on vous le recommande), Makala effectue son retour avec un second album attendu. D’une durée inférieure au premier, ce deuxième essai offre pourtant une certaine densité et contient là encore son lot de tubes. Avec son refrain entraînant et ses chœurs, Viral a un côté fédérateur assumé. « Elles voulaient un son pour back it up, j’viens satisfaire la demande » lâche-t-il dans le cœur du morceau. Varnish livre lui une production hyper efficace avec un petit côté The Neptunes qui fait son effet. Voilà un titre qui a de quoi animer nos étés. – Jérémy

Le 28 avril: Coelho – Vision (prod. Seezy)

Sur la lancée de son album Odyssée sorti en 2020, Coelho nous offrait l’an passé deux EP annonçant la parution imminente d’un nouveau long format. Avec Un jour de moins, c’est désormais chose faite. Le projet placé sous le signe de la musicalité regorge de bons morceaux tels que « Maudit », « Anonymat » ou encore « Lessgo ». Nous avons neánmoins eu un véritable coup de coeur pour le titre « Vision ». Parfaitement épaulé par une production planante du beatmaker Seezy, le nantais débite avec technique et aisance un texte introspectif qui témoigne une nouvelle fois de sa complétude. – Jordi

Le 28 avril : Babz – Demi lune (prod. Herman Shank)

Une écriture où les rimes se font complexes et où les assonances et allitérations se multiplient ne se fait pas toujours au détriment du fond et de l’émotion : Babz en est la preuve. Sur fond de guitare sèche et avec l’appui de quelques chœurs féminins, l’artiste délivre un texte profond avec un lexique recherché. Le clip mêle des images où l’on voit Babz se balader à travers la ville et des images quotidiennes (parfois symboliques), elles tournées au ralenti, renforçant la posture d’observateur dans laquelle le rappeur se place. Là encore, le choix des effets est simple mais efficace. Demi-lune est un très bon titre, sans prétendre l’être. – Jérémy

Le 1er avril : Ben PLG – Réalité rap musique (prod. Murer)

Et une fois de plus, Ben Plg trouve sa place dans nos bilans. Il faut dire que le rappeur du Nord-Pas-De-Calais est sur un sacré run depuis 2020 et qu’on ne trouve pas grand monde de meilleur dans le registre sincère et mélancolique actuellement. Le premier couplet sonne comme un long monologue intérieur, quelque chose d’un peu Dostoïevskien, avec tout le pathos assumé que ça implique, le second va chercher un peu plus à l’extérieur et ravive des souvenirs à base de clio 2 et de SP95 (l’or moderne). Ben Plg ne cesse de creuser pour des trouver des réponses à des questions qui n’en ont pas, et le tout fait de chouettes morceaux. – Jérémy

Nos playlists « 10 Bons Sons » francophones

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