La Smala – Une interview dans le calme

La Smala est un groupe originaire de Bruxelles qui est le produit de la fusion de deux autres groupes : L’Exutoire et Nouvelle Génération. Cette fusion se produit en 2008 et le groupe est aujourd’hui composé de Flo, Shawn-H, Rizla, Senamo et Seyté, sans oublier DJ X-men. En dehors des différents projets solos, le groupe commence par sortir des tapes gratuites sur le net avec On est là là – volume 1 en 2009. Suivront les volume 2 en 2010 et volume 3 en 2012 avant Poudre aux yeux en 2013. Tout cela a précédé la sortie d’un premier E.P. Un murmure dans le vent en 2014 et un second Un cri dans le silence en 2015. Pour revenir sur ce parcours, c’est aux Buttes Chaumont le 3 juillet 2015, la veille du Narvalow City Show, que nous avons interviewé Flo, Rizla, Senamo et Seyté.

Vous venez de sortir deux E.P’s appelés Un murmure dans le vent et Un cri dans le silence. Vous avez eu différents projets, communs ou solos, au fil des années. Le groupe a changé mais vous avez conservé la base. Du moins, c’est ce que vous revendiquez puisque dans le titre « Succès d’estime », Senamo dit : « Rien n’a changé depuis le volume 1 » . Mais en tant qu’auditeur, on ne peut pas ne pas noter une évolution que ce soit dans les instrumentales ou les paroles. Que souhaitez-vous exprimer par cette formule : « rien n’a changé » ?

SENAMO : Quand on dit « rien n’a changé », on parle de notre ambition de base qui était de faire la musique qu’on aime. Ce sont nos intentions primaires qui n’ont jamais changé. Après, chacun en tant qu’être humain évolue et suit une route qui dévie de la trajectoire initiale. Mais on n’oublie pas d’où on vient. On reste dans les mêmes convictions et on ne fait pas de la musique pour plaire. On fait avant tout de la musique pour se faire kiffer nous-mêmes et c’est cela qu’on essaie de traduire de mille manières possibles.

RIZLA : Quand on revendique le fait que rien n’a changé, c’est que La Smala a toujours été un délire de potes. On a toujours été très proches, on a toujours travaillé ensemble et il n’y a pas d’écart de ce point de vue. La Smala, c’est la famille, et c’est ce que l’on souhaite exprimer : on reste un groupe soudé. Toutes les décisions se prennent ensemble et tous les choix artistiques sont assumés et décidés par nous.

Votre direction artistique n’a jamais changé depuis le départ ?

SENAMO : Personne n’a d’emprise sur nous. Le fait qu’on ait signé en maison de disque, que l’on fasse des refrains plus chantés, c’est une décision prise totalement par nous. C’est cela qui fait que les gens se disent : « Ils ne sont plus les mêmes », mais en soit on fait toujours les mêmes sons « classiques français » sur des pianos avec des boom-bap, comme on fait de la « trap » samplée. On fait des trucs différents mais on l’a toujours fait. C’est juste que les gens ont tendance à mettre dans des cases. Ils se sont dit : « Eux, c’est un peu du genre Hugo TSR très école française ». Mais en fait, ils nous ont mis là sans écouter le reste, car on a toujours fait des sons un peu chantés, des doubles tempos ou avec des reggaemen. Nous, à chaque fois qu’on fait des albums, on prouve que ce n’est pas le cas et que l’on peut partir vers plusieurs côtés.

On trouvait dans le volume 1 des propos beaucoup plus violents par rapport à ce que vous faites actuellement, notamment au niveau des insultes. Vous avez le sentiment d’avoir évolué à ce niveau ?

FLO : Sur quelques sons, on se dit parfois qu’il serait bien de ne pas dire d’insultes. On fait ces sons avec l’idée de faire un morceau un peu plus propre et un peu plus accessible. Sinon on ferme la porte aux gens qui ne sont pas ouverts au rap et qui, en entendant directement des insultes, vont se dire que c’est de la merde. Alors qu’à titre personnel je vénère Alkpote et que j’adore ça. Je pense qu’il faut être tempéré là-dessus. A cette époque c’est la jeunesse, tu es violent, tu veux tout donner, et tu te calmes avec la maturité.

« Sur quelques sons, on se dit parfois qu’il serait bien de ne pas dire d’insultes. […] Sinon on ferme la porte aux gens qui ne sont pas ouverts au rap et qui, en entendant directement des insultes, vont se dire que c’est de la merde. »

RIZLA : C’est naturellement aussi que les textes évoluent et qu’ils sont plus matures. Il n’y a plus d’insultes gratuites comme j’ai pu en balancer énormément au début. C’est la maturité qui fait que les textes sont plus adultes.

SENAMO : On dit les choses différemment. Avant on disait « sale pute », maintenant on vas dire « vieille catin ». Tu vas essayer de tourner le truc de manière plus poussée. Après, le message reste le même. On dit juste la même chose mais différemment.

En même temps, on sent que vous cherchez à avoir une véritable continuité dans vos projets. Vous avez des concepts qui vous suivent. On retrouve « Ils n’ont pas compris », « Ils n’ont toujours pas compris », « Ils ne comprendront jamais », dans vos volumes. On retrouve des expressions comme « Ça fait boum dans tes dents » dans « Ça sert à rien » sur le volume 1 ou bien « Mani bouge tes fesses » à plusieurs reprises sur le volume 3. Les titres de vos deux E.P’s Un cri dans le silence et Un murmure dans le vent se répondent. Est-ce qu’il s’agit d’une véritable recherche de votre part ?

SEYTE : C’est vraiment naturel pour nous. Pour « Ils n’ont pas compris », « Ils n’ont toujours pas compris » et « Ils ne comprendront jamais » c’était voulu forcément. On a voulu faire une espèce de continuité. C’est vraiment l’évolution. Pour les expressions comme « Mani » ou « Ça fait boum dans tes dents », on n’a pas vraiment changé donc ce sont des phrases que l’on emploie régulièrement et des expressions qui reviennent. Après, pour le délire Un murmure dans le vent et Un cri dans le silence, c’est un peu plus travaillé. A la base, quand on a voulu sortir le premier projet, on avait déjà dans la tête que le second s’appellerait comme cela. C’était vraiment l’idée que l’on avait voulu mettre en place.

Avez-vous prévu un troisième projet dans cette continuité ?

SEYTE : Le troisième projet sortira du délire. Les deux pochettes pour les deux derniers projets étaient plutôt semblables, et les projets eux-mêmes ont beaucoup de points communs. Pour la suite, on va essayer de faire un projet un peu plus long avec plus de titres en ramenant des invités. Faire un vrai album « Smala » avec une couleur « Smala ».

Vos deux EP’s, présentés comme des albums, étaient des E.P’s « huit titres ». Quelle est la raison pour laquelle vous avez choisi ce format plus court qu’un album classique ? Si vos deux E.P’s étaient semblables, pourquoi n’avez-vous pas sorti directement un album ?

SEYTE : On sortait d’une période durant laquelle on avait sorti trois net-tapes de vingt morceaux. En plus, on a chacun sorti un projet solo et un projet bonus avec Poudre aux yeux qui reprenait des morceaux sortis à gauche et à droite. On sortait de cette période et on avait vraiment envie d’entrer dans le circuit professionnel, donc de faire un truc plus carré, mais on ne souhaitait pas placer tous nos œufs dans le même panier et donc faire un album avec lequel on aurait pu se vautrer. On a donc préféré arriver dans le circuit avec un E.P. huit titres qui nous semblait vraiment pas mal. C’est un peu dans l’air du temps de sortir des petits projets. Puis, on est revenus peu de temps après avec un second projet huit titres. L’avantage, c’est que ça donne de la matière aux gens qui n’ont pas le temps de se reposer. Le fonctionnement a été bon et ça prend de plus en plus. C’était la bonne formule.

Avec Un murmure dans le vent, vous avez réussi à toucher un public plus large que votre public habituel avec des sons plus festifs. Vous avez senti un changement vis-à-vis de votre public ?

FLO : C’est plus jeune ! Mais je pense que, puisque ce sont deux projets qui vont ensemble, Un Murmure dans le vent a un côté un peu plus « pop » que Un cri dans le silence. Mais cette différence s’est faite tout seule avec le choix des instrumentales et des sons. Pour Un cri dans le silence, après avoir vu les critiques positives ou négatives du premier album, on s’est dit qu’on allait retourner vers des sons un peu plus rap, même si on a conservé le côté un peu plus « pop » avec des sons comme « Ça me fait peur » ou « Ça n’a aucun sens ».

Le contraste entre les différents sons pour un même album était quand même moins saisissant dans les projets précédents. Ce sont les instrumentales ou les textes qui en sont responsables ?

RIZLA : C’est moi qui fais les instrumentales avec Shawn-H dans Killodream. On n’a pas calculé le truc en fait. On a toujours la même manière de fonctionner : on se réunit, on va écouter une instrumentale ; ou alors un gars va kiffer une instrumentale, va écrire dessus et va l’envoyer ; ou alors on va tous ensemble vouloir faire un morceau et chercher une instrumentale spécifique pour le morceau. Peu importe la manière, on fait ça avec de l’instinct en fonction de ce qui nous plaît. Du coup, la couleur que va avoir le projet nous est inconnue avant que le projet soit fini. Avant de faire les deux albums, on ne s’est pas donnés de couleur précise pour chacun.

Vous avez cherché à mettre les sons plus festifs en valeur puisque vous les avez clippés.

SENAMO : C’est dans un souci de promo. En fait, le truc, c’est qu’à la base il y a plein de clips. Dans l’idéal, on serait chaud pour tous les clipper mais on est obligés de faire des choix stratégiques. Sur trois clips, on va en faire deux que l’on kiffe vraiment et un que l’on va promotionner pour élargir le public. C’est un peu tout le temps le même dilemme. Ensuite, il y a les milles galères de clippeurs qui mettent trois ans avant de donner le clip fini. Au final, on a des galères dans la promotion et ce n’est même pas un choix à la fin de défendre tel ou tel titre. C’est un peu ce qui nous vient sous la main.

FLO : Là on attend deux clips et on ne sait pas lequel va sortir en premier.

Vous n’avez pas vos clippeurs attitrés ?

SENAMO : Non, on a juste des gens avec qui on roule comme Guillaume Durand, François Dubois. Après, on n’a pas de personne qui est affiliée à nous à 100%.

Quand vous avez sorti Un murmure dans le vent en 2014, Un cri dans le silence était déjà fait ?

SENAMO : Non, pour Un cri dans le silence, on n’avait rien. Pour Un murmure dans le vent, on avait « Yes mani » qui était là depuis trois ans ainsi que « Pour être franc » ou « Douze ans d’âge » qui ont un refrain chanté.

SEYTE : Ce qui est marrant, c’est que les gens nous disent pour ces trois morceaux que ce n’est pas la même chose que les volumes. Mais si tu écoutes les volumes, il y a des morceaux qui ressemblent grave à « Pour être franc » ou « Douze ans d’âge », déjà sur le volume 1 avec « Trop de fois » qui est chanté. « Pour être franc » et « Douze ans d’âge » auraient pu se retrouver sur le volume 3 mais on a décidé de les garder parce qu’on trouvait qu’ils avaient une couleur « album » plus qu’une couleur « net tape ». Ils auraient pu se retrouver sur un volume puisqu’ils ont été écrits à cette époque là.

RIZLA : Ce qui peut faire en sorte que les gens pensent cela, c’est la production et les moyens mis en œuvre que l’on n’avait pas au début. L’enregistrement à l’époque des volumes était moins qualitifatif bien que le niveau de qualité d’enregistrement était déjà satisfaisant. Après les instrumentales ont été retravaillées avec des arrangements et on avait beaucoup plus de moyens. La couleur est donc plus professionnelle et cela peut induire les gens à penser qu’ils ne sont pas de la même période. On a réenregistré et retouché toutes les instrumentales pour Un murmure dans le vent.

« Pour être franc » et « Douze ans d’âge » auraient pu se retrouver sur le volume 3 mais on a décidé de les garder parce qu’on trouvait qu’ils avaient une couleur « album » plus qu’une couleur « net tape ». Ils auraient pu se retrouver sur un volume puisqu’ils ont été écrits à cette époque là. »

Ces deux EP’s ont eu le succès que vous espériez ?

SEYTE : On espérait pas grand-chose en vérité. Après tu as des attentes, tu aimerais avoir des retours. A partir d’Un Murmure dans le vent on a commencé à tourner de plus en plus et aller vraiment à la rencontre du public dans les quatre coins de la Belgique, voir à dépasser les frontières puisqu’on a été en Suisse et en France. Donc on rencontre de plus en plus de gens qui connaissent les paroles, qui chantent avec nous et qui font la fête avec nous. Rien que cela est une réussite. Les objectifs sont atteints, et même plus qu’atteints. Après, on est des hommes et on en veut toujours plus donc on aimerait encore franchir des étapes et des paliers sans vendre notre âme et en faisant ce que l’on aime.

Maintenant, concernant le rap belge, Rizla, dans « Vas-y couz essaye » sur le volume 1, tu dis : « Le rap belge, nique cette bande de tocards ! » C’est une phrase étrange puisque vous semblez au contraire promouvoir le rap belge à l’exemple du « freestyle AB » que vous avez sorti récemment ou encore avec A notre tour. Assumes-tu encore cette phrase ?

RIZLA : Si on remet la phrase dans son contexte, j’assume et je kiffe cette phrase. C’était à une époque, il y a sept ans, où on était complètement outsider du mouvement belge, qui n’est déjà pas un mouvement très ouvert mais qui l’était encore moins à l’époque. On était banni et c’était une phrase un peu revendicatrice pour expulser cette frustration de ne pas être admis dans le mouvement ou de ne pas être exposé sur les sites internet qu’il y avait à l’époque. Je pense notamment à Legalsounds où pour avoir ton morceau sur le site il fallait baisser son froc et se casser la tête à parler au gars pendant trois mois. Cette phrase, aujourd’hui je ne la dirais plus puisque je fais partie à part entière du mouvement belge et que les choses ont évolué.

SEYTE : Et que tu es un tocard. (Rires)

RIZLA : Pour le « Freestyle AB » ou A notre tour, je ne considère pas cela comme le mouvement belge, ce sont plus des potes, des gens avec qui on rappe comme à l’époque on rappait avec des gars qui ne faisaient pas partie de La Smala.

Votre popularité en dehors de la Belgique est grande, notamment en France. Est-ce que A notre tour répond à une envie de faire profiter vos potes de cette popularité ?

FLO : A notre tour est vraiment un délire de pote mais ça apporte quelque chose à chacun et ça profite à tout le monde. Lomepal, par exemple, nous apporte un regard sur la France et nous sur la Belgique.

SENAMO : Si nous on monte, on a envie de faire monter les gens autour de nous. On l’a toujours fait avec Neshga ou Caballero. Plus on est de fous, plus on rit. Après, avec A notre tour, on se rend compte que plus il y a de personnes plus il y a de l’ego. C’est donc difficile que les choses puissent plaire à tout le monde et d’avoir un fonctionnement démocratique. Déjà à cinq c’est compliqué, mais à une quinzaine de personnes tout avance plus lentement.

La promotion du rap belge s’est quand même bien faite en France. Je pense à Déparone et la Poignée de punchlines. D’ailleurs, la vôtre est sortie tardivement et elle est même hors série. Pour quelles raisons ?

SEYTE : Deparone fait des appels aux mots. Notre Poignée est sortie un an après l’appel aux mots. On était en pleine sortie d’Un murmure dans le vent, avec tous les trucs qu’on se prenait dans la gueule parce que c’était notre premier projet distribué et qu’on avait pas tout calculé. Il a fallu sortir des clips, il a fallu créer un nouveau show avec quelqu’un qui vienne nous coacher. On n’a pas eu vraiment le temps de se pencher sur la Poignée de punchlines directement. Après on l’a fait et on a eu un très bon retour, on est ravis et gros big up à Deparone qui est sans doute celui qui fait le plus avancer le mouvement belge, ainsi que le mouvement français.

SENAMO : Deparone a réussi à installer son truc à un niveau où les gens qui ne connaissent pas trop, qui sont friands de découvertes constantes vont aller sur Givemefive et vont se taper toutes les vidéos.

D’autres rappeurs belges ont une grosse visibilité en France, je pense à Scylla ou L’Hexaler. Vous n’avez jamais sorti de son ni avec l’un ni avec l’autre. Est-ce lié au fait que vous semblez être d’univers musicaux différents ?

SEYTE : On est en guerre ! (rires)

FLO : On vient d’univers différents mais on est ouverts. L’univers de Scylla nous parle moins même si c’est super à écouter, on aimerait l’amener plus dans notre univers smalien un peu plus festif. C’est la même chose pour L’Hexaler. On serait super ouvert à des featurings avec eux mais ça ne s’est pas encore fait.

RIZLA : Si ça ne s’est pas fait, c’est parce qu’il y a quand même une différence de génération. Scylla et L’Hexaler étaient déjà installés en Belgique à l’époque où on a commencé à rapper. Après, ça viendra peut-être avec le temps, à partir du moment où on peut faire un morceau qualitatif.

« L’univers de Scylla nous parle moins même si c’est super à écouter, on aimerait l’amener plus dans notre univers smalien un peu plus festif. C’est la même chose pour L’Hexaler. On serait super ouvert à des featurings avec eux mais ça ne s’est pas encore fait. »

SENAMO : J’ai l’impression que ce sont des rappeurs qui sont moins friands de se mélanger entre eux. Quand ils ont commencé à rapper, c’était un peu plus fermé et il y avait moins de rappeurs, donc il y avait moins d’envie de collaborer. Ils font leur projet solo, ils le font très bien et ils ne sont pas en besoin de le faire avec d’autres gens. Nous, ça nous fait kiffer de rencontrer des gens, des passionnés et d’échanger des avis. Donc c’est un autre délire, une autre mentalité.

SEYTE : Big up à eux ! Après, ils sont sur pas mal de projets et nous on est sur pas mal de projets. On a déjà tellement de choses à faire entre nous et avec les gens qui sont autour de nous que l’on va pas aller demander à gauche et à droite pour faire des morceaux. On essaye déjà de clôturer nos projets à nous et si après il y a une proposition, ou si on a une envie, on fera une proposition et on verra ce qu’il se passe.

Du coup, Senamo, tu t’es retrouvé sur La marche arrière du Gouffre, comment s’est faite la connexion avec Le Gouffre ? Comment es-tu arrivé sur ce projet là et est-ce que ça t’a apporté quelque chose à titre personnel ?

SENAMO : Je me rappelle très bien le jour où j’ai ouvert ma boite mail et j’ai reçu le message de Char. Au début j’étais en mode « C’est le vrai ou c’est un fake ? ». Après je vois que c’est réel alors je commence à parler avec lui. Il me dit la liste de MC’s de malade qu’il y a sur la compil’. Là j’étais comme un fou. Lui est venu à Bruxelles faire le clip. C’est là que je l’ai rencontré pour la première fois. Puis, humainement, j’ai rarement rencontré quelqu’un d’aussi généreux et d’aussi passionné par le mouvement. Si nous on est des montgolfières, lui c’est douze montgolfières à lui tout seul, tellement il a un énorme sac rempli d’air pour porter ses potes. C’est un truc de fou ! A chaque fois il nous reçoit comme des princes et nous file des colis. Ainsi que le taf qu’il fournit pour réunit soixante-neuf MC’s sans oublier « Le Générique 2 fin ». A chaque fois il est dans des projets d’ampleur énorme et c’était un énorme kiff, surtout un gros honneur de participer à ça. C’est ce qui fait des connexions avec la France puisque les gars viennent regarder mes vidéos, puis des vidéos de La Smala, c’est ce qui fait grandir le truc. Chaque connexion faite est bénéfique.

En ce qui concerne Seyté, la connexion s’est faite de la même manière pour le « Générique 2 fin » ?

SEYTE : Char est venu me voir en me disant qu’il avait une instrumentale sur laquelle il avait déjà enregistré quelques rappeurs, que ce serait pour l’outro de L’apéro avant la Galette. J’ai même pas réfléchi deux secondes. On l’a fait et c’est une belle dinguerie ce morceau. Les prods de Char sont incroyables.

FLO : Rizla et moi, on l’a refusé. On est un peu trop haut ! (rires)

La différence entre rap belge et rap français est donc inexistante pour vous ?

RIZLA : On n’a jamais tenu à cette différence. On a toujours fait du rap bruxellois comme il y a du rap parisien et du rap marseillais. Nous, on a été en grande partie influencé par le rap français et c’est grâce au rap français qu’on s’est mis à rapper, même s’il y a des artistes belges que l’on écoutait. C’est du rap francophone et on est fiers d’être belges. On ne veut pas mettre de barrière entre le rap belge et le rap français.

On a entendu parler d’un projet commun Seyté – Senamo – Mani Deïz. On peut en savoir un peu plus sur ce projet ?

SEYTE : Tout est annulé (rires) ! Il devrait sortir d’ici quelques mois, on a déjà commencé à enregistrer des sons et ça sent bon pour l’instant. A mon avis, si les gens aiment bien ce que fait Mani Deïz et ce que nous faisons Senamo et Moi, ils vont être ravis. C’est une fusion des trois qui va être pas mal.

SENAMO : Ce que l’on a essayé de faire, c’est des projets comme à l’époque avec le scratchs, des thématiques avec un couleur très école française des 90’s. C’est DJ X-Men qui vient poser ses scratchs. Big up à lui.

« A mon avis, si les gens aiment bien ce que fait Mani Deïz et ce que nous faisons Senamo et moi, ils vont être ravis. C’est une fusion des trois qui va être pas mal. »

Une connexion qui s’est faite de quelle manière ?

SEYTE : J’ai fait un morceau avec Mistral, un rappeur belge qui m’a invité sur une prod de Mani Deïz. Le morceau s’appelle « Les fleurs du mal » et c’était une face B. C’était sur son projet Too much Memory. A la suite de ça, on s’est connectés via facebook, et ensuite avec Senamo on a également fait un freestyle pour la sortie d’Autistic Machine. Mais avec Mani on s’est fait des petits câlins d’internautes, des petits pokes ont été envoyés (rires).

SENAMO : C’est le fer de lance de toute cette scène de l’école française classique d’aujourd’hui. C’est le gourou. Il a la french touch. Ce qui est bien avec Mani, c’est qu’il n’est pas fermé. Il sait apprécier et reconnaître une autre musique de qualité. C’est rare quand les gars deviennent appréciés par beaucoup de gens.

RIZLA : Mani a produit beaucoup et il a relancé une vague. C’est qualitatif et il a une touche propre à lui. Les prods de Mani on les reconnaît direct. Tu écoutes et tu te dis : « C’est du Mani Deïz ».

Dans l’immédiat, vous repartez sur des projets solos ou sur un projet commun ?

RIZLA : Probablement des projets solos. J’ai un projet en stock avec G.O.R. qui est un ex-smalien. On est en train de retafer sur quelque chose.

G.O.R. n’a pas arrêté ?

RIZLA : Il a repris. Il n’a jamais vraiment arrêté mais d’autres choses prennent la tête dans l’univers du travail. La vie fait que tu ne peux pas toujours continuer à faire ce que t’aimes, mais si t’en as la possibilité alors tu le fais, et c’est ce qui arrive à G.O.R.. Je ne suis d’ailleurs pas innocent dans cette histoire. C’est mon pote depuis quinze ans, on était ensemble dans Nouvelle Génération. Je l’ai toujours côtoyé quand il n’était plus dans La Smala et c’est au-delà du rap. Alors quand il a émis l’idée qu’il était chaud de reprendre, je l’ai bombardé d’instrumentales. On s’est dit qu’on allait peut-être refaire un petit truc.

Vous êtes à Paris à l’occasion du Narvalow City Show, vous reviendrez dans cette ville le 24 septembre pour un concert à La Bellevilloise avec Le Gouffre en première partie. Cela montre que votre succès n’est plus seulement un succès d’estime mais que le public répond à l’appel. Qu’est-ce que cela vous fait ?

RIZLA : On est étonnés et même honorés.

FLO : Toucher le public français est un peu le but. En Belgique, le public flamand est beaucoup plus difficile à toucher, il est plus porté sur du rap anglophone. On a fait un peu le tour de la Belgique francophone, on y est bien installés, donc toucher la France est le mieux pour nous. On a remarqué avec les concerts faits récemment que les gens chantent avec nous et ça fait plaisir.

Une date comme celle du Narvalow est un peu spéciale, vous l’abordez comme une date classique ?

SEYTE : Depuis quelques années le Narvalow est là et j’étais curieux de voir. J’ai vu quelques vidéos sur le net et ça a l’air d’être une ambiance assez sympathique entre potes qui viennent kicker. Pour nous, c’est un grand honneur de faire la date et on va faire la fête tous ensembles.

Vous allez être également à Dour où vous faites deux passages, le mercredi avec La Smala et le vendredi avec A notre tour. Vous y étiez déjà l’année dernière. C’est une date importante pour vous ?

RIZLA : On peut considérer cette date comme la plus grosse date que l’on est faite en termes de rendu public, de masse du public et d’ambiance.

FLO : Il y avait bien 4000 personnes devant nous, il faisait 40° sous le chapiteau. C’était un truc de malade. J’espère que cette année les gens seront à nouveau au rendez-vous puisqu’on joue le jour d’ouverture où il n’y a qu’une seule scène d’ouverte. J’espère que tous les gens vont venir.

C’est une date que vous préparez différemment ?

SENAMO : On a un show qu’on fait depuis deux ans mais on prépare les festivals dans une optique de fête. On a rajouté des sons et on fait un show patate pour faire la fête et jouer avec le public.

RIZLA : La seule scène ouverte pour notre passage cette année est la grande scène qui peut accueillir 20 000 personnes.

FLO aka Le trembleur : Si c’est 20 000 je vais trembler (rires)

Pendant votre tournée en France, un petit passage dans le sud de la France vers Toulouse ?

RIZLA : Ça se prépare pour la rentrée !

Et, en guise de conclusion, on peut savoir ce que signifie « Yes mani » ?

SEYTE : C’est un truc que l’on dit depuis des années et qui est le « Wesh Morray » de chez nous. Quand tu demandes à un pote « Ça va gros ? », tu réponds « Yes mani ». Mais ce n’est pas belge, c’est propre à nous. C’est un truc que l’on dit depuis des années et on a voulu en faire un morceau.

SENAMO : En fait, c’est « Yes maniolo ». On aime bien jouer avec les mots. Il y a blindé de mots en Belgique puisqu’il y a une immigration marocaine à fond, et quand t’es depuis tout petit entouré de marocains, plus le wallon, on connaît tellement de mots donc on s’amuse avec ça.

RIZLA : On fonctionne beaucoup avec des expressions de chez nous que personne ne comprend.

Merci les gars pour l’interview et un grand merci à Rizla et Seyté pour « Gris foncé » sur DUBONSON#1 !

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