Des débuts à la quarantaine, rencontre avec Tcho Antidote

Homme de l’ombre au parcours atypique et sans concession, Tcho Antidote est à l’origine de plusieurs dizaines de pochettes, affiches et clips pour le rap français, mais ce n’est que maintenant, 15 ans après ses débuts, qu’il sort son premier projet solo, à savoir son livre « Zone de quarantaine ». C’est à cette occasion, dans le cadre de la présentation de son ouvrage à Toulouse (en marge d’un plateau réunissant Rocé et JP Manova), que nous l’avons rencontré pour un retour non-chronologique sur son parcours, au travers de quelques clips et pochettes emblématiques.

Pochette : Virus – Faire-part (2013)

COVER-OK2-1024x1024Auparavant, pour la trilogie, on avait fait des trucs vachement figuratifs avec des personnages ou des objets, avec de l’humour… enfin le « nôtre ». Et quand tu fais des choses avec de l’humour, ça te donne un côté « sympathique », approchable, ça peut aussi provoquer de la « convivialité » même, et là on voulait couper avec tout ça, genre « on se connaît pas, n’approchez même pas avec un p’tit rictus genre « hey z’êtes marrants les gars » » . On avait commencé à amorcer le truc avec « 53122 », le freestyle vidéo sur la prod d’Alchemist. Puis le ton du nouvel EP changeait aussi.

L’idée de base est venue de Vîrus . Il me parlait d’un délire de visuel avec un ciel nuageux,  où tu vois/inventes toujours des formes. L’idée c’était d’avoir un truc comme ça, qui ne fasse pas « cucul » non plus , avec une tonalité vachement sombre, genre « mauvais présage », qui donne la sensation qu’il y a quelque chose dans le ciel qui t’observe. Donc il y a de tout : j’ai mélangé plusieurs nuages, des yeux… Au début il y avait un enfant en train de regarder le ciel qu’on a ensuite viré pour enlever le côté figuratif, qu’il n’y ait que le ciel comme élément principal sur la cover, pour juste garder une ambiance.

Clip : Vîrus – L’ère adulte (2011)

On avait envie de tester un truc comme ça : un gars à part dans un resto, et on compose au fur et à mesure. Le côté « un gars qui veut casser la croute », mais qui se retrouve au mauvais endroit, au mauvais moment, en l’occurrence la Saint Valentin. Donc, il y a autour de lui un couple qui passe son temps à se galocher, un autre couple qui se fait chier, des gars bourrés bruyants. Tu as une famille qui vient fêter un anniversaire avec un père qui n’arrive pas à gérer et qui finit par tarter ses mômes… Un espèce de panorama de « nuisances », quand tu veux être juste tranquille, en bon « nuisible » solo.

On a repris le mec de « Faites entrer l’accusé » et on s’est dit : « Vas-y on le fait niquer un poulet dans les cuisines. » (rires). Il y a aussi un gars seul avec un « physique difficile » que personne ne calcule, que la serveuse ignore, limite par mépris ou gêne. D’ailleurs le pote de Bach et Vivien qui tenait ce « rôle », Kacem, nous disait que ça lui arrivait souvent dans la vraie vie. Après on a essayé de se démerder dans la construction pour constituer un espèce de fil conducteur. Ce sont des scènes de vie qu’on a voulu percuter ensemble, pour donner un « bordel » ludique, drôle ou pas, et conclure la trilogie comme ça. Mais à la base c’est surtout une grande blague.

Pochette : Casey – Libérez la bête (2010)

CaseyC’est une de mes préférées. Au départ on ne savait pas trop vers où aller, elle m’avait juste donné le titre. Peu de temps avant il y avait eu le film « Mirrors » que j’avais pas mal aimé, le côté « reflets vivants ». Là, pour la cover, c’est plutôt « plusieurs reflets différents de la même personne » dans l’idée. Et au niveau du ton, tu as le côté cassé, torturé. Après c’est vachement d’effets graphiques…

Il y a une continuité entre celle-ci et celle de Tragédie d’une trajectoire

Toujours. Après Casey c’est aussi une personnalité à part. Pour Tragédie d’une trajectoire c’était différent, c’était à l’époque où les pochettes étaient vachement des portraits « beau gosse », les gars se faisaient beaux, avec une belle lumière… Nous on s’était dit : on fait un gros plan, mais il faut trouver un autre ton pour que ça colle au propos, que ce soit énervé, limite « hard » et que ça tranche avec tous les autres trucs… « Tragédie d’une trajectoire », j’y comprenais embuches, accidents. On était aussi partis d’une photo que j’avais défoncé à coups de fausses blessures pour que ça colle.

Après autant pour Tragédie d’une trajectoire, il y avait un côté un peu réel, cru, un peu sale ; pour Libérez la bête ça part plus dans l’imaginaire, le surréel. Le but était de faire passer une idée. J’ai récupéré plein de trucs : ce que tu peux voir dans sa nuque, c’est une chaîne sur un poignet, pour donner un côté animal ; son rictus c’est des points de suture sur tout l’abdomen d’un porc ; il y a de la ferraille dans la tête aussi : l’arrière-plan du miroir qui est supposé être pété… Au final, c’est assez « renfermé » et pas du tout positif, mais avec ça, tu vas un peu vers là où tu veux : tu peux te dire que c’est quelqu’un qui n’aime pas son reflet, qui pète le moindre miroir croisé, ou bien que les gens voient en la « bête » une facette différente selon, ou encore selon chaque facette des sens différents du mot « bête ».

Clip : Nemir – Carences et parenthèses (2011)

Le premier contact avec Nemir, c’était en 2010 pour des cyphers que j’avais eu envie de faire. J’avais sollicité Nemir, Ron Brice, Loubna qui était affilié à Matière Première, et Freez de Stamina. L’idée étant de prendre des gens avec qui je n’avais pas l’habitude de bosser pour faire un truc « frais ». J’avais demandé à Nemir, dont on me parlait depuis un moment. Sa première apparition pour moi c’était Nord Sud Est Ouest 2 de La Rumeur. Suite au cypher, il m’a proposé de faire « Carences et parenthèses », et de mémoire, dans une discussion, il me disait être content que je l’ai contacté pour ce freestyle car il voulait me solliciter de son côté depuis un moment. Donc tout s’est fait « assez naturellement ».

Tu l’avais contacté avant qu’il soit connu à une plus grande échelle…

Quand tu vois Nemir, sur scène ou autre, tu vois qu’il aime ça. Il a un côté « MC » super frais. Aujourd’hui tu as énormément de rappeurs dans plein de styles. Mais Nemir tu l’entends, tu le vois bouger, tu sens qu’il est speed, qu’il a une énergie, un truc, qu’il aime ça. Donc ce qui lui arrive aujourd’hui c’est normal. A l’époque, je me disais qu’un gars comme ça avec du talent, c’était dommage qu’il soit à Perpignan. On a tendance à se dire qu’à Paris on a plus de facilités, plus de contacts… Pour le clip de « Carences et parenthèses » j’avais pu rencontrer toute son équipe de là-bas, j’y avais passé deux jours express. C’est une équipe que j’aime beaucoup. En’Zoo est super fort, Gros Mo est encore dans un autre délire, Carl également… Ils ont une école hip-hop à eux. Au début pour moi, sans trop connaître, Perpignan, c’était juste une halte pour « Argelès Plage » à l’ancienne, les gitans/reubeus… J’aurai pas forcement pensé y trouver toute une «école de hip hopeurs », des b. boys au sens premier du terme.

Pochette : Rocé – Gunz’N’Rocé (2013)

Cover-02-v4Ce n’est pas forcément la pochette de Rocé que je préfère. Il souhaitait avoir une pochette assez simple, il s’est débrouillé pour faire faire la photo de son côté et me l’a envoyée. L’idée c’était de mettre de la typo, utiliser son logo qu’il a depuis une éternité maintenant, quelque chose qui colle, sobre et humble, par rapport à ce qu’il est. Lui ne voulait surtout pas rentrer dans le piège tendu par le titre « Gunz’N’Rocé », de poser avec un flingue, des douilles… C’est à son image, mais graphiquement parlant ce n’est pas forcément quelque chose que je retiens. C’est plus le boulot en vidéo pour lequel j’ai poussé le truc. Mais Rocé est vachement précis dans ce qu’il veut.

Clip : Rocé – L’être humain et le réverbère (2010)

On devait faire ce clip longtemps avant, ici, à Toulouse historiquement, puisqu’on avait des facilités avec cette ville. On voulait même utiliser tous les lampadaires de la place du Capitole. Finalement ça ne s’est pas fait. Il avait une idée très précise, avec des danseurs. Je lui ai proposé un week-end durant lequel j’avais du matos, sachant que le vendredi, la veille, je shootais « Saupoudré de vengeance » de Vîrus. On a fait « L’être humain et le réverbère » le lendemain, en une nuit. Pour le clip, on a shooté des plans « sûrs » dans une petite impasse en milieu de soirée, et puis on est parti sur les quais d’Ivry, sans autorisation, mais on savait que c’était tranquille et il y avait des lampadaires qui collaient au délire « réverbère »… On a tout shooté en une nuit. J’ai fait appel à un pote danseur qui en appelé d’autres, on avait un maquilleur… C’est un de mes clips préférés, un des seuls que je peux encore regarder, il s’est fait super vite, de façon assez spontanée. Mais on savait que des trucs allaient fonctionner a l’image, comme par exemple le bassiste de Rocé, Sil Matadin, sa façon de bouger avec sa basse, le masque qu’il met souvent… Quand je lui ai ramené les lentilles, il était okay direct. J’aime beaucoup ce type. A l’époque je regardais beaucoup un clip de Gil Scott Heron aussi, qui s’appelait « Me and the devil » avec des skaters dans New York en noir et blanc. C’était quelque chose dans cette ambiance-là qu’on voulait donner avec en plus un côté « chorégraphie », parce que Rocé y tenait par rapport à la rythmique. Le style de danse c’est du pop et du lock.

Pochette : Lunatic – Black Album (2006)

LUNATICBLKALBUMJ’ai juste rajouté des petites stries à la photo, pour rajouter un espèce de grain en filet, pour la changer un peu. Je crois que c’était une photo de Xavier De Nauw à l’époque. C’est à partir de là que j’ai commencé à bosser avec 45 Scientific. C’était à la demande de Geraldo, plus ou moins un an après le départ de Booba. Après ça s’est poursuivi avec Blaq Poet, Ali… Sur cette pochette c’est super sobre, je me suis permis des libertés avec la typo, pour donner un côté un peu fantomatique. C’est volontairement une typo simple, parce que quand tu as déjà sorti Mauvais Œil,  derrière tu ne peux pas changer du tout au tout, il faut que ça reste dans la même lignée, dans les bleus, le froid et le sombre même si la typo était différente. J’en ai pris une fine et large, sans prendre la même.

Tu as beaucoup écouté Lunatic ?

« Beaucoup », pas forcément mais écouté pas mal, oui. Tu étais un peu obligé à l’époque. Leur premier album est quand même balèze. De là à dire que j’écoutais en boucle, non. Ce n’était pas ce qui m’accrochait le plus, mais c’était quand même un très bon album, un très bon groupe.

As-tu été content d’être appelé pour ce projet en particulier ?

Oui et non car le groupe n’existait plus… Il faut remettre le truc dans le contexte, à cette époque, je ne bossais quasiment que pour Anfalsh et Time Bomb, je ne voulais pas m’éparpiller. Après avec 45, ça a collé parce que je m’entendais bien avec Geraldo et Ali avec qui j’ai continué à travailler, mais j’étais surtout content qu’on m’appelle pour un travail. Le fait d’être appelé par untel ou untel ne me provoque pas de « joie », mon seul objectif est que ceux qui font appel à moi soient contents de mon taf.

Clip : Asocial Club – 99% (2014)

Ce n’était pas forcément le morceau que je préférais, j’aurais plus vu « Je brûlerai », c’est plus ma came. On m’a proposé de clipper « 99% », j’ai essayé de leur vendre plutôt « Je brûlerai », mais non. (rires) Sur ce clip, on est sur de l’attitude, essayer de trouver une ambiance. Bon avec les gens qu’il y a dedans, tu ne pourras pas trop te planter… Ça s’est fait en une grosse après-midi de shoot, l’idée étant de faire quelque chose qui swingue, pas forcément raconter une histoire. Un truc « rap » aussi, avec un semblant de belle image, des beaux mouvements de caméras… Esthétiquement c’est un clip que j’aime bien. Après dans le timing c’était le plus facilement réalisable, plus que « Je brûlerai » certainement. On a fini le shoot à 20h, après je me barrai shooter la partie de Rim’k pour un clip d’un gars de chez moi que j’aime beaucoup, Juicy P.

Pour revenir à l’Asocial Club, Vîrus m’avait dit que c’était toi qui avais fait le lien entre toutes les personnes…

En vrai, rien ne part de moi. Le lien entre eux s’est fait naturellement, sans vraiment que je les réunisse. On a eu l’occasion de se rencontrer ensemble, les gens ont discuté… Le seul lien avec moi peut-être, c’est qu’ils ont connu Vîrus par mon biais. Au début c’était un projet de concerts, et après c’est devenu un groupe avec un album. Mais quand Asocial Club s’est créé, j’ai esquivé dès les premières réunions. Je ne veux pas être dans des histoires de groupes, c’est dur. Après je suis lié, forcément, parce que je les connais tous, j’ai beaucoup travaillé avec chacun d’eux, mais c’était plus en freelance. Le nom « Asocial Club » venait de moi, mais c’est eux qui ont vraiment fait le truc. Même pour le visuel, j’impose rien, c’est eux qui valident et décident, à quatre… Mais je ne suis pas du tout l’instigateur du projet.

Pochette : La Rumeur – Regain de Tension (2004)

n1012637496_30201975_6472Le deuxième album de La Rumeur… J’ai bossé avec Ekoué sur son maxi La bande originale. Dessus il y avait Casey avec son groupe Spécial Homicide, AL et Adil aussi… Après les gars de La Rumeur m’ont proposé de bosser sur L’ombre sur la mesure, leur premier album, en major. Leur souhait, c’était d’avoir une image « parisienne » mais pesante : beaucoup d’ombre, le côté Paris vieillot, mais surtout pas le Montmartre d’« Amélie Poulain », plus dark et sépia.

Après ça on a fait le premier magazine, qui a valu le fameux procès, et naturellement ils m’ont proposé de bosser sur le deuxième album. A l’époque je ne faisais pas du tout de photo, donc ils avaient trouvé une photographe qui avait déjà travaillé avec eux. L’idée de cette pochette était de livrer quelque chose de plus frontal, plus rentre-dedans que L’ombre sur la mesure qui était plus une photo d’ambiance. D’ailleurs ça s’entend tout de suite aussi, c’était plus électro et ça a surpris pas mal de gens. Au niveau de l’image ça reste toujours très droit, centré. On avait quelques photos de groupes mais ce n’était pas très convaincant donc j’ai réuni les quatre sur une même photo en partant de portraits solos. Ils ont validé leurs photos, moi j’ai assemblé, et je me suis permis des trucs : j’ai récupéré la bouche d’aération sur une des photos et je l’ai gardée comme principe graphique pour pas mal de petits trucs. Je m’étais un peu amusé avec la typo, avec des circuits imprimés etc… J’ai aimé faire cette pochette, même si je m’éclatais plus sur les magazines du groupe.

Je te laisse choisir le dernier clip, celui qui te tient le plus à cœur…

Comme je te disais tout à l’heure, « L’être humain et le réverbère ». Maintenant en regardant mes clips je me dis toujours qu’il y a des trucs à revoir. Je ne suis pas un pro du truc à la base, j’ai appris au fur et à mesure, donc forcément il y a des trucs a posteriori tu te dis « Non c’est pas possible… » Avant, lumière ou pas je n’en avais rien à foutre, je shootais et après je brûlais toute l’image en post prod, tout était cramé, tu ne voyais plus ce qu’il y avait dans le ciel.

Mais vu qu’on a déjà parlé de « L’être humain et le réverbère » je mettrais en deuxième « Faites entrer l’accusé » de Vîrus, pour comment ça s’est fait, l’ambiance… On s’est vraiment marré à le faire. Et puis ça se tient, avec beaucoup de choses à revoir sur l’image cependant… Comme toujours. Il y a des espèces de filtres de couleur que j’ai mis que je ne remettrais plus. Si je le refaisais, l’image serait beaucoup plus lisse, clean, toute en noir et blanc pour donner plus le cafard.

Dans ce clip il y a un moment que j’affectionne particulièrement, c’est quand Vîrus débarque avec son paquet de chips pour sa seule apparition.

C’était des essais ! Ce n’est pas notre boulot de raconter des histoires, là on essayait. On a réussi à trouver une tête, le mec était à fond dans le jeu. Pour les chips il y en avait déjà dans « Saupoudré de vengeance », je crois qu’en shootant un plan on avait entendu quelqu’un bouffer des chips derrière. C’est des conneries. (rires) On en a aussi mis dans « Zavatta ne rigole plus » et le Zavatta du clip en fourre à un moment dans la bouche de la poupée gonflable.

« Faites entrer l’accusé » c’est un gros souvenir de tournage. Les « chips », c’est la bouffe de la glande un peu, puis c’est bruyant. Faire apparaître Vîrus comme ça, sur le moment ça nous a fait marrer. Genre le petit voisin qui s’en bat les couilles et qui passe « check » vite fait le gars d’à côté qui découpe quelqu’un.

Y a-t-il des gens avec qui tu n’as pas encore bossé avec qui tu aimerais travailler ?

Je ne me suis pas forcément questionné là-dessus. Je pense qu’il y a énormément de gens avec qui ce serait intéressant de bosser oui, mais depuis le début je n’ai jamais démarché. Ça s’est toujours fait naturellement. C’est peut-être une erreur, j’aurais peut-être pu faire des bonnes rencontres, mais je ne me vois pas aller voir des gars et leur dire que j’aimerais bosser avec eux… Une des dernières personnes ou je me suis dit que ça donnait du sens qu’on bosse ensemble et où, de mon point de vue, j’ai apprécié la collab’, c’est Karlito.

Après ceux avec qui je bosse continuent de faire souvent appel à moi, en général : Rocé est co-éditeur de mon bouquin, on continue de bosser sur des trucs, Casey pareil, Flynt ça a été ponctuel mais c’est un pote désormais… Je n’ai pas un super plan de carrière. A l’heure actuelle, si tu regardes les gens avec qui je bosse, tu te dis que c’est pas avec ça que je vais être pété de thunes. Du moment que les gens viennent, l’essentiel c’est qu’ils soient satisfaits quand ils repartent, que ce soit pour une fois ou plus durablement.

« Zone de quarantaine » vient de sortir. Qu’est-ce qui t’a donné envie de le sortir ?

Depuis un petit moment je fais des conneries comme des tee-shirts par exemple. La première interrogation, c’était : « Au lieu de vendre des conneries comme des tee-shirts qui servent de pyjama aux gens qui les achètent, vu que ces gens supportent, pourquoi ne pas faire un objet avec le boulot même qu’ils supportent ? » Après c’est un essai, comme mon expo il y a deux ans. Je ne sais pas si c’est valable. C’est un peu risqué en même temps. Je connais beaucoup de gens dans l’édition de bouquins de graffiti notamment, puisque j’en faisais avant, ils m’expliquaient que si tu fais un bouquin tu le fais d’abord pour qu’il existe… En essayant de limiter la casse niveau pépettes. Et voir son boulot imprimé à pas mal d’exemplaires, au pire ça fera mille cartes de visite à donner dès que tu passes quelque part. Mais c’est quelque chose qui sera aux archives nationales avec le dépôt légal… Après je n’ai pas forcément cette motivation de « faire un livre », ça me faisait même bizarre de le composer, j’avais l’impression de faire un book.

Tcho

Que contient ce bouquin ?

Des pochettes, il y a comme un tri par ordre chronologique, et à peu près par familles et par groupes avec pas mal de photos making-of de clips aussi, des travaux découpés comme la pochette de Casey dont on parlait. Des pochettes refusées aussi, des choses pas validées que je voulais mettre. Je voulais montrer une espèce d’éventail. Ce n’est que du graphisme, de la photo, il n’y a pas de graffiti dedans. L’année dernière j’ai été sollicité pour une projection de clips, j’ai voulu faire ce livre en complément de ça un peu, pour souligner le fait que je suis graphiste à la base, montrer mes trucs. Je ne peux pas dire que je suis « réalisateur » même si je fais des clips.

C’est un essai, je ne sais pas comment ça va se vendre, mais il n’y a pas de prétention non plus. Si ça ne part pas je pourrai en passer aux gars de chez moi, dans mon quartier. Le truc existe c’est déjà bien. Les gens autour de moi me disaient de le faire, de foncer. Et puis il y a aussi le fait de faire un projet à moi. Tout ce que tu m’as montré, c’est du travail que j’ai fait pour des gens auxquels je rends des comptes moyennant un billet. Là ce n’est que pour ma gueule, j’ai construit mon propre truc, avec Rocé qui m’épaule avec sa structure Hors-Cadres. Ça fait du bien de faire son truc et de ne pas répondre à un cahier des charges ou aux goûts de quelqu’un. Sans être égocentrique non plus, mais ce n’est pas un boulot de commande quoi.

Il sort en édition limitée…

1000 pièces en vente dans le « circuit ». En termes de volume, c’est déjà pas mal. On va voir s’il faut en retirer, mais il n’y a pas d’enjeux, j’ai pris des partenaires là-dessus : Posca, Wrüng, Hors-Cadre… Donc tous ceux qui ont participé au truc ne prennent pas trop de risques non plus tout en soutenant le projet. Ce n’est pas d’utilité publique pour autant, mais au moins il existe.

Zone de quarantaine : disponible depuis le 22 mai.

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