DJ Djel : « La vie c’est pas le rap, le rap c’est pas la vie »

La parole d’un DJ est précieuse parce qu’elle est rare. Et nous avons pu profiter de la sortie de la nouvelle mixtape de DJ Djel pour nous en rendre en compte. Durant cet entretien, nous sommes revenus sur le djing, sur la place du scratch dans le rap actuel, la cohabitation old school/new school et donc son nouveau projet Qui prétend faire du rap français ?. Le micro est entre les mains d’un DJ qui a des choses à dire.

Salut Djel. Plutôt que d’évoquer la FF et ta discographie, j’aimerai revenir sur quelques moments de ta carrière et connaitre ton regard sur l’évolution du Dj dans le Hip Hop, avant d’aborder ce nouveau projet.

Pour commencer, je te propose d’attaquer à partir du morceau « 1984, fallait que je le dise », sorti sur le dernier album de la Fonky Family, en 2006, où tu abordes, via Kalash L’Afro, ta découverte du rap, la constitution du groupe, etc. Est-ce que tu pourrais nous parler de la conception de ce morceau ?

En fait ce morceau a été voulu parce que dans chaque album de la Fonky Family, il y avait un interlude que je faisais et là je voulais faire un truc peu différent sur ce troisième opus. Il fallait que je dise qui j’étais, d’où je venais, ce que je faisais, quel était mon passé dans le hip-hop. J’ai voulu l’expliquer, parce que je ne rappais pas, par une voix que je connaissais bien et par une plume que je trouvais très affutée, donc Kalash L’Afro. Pas Kalash, hein, Kalash L’Afro, parce que dans le passé, il y avait un Kalash aussi. Donc Kalash L’Afro du groupe Berreta, un groupe hyper fort avec Sheir, Belek, Kalash L’Afro et Skwal aux manettes. Et ce MC je l’ai découvert très tôt, je lui ai fait faire une ou deux mixtapes et très vite j’ai travaillé avec son groupe. Dans la même période, on préparait Marginale Musique et j’avais envie de mettre quelqu’un en avant. On ne s’est vu que deux fois. La première fois je lui ai expliqué les trucs. La deuxième fois, il est arrivé avec un texte, on a resitué 2/3 moments qu’il avait mal compris et la fois d’après, on avait la version finale, c’était réglé.

Dans le morceau, vous évoquez Don’t Sleep et j’aimerai bien aborder le turntablism marseillais, puisqu’à cette époque, il y avait donc Don’t Sleep, avec toi, Rebel et Soon, Turntabl Dragun’z avec DJ Ralph, DJ Majest’X et DJ Sya Styles (RIP), il y avait aussi DJ Bomb. Bref, une scène très dynamique qui incarne un certain âge d’or…

Avec Rebel, on a monté Don’t Sleep Deejayz pour actionner les choses. Le slogan « Don’t Sleep », je l’avais lu dans The Source… Très vite avec Rebel, on fait des nocturnes. Plus tard, on rencontre DJ Soon, qu’on incorpore au groupe. Il y avait d’autres DJ, comme DJ Cristal de Karkan, mais nous n’étions pas nombreux.

Donc oui, on est dans cette époque avec les Don’t Sleep, avec les compils que j’ai faites, dans l’âge d’or du rap français. Soon, je vais le prendre avec moi sur la tournée de la Fonky Family, Rebel est là depuis un moment, Sya commence à exploser avec les Psy4, Majest’X avait déjà explosé avec Soul, Swing and Radical… On est en plein dans l’âge d’or, évidemment. Après certains vont prendre des voies différentes de Djing…

Justement, tu vas dans tout un tas de directions avec les soirées, les concerts et tournées avec Don Choa, le 3e Œil, l’école Academix, les mixtapes gratuites, l’album Rendez-vous en 2016… Pour toi, c’est une nécessité d’avoir toutes ces activités ? Qu’est-ce qui te pousse à aller sur tous ces terrains-là ?

Pour moi, très vite, le Djing, ce n’était pas qu’être DJ de groupe, ou de scratch, ou de radio, c’est être tout ça en même temps. Donc quand je commence Don’t Sleep, je fais mes flyers, vu que je dessine un peu, ensuite je vais monter une association et je vais gérer la street promo à Marseille. Je vais aussi donner un coup de main à Rebel à la Friche de la Belle de Mai pour ses cours de DJ. A côté de ça, Pone va me donner 2/3 cours de beatmaking. Je vais être aussi DJ pour Berreta, Kalash L’Afro ou Faf Larage. Avec Don’t Sleep, je vais produire des groupes, notamment 100% Casa ou Degom, des compilations, des mixtapes, je vais faire des scratches sur des morceaux, je vais faire des morceaux de scratches… Pour moi, rien ne s’arrête à un élément, à une activité. Après je comprends qu’il y ait des DJ qui soient turntablists, d’autres portablists, d’autres DJ de soirées. Mais moi, je n’ai pas envie d’être étiqueté à une seule chose. J’ai envie d’être un DJ, voilà.

La question suivante, je vais peut-être plus la poser à l’homme qu’au DJ et tu peux d’ailleurs, ne pas y répondre… Tu fais pas mal de soirées, donc tu vis la nuit d’une certaine manière, il y a aussi les concerts, les tournées, j’aimerais avoir ton ressenti sur le fait de vivre en décalé, parce que ça ne doit pas être facile pour tes proches, et pour toi…

Aujourd’hui, je suis beaucoup moins investi dans la nuit qu’avant. Depuis deux ans j’ai une fille, une femme depuis très longtemps et la vie de famille te re-règle, te remet dans la voie. De toute façon, j’ai des responsabilités et je me dois de les tenir. Par exemple, hier, j’ai terminé à 3 heures du matin et ce matin, je suis parti accompagner ma fille à 8h30 à la crèche. J’ai dormi 3h-3h30 mais je m’en fous, j’ai joué mon rôle de père. Après j’ai passé la journée à la maison, j’ai fait un peu de scratches, j’ai nettoyé la baraque…  J’essaie de vivre comme tout le monde. Je ne me mets pas la tête tous les week-ends. Les soirées, c’est mon job : je viens, je mixe, je m’en vais. Et quand je vais m’amuser, je vais vraiment m’amuser, je n’y vais pas avec mon ordi, ni avec mes mixes, mes tapes ou mes vinyles. J’essaie vraiment de différencier ces choses-là. Mais le plus dur, c’est le côté physique de la chose, pas le côté moral.

Abordons la question de « vieillir » dans le rap, notamment en tant que DJ. Je me demande s’il n’y a pas une plus grande tolérance, une plus grande longévité pour les DJ, un peu comme pour le poste de gardien de but…

Parce qu’ils bougent moins (sourires)… Je pense sincèrement qu’il n’y pas de limite d’âge pour faire les choses. Il y a longtemps eu un racisme de vieux à jeunes qui a existé et aujourd’hui, la situation s’est inversée, les jeunes détestent les vieux. A part ça, je ne vois pas de problème. Pour moi, le vieux représente le savoir et le jeune, l’énergie. Donc les deux mêlés, ça crée quelque chose de bien parce que je déteste compartimenter les choses. Et « vieillir » pour moi, c’est avoir plus de carrière, plus d’heures de vol, plus de connaissances… Avant, quand j’avais 20 ans, je pouvais penser comme certains jeunes de maintenant, c’est-à-dire que tous ceux qui sont plus âgés ne peuvent pas comprendre ce que je vis. Sauf qu’à ma période, j’étais un des seuls à vivre le rap. Aujourd’hui, tout le monde vit là-dedans. Donc je ne me pose pas de question et ce n’est pas un handicap, à mes yeux. Ce n’est même pas un handicap d’être arrivé plus jeune. Quand on voit un jeune artiste arriver, les gens lui en veulent parce que c’est un gamin. Mais non, s’il est bon, il est bon. Si la vibe qu’il fait passer est bonne, elle est bonne. Pareil si c’est un ancien. C’est une question de technicité et pas forcément d’âge. Pour moi, vieillir, c’est se bonifier, c’est un peu comme le vin.

Je voudrais rajouter un truc. Attention aux jeunes, qui pourrissent aujourd’hui les vieux, ils seront vieux à leur tour demain. Et attention aux vieux qui pourrissent les jeunes, parce qu’hier, ils étaient jeunes…

Quand on dit DJ, il y a scratch qui va avec. Et les scratchs sont à présents quasi absents des morceaux, alors que dans les années 90, dans le cahier des charges, il en fallait. Quel regard tu portes sur cette évolution ?

Ta question est spéciale parce que pour toi, aujourd’hui dans le rap, il n’y a pas de scratchs ?

Il n’y en a quasiment plus…

Mais c’est parce que ça va avec une certaine sorte de rap… (il réfléchit) La façon de faire du punk, la façon de faire du rockabilly, la façon de faire du métal, n’impliquent pas les mêmes instruments. Pourtant ça reste du rock ! Quand on fait du boom bap, il y a besoin d’un DJ ; pour de la trap, d’un beat lent, pour de la cloud, d’un vocoder. Le scratch, c’est un instrument. Et il pourra servir dans la trap si un mec décide un jour d’en mettre dans sa musique. Mais à la base, le scratch va avec un style de musique qui est le boom bap, qui est né à une époque. Evidence s’en est servi, EPMD aussi, mais ces DJ jouaient musicalement dans un morceau et le scratch devenait un instrument.

Tu citais certains groupes qui ont un rapport particulier au scratch, quel est ton album de DJ de référence ?

A l’ancienne, il y a très très très longtemps pour les jeunes, Mister Cee faisait de très bonnes mixtapes, DJ Premier aussi, DJ PF Cuttin… Plus récemment, DJ Clue, Funkmaster Flex, DJ Rob E Rob, en France, mais on n’a pas besoin de les citer, Cut Killer, Poska, Goldfinger, pour les breakers DJ Science… Mais il reste beaucoup de DJ qui font des mixtapes, toutes très différentes. Dans une tape, c’est le mix qui est mis en valeur, ce n’est pas le scratch, ce sont les transitions qui sont intéressantes. Quand t’écoutes Jazzy Jeff, tu fonds, c’est beau à écouter, c’est agréable, ça glisse.

Et s’il y avait un biopic à faire sur un DJ, sur un groupe de DJ, ce serait lequel ? Parce qu’il y a quelques années, on a eu le documentaire Scratch, Straight Outta Compton a cartonné récemment…

(il réfléchit) Don’t Sleep ? Non, je rigole…

X-Cutionners. Parce que j’étais fan de Roc Raida. Et que je trouve que c’était un groupe, pour l’époque, qui avait encore un style new-yorkais. Entre Invisibl Skratch Piklz et X-Cutionners, il y avait une différence. X-Cutionners, c’était pour moi… le top du top. J’aimerais bien voir comment ils se sont rencontrés… Ça m’intéresse beaucoup la formation de groupes comme ça. J’adore les biopics, je kiffe ça de dingue ! Il n’y a rien de mieux pour apprendre, quand c’est bien fait.

Les années 90/2000 pourraient offrir beaucoup d’exemples de biopics de groupes, alors qu’actuellement, on a surtout des artistes solos. C’est la fin des groupes dans le rap ?

Tout groupe se disloque. Est-ce que tu connais un groupe qui est resté tel quel ? Pas que dans le rap, hein. Obligé, tu vas avoir le batteur qui a sauté, le DJ qui est parti puis est revenu… Ou sinon, c’est le groupe qui a sauté. C’est un truc de fou ! Mais c’est la vie. Tu te rencontres à 15 ans, puis t’es un autre bonhomme à 20 ans, à 30 ans, t’as encore changé… La vie te mène vers d’autres personnes, certaines t’intéressent moins… La vie c’est pas le rap, le rap c’est pas la vie. Ce sont deux choses différentes. Que les mecs ne se mélangent pas les pinceaux, parce qu’ils vont peindre de mauvaises toiles, j’te le dis (sourire)…

A présent, abordons ce projet qui sort le 16 novembre. C’est une mixtape très rap français et il me semblait que ces dernières années, tu ne voulais plus être classé dans le rap français…

Etre vu comme quelqu’un qui fait du rap est une vision ghettoïsante pour moi. J’en ai plein le cul que des mecs me voient comme un mec de quartier parce que je fais du rap. Sous-entendu, parce que je fais du rap, je suis un mec de quartier. La première chose pour laquelle j’ai fait du rap, c’était pour devenir artiste. Pas pour garder mon cartable de mec de quartier toute ma vie. Je sais déjà ce que je suis, je le vois tous les jours en me levant et je n’ai pas besoin qu’on me le répète en plus. Donc quand je déclare ça, c’est dans ce sens. Je n’ai jamais voulu être vu comme un DJ turntablist, un DJ de groupe ou de radio. Je voulais qu’on voit DJ Djel comme un DJ ou comme un artiste ou comme un musicien et qu’on arrête de me dire « t’es un DJ de rap ». J’ai mixé dans des soirées techno, dans des soirées rap, dans des mariages, de partout… On peut me classer où vous voulez, mais pas que dans le rap. Et j’en avais marre à cette époque de la vision des gens du rap, des puristes…

Quelle direction artistique as-tu retenu pour cette mixtape ?

Je voulais faire une mixtape autour du rap français, le vrai rap français, le rap français à texte, où il y a des scratchs, assez proche du boom bap, moderne, qui parle en fait, parce qu’on n’est pas toujours obligés d’écouter des textes légers, des formats radio, même si je n’ai rien contre. C’est juste que la facilité, on l’entend tous les jours et je voulais proposer des trucs que j’ai déjà entendus, qui seraient en mesure de parler aux gens qui disent tout le temps « il n’y a plus de bon rap, il n’y a plus de textes dans le rap »… Oui, il y a encore ce type de rap, il est là !

Et puis le titre de la mixtape Qui prétend faire du rap français ?. Du rap français, pas de la pop urbaine, pas de la trap, pas de boom bap, non, du rap français. Avec des flows hallucinants, des tournures de phrases, avec du travail, c’est ça que j’ai voulu mettre en avant.

Mais certains préfèrent pourtant la musique plus légère, la zumba, pour s’enjailler, et pourquoi pas d’ailleurs…

Mais moi je n’ai rien contre ! Et je m’enjaille aussi, mais je me dis que c’est con qu’il n’y ait toujours qu’un seul style qui soit mis en avant. Parce que dans cette mixtape, il y a surement des gens qui pèteront demain et qu’on n’aura pas calculés ou qu’on n’aura pas compris.

Comment as-tu fait ta sélection d’artistes ? Parce qu’on retrouve des leaders du rap indé avec Demi Portion, Swift Guad ou Hugo TSR, il y a des mecs qui montent comme Lacraps, Davodka et des gars à l’audience plus confidentielle, comme Petitcopek ou Vronx.

Pour une partie, ce sont des gens que je connais, que j’ai croisés sur les scènes avec Choa ou au Demi Festival. Et l’autre partie, on l’a faite avec Alban, d’Otaké Production, parce qu’il est plus jeune, que c’est intéressant de parler avec un jeune, d’être dirigé aussi et de travailler en équipe. Donc on propose des titres, je fais quelques squelettes et je me dis que c’est là-dedans que je vois ma mixtape parce que ça me parle, qu’il y a des styles différents mais qu’on reste en même temps dans un univers.

Le titre de la tape Qui prétend faire du rap français ? fait forcément penser à la phase « Qui prétend faire du rap sans prendre position ? ». Pour toi pour faire du rap français, il faut prendre position ?

Pas forcément… Pas forcément. C’est pour ça que j’ai dit Qui prétend faire du rap français ? parce que mon delta se sépare juste avant « sans prendre position ». Pour moi, faire du rap français, c’est aussi faire du divertissement et j’ai rien contre ça, à partir du moment où c’est bien fait. Une position, c’est quelque chose de politique, de social peut-être aussi. Mais sans prendre position, on peut donner une position et c’est là que pour moi c’était intéressant. Dans les titres que j’ai choisis, il n’y a pas que des titres engagés, il y aussi des titres légers, comme « La vie est belle » (dernier titre de la mixtape)…

Le rap était au début divertissement et implication sociale, maintenant il est bien plus que cela, il est tout. Et s’il veut se contenter de n’être qu’une chose, il se tirera une balle dans le pied. De toute façon, le rap ne mourra qu’à cause des rappeurs, pas à cause du public.

Au niveau de la tracklist, on remarque qu’il n’y a que quelques rappeurs marseillais, tu n’avais pas l’ambition d’en mettre en avant ?

Non. Quand je veux mettre en avant des rappeurs marseillais, je fais Marseille et sa production, mais là je voulais faire un truc avec des MC de partout pour montrer que dans l’hexagone, il y a plein de choses. J’essaie d’aller chercher des artistes qui ne collent pas directement avec l’image qu’on peut se faire de moi.

La mixtape sortira sur Soundcloud, Mixcloud et You Tube, pourquoi avoir choisi ce format ?

C’est une mixtape gratuite. La musique est gratuite. C’est tout ce qu’on fait à côté qui est payant, les concerts, etc, sinon la musique, quand elle n’est pas sur support, est gratuite. Le but est de promotionner les artistes mais aussi de se promotionner, c’est un échange de bons procédés. Les DJ mettent en avant des artistes, ça les met eux-mêmes en avant donc ça fait boule de neige.

Et alors, est-ce que tu as envie de te lancer dans une saga ? Il y aura un volume deux ?

Y a peut-être un nouveau volume qui pourrait voir le jour… (sourire) Parce qu’il y a des rappeurs ! Et parce qu’il n’y a pas beaucoup de DJ qui les font ces mixtapes et ça c’est ouf !

A un moment pourtant, il y avait profusion de tapes et même plus de mixtapes que d’albums.

Exactement. Maintenant, degun, personne. C’est un truc de dingue ! Alors que les mecs disent qu’ils veulent promotionner les gars de leur quartier mais il n’y a pas de mixtapes. Les DJ font des scènes mais ne sortent pas de mixtapes.

Les DJ se sont spécialisés et préfèrent aller vers les soirées ?

Je pense… (il réfléchit) Il y a une partie de ça et une partie de DJ qui s’est tournée vers la technique, vers les breakbeats, au point de délaisser la mixtapologie. Et je comprends que les gars se soient mis à faire plein de soirées, à vouloir être plus haut que les rappeurs…

Sur le volume deux, tu comptes être à la prod ?

Non non, ça restera des morceaux qui existent sur des projets. Le but c’est de les faire tourner, les faire connaitre. Je voudrais bien que Davodka franchisse un cap. Hartigan a un truc, tout comme Fixpen Sill. Je pense que Dooz Kawa va aller très loin. Hugo TSR peut encore franchir un palier. R.Can va surement arriver avec des choses hallucinantes. Je pense que Lord Esperanza va franchir un palier.

Pour moi, il faut s’intéresser à ces artistes. Dans le volume deux, je veux mettre des titres qui ont quelques millions de vues, ou quelques milliers mais qui sont mortels. Et toujours dans une démarche de ne pas promotionner ma ville mais le rap français. J’ai déjà fait deux volumes de Marseille et sa production ce qui prouve qu’il y a beaucoup de rappeurs à Marseille et que beaucoup de choses se font, mais je ne veux pas être ghettoïsé à ma ville, je suis un rappeur, euh, un DJ de rap français, même si je suis marseillais avant tout…

Tu me tends la perche avec ce lapsus… (sourires) A quand un prochain couplet ? Puisque dans ton projet précédent Rendez-Vous, tu t’es fait plaisir en t’aventurant à lâcher un couplet…

Mais c’est pas moi qui ai écrit le texte ! (rires) C’est Degom qui s’en est chargé et c’est moi qui rappe, d’ailleurs je prends un malin plaisir à le rapper parce que c’est un frérot qui l’a écrit. En refaire un, je sais pas… Le rap me fait délirer, si je le fais c’est avec quelqu’un qui écrit et qui me gère artistiquement. Mais je me sens de le faire ! Après écrire moi-même, faire un titre, ce serait tout pété (rires)…

On arrive à la fin de cette interview, j’aimerais savoir le bon son que tu écoutes en ce moment ?

J’ai un milliard de trucs qui me passent par la tête quand tu me dis ça (il réfléchit)… Il y a un artiste dont j’ai envie d’écouter l’album et dont tout le monde me parle, c’est Alpha Wann.

En ricain, il y a A.Chal que je trouve très intéressant, il y a un rappeur mais tout le monde le déteste, Russ, qui est très fort. Après j’écoute tout ce qui se fait… J’ai beaucoup aimé le morceau « Air Max » entre Ninho et Rim’K. J’aime beaucoup Vald, Orelsan, le « BB » de Booba je trouve qu’il est pas mal, même s’il reste dans ces délires alors qu’il pourrait encore nous épater… Voilà en gros ce que je retiens de ce qui se fait en ce moment. Je n’ai rien contre les formules afro-trap mais je ne m’en sers qu’en soirée. Je peux écouter les playlists de Skyrock pour voir ce qui marche mais je n’ai aucune « affinité sociale » avec ces trucs-là (sourires).

Tu m’obliges à rebondir là-dessus : avec toutes les plateformes de téléchargement et YouTube, qui font découvrir des morceaux via leurs playlists aux auditeurs, est-ce que tu y vois une concurrence aux Dj qui faisaient découvrir des morceaux en soirée ?

Ils prennent ce rôle-là mais ce qui est encore plus dur, c’est que beaucoup de DJ pourraient travailler pour ces plateformes, mais on ne fait pas le lien. Attention, je ne demande pas du travail, ça va très bien. Mais je me dis que pour créer des playlists, il faut des DJ. Je ne trouve pas que les plateformes volent le travail. De toute façon, le travail de DJ c’est d’arranger aussi ce mix-là. Tant que les machines ne pourront pas faire des mixs improbables, ça sera bon. Pour l’instant, aucune machine n’est capable de balancer un scratch, de se manquer, mais que ça fasse quand même quelque chose. Donc on a encore besoin de DJ, d’idées, de changements brusques dans la sélection, de raccourcissements… Donner une couleur, une ambiance à une soirée, très peu de gens en sont capables. Contrairement aux plateformes, notre algorithme est plus sensible, on peut toucher les gens, être dans l’émotion et c’est le plus important.

 

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