10 Bons Sons en mai 2019

Comme chaque début de mois, l’heure est au bilan du précédent autour de dix morceaux de rap français qui ont retenu notre attention.

Le 2 mai : Leonis – Au fond du tiekson (Prod. Dito Beatz) 

Leonis fait figure de nouveau-venu dans notre sélection mensuelle. Né à Troyes mais vivant actuellement en Seine-et-Marne, il incarne la nouvelle génération. À l’écoute de ses deux derniers morceaux disponibles en streaming (son ancienne discographie a été supprimée du net), il apparaît comme un artiste polyvalent aux influences variées. Sur « Au fond du tiekson », le jeune rappeur récemment signé chez PopZer Music et Because, propose un titre mélodieux avec un refrain qui fait mouche. Ce genre de refrain qui reste en tête dès la première écoute. On vous aura prévenus. – Jordi

Le 31 mai : LIM – Petit Avec à ce jour (le 6 juin 2019) plus de 200 000 vues accumulées sur un simple audio, LIM réussit encore et toujours à parler au public rap d’aujourd’hui, sans changer d’un iota la direction de ses textes depuis son adolescence dans le milieu des années 90. Si les supports musicaux ont changé depuis l’époque du Beat 2 Boul et tout au cours d’une discographie longue comme le bras, la ligne directrice reste la même : égratigner l’Etat et ses représentants sans filtre, clamer l’illicite de sa célèbre voix erraillée et représenter les siens jusqu’à la mort. Cette cohérence, en plus d’être la marque des grands, semble être payante, et il y a fort à parier qu’on aura encore droit à de nouveaux albums de LIM dans la décennie à venir. – Olivier

Le 10 mai : Oxmo Puccino – Peuvent pas

« Peuvent pas » porte bien son nom. Egotrip assumé et imagerie inspirée des grands monarques de notre pays, ce morceau rappelle à qui veut l’entendre que peu sont les rappeurs pouvant se targuer d’un parcours aussi réussi que celui de Sieur Puccino. Fait marquant : Oxmo fait montre d’un regain d’énergie perceptible notamment dans le flow, ce qui devrait contenter une frange du public qui l’ont découvert deux décennies auparavant, et qui ont pu rester sur leur faim à l’écoute des derniers disques du MC du vingt moins un. La célébration des vingt ans d’Opéra Puccino il y a quelques mois à l’Olympia a-t-elle quelque chose à voir avec ce phénomène ? Peut-être, mais une chose est sûre : il nous tarde désormais d’écouter le prochain opus. – Olivier

Le 24 mai : Tortoz – Couleur miel

Projet après projet, Tortoz peaufine son art et précise son univers artistique. Avec un premier album en 2018, et des EP sortis à intervalles réguliers depuis 2016, il a su démontrer ses talents de kickeur et son bon goût en termes de productions trap. Sans parler de métamorphose, sur son nouvel album Roze, paru le mois dernier, Tortoz semble avoir gagné en maîtrise, en justesse (que ce soit dans les références, l’usage de sa voix, de l’autotune). Il a également fait évoluer son apparence à travers quelques kilos en moins, et une esthétique tout en rose sur sa pochette, qui n’est pas sans rappeler les manteaux en fourrure de Cam’ron (oOn se souvient de son arrivée aux Grammy Awards en 2002, flanqué d’un vison rose et d’une paire de Timberland assorties). Par ailleurs, il a eu le bon goût de clipper « Couleur miel », notre morceau préféré de l’album. On n’a pas fini d’entendre parler du rappeur grenoblois. – Olivier

Le 5 mai : Younès – Huitième rapport (Prod. Benihana Boy)

Il fallait rattraper le temps perdu et parler enfin de Younès. Si nous étions passés à côté de son 8 titres Yoon on the moon, sorti en octobre 2017, nous avons été sensibles à ses rapports 1/2/3 et 4 – 4 morceaux de bravoure balancés à l’automne dernier. Au printemps, le revoilà pour les rapports 5 à 8, toujours filmés en plan séquence dans lesquels le Rouennais balance ses vérités. En 3 minutes 18, Younès, les pieds sur terre la tête dans la lune, nous montre qu’il a des choses à dire. Si la technique et le flow ne sont pas révolutionnaires, Yoon dispose de cette qualité d’être touchant, voire profond, avec des mots simples. Pour cela il convoque punchlines, reverses, bons mots et traits d’esprit (« Peur de faire du rap qui n’parle que de rap, peur de faire du rap qui n’parle que de moi »). Conscient que c’est bandant d’être indépendant, il poursuit son travail de fourmi et risque bien de franchir un nouveau palier avec la sortie de son nouveau projet ce mois-ci. Younès, un rappeur à suivre. – Chafik

Le 26 mai : Alkpote feat. Philippe Katerine – Amour (Prod. BBP)

Il aura suffi d’un titre pour le Planète rap de Lomepal en décembre 2017 pour prendre la mesure du coup de foudre entre Alkpote et Philippe Katerine. Rencontre insolite en premier lieu, mais qui prend tout son sens compte tenu des parcours respectifs des deux artistes. « Amour » est donc le produit de cette rencontre. Sur une instrumentale de BBP, Alkterine célèbre les mamans, les femmes et la vie. Sorti tout d’abord sans le clip, celui-ci viendra s’ajouter quelques jours plus tard et apportera à « Amour » la touche visuelle supplémentaire : il vaut la peine d’être visualisé tant la symbiose qui se dégage est fantastique. Une belle œuvre qui fera date dans la liste des collaborations rap français – chanson française. – Costa

Le 30 mai : F.L.O – Sous ma steuv (Prod. Lucci)

Après de nombreuses apparitions avec son très emblématique groupe La Smala, c’est l’heure de la première sortie solo pour F.L.O. Le longiligne MC bruxellois vient d’envoyer Navigue, 14 chansons très différentes des sonorités historiques sur lesquelles on l’avait entendu jusqu’ici. S’il insiste sur sa volonté claire de changer de direction artistique, il affirme son positionnement et ses choix personnels (« TMDFMC » pour T’es Mieux Dans le Fond de Mes Couilles) avec plus d’espace et en toute franchise. Quelques feats avec les proches, et basta. Très positif, super détendu, F.L.O nous offre notamment « Sous ma steuv » produit par l’un des beatmakers qui montent, Lucci. – Antoine

Le 21 mai : Lacraps – LSDT (Épisode 2) (Prod. Loko) 

Cinq jours en studio. Cinq titres. Cinq clips. Voici le défi relevé par Lacraps dans La salle du temps, nouveau concept lancé par la chaîne Daymolition. Accompagné par Loko à la production des morceaux et au mix, le Montpellierain nous offre un EP  dans lequel son écriture aiguisée à base de multisyllabiques est magnifiée par des sonorités trap puissantes et quelques refrains autotunés. Trois titres bonus, dont un featuring avec son récent collectif 34ème degré, viennent compléter cet opus de qualité. En attendant la sortie d’un projet commun dans les mois à venir ? – Jordi

Le 9 mai : Lpee – Quai 9 3/4

Un petit moment que l’un des gars des tontons ne s’étaient pas retrouvé dans nos sélections. Pourtant Lpee n’a pas vraiment chômé depuis sa dernière apparition dans ces colonnes. Le jeune grand parisien avait offert un EP plutôt intéressant, quoiqu’assez lisse, l’année dernière, et de manière générale, sans attrouper le tout rap game autour de ses sorties régulières, il nous a habitué à mener son petit bonhomme de chemin en proposant un travail de qualité, tantôt tranquille et agréable tantôt franchement emballant. C’est le cas de « Quai 9 3/4 », où passé la référence, peu évidente au départ, à Harry Potter, Lpee nous prend un peu par surprise. La prod d’Amine, bien que dans la même veine que la majorité de celles du dernier EP, transmet une énergie qui nous gagne en crescendo tandis que le flow convainc immédiatement. Décidément un bon vivier ce collectif, qu’on suit toujours avec une bienveillante curiosité, et la satisfaction d’avoir hésité avec « Progresse », où Lesram pose aux côtés de Vesti ce mois ci, pour toujours plus de bon son pour nous… – Sarah

Le 22 mai : Davodka feat. Dooz Kawa – Petit miroir Il y a un an et demi, nous rencontrions Davodka et Dooz Kawa pour un entretien croisé dans le cadre de leur tournée commune. Nous avions évoqué une éventuelle collaboration : « Pour un morceau à deux, il n’y a pas une croix sur le calendrier pour se dire : « Ça se fera ce jour-là. » Il n’y a pas de raison que ça ne se fasse pas, mais ça se fera tout seul. » (Davodka) « La nature trouve toujours son chemin. » (Dooz Kawa) Et il semblerait que la nature ait en effet trouvé son chemin, sur le dernier album de Davodka, A juste titre, car qu’est ce qui unit le plus les deux rappeurs, en plus d’avoir le même tourneur ou d’habiter Strasbourg ? L’amour pour leurs fistons respectifs. Clamé sous la forme d’un couplet/déclaration pour chacun des deux, « Petit miroir » transpire le vécu et la sincérité, et nul doute que les pères qui nous lisent se retrouveront certainement dans la partie de l’un ou de l’autre. « T’es mon petit miroir, tu ne seras pas le reflet de mes erreurs. » – Olivier

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