Tandis que ça part véritablement en cacahuète du coté de l’oncle Sam, nous tentons, contre vents et marées, de vous fournir justement la dose mensuelle de bons morceaux. Nous nous joignons bien entendu à toutes les personnes souhaitant que le gros blond trépasse très rapidement.
Aminé – Pressure In My Palms feat. Slowthai & Vince Staples (Prod. Aminé & Pasqué)
Il avait annoncé son prochain album en février dernier avec son excellent morceau « Shimmy », et bien le voici ! Intitulé Limbo et sorti le 7 août dernier, Aminé dévoile son album « sophomore », après l’immense succès qu’a rencontré son premier véritable opus, ONEPOINTFIVE. Composé de 14 morceaux et avec quelques featurings de marque : Young Thung, JID ou encore ici, Slowthai et Vince Staples, Limbo a sensiblement les mêmes atouts que son prédécesseur : quelques bangers, des morceaux plus « rap classique » et bien entendu des morceaux totalement barrés comme le rappeur de Portland à l’habitude d’en faire.
Ici, le morceau qui nous intéresse c’est « Pressure In My Palms », avec son cortège d’égotrip et de fanfaronnage (braggadocious comme disent les ricains), ses deux instrumentales bien distinctes, et les apparitions de Vince Staples et d’un emcee dont on parle beaucoup outre manche (mais pas que), Slowthai. On vous laisse déguster. – Clément
Knucks – Thames
Faisons maintenant un détour par le pays de Mary Poppins et d’Elizabeth II…
Voilà quelques temps déjà que je souhaitais vous introduire le rappeur Knucks. Originaire du nord ouest de Londres, plus précisément de Kilburn, Knucks a sorti son premier projet officiel en 2019, intitulé NRG 105. Quelques bons morceaux sont présents sur ce dernier, particulièrement la track « Home » et son story telling qui fait froid dans le dos et qui est malheureusement inspiré de ce qu’il se passe dans la street londonienne : le nombre d’adolescents poignardés à mort ne cesse d’augmenter… Le morceau sera d’ailleurs clippé en Février dernier et a dépassé les 3 millions de vues à l’heure je cause.
4 morceaux sortis en 2020 plus tard, Knucks frappe de nouveau à la porte avec le morceau ci dessous : Thames. Instrumentale un poil 2-Step, petit cuivre, quelques nappes bien senties et un emcee au flegme incroyable… Knucks nous signale qui faudra bel et bien compter sur lui en cette fin 2020 et nous annonce la sortie prochaine d’un projet intitulé London Class. – Clément
Mach-Hommy – Squeaky Hinge
D’ordinaire très productif, l’énigmatique Mach-Hommy n’avait rien sorti depuis Wap Konn Jòj!, publié l’année dernière, dans la foulée de Tuez-les tous, l’une de ses pièces maîtresses en collaboration avec DJ Muggs. Le tir est corrigé avec Mach’s Hard Lemonade, un neuf titres disponible en digital uniquement sur TIDAL, Mach étant le nouveau protégé de Jay-Z, ou alors en physique, à des prix tout à fait déments sur son site personnels. Mais venons-en au contenu. La magie marche toujours pour Mach-Hommy, qui semble avoir définitivement trouvé sa marque de fabrique depuis l’album avec Muggs, distincte du reste de la scène boom-bap, de par l’aura quasi-mystique qui se dégage de sa voix aérienne, même si musicalement, on reste proche de ce qui se fait un peu partout. Le refrain de « Squeaky Hinge » ajoute à ce côté mystérieux, et se voit être un fort marqueur des racines haïtiennes de Mach-Hommy, qui se retrouvent dans toutes les fibres de son rap si particulier. – Xavier
Nas feat. Fivio Foreign et ASAP Ferg – Spicy (Prod. Hit-Man)
Treizième album de Nas, King’s Disease fait suite aux moyennement inspirés Nasir (2018) et Lost Tapes 2 (2019). Sur les treize tracks qui composent ce nouvel opus, Hit-Boy s’est chargé d’offrir un écrin intemporel fortement imprégné par la musique afro-américaine dans son ensemble, un terrain de jeu parfait pour les nombreux coups d’œil dans le rétroviseur que Nas s’autorise sur King’s disease. Côté invités, on dénombre quelques vieilles gloires, des artistes installés, ainsi que quelques surprises, dont une grande figure de la drill de Brooklyn, en la personne de Fivio Foreign, qui, accompagné d’ASAP Ferg, vient partager le micro avec Nasir Jones sur le nerveux « Spicy », outro et véritable pinacle de King’s Disease. – Olivier
Young Dolph – Hold up hold up hold up (Prod. BandPlay)
On vous le promettait depuis de nombreux mois, et l’attente qu’il a suscitée constitue un phénomène dans la discographie très dense et tentaculaire de notre MC préféré de Memphis, ce qui explique peut-être ses excellents résultats commerciaux, les meilleurs de la carrière de l’intéressé. Car au niveau qualitatif, on se trouve à un degré moindre que ses dernières sorties, notamment l’excellent Role Model. Quand bien même, on retrouve sur Rich Slave avec grand plaisir son flegme saccadé, ses phrases à moitié mâchées et sa façon si particulière de nous parler de sa fortune. Et quoi de mieux que l’introduction et son titre très « dolphien » pour illustrer ce retour. – Xavier
Chief Keef & Mike Will Made It – Bang Bang
Voilà quelques années que Chief Keef se contente de ne sortir que des chutes de studio et des flopées de mixtapes n’ayant pas connu de retentissement important. Il semblerait cette fois que les affaires reprennent pour le driller chicagoan, ce bien nommé « Bang Bang » (on retrouve une certaine régularité dans le champ lexical de Sosa) étant vraisemblablement annonciateur d’un album commun avec le grand Mike Will, comme annoncé par les intéressés. Alors pas de surprise au niveau du son, « Almighty So » se contentant de sa nonchalance abrutissante, sachant mieux que tout le monde le plaisir que cela représente de l’entendre répéter « Bang » inlassablement. En somme, du fan-service efficace pour le MC désormais âgé de 25 ans, même si l’on espère des choses plus surprenantes pour les prochains extraits. – Xavier
Kojaque – SHMELLY
En plus de permettre aux français de s’auto-congratuler de la qualité de leur musique sous les vidéos de leurs rappeurs favoris, la plateforme Colors offre aussi la possibilité de découvrir des artistes issus de pays rarement mis en avant. Dans la fournée d’août, on retrouvait notamment Kojaque, rappeur irlandais déjà bien connu par chez lui, et ici accompagné d’un saxophoniste. Caché derrière un style et un delivery nonchalant, Kojaque enchaîne d’abord les jeux de mots et les vannes dans un son qui porte pourtant la mélancolie des fins de mois difficile à boucler. L’humour s’efface peu à peu et c’est finalement la noirceur qui prend le pas sur un dernier couplet destructeur. Ce morceau blues façon working-class irlandaise fait son effet et donne envie de se pencher plus sérieusement sur la discographie de Kojaque, notamment auteur de l’EP « Green diesel » avec Luka Palm en 2019. – Jérémy
Conway the Machine feat Method Man – Lemon (prod Daringer)
S’il a quelques morceaux qui s’éloignent des carcans habituels, il semble que Conway ne souhaite pas mettre l’accent sur sa versatilité. Et l’ambiance lugubre de « Lemon », ses couches de samples assemblées par Daringer et son BPM plus lent que le rap new-yorkais « classique » ne dérogent pas à la règle. Mais il y a, cette fois, largement de quoi se réjouir : Method Man. Loin d’être très productif (et même juste productif), il s’amuse quand même à brûler tout ce qu’il touche. On espère cependant que From a King to a God, la prochaine sortie de Conway avant l’album chez Shady (…), sera globalement plus proche du second extrait, « Fear of God », produit par Hit-Boy. – Wilhelm
The Lox feat. DMX – Bout Shit (prod. Scam Jones)
Le nouvel album des rappeurs de Yonkers est un réel événement. Déjà parce qu’un album des Lox est toujours un événement mais, aussi, pour la présence du légendaire DMX. Et s’il est honnêtement, aujourd’hui, un moins bon rappeur que ses trois hôtes, c’est un plaisir non dissimulé dès se met à crier sur le refrain. Débordant d’énergie, le morceau nous rappelle les grandes heures de Ruff Ryders. Alors qu’il a l’air d’être un vieux monsieur important pour la jeunesse pendant le début du clip, il se métamorphose en prenant la parole et son seul charisme comble les écarts de « prestation » pendant son couplet. En plus, il y a même des « woof ». – Wilhelm
Boldy James & Jay Versace feat. El Camino – Cartier
Première sortie extra-familiale de l’écurie Griselda entièrement produite par Jay Versace et dirigée par Westside Gunn, la Versace Tape témoigne du retour probablement durable de Boldy James dans le monde du rap. Merci The Alchemist ! Le résultat est très satisfaisant, a des allures de The Price of Tea in China, forcément, mais sur des productions plus classes, plus luxueuses qui rappellent davantage Pray for Paris. La sensibilité du jeune producteur pour les magnifiques boucles de jazz et soul sans ajout superflu, souvent pas même de percussions, contraste énormément avec les ambiances sombres et les couches de samples atmosphériques que notre chimiste préféré avait concoctés plus tôt dans l’année. – Wilhelm