ALKPOTE. Quel privilège de rencontrer le poète fou de notre époque, le génial désanusseur mégacrade ! Attention, le MC aux multiples surnoms ne s’est pas fait un nom uniquement en usant de vulgarité et phases choc ; c’est un vétéran, ancien passionné, lucide, reconnu pour sa technique et son goût de la détente qui nous a répondu pour une interview… pour le moins décalée. Voilà.
Alkpote, pour commencer, tu as un blase de légende. Comment l’avais-tu trouvé ?
Je l’ai trouvé sans chercher. Quand j’ai trouvé ça, je devais avoir 15 ans. Ca fait plus de 15 ans que je l’ai…
Tu as des dizaines de surnoms…
(il coupe) Exact !
Lequel est le plus représentatif de l’ensemble de ta carrière ?
Le légendaire géant vert mec ! Et je te le prouve en direct (il agite son grinder électrique). Même si dans ton site, ils ne peuvent pas sentir l’odeur, toi tu la sens et tu pourras en témoigner ma gueule. La rime « LÉ-GEN-DAIRE – GÉ-ANT VERT », je cherche que des rimes mec.
Tu réponds aux interviews uniquement en rimes ?
J’essaye, si je réussis à trouver la rime ouais. C’est quoi ton blase ?
Antoine.
Antoine… Je vais écrire un texte comme je dessinerais une grande toile. Elle est belle celle-là, hein ? J’ai mis du temps à la trouver. (6 secondes, ndlr)
Magnifique. Faudra la placer dans un texte et me la dédicacer.
Ouais pas de souci mec. Si tu payes, si tu rémunères, j’écris un texte avec ton nom de famille, les prénoms de tes enfants et tout ce que tu veux ! Tout, moyennant finances, je suis prêt à nettoyer ton slip. Tu donnes ton slip et du savon, je nettoie à la main.
« Si tu payes, si tu rémunères, j’écris un texte avec ton nom de famille, les prénoms de tes enfants et tout ce que tu veux ! »
T’es un véritable acteur. Acteur ou rappeur ?
Je me considère comme un mercenaire, qui fait ça pour des sous. Je fais du rap comme j’aurais pu être dealer ou sportif. C’est sûr que si j’ai commencé, c’est par passion, mais aujourd’hui c’est un travail. L’amour que je portais au rap quand j’étais jeune, et bien il est mille fois plus important pour mes enfants aujourd’hui.
Ce soir (concert à la Boule Noire le 27 mars dernier), tu as eu beaucoup d’invités (Vald, Demon One, Sidi Sid, Zesau, Joe Lucazz & Tunisiano). Le public réclamait ton ex-partenaire de l’U2F, Katana…
Ah mais… On ne peut pas tout avoir ! Je l’ai dit sur scène aujourd’hui, les meilleures choses ont une fin. Il n’y aura plus de Katana ni dans ma vie ni sur CD. Ce n’est pas un regret hein, Katana c’est fini, mais ça reste un souvenir dans ma vie et c’est pas un mauvais souvenir, tu vois ? C’est mes débuts dans le rap. Que le public d’aujourd’hui ne le connaisse pas, j’en ai rien à foutre, tant pis pour lui. C’est pas mon problème.
Ça te touche que ton public en 2015 te reparle de cette époque, des prémices Néochrome ?
J’en ai rien à foutre de Katana, Kevin Ramos, Faraj et tout ça.
Dans Néochrome, il n’y a plus que toi et Seth Geko aujourd’hui, c’est ça ?
Il y a des nouveaux que je ne connais pas. Il faut demander à Granit. Yonea est parti, mais t’inquiète pas je tiens la barre. Je suis sur le prochain album de Seth. Je vais sortir d’autres trucs après l’Orgasmixtape 2.
Tu as suscité l’angoisse chez ton public en annonçant une retraite imminente…
Il va y avoir La dernière valse, mais j’ai d’autres projets en tête. Je ne peux pas t’en dire plus, mais tu entendras parler de moi très vite en octobre / novembre. Chaque chose en son temps.
Tu as déjà préparé l’après-rap ?
Je le prépare déjà, je travaille et je suis plus heureux dans le travail que dans le rap.
Tu as atteint un niveau de saturation du milieu rap ?
C’était bien au tout début, quand il n’y avait pas d’argent, quand c’était l’amour du truc et que tu ne savais pas que tu pouvais faire de l’argent avec. Quand t’as mis beaucoup d’investissement de toi-même dedans, et que tu n’as pas eu de retour, c’est naze. Ça sert plus à grand-chose. Tu passes à autre chose. Il faut savoir s’avouer vaincu !
« Quand t’as mis beaucoup d’investissement de toi-même dedans, et que tu n’as pas eu de retour, c’est naze. Ça sert plus à grand-chose. Tu passes à autre chose. Faut savoir s’avouer vaincu ! »
Tu n’es pas vaincu, tu as quand même une sacrée discographie. Sais-tu au moins combien d’albums tu as sorti ?
J’en ai pas mal, je dirais presque une dizaine. Huit ou neuf disques où je suis en pochette, ça sera des souvenirs pour mes enfants.
On peut revenir sur le premier clip « Formule 1 », qui t’as valu d’être retiré suite à un dépôt de plainte ?
Problèmes juridiques ouais. Je vais te dire la vérité, je crois que je ne l’ai jamais dit en plus, mais pourtant, on a payé le mec qui était à l’accueil. En fait j’ai payé ma chambre, et il est venu me voir parce qu’il y avait beaucoup d’allers-retours. Donc voilà, j’ai payé ma chambre, plus un billet pour le mec de l’accueil, plus les mecs qui m’ont fait le clip, et je me retrouve le dindon de la farce. Je me retrouve sodomisé jusqu’en profondeur.
Ils t’ont traîné en justice du coup ?
Non non, on s’est arrangés pour que le clip ne sorte pas sous ce titre-là, donc j’ai changé le nom sur la tracklist. Il s’appelle désormais « Au top de ma forme ».
« Pourquoi ils ne s’en prennent pas à Maitre Gims ou à La Fouine quand ils tournent dans leurs hotêls ? Ils s’en prennent à moi, le jeune arabe, dans son coin. »
Ça rappelle l’histoire Christian Louboutin vs Ol’Kainry, où le riche homme d’affaires qui s’en prend à un rappeur pour arrondir sa fortune.
Pourquoi ils ne s’en prennent pas à Maitre Gims ou à La Fouine quand ils tournent dans leurs hotêls ? Ils s’en prennent à moi, le jeune arabe, dans son coin, qui ne fait pas autant de vues qu’eux. Ils préfèrent attaquer les petits poissons.
Et « Tourbillon », qu’est-ce que c’est que ce clip ? Comment t’est venue l’idée ?
C’est psychédélique ! Il est magnifique. C’est ma fierté. Il n’a pas beaucoup de vues mais c’est un des clips dont je suis le plus fier. L’idée est du réalisateur, Kévin El Amrani. C’est lui qui a fait « Chiens » et qui travaille beaucoup avec Butter Bullets. Je ne comptais même pas le clipper, mais il voulait absolument mettre l’argent et le faire ; il m’a dit « T’inquiète, laisse-moi faire, je vais te faire un truc en 3D. On va mettre des étoiles de David, on va mettre des croix… » J’ai validé direct.
Ensuite, ce troisième clip avec Vald, c’est un univers grolandesque.
Ouais, exactement, t’as tout résumé. C’est Groland. Moi j’aime beaucoup les clips qui n’ont rien à voir avec le morceau. Comme « Chiens » où c’est un peu egotrip et on est déguisés en Adolf Hitler. Ça n’a rien à voir.
Ça fait penser au film Sheitan aussi. Une chose est sûre quand on remonte les Marches de l’Empereur, tu adores te déguiser.
J’adore me déguiser, je suis un peu transformiste. Comme dans « Y’a pas d’heure » avec 25G.
T’es un satané acteur en fait.
Oui, mais mes clips, c’est mes clips. Je joue dans mes propres films.
Loko, ton ancien partenaire de l’écurie Néochrome, m’a transmis une question pour toi. Es-tu vraiment fou ?
Je ne le suis pas du tout frère, je sais gérer la folie. Devant la caméra, je fais le fou, mais je suis sûr que je suis plus lucide que Loko !
Si tu devais garder un seul morceau de ta discographie ?
« Buvez ! »
Si tu devais garder une seule rencontre dans le rap ?
DJ Weedim.
Si tu devais garder une seule insulte ?
Putain !
Plus que « salope » ?
Plus que « salope » !
Orgamistape 2 disponible depuis le 11 mai
Photo : Astrée Angot ©
Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager avec les petites icônes ci-dessous, et à rejoindre la page facebook ou le compte twitter du Bon Son.
Géant vert est le nom d’un poète libertaire des années 80, qui a su signer nombre de textes de chansons chantées par des groupes parisiens et ceci jusqu’à maintenant. Il est l’auteur également de plusieurs romans et fables.
Done je trouve très dérangeant que cet olibrius, ersatz du plus mauvais de NTM, puisse s’attribuer ce surnom. À part peut être nous prouver son incommensurable mansue de talent.