Marche Arrière, qui es-tu ?

Il y a un peu plus de deux ans, Le Gouffre, collectif parisien regroupant 8 membres (MC’s et beatmakers) que sont Char, Tragik, Fonik, Salazar, Gabz, Brack, L’affreux Jojo et F, annonçait la sortie prochaine d’un mixtape géante regroupant plus d’une soixantaine de rappeurs venant de toute la francophonie rapologique. Un immense projet donc et depuis son annonce, une dizaine d’extraits ont déjà été dévoilés, et une date a dernièrement été fixée. Le 7 octobre. L’album sera donc disponible partout (Fnac, Amazon), mais un coffret collector avec des cadeaux tel qu’un jeu de société élaboré par Char sera disponible sur le site du Gouffre, qui devrait bientôt voir le jour. Nous allons revenir chronologiquement sur chacun des extraits de Marche Arrière pour tenter d’en savoir plus, et surtout pour comprendre pourquoi cette compil’ sera une tuerie absolue.

4 février 2011. Le premier à se jeter dans le bain est un artiste bien connu. Membre actif depuis la deuxième génération Neochrome, celle des Seth Gueko, Farage, Al K-Pote, 25g et autres Nakk, c’est bien de Zekwe Ramos que l’on parle. Le clip annonce la couleur. On est dans un univers très sombre, il se déroule entre la rue parisienne, une épicerie (ou plutôt son étalage d’alcool), un bar et le couloir d’un petit appartement. La prod de Char est simple mais diablement efficace. Pour l’instant on est encore dans une ambiance freestyle avec technique et grosses phases (« J’arrive sur scène avec un va t’foder, toi t’arrives sur scène avec la voix d’Faudel »). On attend la suite…

Le suivant à se lancer c’est L’Indis. La moitié des 10′ ayant mis ce son sur son album sorti en mai 2012, ce son est probablement celui qui a le plus tourné. Mais pas grave, à la prod, toujours Char. C’est moins sombre, on est plus dans la mélancolie. Une petite instru douce ambiancée par la voix de Patricia Carli. Une atmosphère moins freestyle. Quelques attaques aux wacks comme à son habitude. (« L’argent et Skyrock vous ont rendu faux »). Comme un indice que la tape sera variée en termes d’ambiances. Le clip quant à lui se déroule dans une petite salle de concert et L’Indis rappe en Oto’10 Dakt avec des supporters qui bougent la tête derrière.

On se téléporte en septembre. Et c’est le pilier du récemment reformé Triptik, Greg Frite ou Blackboul’ comme vous préférez. Changement radical d’ambiance. On est désormais dans le comique. Le protagoniste se promène dans Paname en peignoir, tantôt sur un vélo old-school, tantôt dans un manège pour enfants. La prod est toujours assurée par Char qui prouve là encore sa polyvalence.

Quatrième extrait qui arrive mi-décembre. Et c’est le tant attendu Hugo Boss qui se lance. Hugo qui fait… bah du Hugo tout simplement. On est dans la même ambiance que chez Zekwe. Pur freestyle, 24 mesures de seum comme il le dit si bien lui-même. Des grosses lignes et du flow comme on pouvait s’y attendre. Ce son n’apporte rien de plus mais il est efficace et s’écoute n’importe où n’importe quand. Char à la prod comme à l’accoutumée.

Puis c’est Loko qui offre sa prestation. Et c’est le premier extrait qui selon moi, peut vraiment être considéré comme un son « normal ». Le premier à atteindre (presque) les trois minutes, avec un thème (Qui a dit). Loko nous offre son flow reconnaissable entre mille et son style léger qui sans tomber dans le comique comme Greg Frite, se différencie des autres par un thème qui permet d’alterner toutes sortes d’émotions. Le clip encore une fois est très simple, rien de particulier à dire dessus. Une fois n’est pas coutume, c’est I.N.C.H qui assure cette fois la prod. À noter qu’il utilise le même sample que « Je m’en sors bien » de Saké et Swift Guad et « Faut que j’me refasse » de Chinois la Diktion et Koma.

Arrive le sixième extrait. Nekfeu offre du multisyllabisme comme il sait le faire, mais ça s’arrête là. Rien de neuf, le clip est sympathique mais toujours très simple. La prod de Char est peut-être la moins aboutie jusque là. Le sample semble adouci pour laisser place aux battements.

Puis arrive Monsieur Jeff Le Nerf. Encore un son qui est beaucoup trop court et qui sort de la thématique freestyle. Loin des pistes de Val d’Isère, c’est dans les bas-fonds de Grenoble que se déroule ce clip. Le récit d’un quotidien, tantôt énervé tantôt dépité, du Jeff dans le texte. On ne change pas les bonnes habitudes, c’est toujours Char qui est aux manettes avec une boucle de violon très efficace et parfaitement adéquate, comme quoi c’est souvent les prods les plus simples qui sont les meilleures.

Un autre monsieur. On peut même l’appeler Lui-Même. C’est bien de Sëar que je parle. Et après Loko, c’est le second « vrai morceau » que l’on peut compter. Sous le soleil de Sarcelles, Sëar nous parle de sa ville. On a même droit à un refrain. Une ambiance sympathique et surtout une technique exceptionnelle. Un son taillé sur mesure pour les concerts. On peut même dire que c’est « fou comme un Parisien dingue de l’OM ». On lui pardonnera même son « croivent » à la deuxième mesure.

Premier Gouffrier à se lancer dans un Marche Arrière, à la barre j’appelle Fonik. Et là niveau obscurité, on est au fond du Gouffre. Apologie de l’alcool et de la zéb, un son à se péter la tête. Le clip est dans une sorte de hangar plein de graffiti. La prod, toujours assurée par Char est faite d’un sample plus aigu, ce qui crée un mini-contraste avec les lyrics qui sont des plus ténébreux.

3 mai 2013 : Et on a gardé le meilleur pour la fin évidemment. Le toulousain, le bâtard sans gloire, le pirate, Furax ! Le clip est aussi le meilleur. D’abord au fond d’un bar bien sombre sirotant du Jack, puis au sommet d’une colline qui aurait une « vue sur le vide ». Encore une fois, Fufu nous raconte la déchéance d’une jeunesse entre tentatives de suicide diverses et variées. La prod assemble plusieurs samples et est probablement la plus aboutie de toutes.

En bref, on peut s’attendre à une compilation très variée entre morceaux à thème et freestyle, ambiances sombres et plus positives, et les bonnes raisons d’aller acheter ce skeud sont innombrables, rendez-vous le 7 octobre.

Marche arrière : sortie le 7 octobre

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Marche Arrière - Le Bon Son

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