On a écouté « Katana – Le fourreau »

Désormais affilié au groupe du 9.1 Le Gouffre, Katana semble s’épanouir et laisser libre cours à son imagination. Ça se ressent. Le MC à la voix nasillarde étale sa technicité et son flow atypique sur un premier long métrage solo. Ecoute et ressenti.

Dans un concept visuel moyenâgeux, les récits de cape et d’épée de Katana font figure d’une paradoxale modernité et apportent une fraicheur bien nécessaire au mouvement. A l’écoute du « Fourreau », une impression de mission accomplie se détache, sûrement fruit de la sincérité du MC. Si les prods sont assez variées, l’ambiance à l’écoute du projet ne perd pas en cohérence ; on passe ainsi d’une prod mélancolique de Char « Antipersonnel » à une instru un peu plus patate « Cowabunga », et l’on retrouve un Flev’ au sommet de sa forme sur un morceau qui devrait faire du bruit « Tout a changé ». Ce titre, enregistré « en deux sessions », et dont le format rappelle le classique « Demain, c’est loin » d’IAM, fait figure d’exercice osé sur un album réalisé sur la durée (« plusieurs années de travail » dixit l’intéressé) et longuement attendu… Il aura en effet fallu attendre 6 ans pour que l’aguerri Katana ait l’occasion de dévoiler son arme solo, après une épopée marquante en duo avec Al K.Pote pendant laquelle l’Unité 2 Feu sortira quelques grosses pépites.

Sur le plan des textes, une introspection sur le bien intitulé « Antipersonnel » nous permet de mieux cerner le personnage et son parcours, quand le titre « Choc » établit un parallèle osé et audacieux sur les confrontations culturelles et le charnelles d’une rencontre amoureuse. La prod, elle, assez légère, ne devrait pas ravir les puristes. Celle de Tcheep sur « Boucle atemporelle » régalera en revanche ceux qui avaient apprécié l’opus commun du beatmaker avec Lucio Bukowski. On note au passage le sample de Zero 7 « In the waiting line ».

Seul featuring du projet, Reeno (Ul’Team Atom) vient soutenir le collègue du 91ème département sur « Dis-leur » le temps d’un couplet sobre mais efficace. Truffé de petites références old school (ex : Costacurta, Golden Graham’s, Street Fighter), cinématographiques (ex : Godzilla, John Connor, HULK, Bruce Willis), de phases humoristiques « Je ne vote plus ça brise le cœur, comme une vierge en boite où les Catherine Deneuve pratiquent le smurf », voire improbables « J’pensais ce vice inoffensif, mais il est pire qu’Iniesta, JFK ou les pieds de femme », et de phases qui transpirent le vécu « -5 degrés Celsius est mon voisin », « C’est pour ceux qui grossissent dans les cabines d’essayage ».

Mention spéciale pour le titre « Anticonstitutionnel », qui pue le hip-hop des années 90/2000 avec ses références scratchées et sa prod d’une autre époque. Enfin, « Bonne nuit », vient refermer le CD avec un joli clin d’œil au dessin animé « Bonne nuit les petits » sur une instru riche, signée Zekwe Ramos, le rappeur/beatmaker qui prouve ici encore qu’il est aussi à l’aise dans les deux sports.

En résumé, un bon album rap français, musicalement généreux et original, avec de bonnes phases et thèmes, et qui annonce une présence sur la scène rap dans la durée. Un bel objet et un vrai concept travaillé et fourni par l’équipe du Gouffre, fidèle à son habitude, qui vous prépare (encore) de bonnes surprises…

Disponible ici : www.legouffre.fr

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