Ol’Kainry et Dany Dan, l’interview « Saison 2 »

Leurs noms s’écrivent en lettres capitales O.K.D.D. Le Boug Dyf et le Pop Dan, le pape de Boulogne et le Demolition Ol, réunis une dizaine d’années après leur premier enfant qui comprenait notamment « Crie mon nom » et son remix légendaire, les deux plumitifs joviaux nous ont accordé une heure de franc parler et de gros rires ponctués par de savoureuses anecdotes. La Saison 2 est là, et les héros sont toujours au max.

Ol’Kainry et Dany Dan, 9 ans après l’album commun qui avait marqué son époque, est-ce qu’on peut revenir sur votre rencontre ? Parce que lorsqu’on replonge dans votre discographie, on ne trouve pas de morceau en commun avant l’album, comme si vous aviez fait un enfant dès la première rencontre…

Dany Dan : C’est exactement ça ! On se connaissait un peu, respect, etc. Ça a commencé par rapport à Nouvelle Donne. A un moment, j’ai signé chez Nouvelle Donne. Et quand j’ai signé chez eux, directement j’ai dit « Mais il est où Ol’Kainry ? » (rires)

Ol’Kainry : C’est vrai qu’on s’est dit « Viens on fait un titre comme ça » mais pas sur un projet en particulier. Et quand on a fait ce titre-là, on s’est dit « Merde ! Viens on fait un projet ». Je crois que le premier titre, c’était « Légendaire ».

Ol’, as-tu un couplet ou titre préféré chez Dan ? Et toi Dan, une référence pour Ol’ ?

Ol’Kainry : Non, quand tu me dis ça, il y a plein de couplets qui me viennent en tête. Je ne peux pas te dire un titre préféré parce qu’il y a plein d’univers différents. Je peux kiffer un « Pape de Boulogne » qui est super contact avec des punchlines qui te griffent à la Wolverine. Et un autre genre « Sunshine » qui est plus en mode « quand je fume ma chicha » et que j’écoute tranquille à 3h du matin.

Dany Dan : C’est la même réponse. Je ne peux pas te dire un morceau. Mais y’a des moments où je peux te dire « Ouhla ! Ce mec-là il est dangereux, mon Dieu ! Attention ! »

Dan’, tu fais beaucoup de scènes avec les Sages Poètes et vous tournez beaucoup. Qu’est-ce qui fait votre longévité ?

Dany Dan : Le fait qu’on dise la vérité, tout simplement. Il me semble. Il y a beaucoup de choses qui étaient là à l’époque, et qui aujourd’hui ne sont plus là mais nous si. On a toujours dit la vérité. La vérité, la vérité, la vérité… Etre réel par rapport à toi-même.

Ol’Kainry : Moi je pense que tant que tu fais le taf, spontanément avec le cœur et le talent, il y aura toujours au moins 1000 personnes, 2000 personnes pour attendre un prochain projet. Nous on est là depuis le début avec le même way, le même système. On a vu des artistes arriver, repartir, et nous on est encore là. On voit des nouveaux arriver et repartir avant nous.

« Une date Beat 2 Boul ? C’est très proposable, mais peu envisageable » Dany Dan

Des nouvelles d’Agression Verbale ?

Ol’Kainry : Tu sais on était ados, on a signé à Nouvelle Donne à 16 ans. Ensuite y’a les ways du quartier : y’en a qu’ont pris le basket, d’autres les études, d’autres voyous…

Dany Dan : C’est pareil de mon côté. Il semblerait qu’il ne reste à la fin que ceux qui sont vraiment dans le truc, en train d’ouvrir leur cœur et dire « Quoi de neuf ? » Voilà ce que je dis. Il s’agit que de ça!

On assiste à une période de reformations d’old-timers pour des dates événements comme 2Bal2Neg ou ATK récemment, on peut envisager une reformation du Beat 2 Boul pour un concert ?

Dany Dan : On peut, mais ça ne sera pas possible parce que certains ont arrêté, certains font d’autres choses. Mais en tout cas c’est très proposable. Après bon : « Il est où lui ? Il fait quoi lui maintenant ? » Le truc est simple. C’est « 1 + 1 font 2 ». Souvent les gens imaginent ceci, imaginent cela. Il ne faut pas aller chercher plus loin que juste en face de toi et de ce qu’il s’est passé. « Qu’est-ce que tu fais maintenant ? Est-ce que t’as encore des lyrics ? Est-ce que t’es encore bon ? Est-ce que quoi de neuf ? » Y’a pas de magie ou de truc.

Cet album arrive 9 ans après le premier. Pourquoi ?

Dany Dan : Et pourquoi pas ? Entre temps, chacun a vécu sa vie. On était en contact, on se voyait. Il y a eu des périodes de deux ans sans se parler, puis après « Quoi de neuf Dan ? Quoi de neuf Dyf ? On est bons. Tac tac tac… »

Ol’Kainry : Tout cette aventure, elle est juste spontanée. Y’a pas de calcul. J’étais dans mes bails, il était dans ses trucs. Un moment on s’est perdus de vue, on était toujours quand même en contact mine de rien. J’étais sur l’album « Dyfrey », je me suis dit « Tiens je vais inviter Dany, ça fait longtemps. » On kicke, et on se dit « Viens on fait rebelote ! ».

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Vous en vivez aujourd’hui de votre musique ? Vous faites votre job à plein temps ?

Dany Dan : Ouais…un truc comme ça. On est des musiciens, rappeurs, et on paye nos factures avec nos lyrics.

Ol’Kainry : J’aurais pu tenter des coups qui sont contraires à ma philosophie, plusieurs fois dans ma carrière, pour prendre du bif. Moi tout ce que j’ai fait depuis que j’suis dans l’game, c’est avec le cœur. J’ai jamais forcé pour un zéro en plus sur le chèque.

Qu’est-ce que vous auriez aimé faire avant le rap ? Vous aviez des projets professionnels ?

Ol’Kainry : En ce qui me concerne, j’ai signé en maison de disques à 16 ans. J’ai toujours fait ça en fait.

Dany Dan : Le fait qu’on vive de notre musique, c’est qu’on y va à fond.

Dany, tu disais « J’espère être encore là jusqu’en 2010 » dans l’album de 2005. Mission accomplie ?

Dany Dan : On dirait ! Et j’avais même oublié (rires). C’est une très bonne question. Tout le monde ne peut pas faire ça. On y arrive, mais on y arrive en transpirant beaucoup. Laisse-moi essayer de te résumer ça par un truc très simple ; si jamais ton lyrics est pas bon, il est pas bon. Laisse tomber. Va pas aller chercher à forcer le truc.

J’imagine que vous avez suivi l’actualité du jour. Que pensez-vous de l’agression et ses conséquences qui a eu lieu dans la boutique Ünkut de Châtelet ? (NDLR : l’interview a été réalisée le jour de la une du Parisien « Quand le rap dérape »)

Dany Dan : Le fait que quelqu’un ait été blessé, c’est pas terrible.

Ol’Kainry : Moi c’est plus par rapport aux médias. Direct, ils en font une une. Dès que c’est négatif, il faut que tout le monde le sache. C’est plus ça que je déplore.

Dany Dan : Alors que la dernière punchline qu’on a sorti, elle n’est pas dedans ! (rires)

Ol’Kainry : Leurs histoires, c’est leurs histoires. Moi, je suis un artiste. Soit je m’arrête pour applaudir, soit je passe ma route. Là, c’est plus les médias qui me cassent les couilles. La manière dont on le diabolise… rien qu’on aime nous salir.

Dany Dan : Ca empêche d’avoir des nouveaux adeptes du hip-hop. Le mec qui est raciste, il va rester raciste. Le mec qui n’aime pas le rap, il ne va pas aimet le rap, peu importe. Par contre, le mec qui ne connait et qui se demande s’il peut aimer, s’il y a une image super négative, il ne va pas y aller. Il ne s’agit pas de ça.

Ol’Kainry : Il y a vraiment eu une vague où les gens avaient peur d’aller dans les concerts. Là, je trouve que les salles sont de plus en plus remplies. Au lieu d’envoyer des messages pour que ça se perpétue, ils envoient des messages négatifs pour remettre la terreur dans la tête des gens qui ont envie de suivre cette musique.

Dany Dan : Ça me tue ce que tu dis ! Je vais dire un truc d’une manière. Est-ce que je peux ?

Ol’Kainry : Vas-y !

Dany Dan : Il y a 3-4 jours, genre on sort en boite avec des amis, et une de nos amies nous dit « Ah, je ne vais pas dans les soirées rap ! » On lui demande pourquoi. Pourtant, elle est avec nous, Ol & Dan. Y’a pas plus hip-hop que nous !

Et qu’est-ce qu’elle a répondu ?

Dany Dan : Le truc est super complexe !

Ol’Kainry : C’est avec des trucs comme ça qu’elle ne sera pas encore plus motivée à y aller. Elle dit « Ouais, vous vous bagarrez là-bas ! » Mais non ! Elle est restée bloquée sur ça.

Comment vous présentez-vous dans la vie quotidienne : artiste, rappeur, musicien ?

Dany Dan : Moi j’arrive, je dis « Je m’appelle Daniel Lakoué et je chante ». Très normal.

Ol’Kainry : Quand je me fais contrôler, et que les keufs me demandent « Vous faites quoi dans la vie ? », je réponds que je suis intermittent et je ne donne pas de détail.

Dany Dan : La vie là est compliquée. J’ai une anecdote : genre il y a deux ou trois ans, j’étais en train d’attendre quelqu’un à un carrefour, et il y a un fourgon de CRS qui passe, et ils se mettent pile devant le feu. Je les vois, tout le fourgon en train de me regarder comme ça. Je regarde ailleurs façon, t’sais même j’me parle, j’ai rien fait, quoi de neuf ? Je reste là. Le feu passe mais ils sont encore là. Je les regarde, et en fait ils sont en train de me dire « Hey Dany Dan ! Quoi de neuf ? » La vie est compliquée. Il s’agit de rester vrai à la fin. Et après les mecs ils sont partis boxer un de mes reufs…

Y’a un processus particulier, au niveau de l’écriture, du choix des thèmes, des prods, quand vous bossez à deux ou bien l’alchimie suffit ?

Dany Dan : Non y’a pas de processus, pas de règle. C’est de la musique urbaine, pas de la musique classique avec des codes.

Ol’Kainry : Tout ce que je peux te dire, c’est que lui écrit dans un grand cahier où il y a plein de pages raturées et moi j’écris dans mon téléphone.

« Sur scène, avec un public de connaisseurs, c’est le pied… C’est comme le sexe presque ! » Ol’Kainry

Parlons scène. L’envie de se retrouver en studio se retrouvera-t-elle sur scène ?

Dany Dan : Il s’agit que de ça !

Ol’Kainry : L’envie est la même. Sur scène, avec un public de connaisseurs, c’est le pied… C’est comme le sexe presque ! (rires) Tu vois une salle remplie en 2014, et des gens qui connaissent par cœur des textes que t’as écrit en 2001, en 2006 et en 2013… t’as le zizi dur mon frère ! (rires)

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour cette Saison 2 ?

Dany Dan : Plein de concerts ! Plein de ventes !

Ol’Kainry : Que cet album soit compris et apprécié à sa juste valeur.

Dany Dan : Et que notre manager Denis dise « Quoi de neuf yo ?! On est bons ! Venez, on recommence ! » (rires)

Saison 2 : sortie le 12 mai

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